shibuyaaamyyycream

Ça fait maintenant dix ans que la station de Shibuya et ses alentours sont en phase d’importants re-développements, qui sont encore loin d’être terminés. En recherchant le premier billet intitulé Shibuya changing que j’avais écrit sur le sujet, je suis moi-même surpris que dix années se sont déjà écoulées. Le building Hikarie était un des premiers bâtiments construits dans ce vaste re-développement urbain et j’aime bien de temps en temps grimper les étages jusqu’au 11ème pour avoir une vue d’ensemble. Une annexe de la marie de Shibuya fournissant des services administratifs est en fait placée au huitième étage de ce building. Aller y chercher un certificat ou autre papier d’importance est toujours une occasion de passer quelques minutes devant les grandes baies vitrées pour admirer de loin la foule qui s’agite en cadence. Je me suis d’ailleurs amusé à prendre cette vue le soir en time-lapse avec mon iPhone et je montre cette vidéo sur YouTube (et ci-dessous). Prendre un peu plus de quinze minutes de vidéo donne environ trente secondes avec l’accéléré du time-lapse. L’accélération du time-lapse rend bien compte de cette impression de cadence chorégraphiée de la foule à Shibuya.

Je savais que Kengo Kuma et SANAA intervenaient sur certaines parties de ce développement urbain du centre de Shibuya autour de la station, mais je ne savais pas qu’Hiroshi Naito faisait partie de la supervision de l’ensemble. Il est notamment en charge du Comité de Design et membre du Comité de Coordination du ce développement. C’est Takaaki qui m’apprend cela lors d’un déjeuner dans le restaurant de ramen au yuzu Afuri à Ebisu (adresse fortement recommandée). On ne s’était pas vu depuis longtemps et on parle beaucoup d’architecture japonaise, sujet d’interêt que nous avons en commun. Il regarde de temps en temps Made in Tokyo mais se contente des photos car il ne lis pas le français. Ce souci de la langue d’écriture m’interpelle de temps en temps, et me revient en tête dans ce genre de moments. Si l’intelligence artificielle pouvait m’être utile, ça serait de pouvoir traduire de manière rapide et naturelle mes textes en français sur Made in Tokyo dans différentes langues. On n’en est pas encore là mais ça va arrivé très vite, j’en suis sûr. On parle des endroits que l’on a aimé visiter ces derniers temps et qu’on se conseille, de l’architecture de Shin Takamatsu, entre autres. C’est étonnant de voir qu’on a souvent été voir les mêmes expositions photographiques, celle de Masahisa Fukase par exemple à Yebisu Garden Place. En ce promenant dans Ebisu, nous arrivons devant la petite libraire-galerie POST books, qu’il fréquente régulièrement. Je la connaissais déjà, car la propriétaire est une amie de Mari, mais je n’étais en fait, assez bizarrement, jamais entré à l’intérieur. J’y vois un livre de photos qui m’intéresse de l’anglais Stephen Gill. Je l’avais noté dans mes bookmarks d’Instagram il y a quelques temps. Le livre s’intitule Magnificent Failure et montre des superpositions de photographies, qu’il a d’abord construit par erreur. On le feuillette avec beaucoup d’interêt avec les explications de la jeune gérante de la librairie. Elle est très renseignée et n’hésite pas à donner de son temps pour répondre à nos questions sur les livres en stock et sur la série d’œuvres montrées dans la petite galerie. C’est assez rare pour le noter. J’aurais dû acheter le livre de Stephen Gill. Mais comme souvent, il me faut un long temps de réflexion avant d’acheter des livres d’art ou de photographies, car la place manque sur nos étagères à la maison.

Le Department Store PARCO a ouvert ses portes en 1973 et fête donc cette année l’anniversaire de ses 50 ans. Cette célébration démarrait le Vendredi soir 17 Novembre au PARCO de Shibuya avec des artistes invités jouant à chaque étage du grand magasin utilisant l’espace des boutiques. Je n’avais pas eu vent de cet événement mais mahl m’en a gentiment fait part car AAAMYYY y faisait une session de DJ. La session commençant à 18h le vendredi, c’était trop tôt pour arriver à l’heure mais je réussis tout de même à m’y rendre une quinzaine de minutes avant la fin de son set. Il m’aurait été très difficile d’y aller un autre jour de la semaine que le Vendredi ou le week-end. J’étais tout de même très satisfait de pouvoir la voir en action derrière les platines, même si elle n’a pas chanté ni ne s’est adressée aux personnes venues la voir dans le magasin de lunettes qui lui servait de lieu de performance. A la sortie du bureau avec mon sac à dos, je me suis senti un peu en désaccord, au niveau du code vestimentaire, avec la plupart des autres personnes présentes dans le magasin. Il s’agit de PARCO et les personnes soignant leur style étaient nombreuses, mais passaient souvent leur temps à se déplacer sans vraiment porter attention à la musique. Ça ne m’a de toute façon pas trop préoccupé. Pendant son set, AAAMYYY a passé un morceau de Maika Loubté, ce qui était en quelque sorte un habile renvoi d’ascenseur car elle était invitée sur scène le jour d’avant pour chanter à son concert dans la salle WWW X située à quelques mètres seulement du PARCO. AAAMYYY est ensuite restée à côté dans le magasin à discuter avec des personnes qui semblaient être de son staff ou des connaissances. Je n’ai pas senti un moment propice pour aller lui dire bonjour et toute l’admiration que j’ai pour sa musique. Pendant ce temps là, le musicien électronique Miru Shinoda avait pris la relève et j’ai beaucoup aimé le début de son set. Je n’ai malheureusement pas pu resté très longtemps. On revoit un peu AAAMYYY dans les médias ces derniers temps car elle était invitée de l‘émission musicale KanJam la semaine dernière, le dimanche 12 Novembre. Espérons que ça présage l’arrivée d’un nouvel album ou EP.

Le week-end dernier, je suis passé par hasard à vélo devant le parc Kitaya de Shibuya. Depuis que j’y ai vu jouer Miyuna (みゆな) en mini-concert gratuit, ce parc me donne l’impression qu’il doit s’y passer plein de choses intéressantes. Ce qui n’est apparemment pas faux car on y montrait cette fois-ci un film en plein air, et il s’agissait d’un film dont j’ai déjà parlé sans pourtant l’avoir vu. Le film s’intitule Ice Cream Fever (アイスクリームフィーバー), réalisé par Tetsuya Chihara (千原徹也) et tiré d’un roman de Mieko Kawakami (川上未映子). Le réalisateur était assis à l’arrière sur une petite chaise de camping. Je le suis sur Instagram depuis ce film et il est facilement reconnaissable, portant toujours le même chapeau. De ce film, je ne connais en fait que le thème musical intitulé Kōrigashi (氷菓子), interprété par Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子). J’aime vraiment beaucoup ce morceau que j’écoute toujours assez régulièrement. Kayoko Yoshizawa joue également dans ce film avec Riho Yoshioka (吉岡里帆), Marika Matsumoto (松本まりか), Serina Motola (モトーラ世理奈) et Utaha (詩羽) de Wednesday Campanella. Je gare rapidement mon vélo pour pouvoir regarder quelques minutes du film, debout derrière les chaises prévues pour le visionnage. On pouvait voir le film assis en achetant une place à 1000 yens. Le film était déjà commencé quand je suis arrivé et je ne pouvais pas rester très longtemps. J’ai tout de même pu prendre mon temps pour suivre quelques scènes du film d’une manière certes un peu distraite. Il faudra maintenant que je vois ce film dans de bonnes conditions.

サンシャインエナジーは無限だよ

La pluie compromet quelque peu ma capacité à prendre des photographies car je ne suis pas très habile pour à la fois tenir un parapluie d’une main et cadrer avec mon lourd appareil photo reflex de l’autre, tout en le gardant au sec. Mais on n’a parfois pas le choix que de sortir même sous la pluie lorsque le stock de photographies montrables sur ce blog commence à franchement diminuer. Les photographies que l’on prend s’associe dans notre mémoire aux conditions auxquelles on les a pris. Cette réflexion me ramène à un petit texte du photographe urbain Lukasz Palka qui se trouve être une bonne critique, un brin émotionnelle, des ’photographes’ ayant recourt à l’intelligence artificielle pour créer des belles images se voulant artistiques, mais qui sont complètement vides de sens et de contextes. À chaque fois que je vois des images créées ou modifiées par de l’AI montrées sur Instagram, je me demande qu’elle peut bien en être l’interêt. Mais ces images sans profondeur émotionnelle correspondent bien à l’esprit de l’instantané qui qualifie les réseaux sociaux: montrer des photographies qui accrochent tout de suite le regard mais sur lesquelles on ne s’attardera pas longtemps et qu’on oubliera rapidement parce qu’il faut passer à autre chose sur notre timeline d’Instagram ou de Twitter.

Dans mes photos sous la pluie près d’Harajuku, je remarque entre autres quelques posters en grand format pour une marque de vêtements, que je montre sur la troisième photographie du billet. Parmi les visages, on reconnaît à droite le musicien TENDRE dont j’entends justement à la radio un morceau intitulé Document, qui est une version récente sorti le 5 Avril 2023 d’un morceau plus ancien. Au chant, il est accompagné par AAAMYYY dont on entend volontairement à peine la voix mais qui est tout de même immédiatement reconnaissable et même indispensable. J’aime beaucoup la voix apaisante de TENDRE même si le morceau est relativement rythmé mais la nonchalance certainement involontaire de la voix d’AAAMYYY m’attire à chaque fois. Ce n’est pas la première fois qu’ils s’associent au chant. Ce morceau est inclu sur un EP intitulé Beginning.

Le même programme radio d’Interfm me fait découvrir un nouveau morceau du groupe SHERBETS de Kenichi Asai (浅井健一). Ce single intitulé Shiranai Michi (知らない道) est sorti le 11 Avril 2023 sur leur EP Midnight Chocolate qui sortira un peu plus tard, le 26 Avril. Aimant beaucoup Blankey Jet City, je n’avais pas de raison particulière d’être étonné par la qualité de ce nouveau morceau, mais je l’étais quand même inconsciemment un peu car je ne me doutais pas que Kenichi Asai continuait à être autant inspiré. Il va falloir maintenant que j’écoute la musique de SHERBETS auquel je n’avais pas particulièrement porté attention jusqu’à maintenant, me concentrant plutôt sur Blankey. J’aime beaucoup l’impression d’espace que donne le son des guitares sur ce morceau et la voix de Kenichi Asai est inimitable, même quand elle est plus posée comme sur ce morceau. J’adore le final, dont les paroles m’inspirent d’ailleurs le titre de ce billet (l’énergie solaire est infinie), après quelques phrases parlées par Kenichi Asai. Rien que le charme de cette voix sur ces quatre petites phrases vaut le détour (OK そっちにするわ、OK そっちがいいよ、そっちを信じるわ、ごちゃごちゃ考えるな).

Dans un tout autre style, la même émission de radio me fait décidément découvrir beaucoup de belles musiques avec un morceau intitulé Eden par un duo appelé Hikari & Daichi love SOIL& »PIMP »SESSIONS. Il s’agit en fait d’Hikari Mitsushima (満島ひかり) et Daichi Miura (三浦大知) au chant accompagné par le groupe jazz SOIL& »PIMP »SESSIONS que les amateurs de Sheena Ringo connaissent bien. J’aime beaucoup cette musique jazz posée et la complicité vocale du duo. Cette complicité se retrouve également dans la vidéo accompagnant le morceau. Il faut dire que Daichi Miura et Hikari Mitsushima se connaissent depuis longtemps car ils ont commencé ensemble dans un groupe pop appelé Folder composé de cinq filles dont Hikari et de deux garçons dont Daichi. Les deux garçons ont cependant rapidement quitté le groupe qui s’est renommé Folder 5 et a fait ses débuts en l’an 2000. L’autre grand intérêt est de voir Hikari et Daichi s’amuser en dansant dans un endroit qui m’est très familier car il s’agit du KAIT Plaza conçu par Junya Ishigami. Après la vidéo du morceau Zutto de BISH, c’est la deuxième fois que je vois une vidéo musicale se dérouler à cet endroit. Je comprends tout à fait l’intérêt conceptuel et artistique que l’on peut trouver à cet endroit tellement particulier.

Je découvre ensuite un tout nouveau morceau du groupe Awesome City Club (ACC), intitulé Iolite (アイオライト). ACC s’est fait connaître du grand public en 2021 grâce au single Wasurena (勿忘) qui a eu beaucoup de succès. À vrai dire, j’ai fini par aimer ce single à force de l’entendre à toutes les émissions de télévision de fin d’année, y compris Kōhaku. Le morceau Iolite sorti le 18 Avril est le thème d’un drama télévisé dont j’ai oublié le nom. Seule PORIN(ポリン), qui a retrouvé les cheveux bleus qui lui vont si bien, chante sur ce morceau. La composition musicale n’est pas particulièrement originale mais le chant de PORIN me plait beaucoup. Depuis que je l’ai entendu sur le morceau CRYPT de Mondo Grosso, j’ai complètement reconsidéré ses qualités vocales. Ce morceau correspond à un style de musique pop que j’ai envie d’écouter en ce moment. C’est peut-être dû à l’arrivée du printemps.

Et pour finir cette petite sélection, j’aime aussi vraiment beaucoup le nouveau morceau de DAOKO intitulé Abon (あぼーん) sorti le 12 Avril 2023. Je le découvre par hazard sur une playlist, de Spotify peut-être bien que je n’y sois pas abonné. Il y a un contraste sur ce morceau entre le rythme électro soutenu et la voix flottante de DAOKO, comme un hip-hop qui ne serait pas agressif. DAOKO nous fait également la surprise d’annoncer qu’elle évoluera dorénavant dans un nouveau groupe de cinq membres nommé QUBIT (キュービット) avec elle-même au chant, Seiichi Nagai (永井聖一) à la guitare, Makoto Suzuki (鈴木正人) à la basse, Shōhei Amimori (網守将平) aux claviers et Kazuya Ōi (大井一彌) à la batterie. C’est amusant de voir DAOKO suivre les traces de Sheena Ringo en créant un groupe après des débuts en solo. J’ai lu plusieurs fois ce type de commentaires sur Twitter. Il faut aussi noter que Seiichi Nagai est également guitariste du groupe Sōtaisei Riron (相対性理論) dans lequel chante Etsuko Yakushimaru (やくしまるえつこ), qui a une voix un peu similaire à DAOKO et que j’aime aussi beaucoup. J’en parle d’ailleurs assez régulièrement sur ces pages. Seiichi Nagai jouait déjà en support de DAOKO lorsqu’elle se produisait en solo, et a supporté et participé aux albums de quelques autres artistes renommés, comme Yukihiro Takahashi, Tomoyasu Hotei et, tiens donc, Awesome City Club. Comme quoi, il y a une logique certaine dans mes choix musicaux. Le group QUBIT sortira son premier single le 21 Juin 2023 et il s’intitulera G.A.D. Je suis très curieux de voir la direction qu’il va prendre, DAOKO ayant évolué dans des styles assez différents. Ça me semble être plutôt à tendance rock vu la composition du groupe. Dieu merci, le rock est toujours vivant et bien portant au Japon.

ほら進め、前へ進め

Ce bâtiment couvert d’un treillis de bois se trouve sur le campus de l’Université Sophia (上智大学) à Yotsuya, mais il est accessible depuis la rue. Il s’agit du bâtiment numéro 15 de l’université (上智大学15号館) et il a été conçu par Sumitomo Ringyō (住友林業). Les formes de croix qui se répètent nous rappellent que cette université est chrétienne. A part cette façade extérieure remarquable, la structure de ce petit bâtiment construit en bois semble beaucoup plus classique. Il a ouvert cette année avec des salles d’étude aux étages et il doit y avoir un café ouvert au public au rez-de-chaussée. Je ne suis pas sûr qu’il soit déjà ouvert, car le site internet de l’école annonçait une ouverture à l’automne. Après avoir fait un tour rapide du bâtiment, je me suis rendu compte qu’il se trouvait à Kioichō, d’où l’envie d’aller voir ensuite le Kioi Seidō se trouvant dans le même quartier. Je ne sais pour quelle raison j’ai toujours du mal à réaliser que Yotsuya est aussi proche d’Akasaka.

Depuis les étages du centre commercial Ariake Garden, deux centres olympiques se détachent du commun des buildings. On remarque tout de suite les formes affûtées et le bois du centre gymnastique d’Ariake conçu par Nikken Sekkei. Sur la droite, l’autre centre olympique Ariake Arena, conçu par Kume Sekkei, à des formes et une couleur plus discrètes. J’avais été les voir de près l’année dernière mais on ne pouvait pas accéder à la base de ces deux bâtiments. Ces centres sportifs avaient tous les deux été utilisés pour les Jeux Olympiques de Tokyo l’été dernier. Ces jeux qui nous avaient passionné pendant leur déroulement me paraissent maintenant bien lointains, certainement car l’entrée de ces lieux nous était interdit à cette époque. Avec le recul, c’est comme si ils n’avaient pas vraiment eu lieu, comme une vaste illusion collective.

La vallée de Todoroki (等々力渓谷) est pourtant inscrite dans les guides sur Tokyo, mais je n’y suis allé que récemment. Elle se trouve dans l’arrondissement de Setagaya au milieu de quartiers résidentiels denses, s’étendant sur une longueur d’environ 1km. On accède à cette petite vallée depuis la station de Todoroki. Il faut marcher quelques dizaines de mètres pour trouver l’entrée du parc au pied d’un pont rouge appelé Golf Bridge car il desservait autrefois un terrain de golf. Un escalier nous donne accès au creux de la vallée entourée de végétation. On longe la fine rivière Yazawa, qui plonge plus tard dans la rivière Tama, en parcourant un chemin étroit. On se croit soudainement très éloigné de la ville, sauf à l’endroit où la vallée passe dessous la grande avenue périphérique Kanpachi. On sort de la vallée au niveau du temple Todoroki Fudōson (等々力不動尊). L’endroit est paisible. Quelques enfants y étaient habillés de kimonos pour la cérémonie des 7-5-3 ans (七五三). Après ce passage impromptu dans la nature, on retourne rapidement vers la réalité urbaine. Direction Jiyūgaoka que j’ai déjà montré dans le billet précédent.

Avant d’aller voir son concert à Shibuya le 15 Novembre 2022 , je suis parti à la découverte des mini-albums de Miyuna (みゆな) sortis avant son premier album Guidance (ガイダンス). J’ai déjà parlé brièvement de Reply dans un billet précédent et j’aborde dans ce billet celui intitulé Yurareru (ユラレル) sorti le 18 Septembre 2019. Miyuna n’avait à cette époque que 17 ans et on a beaucoup de mal à s’en rendre compte, vu la maturité de sa voix et de son chant. Ce qui est amusant tout de même, c’est qu’elle écrit dans les paroles du morceau Kan Beer (缶ビル) des phrases comme « ビルを買って » (Achètes moi de la bière), alors qu’elle n’est légalement pas en âge d’en boire. Ce morceau en particulier est d’ailleurs produit et arrangé par Shin Sakiura, nom que je trouve régulièrement sur mon chemin au fur et à mesure de mes découvertes musicales. Je le mentionnais rapidement auparavant, Shin Sakiura a notamment collaboré avec AAAMYYY pour quelques morceaux comme Kono mama Yume de (このまま夢で) ou Night Running (dont mahl parlait d’ailleurs sur son blog). Il a aussi arrangé le morceau Takes Time de son album Annihilation. Ce qui me fait penser que j’aimerais vraiment voir AAAMYYY en concert, mais elle a l’air plutôt active en ce moment comme membre du groupe Temparay, qui ne m’intéresse malheureusement moins musicalement. Shin Sakiura avait également assuré la pré-production de trois morceaux du premier album d’AiNA The End (ハロウ, サボテンガール et STEP by STEP) et plus récemment écrit et composé le morceau Higher du premier album de la re-formation de EMPiRE en ExWHYZ. Je ne dirais pas que ses compositions sont particulièrement originales ni disruptives mais elles ont le mérite d’être fluide et naturelle, sans superflu ou extravagance. Et cela s’accorde très bien avec ce morceau de Miyuna au point où il devient un des morceaux que l’on retient immédiatement dès la première écoute du mini-album. C’est un morceau volontairement ludique gagnant rapidement l’auditoire. C’est d’ailleurs le morceau que Miyuna avait choisi pour ses interactions avec le public pendant les rappels du concert à Shibuya auquel j’avais assisté. Le morceau le plus marquant émotionnellement du mini-album est le dernier intitulé Ikinakya (生きなきゃ) que j’évoquais déjà longtemps dans mon rapport du concert car il s’agissait d’un des moments forts. Comme sur tous ses albums, il y a en général une balade que j’aime un peu moins. Il s’agit ici du troisième morceau intitulé Boku to Kimi no Lullaby (僕と君のララバイ). Je suis beaucoup plus attiré par l’énergie pop de morceaux comme Susume (進め) ou Guru Guru (グルグル), un autre morceau phare de ce mini-album. Le premier morceau prenant le titre de l’album, Yurareru (ユラレル), est un des plus intéressants en terme de construction, notamment car il est soudainement interrompu par une rébellion instrumentale. Il est plus sombre bien qu’ayant par sursauts une dynamique forte marquée par le phrasé rapide de Miyuna. Sa versatilité vocale lui permet beaucoup de retournements de situations dans ses morceaux. Kuchinashi no Kotaba (くちなしの言葉) est un autre morceau que j’aime particulièrement et que j’ai d’ailleurs beaucoup écouté avant le concert, ce qui tombait bien car elle l’a également interprété. Je trouve que c’est un des meilleurs morceaux de sa discographie. Miyuna écrit les paroles et compose la musique de la plupart de ses morceaux, mais on voit parfois le nom de TSUGE à la composition musicale. TSUGE semble être un collaborateur fidèle car je le vois également mentionné sur l’album Guidance. Même si Yurareru n’est pas aussi abouti que Guidance, on y trouve une émotion qui me touche personnellement beaucoup.

(全部 Move on)

Comme le montre la couleur du ciel, les premières photographies du billet ne sont pas prises le même jour que les dernières. La météo est très changeante en ce moment, ce qui n’est pas forcément un mauvais point pour le photographe. Le tournesol est tourné vers la lumière du ciel ensoleillé des dernières photographies prises dans les quartiers autour de la grande tour Skytree. J’étais parti en direction de Higashi Mukojima pour aller voir un building des années 90 que j’ai déjà montré sur mon compte Instagram. Il faudra y revenir bientôt. Et au passage, le nombre de mes followers sur Instagram vient de passer la barre des 600 personnes. Pas que ça soit un nombre particulièrement impressionnant pour Instagram, car les gens se suivent entre eux souvent mécaniquement. Je suis moi-même sur Instagram plus de 500 personnes et c’est humainement impossible de porter assez d’attention sur toutes les photos qui sont publiées sur mon fil, d’autant plus quand elles se mélangent avec les innombrables messages publicitaires et photos sponsorisées non-sollicitées. Je me demande si maintenir et faire se croître un compte Instagram ne demande pas plus d’efforts que de tenir un blog traditionnel. Certaines personnes semblent passer sur vero, car il n’y a pas de publicités. J’ai créé mon compte sur vero à tout hasard et par curiosité.

Je suis toujours sous le charme du EP Maborosi Weekend que j’écoute maintenant en entier depuis plusieurs jours. Il n’est pas forcément meilleur que l’album Annihilation par exemple, mais il y a cette étrangeté dans les associations de notes électroniques qui m’est particulièrement attrayante. Et les tonalités de voix d’AAAMYYY volontairement légères sur certains morceaux comme 8PM ou KINYOUB sont souvent dissonantes et inattendus dans leurs transitions. Je sens une influence Nord américaine sur certains morceaux bien qu’elle chante principalement en japonais. Peut-être est ce dû aux insertions passagères de phrases en anglais (« 全部 Move on » sur KINYOUB). La composition musicale de certains des morceaux est relativement épurée et ça me fait me rendre compte qu’elle n’a pas besoin d’une instrumentation ample pour créer des morceaux intéressants et mémorables. Tout se joue dans les méandres de sa voix. Je pensais que le morceau Maborosi était mon préféré de l’album mais je pense maintenant préférer le dernier en collaboration au chant avec Tendre (de son vrai nom Kawahara Tarō 河原太朗). Il joue également de la basse ou des claviers sur d’autres morceaux d’AAAMYYY. Je pense avoir fait maintenant le tour de sa discographie et il est temps de bifurquer un peu pour éviter que cette musique devienne obsessionnelle.

AAAsakusaMainlYYY

Le rouge domine dans les rues d’Asakusa (浅草) que je n’ai pas visité depuis longtemps. Les touristes dans la petite rue piétonne commerçante Nakamise (仲見世通り) ne sont pas aussi nombreux qu’avant la crise sanitaire. Lorsque je sors mon appareil photo et prends des photos à Asakusa aux abords de la grande lampe de la porte Kaminarimon (雷門) ou du temple Sensōji (浅草寺), je me demande toujours si on me prend pour un touriste fraîchement débarqué à Tokyo et faisant la découverte des merveilles de cette ville. Et que doit faire un touriste en visite pour la première fois à Asakusa ? Prendre en photo les temples aux couleurs vives et les jeunes filles en yukata. Je suis en ce sens un éternel touriste dans cette ville. Mes pas m’amènent ensuite péniblement (en raison de la chaleur) jusqu’à la station d’Okachimachi (御徒町) en passant par le sanctuaire Shitaya que je ne connaissais pas. Une porte rouge démesurée par rapport à la taille du sanctuaire y est plantée au niveau de la rue. Sa taille est optimisée pour utiliser tout l’espace disponible en ne laissant que quelques petits centimètres de distance avec les deux immeubles autour. Ou ce sont peut-être les immeubles qui ont été construits après la grande porte rouge. J’apprendrais plus tard que ce sanctuaire a été initialement fondé en l’an 730 à l’intérieur de l’actuel parc d’Ueno, mais il a été ensuite déplacé à cet endroit en 1703. Les bâtiments actuels sont plus récents et datent de 1934, ils avaient été détruits par le grand tremblement de terre de Tokyo. Je voulais ensuite passer un peu de temps à parcourir les rues d’Okachimachi mais la chaleur m’a poussé vers la fraîcheur des trains me ramenant à la maison.

Depuis que j’ai lu le billet de mahl sur son blog qui évoquait AAAMYYY, j’ėcoute également beaucoup cette compositrice et interprète originaire de Nagano. En plus de sa carrière solo, elle est connue pour être membre du groupe à tendance rock psychédélique appelé Temparay que je ne connais pas beaucoup. Le vrai nom d’AAAMYYY est Honami Furuhara, mais elle se fait appeler Amy, peut-être est-ce suite à sa vie au Canada pendant quelques années lorsqu’elle avait 20 ans et était à l’Université. Je me suis d’abord mis à écouter son dernier EP sorti le 8 Juillet 2022 intitulé Echo Chamber. J’ai tout de suite aimé sa manière souvent non-conventionnelle de composer et de chanter, et sa voix un peu voilée. J’ai eu très vite envie de découvrir son album sorti en 2021, Annihilation, tellement j’avais aimé le EP. Je suis ensuite passé sur son album précédent Body sorti en 2019 et écouté quelques morceaux sélectionnés des EPs Maborosi Weekend et Etcetra sortis tous les deux en 2018. Je concours tout à fait avec les commentaires que mahl faisait sur son billet au sujet de la musique de AAAMYYY, et sur les commentaires que l’on fait tous les deux sur ce précédent billet 祭りがない間に. Je me trouve maintenant à écouter tous ses albums et EPs à la suite ou dans le désordre, et la musique d’AAAMYYY occupe une grande partie de mon temps disponible d’écoute musicale en ce moment. Ce qui est assez intéressant, c’est que je ne lasse pas vraiment donc je continue l’écoute. On sent l’évolution entre les premiers EPs et son dernier, car les compositions électroniques se font de plus en plus évoluées et prennent plus d’ampleur musicalement et vocalement. Mais AAAMYYY est capable de créer un morceau tout à fait prenant avec une composition plutôt minimaliste. On revient toujours pour sa voix et sa manière de chanter, ainsi que pour ce sens certain à créer des accords légèrement non conventionnels qui nous accrochent et pourraient même devenir légèrement obsédant.

Je suis rentré dans son univers musical par le morceau Ano Emi (あの笑み), ou Your Smile, qu’elle interprète avec l’ex-idole et également compositrice et interprète Ano (あの). Un point amusant est que le titre devait initialement être Ano AAAMYYY pour reprendre les noms des deux artistes, mais une erreur plutôt bienvenue a transformé ce titre de morceau en celui qu’on connaît actuellement. Depuis que j’écoute ce morceau, je me demande quelles peuvent être les liens entre ces deux artistes car leurs univers sont très différents. J’ai déjà parlé plusieurs fois de la musique aux accents rock parfois agressifs d’Ano qui contraste avec son apparente manière d’être. Elle a une voix très particulière et une personnalité également très particulière. On la voit très régulièrement à la télévision et ses réactions sont la plupart du temps déconcertantes. C’est pour sûr un personnage à part mais qui a une certaine aura, qu’il serait un peu difficile à expliquer. Il s’avère qu’Ano attire les autres musiciens. Je me souviens avoir commencé à écouter la musique de Towa Tei avec son morceau REM en collaboration avec Ano sur son album EMO sorti en 2017. On voyait aussi Ano en photo avec Mukai Shutoku lors d’un festival. Les rumeurs qui sont très certainement fondées prêtent (ou prêtaient) une relation entre Ano et Satoru Iguchi du groupe King Gnu. Ça m’avait d’abord paru plutôt improbable voyant la personnalité atypique d’Ano, mais il s’avère que Satoru Iguchi a une personnalité toute aussi particulière (le groupe n’imaginerait par exemple pas le laisser conduire). Je n’ai pas d’intérêt particulier sur ce genre de rumeurs mais quand elles permettent de comprendre des liens possibles entre des artistes, ça m’intéresse forcément un peu plus. Je crois entrevoir quelques liens entre Daiki Tsuneta du groupe King Gnu et AAAMYYY. Ils sont tous les deux originaires de la préfecture de Nagano et ont à peu près le même âge (31 ans pour AAAMYYY et 30 ans pour Daiki Tsuneta). AAAMYYY emploie Perimetron, le groupe de créatifs fondé par Daiki Tsuneta sur plusieurs de ses vidéos et a joué en concert au Ginza Sony Park au moment où King Gnu et Millenium Parade (l’autre collectif musical de Daiki Tsuneta) investissait les lieux. Il y a forcément des liens entre les deux, du moins leurs univers créatifs s’entrecroisent. Comme AAAMYYY mentionne dans une interview pour Ginza Mag qu’elle a rencontré Ano pour la première fois dans un izakaya avec un groupe d’amis, je parierais que cette première rencontre s’est faite grâce à ses liens avec les groupes tournant autour de Daiki Tsuneta (dont son compère Satoru Iguchi). Enfin, tout ceci n’est que pure supposition de ma part et je me trompe régulièrement, mais je ressens le besoin de noter tout cela ici. Dans cette interview jointe d’AAAMYYY et d’Ano pour Ginza Mag, AAAMYYY précise d’ailleurs qu’elle est fan depuis plusieurs années, de l’époque où Ano était idole dans le groupe ゆるめるモ! (You’ll melt more!). Le morceau Ano Emi (あの笑み) est très différent des autres morceaux que l’on connaît d’AAAMYYY et on ressent bien le fait qu’elle ait voulu correspondre à l’univers plus rock d’Ano. Petit détail amusant de l’interview, AAAMYYY propose à Ano de regarder la saison 4 de Strangers Things ensemble. AAAMYYY semble être amatrice de films de science-fiction, citant dans ses préférés: Interstellar, 2001 Space Odyssey et le film de Luc Besson Le Cinquième Élément. J’avais adoré ce film à sa sortie, d’autant plus que j’étais à cette époque dans une phase musicale trip-hop à beaucoup écouter Tricky qui jouait un petit rôle dans ce film, mais je trouve qu’il a bien mal vieilli. Autre détail amusant, Aya Gloomy (dont je parle régulièrement ici) mentionnait également Le Cinquième Élément comme un de ses films préférés dans une interview récente. Je ne nie pas par contre la force d’évocation du personnage aux cheveux oranges interprété par Milla Jovovich dans le film.

Mais je m’éloigne de mon sujet qui est la discographie d’AAAMYYY. J’aime la totalité des morceaux que j’ai pu écouter jusqu’à maintenant, mais certains sont tout simplement sublimes comme Fiction, Takes Time et After Life de l’album Annihilation, Over My Dead Body (屍を越えてゆけ) sur Body, Maborosi sur Maborosi Weekend, Hail (雨) feat. (sic)boy sur Echo Chamber. Ça peut parfois tenir à des détails comme le rythme électronique apparemment bancal au début du morceau Maborosi ou la manière avec laquelle elle ne prononce pas Maboroshi mais Maborosi (sans le h). La vidéo de Over My Dead Body (屍を越えてゆけ) a été, je pense, tournée à Nagano car je crois reconnaître la grande allée naturelle du sanctuaire Togakuchi que nous n’avions pas pu voir lors de notre passage en Mars. On y retournera très certainement un de ces jours. La vidéo de Hail (雨) a par contre été tournée dans les forêts d’Hinode, à l’Ouest de Tokyo. Sur ce morceau comme sur de nombreux autres, AAAMYYY fait souvent intervenir des invités venant la plupart du temps du monde du hip-hop japonais. A vrai dire, je ne connais pas beaucoup tous ces invités, à part Ryohu sur le morceau Bluev. J’aime beaucoup sa manière exagérément marquée de rapper, qui s’accorde bien avec l’approche beaucoup plus mélodique de chanter d’AAAMYYY. Un morceau comme All by Myself sur l’album Body s’est vraiment développé pour moi après plusieurs écoutes, notamment pour l’intervention vocale très douce à mi-morceau de JIL. Le morceau est particulièrement beau quand leurs voix s’additionnent puis se dépareillent vers la fin. Il y a ces petits quelques choses très subtils dans la musique d’AAAMYYY et elle est pour sûr une artiste à suivre de près.