des images et des voix ancestrales

Je ne suis pas allé à la galerie d’art de Tokyo Opera City à Shinjuku depuis de très nombreuses années. Je ne sais pour quelle raison exacte j’avais envie d’y retourner mais j’attendais une exposition qui m’intéresserait et c’était celle de Rinko Kawauchi (川内倫子). Je connais les photographies de Rinko Kawauchi depuis plusieurs années, au moins depuis 2006, car je parlais rapidement de cette photographe dans un billet de Décembre cette année là. La première fois que nous sommes allés dans cette galerie était pour une exposition sur Jean Nouvel en Janvier 2004, qui a d’ailleurs peut-être déclenché mon intérêt progressif pour l’architecture. Avoir ces notes mémoires inscrites sur le blog est bien pratique. Pourvu que ça dure.

L’exposition s’intitule “M/E On this sphere Endlessly interlinking”, sachant que le M/E correspond à la fois au mot “Mother Earth” et “Me”. Elle se déroule du 8 Octobre au 18 Décembre 2022. C’est la première exposition en solo de Rinko Kawauchi depuis six ans. Il s’agit en fait de sa plus grande exposition dans un musée japonais. Cette exposition couvre dix années sur six séries photographiques, dont celle intitulée M/E commencée en 2019 et dont les photographies ont été prises à Hokkaido. Cette série occupe la partie centrale de la galerie dans un grand espace conçu par l’architecte Hideyuki Nakayama. Il crée au centre de cette pièce un passage ressemblant à une tente couverte de tissus légers quasiment transparents. Cette délicatesse correspond très bien aux photographies de Rinko Kawauchi, car ses photographies mélangent force et fragilité. J’ai toujours en tête, en pensant à ses photos, les rayons de lumière se diffusant dans le cadre jusqu’à brouiller notre vision. Dans ces séries, Rinko Kawauchi explore les relations entre l’humain et la terre. On retrouve également des photographies un peu plus anciennes comme celles de la série Ametsuchi capturant la tradition ancienne de brûler de manière contrôlée les terres à Aso dans la préfecture de Kumamoto. L’exposition inclut également quelques installations vidéo, dont une assez impressionnante et immersive avec deux projections sur des pans entiers de murs. Je m’imaginerais bien écouter à cet endroit la musique de la chanteuse originaire d’Hokkaido actuellement basée à Londres, Hatis Noit.

Je ne sais quel superlatif utilisé pour évoquer l’album Aura de Hatis Hoit (ハチスノイト), sorti en peu plus tôt cette année en Juin 2022. Il s’agit de son premier album mais j’ai déjà évoqué ici Hatis Noit car elle chantait sur le fabuleux album Il y a (イリヤ) de Mutyumu (夢中夢). Cet album Aura est très différent car il est purement basé sur sa voix. Il n’y a aucun instrument utilisé sur cet album mais la profondeur y est pourtant immense. Seul un morceau intitulé Inori (pour prière) utilise des prises de sons de l’océan dans la préfecture de Fukushima. La voix d’Hatis Noit est multiple et fait penser à des chants ancestraux, parfois inspirés par les voix bulgares jouant sur une certaine dissonance. Elle y mélange aussi sa voix tout en vibrato d’opéra qu’on lui connaissait déjà sur Mutyumu. Elle avait déjà une voix superbe sur l’album Il y a (イリヤ) mais c’est incomparable de profondeur sur ce nouvel album solo. Hatis Noit est originaire de Shiretoko à Hokkaido et on ressent sur cet album un lien fort avec la nature, sans forcément pouvoir le toucher vraiment du doigt. Son nom signifie, en langage Ainu peut-être, la tige de la fleur de lotus, faisant le lien entre la fleur représentant le monde des vivants et les racines du monde invisible des esprits. On trouve un côté mystique du monde de l’au-delà sur ces morceaux comme des incantations ou des chants religieux. Et ces morceaux sont étonnamment très mélodiques et on s’y accroche assez facilement dès la première écoute. Tous les morceaux sont fantastiques, mais le cinquième intitulé Jomon me donne à chaque fois des frissons dans le dos. En écoutant cette voix, on a soudainement besoin de grands espaces, et ça conditionne même mes trajets à pieds car j’ai envie d’écouter cette musique dans des espaces ouverts, plutôt que dans des petites rues étroites, à défaut de pouvoir l’écouter dans les fastes plaines ou les forêts montagneuses d’Hokkaido. Et je m’imagine tout d’un coup les pieds dans les herbes mi-hautes entouré d’un brouillard légèrement humide à écouter cette voix sortant de nul part. Alors oui, comme superlatifs, on peut dire que c’est superbe et fabuleux car la force de cette voix ne peut pas laisser indifférent. On peut trouver l’album sur Bandcamp où je l’ai acheté et une émission de France Musique, La chronique d’Aliette de Laleu, présente brièvement cet album.

dans les herbes folles

Ce petit bloc de maisons noires aux fenêtres triangulaires est sorti de terre récemment. Je n’en connais pas l’architecte mais je n’ai pas beaucoup cherché. Elles sont situées dans une zone à proximité du cimetière d’Aoyama, en contrebas d’un pont routier entrant dans le cimetière. On y trouvait jusqu’à récemment des anciennes maisons qui ne semblaient plus occupées. Des herbes folles occupent toujours certains espaces près des maisons noires aux fenêtres triangulaires. Cet autocollant montrant une image du film d’animation Paprika de Satoshi Kon, vu sur un poteau électrique, est intriguant. D’après le lettrage, je me demande si l’image fait référence à la marque de vêtements AFFA (エーエフエフエー, Anarchy Forever Forever Anarchy) créée en 1994 par Hiroshi Fujiwara (藤原ヒロシ) et Jun Takahashi (高橋盾) d’Undercover, auquel je trouve d’ailleurs un goût douteux. Ce n’est peut-être pas le cas car je ne trouve pas sur internet, mais ça n’a de toute façon que peu d’importance.

Après avoir vu le film All about Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) sorti en salles au Japon en 2001, on peut lire l’excellent article sur le site Sabukaru.online donnant beaucoup de clés pour le déchiffrer. Et on doit continuer l’expérience en écoutant les musiques du film réunies sur un album intitulé Breathe (呼吸) sous le nom d’artiste Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュ). Lily Chou-Chou est en fait le nom d’un groupe créé par Shunji Iwai et Takeshi Kobayashi pour le besoin du film. Salyu chante dans ce groupe et commencera ensuite une carrière solo. Lily Chou-Chou n’a sorti que cet album suite au film, mais s’est réuni une fois dix ans plus tard sans Shunji Iwai mais avec Yukio Nagoshi (que je mentionne régulièrement sur ces pages) à la guitare. De tous les morceaux de l’album Breathe (呼吸), le premier intitulé Arabesque, qui ouvre également le film dans un champ vert dégagé d’Ashikaga, est de loin le plus marquant, même si le reste de l’album est excellent. Arabesque donne le sentiment d’une nostalgie de moments heureux qu’on ne retrouvera jamais car quelque chose d’irrémédiable nous empêche de les revivre. Une innocence perdue peut-être. Le morceau est chanté par Salyu en dialecte d’Okinawa, ce qui renforce cette impression d’insaisissable d’une émotion que l’on peut ressentir au fond de soi mais qu’on ne peut exprimer avec des mots d’une manière intelligible.

ほら進め、前へ進め

Ce bâtiment couvert d’un treillis de bois se trouve sur le campus de l’Université Sophia (上智大学) à Yotsuya, mais il est accessible depuis la rue. Il s’agit du bâtiment numéro 15 de l’université (上智大学15号館) et il a été conçu par Sumitomo Ringyō (住友林業). Les formes de croix qui se répètent nous rappellent que cette université est chrétienne. A part cette façade extérieure remarquable, la structure de ce petit bâtiment construit en bois semble beaucoup plus classique. Il a ouvert cette année avec des salles d’étude aux étages et il doit y avoir un café ouvert au public au rez-de-chaussée. Je ne suis pas sûr qu’il soit déjà ouvert, car le site internet de l’école annonçait une ouverture à l’automne. Après avoir fait un tour rapide du bâtiment, je me suis rendu compte qu’il se trouvait à Kioichō, d’où l’envie d’aller voir ensuite le Kioi Seidō se trouvant dans le même quartier. Je ne sais pour quelle raison j’ai toujours du mal à réaliser que Yotsuya est aussi proche d’Akasaka.

Depuis les étages du centre commercial Ariake Garden, deux centres olympiques se détachent du commun des buildings. On remarque tout de suite les formes affûtées et le bois du centre gymnastique d’Ariake conçu par Nikken Sekkei. Sur la droite, l’autre centre olympique Ariake Arena, conçu par Kume Sekkei, à des formes et une couleur plus discrètes. J’avais été les voir de près l’année dernière mais on ne pouvait pas accéder à la base de ces deux bâtiments. Ces centres sportifs avaient tous les deux été utilisés pour les Jeux Olympiques de Tokyo l’été dernier. Ces jeux qui nous avaient passionné pendant leur déroulement me paraissent maintenant bien lointains, certainement car l’entrée de ces lieux nous était interdit à cette époque. Avec le recul, c’est comme si ils n’avaient pas vraiment eu lieu, comme une vaste illusion collective.

La vallée de Todoroki (等々力渓谷) est pourtant inscrite dans les guides sur Tokyo, mais je n’y suis allé que récemment. Elle se trouve dans l’arrondissement de Setagaya au milieu de quartiers résidentiels denses, s’étendant sur une longueur d’environ 1km. On accède à cette petite vallée depuis la station de Todoroki. Il faut marcher quelques dizaines de mètres pour trouver l’entrée du parc au pied d’un pont rouge appelé Golf Bridge car il desservait autrefois un terrain de golf. Un escalier nous donne accès au creux de la vallée entourée de végétation. On longe la fine rivière Yazawa, qui plonge plus tard dans la rivière Tama, en parcourant un chemin étroit. On se croit soudainement très éloigné de la ville, sauf à l’endroit où la vallée passe dessous la grande avenue périphérique Kanpachi. On sort de la vallée au niveau du temple Todoroki Fudōson (等々力不動尊). L’endroit est paisible. Quelques enfants y étaient habillés de kimonos pour la cérémonie des 7-5-3 ans (七五三). Après ce passage impromptu dans la nature, on retourne rapidement vers la réalité urbaine. Direction Jiyūgaoka que j’ai déjà montré dans le billet précédent.

Avant d’aller voir son concert à Shibuya le 15 Novembre 2022 , je suis parti à la découverte des mini-albums de Miyuna (みゆな) sortis avant son premier album Guidance (ガイダンス). J’ai déjà parlé brièvement de Reply dans un billet précédent et j’aborde dans ce billet celui intitulé Yurareru (ユラレル) sorti le 18 Septembre 2019. Miyuna n’avait à cette époque que 17 ans et on a beaucoup de mal à s’en rendre compte, vu la maturité de sa voix et de son chant. Ce qui est amusant tout de même, c’est qu’elle écrit dans les paroles du morceau Kan Beer (缶ビル) des phrases comme « ビルを買って » (Achètes moi de la bière), alors qu’elle n’est légalement pas en âge d’en boire. Ce morceau en particulier est d’ailleurs produit et arrangé par Shin Sakiura, nom que je trouve régulièrement sur mon chemin au fur et à mesure de mes découvertes musicales. Je le mentionnais rapidement auparavant, Shin Sakiura a notamment collaboré avec AAAMYYY pour quelques morceaux comme Kono mama Yume de (このまま夢で) ou Night Running (dont mahl parlait d’ailleurs sur son blog). Il a aussi arrangé le morceau Takes Time de son album Annihilation. Ce qui me fait penser que j’aimerais vraiment voir AAAMYYY en concert, mais elle a l’air plutôt active en ce moment comme membre du groupe Temparay, qui ne m’intéresse malheureusement moins musicalement. Shin Sakiura avait également assuré la pré-production de trois morceaux du premier album d’AiNA The End (ハロウ, サボテンガール et STEP by STEP) et plus récemment écrit et composé le morceau Higher du premier album de la re-formation de EMPiRE en ExWHYZ. Je ne dirais pas que ses compositions sont particulièrement originales ni disruptives mais elles ont le mérite d’être fluide et naturelle, sans superflu ou extravagance. Et cela s’accorde très bien avec ce morceau de Miyuna au point où il devient un des morceaux que l’on retient immédiatement dès la première écoute du mini-album. C’est un morceau volontairement ludique gagnant rapidement l’auditoire. C’est d’ailleurs le morceau que Miyuna avait choisi pour ses interactions avec le public pendant les rappels du concert à Shibuya auquel j’avais assisté. Le morceau le plus marquant émotionnellement du mini-album est le dernier intitulé Ikinakya (生きなきゃ) que j’évoquais déjà longtemps dans mon rapport du concert car il s’agissait d’un des moments forts. Comme sur tous ses albums, il y a en général une balade que j’aime un peu moins. Il s’agit ici du troisième morceau intitulé Boku to Kimi no Lullaby (僕と君のララバイ). Je suis beaucoup plus attiré par l’énergie pop de morceaux comme Susume (進め) ou Guru Guru (グルグル), un autre morceau phare de ce mini-album. Le premier morceau prenant le titre de l’album, Yurareru (ユラレル), est un des plus intéressants en terme de construction, notamment car il est soudainement interrompu par une rébellion instrumentale. Il est plus sombre bien qu’ayant par sursauts une dynamique forte marquée par le phrasé rapide de Miyuna. Sa versatilité vocale lui permet beaucoup de retournements de situations dans ses morceaux. Kuchinashi no Kotaba (くちなしの言葉) est un autre morceau que j’aime particulièrement et que j’ai d’ailleurs beaucoup écouté avant le concert, ce qui tombait bien car elle l’a également interprété. Je trouve que c’est un des meilleurs morceaux de sa discographie. Miyuna écrit les paroles et compose la musique de la plupart de ses morceaux, mais on voit parfois le nom de TSUGE à la composition musicale. TSUGE semble être un collaborateur fidèle car je le vois également mentionné sur l’album Guidance. Même si Yurareru n’est pas aussi abouti que Guidance, on y trouve une émotion qui me touche personnellement beaucoup.

不可欠歩行

Ces rues, plutôt inhabituelles pour moi, se trouvent près de Jiyūgaoka dans l’arrondissement de Meguro. Je reviens de la vallée de Todoroki (等々力渓谷) et je me rends compte que je n’ai pas encore montré de photos de cet endroit. Mes séries s’inscrivent la plupart du temps dans un ordre non chronologique car la séquence des billets est plus importante pour moi que la chronologie, vu que mes textes ne s’inscrivent pas dans l’actualité du moment. Quand je le peux, j’aime alterner les billets purement architecturaux avec ceux de paysages urbains, en général plus désordonnés et accompagnés de recommandations musicales. Après avoir aperçu une étrange maison de béton aux angles affûtés, je suis pendant quelques secondes une dame en noir avant de bifurquer rapidement vers une rue longeant la voie ferrée. Le centre de Jiyūgzoka n’est pas très loin et je le traverse rapidement pour m’en échapper après avoir retourné le bonjour à Arale placée sagement dans une vitrine à côté de bottes Louis Vuitton. La résidence d’acier et de verre sur la dernière photographie est intéressante car le balcon est traversé par endroits par un grand arbre. Un homme est assis sur un des balcons et je le vois déjeuner à côté de cet arbre traversant. Je l’envie quelques instants car ça doit être agréable de manger dehors avec une vue dégagée sur la rue.

Je reviens vers le groupe rock alternatif GO!GO!7188 avec les deux premiers albums Dasoku Hokō (蛇足歩行) et Gyotaku (魚磔), que j’écoute déjà depuis quelques semaines. Ils sont sortis en Novembre 2000 et Décembre 2001 respectivement. J’y reviens ces derniers jours et me replonge volontiers dans l’intensité inarrêtable et pleine d’urgence de cette musique rock indé. Rappelons que GO!GO!7188 est un trio, formé en 1998, originaire de Kagoshima dans le Kyūshū, qui a malheureusement arrêté ses activités en 2012 après huit albums studio. Avec Sheena Ringo originaire de Fukuoka, Miyuna de Miyazaki et GO!GO!7188 de Kagoshima, je me rends compte tout d’un coup que j’écoute beaucoup de musique des filles du Kyūshū. Yumi Nakashima (中島優美), surnommée Yū (ユウ) que j’évoque souvent ces derniers temps est accompagnée par Akiko Noma (野間亜紀子) qui se fait appeler Akko (アッコ) et par Takayuki Hosokawa (細川央行) se faisant lui appeler Turkey (ターキー). Akko est à la guitare basse et écrit les paroles, tandis que Yū écrit les musiques, joue de la guitare et chante sur tous les morceaux. Turkey est lui le batteur du groupe et la seule présence masculine à bord. Ils chantent tous les trois, mais c’est surtout la voix très distinctive et parfois haut perchée de Yū que l’on entend et qui nous entraîne dans les méandres des riffs de guitare. Le premier album Dasoku Hokō (蛇足歩行) est plein de fougue, qui va même crescendo jusqu’au morceau intitulé tout simplement Punk (パンク) ondulant en des phases lentes et d’autres soudainement rapides me laissant extatique. On y trouve l’instinctivité et l’énergie de la jeunesse, et une certaine légèreté malgré la densité des guitares. Chaque morceau est extrêmement efficace et ne laisse pas beaucoup de répit, à part le morceau central de l’album Koi no Uta (こいのうた) qui vient marquer une petit pause bien méritée. Écouter les onze morceaux de Dasoku Hokō (蛇足歩行) me donnent envie de continuer avec l’album suivant Gyotaku (魚磔) qui semble démarrer dans la continuité du précédent. On est dans la même atmosphère faite de guitares déferlantes et de batterie martelante sur ce deuxième album, même il me semble un peu plus mâture, ne serait-ce que par la présence d’un morceau comme Sakurajima (桜島). Il s’agit du morceau central de l’album prenant pour titre le nom du volcan encore actif à Kagoshima. C’est le morceau le plus étrange, ressemblant à un ancien compte sombre qui ferait peur aux enfants. « Ne vas pas nager dans cette mer noire » (海が黒いから泳ぐのをやめて) nous dit par exemple les paroles du morceau. Sur ce morceau comme sur les autres, on y trouve un grand sens mélodique qui rend cette musique très addictive. Je l’ai déjà dit auparavant, mais la voix et la manière de chanter de Yū, parfois empreinte de tonalités Enka, me fait revenir sur les albums de GO!GO!7188, que ça soit quand elle pousse sa voix jusqu’à ses propres limites ou qu’elle roule de temps en temps les « r » comme une ’mauvaise fille’. Il y a beaucoup de spontanéité dans cette musique qui reste dans l’ensemble beaucoup plus directe que le rock compliqué de Tricot par exemple. Le petit détail qui m’amuse est l’utilisation du mot « corn potage » dans un des meilleurs morceaux de l’album Gyotaku, A.M.7:30, me rappelant Tricot utilisant ce mot « potage » comme titre de morceau sur un de leurs albums. Je vais en tout cas continuer encore un peu la découverte progressive des autres albums, car j’ai besoin de ce rock là dans les oreilles en ce moment.

余韻から抜け出したくない

未完成のまま、今日をゆく。Cette courte phrase énigmatique que j’essaie de traduire en « Même inachevée en tant qu’être, je vais de l’avant aujourd’hui » provient de l’affiche publicitaire du grand magasin LUMINE pour la saison Hiver 2022. Cette affiche est montrée au dessus de la sortie Sud de la gare de Shinjuku. Je ne sais pas qui en est le publicitaire mais je suis toujours très curieux de ces affiches montrant des messages qui ne sont pas facilement compréhensibles. J’aime aussi leur qualité photographique et les couleurs vives qui s’en dégagent. Le photographe s’appelle Toshio Ohno (大野隼男), et bien que je ne le connaissais pas de nom, je connaissais au moins certaines de ses photographies, notamment celles des pochettes de couverture des albums de Fuji Kaze, certaines photos d’Aimyon ou la photo du dernier album de Yama. La jeune modèle qui pose sur cette affiche s’appelle Karen Amano (天野翔愛). Sur la photo que le photographe montre sur son compte Instagram, il s’était en fait trompé en donnant le nom de Rina Komiyama (小宮山莉渚) dans les credits pour cette photo. Rina Komiyama avait en fait posée pour l’affiche de la saison Automne 2022 de LUMINE également prise en photo par Toshio Ohno. Le photographe a apparemment fait l’erreur de recopier les crédits d’une photo à l’autre sur Instagram. Je lui ai fait remarquer dans les commentaires de sa photo sur Instagram et il a gentiment corrigé. Bref, tout cela pour dire que j’aurais préféré que ça soit Rina Komiyama car j’y aurais vu un lien très intéressant avec la musique qui va suivre. En effet, Rina Komiyama a joué dans un film intitulé Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) du réalisateur Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira le 23 Février 2023 et pour lequel Miyuna (みゆな) a composé et écrit le morceau thème.

Après l’intermède végétal rouge aperçu au bord d’une rue tokyoïte, je montre une photographie du petit bâtiment de béton de la galerie TOM (ギャラリーTOM) dans le quartier de Shōtō à Shibuya. D’après Wikipedia, cette galerie date de 1984 et serait la première réalisation de l’architecte Hiroshi Naito (内藤廣) dont je parlais justement dans le billet précédent pour son sublime hall Kioi Seidō. J’aime beaucoup les halos de lumière qui se dégagent de cette photographie. Il faudrait que je fasse une série de photos avec ce genre de lumière car je vois quelque chose de très revivifiant à saisir des extraits de soleil en photo.

Le concert de Miyuna (みゆな) était tout simplement inoubliable! Je m’excuse par avance auprès de mes lecteurs (qui ne se plaignent jamais de toute façon) car je vais très certainement à l’avenir souvent parler de Miyuna sur ces pages. Son tour appelé TOUR 2022 GUIDANCE (みゆな TOUR 2022 -ガイダンス-) pour la sortie de son premier album Guidance (ガイダンス), que j’évoquais déjà dans un précédent billet, se composait de deux dates, une à Osaka le 4 Novembre et une à Tokyo le 15 Novembre 2022. Je suis donc allé voir Miyuna et son groupe pour ce concert à Tokyo, qui se déroulait dans la Live House Shibuya Club Quattro. Cette salle se trouve dans le prolongement de Center Gai dans le quartier d’Udagawachō que je connais très bien car le magasin Disk Union se trouve juste à côté. La salle se trouve au quatrième et cinquième étages d’un immeuble assez récent. Le nom Club Quattro vient du fait qu’il s’agissait de la quatrième annexe du Department Store PARCO. Il y a quatre autres Club Quattro au Japon: deux à Osaka, un à Nagoya et un à Hiroshima. Le Club Quattro de Shibuya était le premier à ouvrir ses portes en Juin 1988. Je suis souvent passé devant l’entrée de cette salle pour faire le curieux en regardant le programme affiché à l’extérieur, mais je n’avais jamais assisté à un concert. La salle, de taille moyenne, peut accueillir 750 personnes débout, mais en cette période de crise sanitaire qui n’en finit pas, je pense que la capacité réelle est plus limitée. La salle était pleine mais on pouvait apparemment encore acheter un billet le soir même.

J’ai beaucoup écouté l’album Guidance de Miyuna ces dernières semaines car je ne m’en lasse pas et je pense qu’il s’agit de l’album que je préfère de cette année. Certainement parce qu’il mélange une atmosphère rock familière avec des terrains plus pop extrêmement rafraîchissants, tout en ayant une capacité forte à émouvoir. La voix et la manière de chanter de Miyuna y sont pour beaucoup mais elle était très bien entourée lors de cette petite tournée par des musiciens qui n’hésitaient pas à se laisser emporter par l’enthousiasme des morceaux. C’était notamment le cas du guitariste Tetsu Kinoshita (木下哲) qui terminait volontiers certains morceaux du live par des solo tumultueux à tendance bruitiste. Miyuna était également accompagnée par Keisaku Nakamura (中村圭作) aux claviers, Shige Murata (村田シゲ) à la basse et Takashi Kashikura (柏倉隆史) à la batterie. Il s’agissait d’une formation rock très axée sur les guitares, car Miyuna en jouait également sur certains morceaux. Avant d’entrer dans la salle, je me suis demandé quel genre de public venait voir Miyuna, et j’ai été assez surpris par la diversité. J’arrive juste à l’heure pour l’ouverture à 18h15, ce qui était bienvenu car l’entrée dans la salle de concert est très organisée pour éviter les bousculades éventuelles. On attend sagement son numéro au quatrième étage pour pouvoir ensuite passer à l’étage au dessus pour entrer dans la salle de concert. La grande majorité du public est debout bien qu’il y ait quelques places assises sur une zone périphérique légèrement surélevée. Boire une bière en regardant la scène encore vide m’a fait patienter jusqu’à l’entrée des musiciens sur scène à 19h. Miyuna entre ensuite en scène, et j’ai eu à ce moment là l’impression particulière de voir une figure familière. Il faut dire que j’écoute beaucoup sa musique ces derniers temps et suit son compte Twitter et Instagram pour en quelque sorte me préparer pour ce concert. J’ai pourtant un peu hésité à y aller car c’était un jour de semaine et il m’a fallu prendre un après-midi de congé. Je pense qu’elle aurait plus facilement fait salle comble un jour de week-end.

Miyuna n’a que 20 ans depuis le mois de Juin et a démarré sa carrière musicale avec un premier mini-album intitulé Me (眼) sorti en 2019 alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle était d’ailleurs passée à cette époque dans l’émission matinale Zip! de la chaîne de télévision NihonTV (日テレ) qui avait une rubrique appelée Hakkutsu (ハックツ) présentant brièvement les talents en devenir. L’émission la qualifiait comme étant la deuxième génération de Sheena Ringo (椎名林檎2世), tout en diffusant quelques extraits de morceaux venant appuyer cette ressemblance, comme celui intitulé Fuwa Fuwa (ふわふわ) du mini-album Me (眼) et Yurareru (ユラレル) de son deuxième mini-album du même nom. On lui demande même ce que ça lui fait d’être comparée à Sheena Ringo et elle répond qu’elle en est honorée, tout en se demandant si ça la désolerait ou si elle en serait heureuse. Elle n’a apparement pas eu l’occasion de lui demander. Dans le même style, les ressemblances de Sheena Ringo avec Jun Togawa avaient apparemment été notées à ses débuts et certains considéraient Sheena Ringo comme étant le retour de Jun Togawa (戸川純の再来). Il n’y a rien de bien étonnant dans ces comparaisons, mais je ne suis pas sûr ça soit vraiment faire un cadeau à un ou une artiste que de les comparer à d’autres artistes. Les médias aiment faire ce genre de correspondances et c’est assez naturel de se chercher des références existantes (je le fais bien aussi de temps en temps). Ceci étant dit, Miyuna a une approche musicale qui est la sienne. On trouve quand même quelques points communs dans sa voix très mature qu’elle arrive à moduler sur une large plage vocale, comme pourrait le faire Sheena Ringo.

Miyuna a aussi cette capacité à chanter comme si elle allait en mourir (今日死んでもいいって思うように歌ってます), comme elle le disait elle-même dans l’interview de cette émission. Elle nous dit aussi qu’elle veut exprimer par sa voix des choses qui proviennent du plus profond d’elle-même, de la même manière qu’une souffrance amène les gens à pleurer, en espérant ensuite amener du réconfort. (苦しくなったとき、人って叫ぶんですね。体の底から出てくる物を 声で表現したい。きっと聴いてくれている人がスッキリしてくれる). J’écoute beaucoup en ce moment les deux premiers mini-albums de Miyuna, Me (眼) et Yurareru (ユラレル). Sur Yurareru, le dernier morceau intitulé Ikinakya (生きなきゃ) est particulièrement poignant et sa voix lorsqu’elle se fait puissante nous prend tout d’un coup d’une émotion qui donne les larmes aux yeux. Ce morceau était le dernier qu’elle a interprété lors du concert, dans les rappels. Je n’étais pas sûr qu’elle allait l’interpréter car les mots sont particulièrement forts, mais je le souhaitais inconsciemment. Avant de l’interpréter, elle nous parle des moments difficiles au pire de la crise sanitaire qui était particulièrement difficile pour les artistes ne pouvant plus se produire devant un public. On lui devinait des larmes aux yeux à ce moment là et tout le monde dans la salle a ensuite écouté ce morceau presque religieusement. On sentait l’émotion s’échapper de sa voix, d’abord seulement accompagnée de sa guitare acoustique jusqu’à ce que le son des guitares électriques prennent la relève. Ce morceau final a dû également la marquer car elle l’a mis en ligne en écoute sur son compte SoundCloud après le concert. Un petit message ci-dessous accompagne également ce morceau.

死にたい時に作ったこの歌が 私を救って誰かを救って 泣いてくれて、精一杯音を出してくれたバンドメンバー。 気づいたら手から血が流れてて ギターの弦に血がついて それでも歌った私。 全力でぶつかった。 人生で一番生きててよかったって心から思ったよ! スタッフ、家族、バンドメンバー、友人、そしてファンのみんなのおかげだよ ありがとう 誰かの孤独に届いてくれ!

Cette chanson que j’ai créé quand je voulais mourir, elle m’a sauvé, elle a sauvé quelqu’un, elle a fait pleuré, elle a fait que les membres du groupe ont donné le meilleur d’eux même. Avant que je m’en rende compte, mes mains saignaient, les cordes de la guitare étaient tachées de sang, mais j’ai quand même continué à chanter. J’ai frappé les cordes de toutes mes forces. J’ai pensé du fond du cœur que c’était le meilleur moment de ma vie ! C’est grâce au personnel qui m’accompagne, à ma famille, aux membres du groupe, aux amis et aux fans, Merci, en espérant que cela atteigne la solitude de quelqu’un !

Son message peut paraitre parfois énigmatique ou peut être que ma compréhension est un peu approximative, mais on la ressent très honnête sur son approche musicale et très sincère vis à vis de son public. A cette toute fin de concert, on comprenait que c’était des larmes de joie de pouvoir enfin partager sa musique sur scène devant un public. Elle n’hésite pas à parler de ses fragilités dans ses morceaux et il est clair que ce morceau en particulier est particulièrement poignant. J’aime beaucoup la version du mini-album Yurareru mais celle en concert m’a laissé immobile les oreilles grandes ouvertes et des frissons traversant le corps. Je n’avais pas remarqué qu’elle frappait les cordes au point de saigner de la main, mais elle a montré une photo sur son compte Instagram alors qu’elle était de retour dans sa ville natale de Miyazaki dans le Kyushu. Quelques jours après le concert, elle écrivait sur Twitter qu’elle n’était pas sortie de chez elle pour ne pas altérer et faire continuer la sensation intense du concert. Je comprends assez bien cette sensation et je n’ai personnellement pas écouter d’autres musiques que celle de Miyuna pendant toute cette semaine, pour en quelque sorte garder en tête les images du concert.

Je démarre mon récit de ce concert par la fin, ce qui est plutôt inhabituel, mais je ne vais pas non plus passer en revue tous les morceaux. Il faut aussi noter que le morceau Ikinakya (生きなきゃ) n’est pas représentatif de l’ensemble du concert, car les moments entraînant la foule étaient très nombreux et même majoritaires. Miyuna et le groupe ont joué en entier l’album Guidance (ガイダンス) entrecoupé par quelques morceaux des mini-albums précédents, à savoir Reply (dont je parlais déjà auparavant), Me (眼) et Yurareru (ユラレル). J’ai retrouvé en concert cette voix que j’aime tant sur les albums, sauf qu’elle me paraissait ici plus puissante, au point où j’avais un peu peur qu’elle finisse par la perdre en plein vol. Elle démarre le set par le morceau Kyōai (狂愛), qui est un de ceux qui m’a le plus rappelé Sheena Ringo lors de mes premières écoutes de Guidance. Les guitares sont très fortes et on est tout de suite plongé dans un univers dense. Comme sur l’album, les morceaux plus pop viennent se mélanger à l’ensemble d’une manière étonnamment homogène, mais ils sont tout de même plus ou moins regroupés. Le nouveau morceau Aiaidana (愛愛だな) qui vient de sortir en Octobre 2022 est par exemple immédiatement suivi de Chōdai (頂戴) qui est le morceau le plus up-tempo de Guidance, puis par Soleil (ソレイユ) du mini-album Reply. Chōdai et Soleil sont dans les meilleurs morceaux de leurs albums respectifs. J’attendais bien entendu beaucoup le morceau Maisō (埋葬) qui est mon préféré de l’année et celui par lequel j’ai découvert Miyuna sur YouTube. Elle a eu la bonne idée de l’associer au morceau Fuwa Fuwa (ふわふわ) qui est particulièrement versatile et dense en ondulations vocales. Ces deux morceaux sont très caractéristiques de son univers musical. L’ensemble du set faisait un peu plus de deux heures, ce qui est extrêmement appréciable étant donné que sa carrière reste encore jeune. Il n’y avait pas de temps morts et une très bonne maîtrise de la scène, car elle bouge beaucoup quand elle n’a pas sa guitare en mains. Le premier moment de messages au public (MC) est intervenu après plusieurs morceaux. Elle nous dit qu’elle n’est pas très douée pour parler et qu’elle limitera ses passages de messages, mais en réalité, elle n’a pas pu s’empêcher de parler au public à plusieurs reprises, ce qui est une très bonne chose. Le problème est que le public ne peut pas répondre en raison des normes sanitaires toujours en cours. Elle prenait assez souvent à partie les membres du groupe pour les taquiner, en leur demandant par exemple en rigolant s’ils s’étaient bien reposés pendant qu’elle jouait seule à la guitare acoustique quelques uns des morceaux. Ce genre de petites remarques montraient la proximité qu’elle a avec son groupe et on imagine une très bonne entente, ce qui faisait rire le public. Avant le concert, elle avait d’ailleurs maquillé en rouge les ongles de chacun des musiciens et ils étaient tous assez fiers de montrer leurs doigts sur scène. J’ai trouvé ce détail assez ringo-esque car il m’a rappelé Sheena tondant Seji Kameda pour lui donner une coupe iroquois, comme si on ne pouvait rien lui refuser. Ce genre de détails est important.

Le groupe jouait en permanence sur scène sauf pour quelques ballades où Miyuna était seule à la guitare acoustique, ou seulement accompagnée de Keisaku Nakamura aux claviers. C’était le cas des morceaux my life et Himitsu (秘密). Sa voix sur my life m’impressionne à chaque fois. Je pense que c’est la passion qu’elle met dans son chant que j’aime particulièrement. Je connaissais tous les morceaux du set, sauf un nouveau intitulé Yume demo (夢でも), qu’elle a interprété dans les rappels. Il s’agit de son prochain single qui sera le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) dont je parlais un peu plus haut. C’est également un très beau morceau riche en guitares, dans un style très différent de son dernier single actuel Aiaidana. Je ne mentionnerai pas tous les morceaux qu’elle a interprété mais le fait est qu’il n’y avait pas de baisse d’attention et de tension, au point où le concert a passé vite. Et à la fin du concert vers 21h15, alors qu’on hésite à sortir de la salle, je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter un t-shirt en souvenir. Certaines des photographies ci-dessus sont de Yūna Yoshimori (ヨシモリユウナ), d’autres proviennent du compte Instagram de Miyuna. Certaines sont les miennes sachant qu’on ne peut heureusement pas prendre de photos ou de vidéos en concert. Un DVD ou Blu-ray sortira peut-être car j’ai vu qu’une caméra tournait à l’arrière de la salle. En sortant du Shibuya Club Quattro, je me suis aussi dit qu’elle mériterait d’être beaucoup plus reconnue, ce qui viendra certainement rapidement. C’est en tout cas tout ce qu’on peut lui souhaiter. Il n’est pas très tard à Shibuya mais les rues sont presque vides. Il fait froid ce soir mais j’ai le cœur réchauffé par la musique que je viens d’entendre.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la playlist du concert de Miyuna au Shibuya Club Quattro le 15 Novembre 2022 lors de sa tournée TOUR 2022 GUIDANCE:

1. Kyōai (狂愛), de l’album Guidance (ガイダンス)
2. Kanku (甘苦), de l’album Guidance (ガイダンス)
3. Saisiki(彩色), de l’album Guidance (ガイダンス)
4. Guru Guru (グルグル), du mini-album Yurareru (ユラレル)
5. Gyōshi (凝視), de l’album Guidance (ガイダンス)
6. Kizyutsu (奇術), de l’album Guidance (ガイダンス)
7. Donyoku (貪欲), de l’album Guidance (ガイダンス)
8. my life, du mini-album Reply
9. Himitsu (秘密), de l’album Guidance (ガイダンス)
10. Kuchinashi no Kotoba (くちなしの言葉), du mini-album Yurareru (ユラレル)
11. Kamisama (神様), de l’album Guidance (ガイダンス)
12. Fuwa Fuwa (ふわふわ), du mini-album Me (眼)
13. Maisō (埋葬), de l’album Guidance (ガイダンス)
14. Asagumori (朝曇), de l’album Guidance (ガイダンス)
15. Aiaidana (愛愛だな), nouveau single sorti le 11 Octobre 2022
16. Chōdai (頂戴), de l’album Guidance (ガイダンス)
17. Soleil (ソレイユ), du mini-album Reply
18. Negai (願い), de l’album Guidance (ガイダンス)
19. (encore) Yume demo (夢でも), prochain single qui sera le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) du réalisateur Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira en salles le 23 Février 2023
20. (encore) Kan Beer (缶ビール), du mini-album Yurareru (ユラレル)
21. (encore) Ikinakya (生きなきゃ), du mini-album Yurareru (ユラレル)