BETWEENFRAMES

Je place cette petite série photographique entre deux cadres, celui de l’immeuble blanc de la marque de vêtements Hakka sur l’avenue de Roppongi menant à Shibuya, et celui d’un Love Hotel laissé à l’abandon sur les hauteurs de Dogenzaka. Les amateurs de ruines Haikyo (廃墟) ont certainement déjà investi les lieux car je remarque des ouvertures dans les barricades blanches entourant le site. Avec le retour des touristes étrangers, on voit de plus en plus de personnes se faire prendre en photo au milieu du grand carrefour de Shibuya, parfois dans des tenues étonnantes comme sur la troisième photographie du billet. Je ne prends en général pas en photo des personnes qui posent pour un ou une autre photographe que moi mais je fais une exception dans le cas de ce mystérieux personnage masqué qui m’a intrigué sur le moment.

Je mentionnais très brièvement dans un précédent billet être allé à l’exposition de l’illustratrice Nakaki Pantz. Nicolas, qui commente très régulièrement par ici, m’a fait connaître cette artiste à partir d’une illustration non officielle qu’elle a fait de Sheena Ringo dans le style vestimentaire du concert Hyakki Yagyō (百鬼夜行) de 2015 et qu’elle montrait sur son compte Instagram. J’ai commencé de ce fait à suivre Nakakisan sur Instagram et je découvre assez vite qu’elle expose quelques unes de ses œuvres dans une galerie de la grande librairie Maruzen de l’immeuble Oazo à Marunouchi. L’exposition s’appelait Cherish et se déroulait du 11 au 17 Janvier 2023. La bonne nouvelle est qu’elle annonçait sa présence à l’avance et il m’a donc fallu venir au bon moment, qui se trouvait être un samedi après-midi vers 15h. On m’avait commandé son book que j’étais bien content d’aller lui faire signer. J’aime beaucoup ses illustrations, représentant la plupart du temps des personnages féminins. J’apprécie en particulier la personnalité qui s’en dégage, une certaine indépendance peut-être, une force de caractère certainement. Après avoir fait le tour de la salle d’exposition, je pars acheter le book pour ensuite revenir dans la salle d’exposition pour le faire signer. Nakakisan est assisse à une petite table et une file d’attente s’est formée pour la voir les uns après les autres. Elle est très sympathique avec tout le monde ce qui est très agréable. Lorsque vient mon tour et alors qu’elle signe l’exemplaire de son book que je lui ai tendu, j’en profite pour échanger quelques mots mais ça ne va pas beaucoup plus loin que lui dire que je la suis sur Instagram et que j’apprécie ses illustrations qui sont cools et fortes (kakkoii). Elle me remercie et me répond en s’excusant presque de ne dessiner pratiquement que des personnages féminins. Elle est consciente du public international qui la suit, ce qui n’a rien de vraiment étonnant car elle compte plus de 130,000 abonnés sur Instagram. Je lui demande également si elle est d’accord pour une photo et elle accepte gentiment. Tout le monde ne demande pas systématiquement de photos, mais en voyant les deux personnes devant moi dans la file d’attente lui demander, je n’ai pas résisté à faire la même chose. Je n’aime pas trop me montrer sur ce blog mais je ferais une nouvelle fois exception sur ce billet. Me voilà bien content d’avoir pu voir cette exposition et d’avoir échangé quelques mots avec l’illustratrice. Le book signé que je ramène à la maison n’est pas pour moi mais je vais le garder au chaud pendant quelques mois avant d’avoir l’occasion de le transmettre.

Cette même semaine pendant laquelle j’ai été voir l’exposition, une grande fresque dessinée par Nakakisan était affichée au dessus de l’entrée principale, côté Hachiko, de la gare de Shibuya. L’illustration représente une ré-interprétation du personnage de Ramu-chan de la série animée Urusei Yatsura (うる星やつら), basée sur le manga de Rumiko Takahashi (高橋留美子). J’ai bien entendu des souvenirs de cette série qui passait à la television française (sur TF1) à la fin des années 80 (à partir de 1988) et que je regardais à l’époque avec d’autres séries de Rumiko Takahashi comme Maison Ikkoku (Juliette, je t’aime) et Ranma 1/2. Il se trouve que l’extra-terrestre Ramu-chan a repris du service dans une nouvelle version d’Urusei Yatsura diffusée sur Fuji Tv et également disponible sur Netflix. En regardant le premier épisode par curiosité, ça reste tout à fait loufoque comme dans mes souvenirs, et comme peut l’être aussi Ranma 1/2. La version de Ramu-chan dessinée par Nakakisan est plus adulte et sert de pochette pour les singles du collectif MAISONdes (メゾン・デ) qui compose les thèmes de début et de fin de la nouvelle série animée. On retrouve donc le style de Nakaki Pantz adapté à l’univers d’Urusei Yatsura. Je connais assez peu MAISONdes, mais je remarque que ce groupe est évolutif, invitant pour chaque morceau des interprètes différentes, parfois connues comme Aimer ou yama. Le principe est que chaque morceau se trouve dans une salle et les vidéos des morceaux montrent à chaque fois une porte numérotée s’ouvrant sur cette salle nous permettant d’écouter le morceau. Le thème d’ouverture (OP) de la première partie de la première saison de 14 épisodes d’Urusei Yatsura est intitulé Aiue (アイウエ) avec Minami (美波) et SAKURAmoti. Le thème de fin (ED) intitulé Tokyo Shandy Rendez-vous (トウキョウ・シャンディ・ランデヴ) fait participer KAF (花譜) et Tsumiki (ツミキ). Je ne connais pas tous ces noms. Le style est clairement post-vocaloid et la dynamique frénétique des morceaux me rappelle le groupe Zuttomayo. Le style musical est assez similaire et les morceaux peuvent devenir rapidement addictif si on y prête bien l’oreille. On se laisse facilement accrocher par la mélodie et ces voix qui nous entrainent, notamment celles du morceau Tokyo Shandy Rendez-vous que j’aime beaucoup. MAISONdes (メゾン・デ) compose également les thèmes de la deuxième partie de la première saison d’Urusei Yatsura avec d’autres morceaux comme Love Trap Muchu (アイワナムチュー) avec asmi et Three (すりぃ), puis Ai Tarinai (アイタリナイ) avec yama et Nito (ニト。). Nakaki Pantz est à chaque fois en charge des illustrations des pochettes des morceaux et des vidéos animées les accompagnant.

Pour rester encore un peu en musique, Utada Hikaru fêtait Jeudi 19 Janvier ses 40 ans avec une émission spéciale intitulée 40dai Iro Iro (40代はいろいろ, qu’on pourrait traduire par « il s’en passe des choses pendant nos quarante ans ») visible sur la plateforme de streaming Stagecrowd de Sony Music. Il fallait s’inscrire à l’avance mais le visionnage était gratuit. L’émission se composait de deux parties: une partie talk-shown avec des invités et un mini-concert de trois morceaux seulement. Utada Hikaru étant installée à Londres, les invités intervenaient par vidéo sur Zoom. La vidéo montrant Utada Hikaru était de très bonne qualité au point où on avait l’impression qu’elle était assise avec nous dans le salon. Mais les problèmes techniques en cours de route étaient nombreux, en particulier une coupure soudaine de son et une vidéo instable sur Zoom avec une des deux invités. Les invités étaient Yuriko Yoshitaka (吉高由里子) et Takeru Satō (佐藤健), respectivement actrice dans le drama Saiai (最愛) et acteur dans le drama First Love (初恋), tous les deux utilisant un morceau d’Utada Hikaru comme thème musical. La connection vidéo avec Yuriko Yoshitaka étant de mauvaise qualité, elle a été assez rapidement interrompue après quelques minutes de confusion. Ce sont les aléas du direct. J’ai bien aimé voir Takeru Satō discuter avec Utada Hikaru comme des amis de longue date. Cette discussion là m’intéressait plus parce que j’ai regardé le drama First Love. J’aurais aimé que Hikari Mitsushima passe dire bonsoir également mais ce n’était malheureusement pas le cas. La discussion n’allait pas très loin ceci étant dit, même si Utada Hikaru semblait avoir préparé avec des notes sur son iPhone. Elle répondait ensuite à quelques questions posées par avance par le public (80,000 personnes regardaient le live), dont une en anglais lui demandant ce qu’elle pensait des « nepo baby », les enfants de stars qui bénéficient de raccourcis dans leur propre carrière artistique. La question était bien entendu orientée car Utada Hikaru est la fille d’un producteur de musique et d’une chanteuse célèbres. Elle s’en sort plutôt bien en disant qu’une porte ouverte ne nous amène pas bien loin. Elle n’a clairement plus grand chose à prouver, mais peut-être que certains ne s’en sont pas encore rendu compte. Dans ce talk-show assez décousu, elle donne une citation d’un auteur appelé Adam Phillips et qui nous dit « Nothing will fit if we assume a place for it ». A méditer. Le mini-live portait bien son nom car elle ne chantait que trois morceaux en lien avec les invités: tout d’abord First love réutilisé pour le drama du même nom, puis Kimi ni Muchū (君に夢中) utilisé pour le drama Saiai mais dans une version spéciale appelée Rule. Le dernier morceau était une reprise en espagnol de Bad Bunny, un rappeur et chanteur portoricain. Je pensais qu’elle interprèterait un nouveau morceau mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Au final, l’émission n’avait rien d’indispensable mais on peut apprécier l’effort de faire ce genre de live.

20 commentaires

  1. Bonjour Frédéric,
    Quelle chance d’avoir un envoyé spécial à Tokyo ;-)
    En regardant les illustrations de Nakakisan, je me disais une nouvelle fois que j’appréciais vraiment beaucoup son sens de l’esthétique qui se démarque subtilement du dessin purement « manga », ce qui le rend plus adulte et plus universel. Dans un certain sens, ces petites scènes centrées sur les femmes m’évoquent par quelques aspects le travail de Roy Lichtenstein qui a mis en scène des femmes dans leur quotidien (femmes mélancoliques, femmes au téléphone, amants qui s’étreignent) avec des jeux de couleurs qui peuvent parfois surprendre. Si d’aventures Nakakisan devait nous faire le plaisir d’exposer en France, j’essaierai d’aller la voir et peut être avoir un échange avec elle à ce sujet.
    Et merci pour ce billet !

  2. Salut Nicolas, c’était tout mon plaisir d’assister à cette exposition, d’être un « envoyé spécial » Ahah! et de pouvoir en parler ensuite ici. Je suis preneur de ce genre de pistes culturelles! Et voir cette exposition et rechercher ensuite sur la musique de MAISONdes dont tu me parlais déjà et dont elle dessine les couvertures m’a amené récemment vers d’autres découvertes musicales un peu plus éloignées de mes zones de prédilections, ce qui fait beaucoup de bien (ça sera certainement le sujet d’un prochain billet). C’est vrai que le trait de Nakakisan sur ses illustrations est mature et ne se rapproche pas vraiment du dessin traditionnel manga (sa ré-interprétation de Ramu-chan en est un bon exemple). Enfin, les styles dans le manga sont tellement variés qu’il est certainement difficile de décréter qu’il n’y a aucune ressemblance. Et je ne m’y connais que très peu en manga, ce qui me fait demander parfois si je suis en bonne santé d’être à Tokyo ne lisant pas de manga et ne jouant pas aux jeux vidéos. La comparaison avec les illustrations de Roy Lichtenstein est très intéressante. C’est vrai qu’on retrouve des mises en situation qui pourrait nous y faire penser, mais je vois toujours les femmes de Roy Lichtenstein comme étant en souffrance (elles pleurent souvent), tandis que ce n’est pas le cas des personnages féminins de Nakakisan qui semblent plus forts. Je ne peux m’empêcher de penser que Nakakisan a une approche féministe dans son dessin, peut être que la non-présence masculine me fait penser à cela. Je trouve moins cette « indépendance » sur les illustrations de Lichtenstein. Enfin, ce sont en tout cas des rapprochements intéressants! J’espère qu’elle aura l’idée de passer faire une tournée en France. Plutôt côté manga, mais les illustrateurs japonais en le vent en poupe en ce moment en France, si on en juge par le dernier festival d’Angoulême.

  3. Bonjour Frédéric,
    Je suis bien d’accord avec ton avis. Les deux artistes ont le même sujet mais comme chacun semblent être bien en phase avec son époque, il y a donc un contraste intéressant qui se dégage de ce parallélisme. En voyant ces jeunes femmes libres et jouissant de la vie sans présence masculine, Nakakisan offre une version de la femme affranchie de l’homme, et c’est une belle réponse à Lichtenstein.

    Je suis donc allé jeter un œil sur le programme d’Angoulême. Effectivement, le Japon est bien représenté avec pas moins de 3 expositions ! Hormis l’Attaque des Titans, je ne connais pas les autres œuvres ni leurs auteurs. Junji Ito a l’air particulièrement intéressant, je le note dans un coin. Ceci étant, la France est sans doute le pays le plus ouvert au reste du monde en matière de BD. Je fréquente régulièrement les rayons BD des librairies et je ne vois pas de signe d’un ralentissement de l’invasion des mangas ici en France. Il y a 20 ans les sorties étaient concentrées chez Kana, Glénat, Pika et Panini. Aujourd’hui je n’arrive plus à suivre…Côté comics, ils occupent toujours une belle place mais bizarrement les succès de ces dernières années des films du Marvel Cinematic Univers n’entrainent pas une explosion des ventes que les éditeurs étaient en droit d’espérer.

  4. Salut Nicolas, oui, on ressent la différence d’époque en effet, je m’étais également fait cette réflexion à moi-même en répondant à ton premier commentaire. Pour ce qui est des manga en France, il me semble avoir vu sur un graphique montré par quelqu’un sur Twitter que les ventes de manga en France étaient désormais aussi importantes que la somme de toutes les ventes de bandes dessinées. Je n’arrive plus à retrouver le lien. À Angoulême, il y avait aussi Ryoichi Ikegami que je connaissais pour le manga Crying Freeman que j’avais lu étant en France. Je me souviens même qu’il avait été adapté en film en 1995 par le réalisateur français Christophe Gans avec un acteur spécialisé en arts martiaux, Mark Dacascos, qui me faisait assez penser à Jean-Claude Vandamme. Comme on peut s’en douter, le film était très moyen, du moins pas à la hauteur du manga d’origine. Je ne connaissais par contre que très peu Junji Itō, mais comme je suis sur Twitter depuis un petit moment Stéphane du Mesnildot qui devait être le commissaire ou coordinateur (je ne suis pas certain) de cette exposition, j’ai été inondé sans le vouloir de photos de cette exposition. J’ai donc le sentiment de l’avoir également visité. Ceci étant dit, je ne suis pas particulièrement amateur de manga ou de cinéma d’horreur. Mais ça m’intéresse tout de même.

  5. Salut Frédéric,
    On touche du doigt un problème très français. D’un côté les auteurs n’en finissent pas d’essayer de défendre leur cause auprès des ministres successifs de la culture car la relation auteur/éditeur est au plus mal depuis des années (j’avais été à Angoulême en 2015 et je m’étais retrouvé malgré moi en plein états généraux de la bande dessinée). La profession d’auteur de BD pourrait ne pas survivre en France selon le modèle actuel car elle ne permet qu’à trop peu d’auteurs d’en vivre. D’un autre côté la France ouvre grand ses frontières aux auteurs étrangers, qu’ils viennent du monde anglo-saxon ou d’Asie, sans protectionnisme particulier pour les auteurs locaux. J’imagine que c’est moins risqué pour les éditeurs de traduire une œuvre dont on peut mesurer le succès à l’étranger, que d’investir dans un auteur qui n’a qu’un dossier de quelques planches sous le bras (je parle malheureusement en connaissance de cause).

    Sinon je ne connais pas Christophe Gans mais ça me titille de jeter un œil si l’occasion se présente. Le film ne semble pas recueillir une critique trop défavorable…à voir.
    Ah ! Ce week-end j’ai feuilleté un artbook de Junji Ito, mais je n’ai pas eu de coup de cœur. Je ne suis pas un grand amateur du genre horrifique mais une fois n’est pas coutume, quand je trouverai le chef d’œuvre de Junji Ito, je me laisserai tenter.

  6. Salut Nico, l’oeuvre clé de Junji Ito serait le manga Tomie, mais je ne connais pas du tout. On dit que c’est un auteur culte. Avec ses histoires de bandes dessinées, tu m’as fait ressortir mon gros volume de l’Incal que je suis en train de feuilleter et relire tranquillement. Fut une époque où je lisais pas mal de bandes dessinées grâce au club de location de BDs de mon école à Angers. Enfin, je me souviens surtout de Lafeust de Troy, de 13 et de Largo Winch… mais j’étais aussi très fan d’Enki Bilal et j’avais un grand poster tiré de la trilogie Nikopol affiché pendant de nombreuses années dans mon appartement, entre l’affiche de film de Pulp Fiction de Tarantino et celle de Fallen Angels de Wong Kar Wai. J’ai aussi en France des étranges bandes dessinés fantastiques dessinées par Olivier Ledroit: Sha et Xoco qui étaient très sombres et étranges avec un dessin absolument fabuleux.

  7. Salut Frédéric,
    je vois que tu as été à bonne école pour t’ouvrir à la culture de la BD franco belge ! Du même scénariste que XIII et Largo Winch, il y avait aussi Thorgal qui était un mélange passionnant de fantasy, médiéval nordique et SF. Ces trois séries se poursuivent encore aujourd’hui. Certaines n’ont plus leurs auteurs d’origine mais les personnages ont survécu sous la plume et le pinceau d’une nouvelle génération d’auteurs (au tout début du mois est sortie une BD dans l’univers Thorgal « Adieu Aaricia » avec une couverture superbe qui donne envie de la lire au coin du feu)
    Ton commentaire m’a donné envie de lire Xoco. En passant en revue la bibliographie d’Olivier Ledroit j’ai même découvert que j’avais lu une série très particulière de ce même dessinateur il y a 1 an. La série s’appelait Wika, et il y avait des mécanismes d’horloge posés ça et là sur les planches ce qui donnait à l’ensemble un côté steam punk original, bien qu’étant plutôt très fantasy pour le reste.
    Bon, j’espère que cette discussion ne va pas te donner trop envie de lire de la BD franco belge, car je n’imagine pas quelle difficulté tu aurais à te fournir au Japon (j’avais à peine trouvés quelques auteurs parmi lesquels Moebius quand je m’étais introduit au Tsutaya de Daikanyama).

  8. Salut Nico, ça serait en effet assez difficile pour moi de me mettre à collectionner et lire les bandes dessinées Franco-belges car elles ne sont pas particulièrement faciles à trouver à Tokyo d’autant plus à un prix raisonnable (notamment en ce moment avec le cours de l’euro yen). Il doit bien en avoir au Tsutaya de Daikanyama ou à un étage de Ginza6 à Ginza donc, mais le prix doit être celui d’art books plutôt que de BDs. Je ferais le curieux la prochaine fois au Kinokuniya de Shinjuku, près de Takashimaya.

    Je connais bien sûr Thorgal mais je n’ai jamais lu la série. Il faudrait désormais des journées entières pour en lire l’intégralité ! Je ne connaissais pas par contre Wika mais le style graphique de mise en page est typique d’Olivier Ledroit (enfin, je ne suis pas spécialiste ni ne connais toute son œuvre). Je reconnais en tout cas cette utilisation complète de la page qui ne se limite pas aux cases prédéfinies, qui fait que chaque planche est une véritable œuvre d’art. Wika a l’air moins sombre que ce que je connais mais n’en est pas moins fabuleux visuellement d’après ce que je peux en voir sur internet.

  9. Bonjour Frédéric,
    Notre discussion m’a emmené jusqu’à mon magasin préféré (généralement il ne faut pas plus d’un simple petit prétexte qui me sert d’excuse pour que j’y fasse un passage pendant le week-end…) à savoir le Gibert Joseph BD + musique du boulevard Saint Michel. Après vérification dans leur base de données, l’intégral de Xoco était disponible, mais il était introuvable, même au prix de 20 minutes de recherche. J’imagine qu’au Japon l’employé se serait excusé et m’aurait proposé de me prendre mon numéro de téléphone pour me prévenir dès qu’il l’aurait retrouvé (car ça irait de soi qu’il en aurait fait une affaire personnelle de le retrouver coute que coute). Malheureusement en France, ça ne se passe pas comme ça. Double déception, même Tomie n’était pas en vente ! (pour cela il a fallu que je sorte de sa lecture – et à deux reprises, que Dieu me pardonne – le responsable du rayon manga …j’en aurai presque des remords mais peut être devrait-il se remettre en question sur la mission indiquée sur son contrat de travail. Triple déception : les relations de Gibert et de leur fournisseur japonais sont au point de rupture. Pour le moment l’import de Miyuna devra attendre qu’un nouveau partenariat soit trouvé avec un nouveau fournisseur japonais, probablement le mois prochain…
    Bref, d’échec en échec je me suis demandé combien de temps ce magasin allait rester mon préféré !

    Si tu aimes les planches magistrales qui dépassent le cadre normal de la BD, alors il faut que tu t’intéresses à Druillet. En particulier Salammbô (réinterprétation de l’oeuvre de Flaubert) occupe une place importante dans mon panthéon du 9ème art. C’est autant de la BD qu’un art book…

  10. Salut Nico, Ah, quel sacrilège de déranger un libraire pendant sa lecture! Ahahah. J’espère que tu auras un peu plus de chance la prochaine fois. Tu me donnes maintenant envie d’aller voir à la librairie Kinokuya de Shinjuku près de Takashimaya si cet album intégral de Salammbô de Druillet est disponible. J’imagine déjà le prix prohibitif, genre le double ou le triple du prix français en euro. Il y a quelques temps, je voulais faire le curieux et acheter un numéro du magazine français sur le Japon intitulé Tempura, mais le numéro au Kinokuniya se vendait à plus de 4000 yens alors qu’il est à 16 euros en France. Je ne sais pas si tu connais ce magazine. Je voulais faire le curieux car plusieurs des personnes que je suis depuis longtemps sur Twitter écrivent pour ce mag, mais je me pose des questions sur le ton employé. Le numéro spécial yakuza me fait un peu peur par exemple. C’est peut-être à cause de Kitano, mais il y a une fascination en France pour ce monde là.

  11. Salut Frédéric, oui ça pourrait couter un bras car l’album intégral coute déjà environ 40€ en France ! Si c’est le même taux qui s’applique dans le sens France -> Japon que celui découvert pour l’artbook, je te conseille de garder cette idée d’achat jusqu’à ton passage sous nos latitudes…
    Je n’ai jamais consulté le magazine tempura mais je viens de jeter un œil sur leur site…et je me suis laissé tenter par le hors série « Tokyo Vice » (qui pourrait alimenter ma fibre créatrice pour une éventuelle suite à mon projet de BD). Je te dirai ce que je pense du ton employé, même si ça reste un hors série, avec un ton peut être proche de celui de Jake Adelstein qui semble mener la barre sur ce numéro. Affaire à suivre !

  12. ah oui, au sujet des Yakuza, je n’ai pas spécialement d’avis. Les Japonais ont un grand nombre de figures iconiques (samurai, geisha, ninja, sumo et yakuza) et c’est une vraie source à exploiter pour renforcer leur soft power. J’ignore pourquoi celle du yakuza fascine, mais qui ne rêve pas d’être un gangster (ou de vivre avec un gangster comme la mère de Masashi Asada dans « la famille Asada ») haha ?

  13. Salut Nicolas, je suivais Jake Adelstein sur Twitter pendant quelques temps, mais il avait fini par me fatiguer car je trouvais ses opinions pas vraiment nuancées. Tu me diras ce que tu penses de ce numéro spécial. Je comprends qu’il était journaliste attaché au service criminologie. Il y a même eu une série télévisée inspirée de son histoire. A vrai dire, j’avais lu des commentaires contestant la réalité de ce qu’il raconte, mais difficile de savoir qu’elle est le véridique du romancé. A prendre avec du recul à mon avis.

  14. Salut Frédéric, j’ai reçu le numéro spécial hier. Malheureusement je vais rester encore quelques temps captif de Tomie, donc je te ferais part de mon avis sur le numéro si je m’en sors indemne (mais jusqu’à présent ils sont peu nombreux à lui échapper)…
    Ce que tu me dis sur le compte de Jake Adelstein me refroidit un peu. C’est confortable de lire en se remettant à l’auteur, en le considérant comme un « présumé honnête » et en lui accordant sa confiance. En revanche c’est assez pénible voire assez inutile de s’intéresser à un propos quand on apprend qu’il faut y démêler le vrai du faux, le romancé de l’authentique, car ça demanderait de l’énergie, du temps, etc. ce que je n’ai pas (Par exemple, j’avais été très déçu d’apprendre que le travail de Michael Moore était miné de controverses…).
    En fin d’année dernière j’avais lu « Dévorer les Ténèbres – La disparue de Tokyo » qui est une enquête menée et écrite par Richard Llyod Parry. Le récit m’a captivé et je n’ai pas remis en question la probité de l’enquêteur qui adjoint à son ouvrage un nombre important de références. A lire si un jour cette occasion se présente !

  15. Salut Nicolas, tu me donnes décidément très envie de lire Tomie. Je l’ai cherché distraitement dans deux ou trois librairies ici, mais je ne l’ai pas trouvé. Je ne désespère pas mais, au pire, me dirigerais peut-être vers une version digitale si ça existe… Pour le numéro spécial Tokyo Vice, je ne voudrais pas gâcher ta lecture. En fait, j’avais lu un long article sur le site Hollywood Reporter qui correspondait à la sortie de la série télévisée pour HBO basée sur son histoire. L’article d’investigation remet en cause certains aspects qui semblaient exagérés de son histoire ou même complètement fictifs. L’article étant particulièrement critique et ne connaissant pas le sérieux de ce magazine non plus, je ne pourrais pas distinguer le vrai du faux d’un côté ou de l’autre, mais l’exagération ne me paraîtrait pas étonnante connaissant les articles de News que j’ai pu lire de lui.

  16. Salut Frédéric,
    J’en suis à plus de la moitié de ma lecture de Tomie, qui est un recueil d’une vingtaine de nouvelles écrites et dessinées sur plus d’une décennies. C’est intéressant pour plusieurs raisons : on constate une progression importante aussi bien dans le trait que dans la structure narrative, ce qui est assez gratifiant pour le lecteur. Il faut être indulgent au départ avec les maladresses en tout genre (le cadre, le dessin, le rythme de l’histoire) mais après quelques nouvelles on finit par tomber sous le charme de Tomie comme tous les hommes qu’elle rencontre. Un autre point d’intérêt est l’originalité qui se cache derrière une structure en apparence répétitive. Si les dernières œuvres suivent la dynamique des nouvelles « La chevelure », « La fille adoptive », « le Peintre » qui constituent la période centrale des nouvelles de Tomie, je m’attends à un final palpitant. Cette lecture me rappelle aussi le rythme des mickey parade ou picsou magazine que je lisais étant enfant. Ce n’est donc pas vraiment nouveau pour mon expérience de lecteur, mais c’est moins fréquent dans mes lectures actuelles qui sont composées de séries ou de one shot costauds. Le petit bémol – car il y en a un – concerne la chute des histoires. Elle me laisse trop souvent sur ma faim. Mais ce sentiment est vite chassé par la nouvelle suivante que je me hâte de lire…
    Pour Tokyo Vice, je te remercie pour l’article que j’ai lu. ça me donne de moins en moins envie de lire le magazine ou même son livre Tokyo Vice que j’avais également acheté. Mais je ne t’en veux pas, je pourrai essayer de le lire avec du recul, en me disant que c’est un ami alcoolisé qui veut rendre ses propos intéressants et se permet de fabuler un peu. Mais j’ai peur que ne se soit pas suffisant.

  17. Salut, merci pour ce teaser sur Tomie, il faut vraiment que je le trouve :-) je ne savais pas par contre qu’il s’agissait d’une œuvre de longue haleine, écrite sur plus de dix ans. En fait, je ne sais que très peu de choses sur Junji Ito, mais je viens de me rendre compte qu’il y a une série animée tirée de ses manga sur NetFlix, intitulée Maniac par Junji Ito: Anthologie macabre. J’en ai vu une affichette dans un magasin à Shimo Kitazawa (je montrerais une photo dans un prochain billet). Désolé pour Tokyo Vice, après c’est pas mal d’avoir du recul et ce n’est pas rare de voir des faits réels romancés pour les rendre plus mémorables.

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