東京で一番美しいロックバンドだった

C’était le plus beau groupe de rock de Tokyo (東京で一番美しいロックバンドだった). J’ai vu écrite cette phrase à de nombreuses reprises sur Twitter après le dernier concert du groupe For Tracy Hyde (FTH) le Samedi soir 25 Mars 2023 dans la salle WWWX près du PARCO à Shibuya. Je l’ai aussi repris sur mon message Twitter après l’avoir vu écrite sur le compte Twitter de Yua Uchiyama (内山結愛) du groupe RAY pour lequel écrivent notamment Azusa Suga et Mav, respectivement compositeurs, guitariste et bassiste de FTH. Je voulais également rendre hommage à un excellent groupe de rock indépendant qu’il est bien dommage de voir partir. J’ai toujours considéré For Tracy Hyde (FTH) comme les chefs de file de ce rock indépendant tokyoïte penchant très fortement sur les ambiances shoegazing que j’aime tant. FTH s’inscrit très bien dans la lignée de grands groupes des années 1990 comme Ride, dont le leader Mark Gardener a d’ailleurs mixé le dernier album Hotel Insomnia, comme en quelques sortes un passage de relai. Autre détail intéressant, le leader et guitariste de FTH, Azusa Suga, portait sur scène un t-shirt de Lush, autre groupe important du shoegazing anglais de cette époque là.

Peu après la sortie de l’album Hotel Insomnia, leur meilleur album à mon avis, on avait été surpris d’apprendre l’intention du groupe de se séparer. Ça m’avait notamment pousser à aller les voir lors d’un mini-live au magasin Tower Records de Shibuya le Samedi 21 Janvier 2023, en pensant que ça serait la dernière fois que je pourrais les voir. J’avais tout de même tenté d’acheter une place pour leur dernier concert du 25 Mars à Shibuya. Il n’était par chance pas encore complet à ce moment là. Comme j’ai acheté ma place un peu tard en Janvier, j’étais placé vers le fond de la salle mais ça ne m’a bien sûr pas empêché de voir le groupe sur scène et d’apprécier pleinement la qualité musicale de ses compositions. Au fur à mesure des albums, j’ai appris à apprécier pleinement la voix d’Eureka qui s’inscrit vraiment très bien dans les musiques de ce dernier album. Sa voix y est par moment pénétrante. Pendant le concert, 19 morceaux ont été interprétés dont la quasi-totalité d’Hotel Insomnia dans l’ordre, ou presque. Vers le milieu du concert, ils sont revenus vers quelques morceaux plus anciens des albums précédents comme New Young City, Ethernity et Film Bleu, leur premier album. Ils n’ont par contre pas interprété de morceaux de leur deuxième album he(r)art de 2017 qui est celui par lequel j’ai découvert le groupe.

Azusa Suga s’est adressé plusieurs fois à la foule dans la salle et sur YouTube car le concert était retransmis gratuitement en direct. FTH a eu la bonne idée de maintenir le concert sur YouTube, ce qui fait qu’il y est toujours disponible en intégralité. On ne saura pas les raisons exactes de la séparation du groupe mais chaque membre nous a expliqué leurs projets musicaux futurs. Je pense que FTH devait arriver à une période de maturité où les évolutions futures devenaient moins claires. C’est dommage car un morceau comme House Of Mirrors sur Hotel Insomnia, assez différent du reste de l’album par son rythme plus pop et son passage hip-hop, était une direction très intéressante qui s’est révélée puissante pendant le concert. Eureka s’y est montrée beaucoup plus gestuelle, alors qu’elle se montre plutôt réservée sur scène. Sa voix est bien sûr omniprésente sur pratiquement tous les morceaux, sauf Sirens interprété seulement par Azusa Suga, mais elle parle très peu pendant les courts intermèdes avec le public. Azusa Suga lui fait d’ailleurs une gentille petite remarque sur le fait qu’elle était censée prendre la parole un peu plus tôt pendant le concert. Mais FTH est un groupe indé, d’autant plus de shoegazing, donc pas censé s’attarder à distraire les foules. On sent quand même qu’Azusa Suga voudrait que le public soit plus démonstratif, comme un public étranger par exemple. Il parle très bien anglais et nous a fait part de son regret de ne pas avoir tourné plus à l’étranger. Le public japonais se montre bien présent mais les modes d’expression sont différents, d’autant plus que l’on vient de sortir de la crise sanitaire. Il est maintenant autorisé de pousser la voix, ce qui est tout de même une bonne chose et la foule ne s’en est pas privée. La concert a duré environ deux heures qui ont passé trop vite, malgré les deux rappels. Vers la fin du concert, le groupe a posé devant le public pour une photo souvenir. J’arrive d’ailleurs à m’apercevoir vers le fond de la salle sur la gauche (pour ceux qui peuvent me reconnaître).

Musicalement, le concert était proche des versions présentes sur les albums avec des démarrages et fins de morceaux parfois différents ou plus longs. Le public était très varié avec une majorité masculine, par rapport à des groupes comme Tricot par exemple. J’ai tendance à penser que FTH s’adresse aux Otakus de la musique indé shoegaze, ceux qui sont intransigeants sur la qualité de ce son rock. On sent qu’Azusa Suga est lui-même intransigeant sur la qualité des morceaux qu’il compose et nous dit même assez directement pendant le concert qu’il pense que certains morceaux sont meilleurs que d’autres. Ça fait toujours sourire le public car on est tous bien convaincu de la qualité de la musique qu’on est venu écouter ce soir. Je me reconnais plutôt bien dans ce public intransigeant, même si dans l’ensemble la moyenne d’âge devait être d’une dizaine d’années inférieure à mon âge. Ceci n’a de toute façon pas beaucoup d’importance. Ce concert était également l’occasion pour moi de rentrer à l’intérieur de l’ancien cinéma Rise conçu par l’architecte Atsushi Kitagawara, que j’ai maintes fois pris en photo de l’extérieur. En rentrant du concert à pieds, je réécoute une nouvelle fois l’album Hotel Insomnia de For Tracy Hyde pour faire durer un peu plus l’ambiance. Il faut vraiment que je continue à régulièrement assister à ce genre de concert, c’est un des enseignements que je tire de la crise sanitaire. Il faudrait même que je crée une catégorie Live report sur le blog. Et le mois prochain, ça sera le concert de Sheena Ringo. Mais en attendant, j’ré-écoute l’excellent album Spooky (1992) de Lush (j’avais un peu oublié la beauté de cet album) en écrivant ce petit compte-rendu de concert. Les photos ci-dessus sont les miennes (elles étaient autorisées pendant le concert), sauf les quatre dernières disponibles sur le compte Twitter du groupe et que je permets de montrer ici pour garder une trace de ce beau moment musical. Le concert est également disponible sur YouTube sur le compte du groupe, comme mentionné auparavant.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la setlist du concert final de For Tracy Hyde du 25 Mars 3023 au Shibuya WWWX:

1. Undulate, de l’album Hotel Insomnia
2. The First Time (Is The Last Time), de l’album Hotel Insomnia
3. Kodiak, de l’album Hotel Insomnia
4. Lungs, de l’album Hotel Insomnia
5. Estuary, de l’album Hotel Insomnia
6. Friends, de l’album Hotel Insomnia
7. Tsunagu Hi no Ao (繋ぐ日の青), de l’album New Young City
8. Kimi ni shite Haru wo Omou (君にして春を想う), de l’album New Young City
9. Sakura no En (櫻の園), de l’album New Young City
10. Interdependence Day – Part I, de l’album Ethernity
11. Heavenly (ヘヴンリイ), de l’album Ethernity
12. Sister Carrie, de l’album Ethernity
13. House Of Mirrors, de l’album Hotel Insomnia
14. Sirens, de l’album Hotel Insomnia
15. Milkshake, de l’album Hotel Insomnia
16. Subway Station Revelation, de l’album Hotel Insomnia
17. Leave The Planet, de l’album Hotel Insomnia
18. Can Little Birds Remember?, de l’album New Young City
19. Her Sarah Records Collection, de l’album Film Bleu

シブヤROCKTRANSFORMED状態

Une Ducati 998 version Moto Corse à l’arrêt mais, j’en suis sûr, prête à bondir. J’ai toujours été impressionné par cette moto ultra-sportive tout en me disant que je ne serais probablement plus là pour en parler si j’en avais acheté une à l’époque où j’étais un motard passionné. Alors que je prenais la photo de Ramu-chan dessinée par Nakaki Pantz au dessus de l’entrée de la gare de Shibuya, je remarque un autre autocollant de Fūki Committee parmi de nombreux autres. Ils sont particulièrement nombreux à Shibuya en ce moment. En remontant les rues de Shibuya jusqu’à Dogenzaka, je suis à chaque fois étonné de voir le Club Asia toujours présent et inchangé avec ses murs de façade rouges. Je pense y être allé une ou deux fois il y a un peu plus de vingt ans.

J’ai déjà parlé du nouvel album du groupe de rock indé japonais For Tracy Hyde, Hotel Insomnia, après en avoir écouté quelques morceaux. J’ai toujours écouté les albums de For Tracy Hyde en me disant qu’ils contiendront des morceaux que j’aimerais vraiment beaucoup et d’autres qui me laisseront plus indifférents. Je ne m’attendais donc pas à ce que ce nouvel album me plaise autant dans son intégralité. C’est pour moi assez clairement le meilleur album du groupe, et je me dis une fois de plus que c’est une drôle d’idée de vouloir s’arrêter maintenant. Mais bon, pourquoi ne pas s’arrêter à son apogée plutôt qu’en phase de déclin. Je suis sûr que chaque membre du groupe continuera sur d’autres projets. Eureka fait également partie d’un autre groupe appelé Ferry Chrome, que je ne connais pas. Azusa Suga (aka Natsubot) a plusieurs projets séparés comme Aprilblue et il écrit des morceaux pour le groupe d’idoles alternative RAY dont je parle aussi régulièrement sur ce blog. Une petite vidéo sous-titrée en anglais créée par Harry Bossert pour sa série Angura parlant de la scène musicale underground japonaise présente d’ailleurs le groupe en évoquant leur séparation. Leur dernier concert se déroulera le 25 Mars 2023 dans la live house WWWX de Shibuya, mais je pense qu’il sera difficile d’avoir une place. J’ai tenté ma chance mais on aura les résultats qu’après une loterie. A ce propos, en parlant de la série vidéo Angura, le groupe Ms.Machine dont je parle aussi très régulièrement dans ces pages est également présenté avec une interview. Angura est une très bonne chaine YouTube qui a démarré récemment et qu’il est bon de suivre. Pour revenir à For Tracy Hyde, l’album contient quelques uns des meilleurs morceaux du groupe comme Friends, Kodiak, milkshake ou encore Subway Station Revelation entre autres, mais il reste excellent dans la longueur de ses 13 morceaux. Peut-être que le mastering de l’album par le guitariste et chanteur Mark Gardener du groupe anglais Ride y est pour quelque chose. Le morceau Sirens, le seul qui n’est pas chanté par Eureka me rappelle particulièrement l’ambiance musicale des morceaux de Ride. J’aime le shoegaze de Ride que j’écoutais beaucoup il y a 7 ans tout en parcourant les rues de Shimokitazawa. Revoir les photographies prises à cette époque dans le billet où j’évoquais l’album me plonge dans une sorte de nostalgie de ces moments alors qu’ils ne sont pourtant pas très anciens. Mais au delà de l’influence éventuelle de Ride sur cet album, Azusa Suga a de toute façon beaucoup de talent pour composer des morceaux flottant qui nous entraînent parfois dans des rêves ou dans des tourbillons de guitares. Et la voix d’Eureka est particulièrement hypnotisante sur cet album. J’adore quand elle se noie dans les echos, sur le superbe Kodiak par exemple, et dans les guitares envahissantes, ambiance shoegaze oblige.

Je ne pouvais pas manquer le mini-live que le groupe donnait le Samedi 21 Janvier à 15h au Tower Records de Shibuya à l’occasion de la sortie de leur album. L’entrée était gratuite car le live se déroulait au sixième étage du magasin parmi les rangées de vinyls. Une petite scène temporaire était aménagée et pouvait s’installer debout où on le souhaitait, au plus près du groupe. Je suis arrivé trente minutes avant le début du mini-live. Il se voulait acoustique mais le son des guitares restait particulièrement puissant dans l’enceinte du magasin. Les photos et vidéos étaient autorisées. J’en ai pris quelques unes ci-dessus mais je ne voulais pas passé mon temps à regarder mon appareil photo plutôt qu’à regarder le groupe joué. Azusa Suga et Eureka étaient sur le devant de la scène et on ne voyait pas Mav et Soukou qui étaient installés derrière avec batterie et basse. Azusa Suga est le fondateur du groupe et principal compositeur des morceaux. Derrière sa coupe de cheveux un peu trop longs, il était le principal MC du live revenant notamment sur le fait que le groupe se séparera le 25 Mars 2023 après le concert à Shibuya. Le groupe a joué six morceaux en tout dont quatre du dernier album (Friends, Milkshake, Lungs et Subway Station Revelation) et deux autres des albums précédents pour les rappels (Interdependence (Part I) et Sakura no En (櫻の園)). C’était un très beau moment passé en leur compagnie. On sentait qu’Eureka était nerveuse devant le public qui était vraiment très proche. C’est la raison qu’elle nous a donné quand elle a loupé le démarrage au chant d’un des morceaux. J’aime bien ces petits moments d’imperfection, d’autant plus que le morceau s’est déroulé parfaitement après. On pouvait faire signer le boitier CD après le live, mais j’ai passé mon tour car j’avais déjà acheté l’album en digital sur iTunes et je ne me voyais re-acheter l’album en double en CD. J’étais placé assez proche de la petite scène et en me retournant à la fin du live, je me suis rendu compte qu’il y avait foule derrière moi dans les rangées de vinyls. La file d’attente pour faire signer le CD de l’album était donc assez longue. Mais, j’avais un autre objectif pour la suite de l’après-midi et je le suis éclipsé direction Ginza en gardant ces morceaux de For Tracy Hyde en tête. Pour découvrir un peu plus le groupe, il y a une une très bonne interview par Ryo Miyauchi sur le site musical Tone Glow.

J’ai toujours été attiré par la pochette DIY de ce live de Number Girl datant de 1999 intitulé Shibuya Rocktransformed Jōtai (シブヤROCKTRANSFORMED状態). Je l’ai trouvé au Disk Union de Shibuya il y a quelques semaines. Il date du 1er Octobre 1999 et il s’agissait du dernier jour de leur tournée Distortional Discharger au Shibuya Club Quattro. En fait, j’ai toujours pensé, par erreur, que ce live de Number Girl était la deuxième partie du live Kyoei Buranko (虚栄ブランコ) de Tensai Pureparāto (天才プレパラート), le groupe temporaire et secret de Sheena Ringo. Mais le live Kyoei Buranko a en fait eu lieu un peu plus d’un mois plus tard, le 30 Novembre 1999 au Club Asia (que je montrais en photo ci-dessus). Il s’agit donc d’un live différent mais j’imagine que l’ambiance rock brute devait être similaire. La qualité de la prise de son du concert de Number Girl au Shibuya Club Quattro est très bonne rendant très bien la puissance des guitares, notamment d’Hisako Tabuchi, et l’agressivité vocale de Shūtoku Mukai. Les morceaux s’enchainent sans répits à par pour quelques morceaux précédés d’une courte introduction faisant d’ailleurs partie entière des morceaux. Tomei Shōjo (透明少女) est un exemple classique à chaque fois précédé de quelques mots avant que les guitares ne dégainent. Écouter ce concert me rappelle l’ambiance qu’il pouvait y avoir dans ce genre de concerts de rock underground lorsqu’il était autorisé au public de parler et de crier. Bon, je suis maintenant reparti pour réécouter la discographie complète de Number Girl ou peut être devrais je chercher d’autres live du groupe.

ヴァントロワ

Démarrons ce premier billet de l’année en souhaitant à toutes et à tous une très bonne et heureuse année 2023. Ça pourrait devenir une habitude de démarrer l’année avec quelques photos d’Enoshima, car nous y allons régulièrement à la toute fin de l’année pour profiter des dernières lumières sur le Mont Fuji. Il avait pourtant préféré cette fois-ci se cacher dernière un épais voile de nuages. Nous profiterons tout de même du soleil couchant sur l’océan pacifique tout en dégustant une pizza aux petits poissons shirasu dans un des restaurants sur les hauteurs d’Enoshima. On profitera également de la foule venue visiter l’île. Je n’utilise ces derniers temps que mon petit objectif fixe 40mm, et j’aime par conséquent prendre des photos plongées dans la foule comme sur les première et cinquième photographies. Ces photos à Enoshima datent du 30 Décembre tandis que les deux dernières ont été prises le 31 Décembre à Daikanyama et à Ebisu pour une dernière marche de l’année avant de se préparer pour le réveillon.

J’ai l’impression que la soirée du 31 Décembre 2022 a passé très vite en regardant comme tous les ans l’émission Kōhaku Uta Gassen (紅白歌合戦) sur NHK, peut-être parce qu’il n’y avait pas de points très marquants cette année. J’avais déjà vu les artistes qui m’intéressaient (King Gnu, Ado, Aimer…) dans d’autres émissions télévisées de fin d’année interpréter les mêmes morceaux qu’à Kōhaku donc l’effet de surprise était grandement atténué. Mon principal intérêt était de voir Vaundy sur scène en solo puis en groupe avec Aimer, Ikura de Yoasobi et Milet pour le morceau Omokage (おもかげ). J’ai beaucoup aimé la dynamique de leur interprétation groupée sur scène, et on avait vraiment l’impression qu’il et elles appréciaient pleinement le moment. Il faut dire que c’est un sacré quatuor et l’apport de la voix de Vaundy par rapport à la version originale de The First Take est un vrai plus. Ça m’a même donné envie d’aller voir Vaundy en live. J’ai aussi beaucoup aimé le morceau de Fujii Kaze (藤井風) intitulé Shinu no ga ii wa (死ぬのがいいわ) qui me disait vaguement quelque chose sans le connaître vraiment. Ce morceau n’est pourtant pas tiré de son dernier album, donc le choix pour Kōhaku me paraît étonnant. Il y avait quelques curiosités comme le super-groupe rock auto-proclamé The Last Rockstars composé de Yoshiki de X Japan, Miyavi, Hyde de L’Arc~en~Ciel et Sugizo de Luna Sea (et X Japan ces dernières années). Contrairement au quatuor mentionné ci-dessus, leur interprétation démontrait qu’on peut regrouper les plus grandes stars et pourtant créer une musique et interprétation insipide. En comparaison, le rock band old-school de Keisuke Kuwata (桑田佳祐) avec Motoharu Sano (佐野 元春), Masanori Sera (世良公則), Hisato Takenaka (竹中 尚人, aka Char) et Goro Noguchi (野口 五郎) était plus intéressant à regarder et écouter. Ce super-groupe temporaire que seul Kōhaku est en mesure de créer était accompagné par Yuko Hara (原 由子, épouse de Kuwata et clavier de Southern All Stars), Kohei Otomo (大友 康平) et Hama Okamoto (ハマ・オカモト, bassiste du groupe Okamoto’s). Je n’ai réalisé que récemment que Hama Okamoto, de son vrai nom Ikumi Hamada, est le fils du comédien Masatoshi Hamada du duo Downtown. Une autre curiosité était de voir Shinohara Ryōko (篠原涼子) sur scène (avec Tetsuya Komuro au piano) car j’avais oublié qu’elle chantait. On se demandait un peu la raison de sa présence soudaine, mais Kōhaku invite régulièrement des célébrités lors des années anniversaire de leur carrière musicale. C’était le cas de Shizuka Kudo (工藤静香) au chant accompagnée de sa fille Cocomi à la flute, mais cette musique là ne m’intéresse pas du tout. Et il y a des groupes ou artistes dont je ne suis particulièrement fan mais que j’aime voir sur scène comme Ryokuōshoku Shakai (緑黄色社会) dont c’était la première apparition à Kōhaku. J’aime beaucoup la voix de Haruko Nagaya, tout comme celle d’Aimyon (あいみょん) qui est habituée de toutes les émissions musicales de fin d’année. Elle chante cette fois-ci un morceau de son nouvel album et un plus ancien qui m’intéresse plus: Kimi ha Rock wo Kikanai (君はロックを聴かない). Comme l’année dernière, Yō Ōizumi (大泉洋) présentait l’émission, accompagné cette fois-ci de Kanna Hashimoto (橋本環奈) remplaçant Haruna Kawaguchi (川口春奈) qui présentait l’année dernière. Comme d’habitude, Yō Ōizumi en fait trop en imitant sans cesse le « Bravo » du footballer Nagatomo. Kanna Hashimoto m’agace aussi toujours un peu car elle n’a jamais le tract et je préfère quand on ressent l’esprit un peu solennelle que peut prendre cette émission. La comédie est bien présente mais par petites doses avec Akiyama qui me fait à chaque fois rire rien qu’en le voyant, cette fois-ci prenant les traits d’un faux producteur et d’un jeune supporteur un brin émotif. Et lorsqu’on approche du final, on attend toujours MISIA qui fait à chaque fois sensation avec ses robes volumineuses. Cette fois-ci, sa robe était rouge et MISIA portait des longues oreilles de lapin du plus bel effet. Sheena Ringo ou Tokyo Jihen n’étant pas présents cette année, l’émission ne m’a que moyennement intéressé dans son ensemble.

La courte émission qui suit sur NHK, Yuku Toshi Kuru Toshi (ゆく年くる年), juste avant les douze coups de minuit, avait la particularité d’être présentée depuis le grand sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu à Kamakura. Ce sanctuaire a une valeur toute particulière pour nous car nous nous y sommes mariés il y a presque 20 ans. Nous n’y sommes par contre pas retournés depuis quelques années, et voir ces images sur NHK m’a vraiment donné envie d’y aller bientôt. Un jour peut être, il sera enregistré au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je sais que la demande est faite régulièrement pour le classer mais ça n’a pas encore été réalisé. Minuit annonce un passage au sanctuaire d’Hikawa. Un verre d’amazake et de shiruko nous y attendent. J’aime ce moment passé dans le froid à boire cette boisson qui nous réchauffe un peu. Les soirées du premier de l’an sont toujours très programmées, mais nous n’allons à Hikawa que depuis peu. La première visite au sanctuaire le lendemain matin pour le hatsumode se passe plutôt au sanctuaire Konnō Hachimangu (金王八幡宮) de Shibuya (où se trouvait autrefois le château). Le premier jour de l’année, je me pose toujours la question du premier morceau que je vais écouter. C’est une reflexion un peu vaine car ne conditionne rien du tout pour le reste de l’année, mais je ne sais pour quelle raison j’y accorde une certaine importance. Je commence donc avec le dernier morceau de Miyuna, Aiai dana (愛愛だな), qui doit être le plus pop qu’elle ait créé jusqu’à maintenant et c’est un morceau qui me met immédiatement de bonne humeur.

Ces derniers jours, j’écoute quelques morceaux de Capsule sur leur dernier album Metro Pulse sorti le 14 Décembre 2022: Virtual Freedom, Give me a ride et Start. J’avais déjà parlé de deux autres morceaux sortis précédemment en single, Hikari no Disco et Future Wave. Les trois nouveaux morceaux que j’écoute maintenant sont tout à fait dans le même esprit électronique rétro-futuriste. A défaut d’être nuancée, la musique de Yasutaka Nakata sur ces morceaux est terriblement efficace, avec une atmosphère assez similaire à ce qu’il a pu composer pour Ado sur Shinjidai, son single au succès énorme. Toshiko Koshijima n’a pas tout à fait les mêmes capacités vocales qu’Ado, mais sa voix constitue à part entière l’empreinte musicale de Capsule. Parfois j’ai du mal à me rappeler que Koshijima et Nakata sont des personnes humaines et pas des représentations androïdes. La couverture du nouvel album les montrant en personnages fait de polygones des années 90 aide à brouiller un peu plus les pistes. Je n’avais jusque là pas d’intérêt particulier pour Capsule à part quelques morceaux passés comme Jumper sur l’album More! More! More! (2008) ou Sugarless Girl sur l’album du même nom (2007) qui m’avaient pourtant beaucoup plu à l’époque.

Une émission musicale du soir sur NHK attire mon attention car elle interview le groupe rock japonais Ellegarden que je connais de nom depuis longtemps, sans n’avoir jamais eu l’intention d’écouter. Ils viennent de sortir un nouvel album intitulé The End of Yesterday le 21 Décembre 2022, après un long hiatus. Le premier morceau de l’album Mountain Top passe dans l’émission et ce son rock me ramène soudainement 30 années en arrière me rappelant le rock FM américain très populaire dans les années 90, comme Blink-182 sur lequel Ellegarden aurait entre autres modelé son identité sonore. A part Weezer, je n’étais pas à cette époque particulièrement amateur de rock californien et je préférais le Nord de la côte Ouest américaine du côté de Seattle. Mais pour reprendre une phrase du paragraphe ci-dessus qui s’applique également très bien à Ellegarden: à défaut d’être nuancée, la musique de Ellegarden est terriblement efficace. Et écouter ce morceau Mountain Top me rajeunit de quelques décennies, donc je suis preneur. Comme le chanteur Takeshi Hosomi chante parfaitement en anglais, on a un peu de mal à imaginer qu’ils ne proviennent pas des plages ensoleillées californiennes, mais plutôt de celles de Chiba. Et pour continuer un peu, j’écoute également Strawberry Margarita qui enfonce un peu plus le clou dans l’esprit teenage rock, jusque dans la légèreté des paroles. Mais, ça reste un sacré plaisir quasiment impulsif d’écouter ces deux morceaux.

Pour revenir vers des sons plus electro-jazzy, on me conseille dans les commentaires d’un billet précédent de revenir vers Kiki vivi lily que j’avais découvert par son morceau New Day (feat. Sweet William) sur son album Tasty sorti en 2021. J’écoute deux morceaux Blue in Green et Pink Jewelry Dream d’un album intitulé Over the rainbow qui est une collaboration de Kiki vivi lily avec Sukisha (aka Hiroyuki Ikezawa). Sur ces morceaux, j’aime beaucoup la manière dont l’ambiance musicale vient s’installer tranquillement sans forcer, notamment dans les répétitions sur Blue in Green. La voix légèrement voilée de Kiki vivi lily a quelque chose d’un peu nonchalant qui vient joliment contraster avec la rythmique apportée par Sukisha. Cette association fonctionne très bien, notamment sur le refrain de Pink Jewelry Dream.

Pour continuer avec mes écoutes musicales, je fais volontairement une faute de quart (c’est de saison même si je n’ai pas skié depuis longtemps) en écoutant deux morceaux de Tommy february6 qui finissent par me fasciner. Tommy february6 est un projet solo de Tomoko Kawase (Tommy étant son surnom), chanteuse du groupe The Brilliant Green qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 90 et au début 2000. Si mes souvenirs sont bons, j’avais même acheté le CD de leur album Terra 2001 sorti en 1999 mais je pense bien l’avoir revendu. J’ai un très clair souvenir du premier single de Tommy february6, Everyday at the bus stop, librement inspiré de pop américaine volontairement kitsch. Ce morceau passait souvent sur Space Shower TV en 2001, et comme je ne regardais pratiquement que cette chaine à cette période là, j’avais fini par être entrainé de force dans cette musique entêtante (en traînant des pieds mais en tendant l’oreille). Les hasards de Twitter me font écouter un autre morceau de Tommy february6 intitulé je t’aime ★ je t’aime, sorti le 6 février 2003 (le jour de son anniversaire donc). Le kitsch est toujours omniprésent mais me rappelle maintenant plutôt la variété française des années 80 (mais je n’arrive pas à savoir quoi, juste une vague impression). Je n’aurais certainement pas dû écouter cette chanson une première fois car je ne peux m’empêcher de la réécouter. Ça veut peut être dire que le morceau est réussi?

Et pour terminer ces découvertes de fin et de début d’année, je reviens vers le groupe rock indé japonais For Tracy Hyde qui vient également de sortir un nouvel album le 14 Décembre 2022. Son titre est Hotel Insomnia et l’album est composé de 13 morceaux. Je n’en écoute que trois pour le moment, qui doivent correspondre aux singles car des vidéos sont disponibles sur YouTube: Friends, Milkshake et Subway Station Revelation. Le style Dream Pop riche en distorsions de guitares ne diffèrent pas de ce qu’on pouvait connaître du groupe sur ses précédents albums et c’est une très bonne chose. For Tracy Hyde est pour moi une des valeurs sûres du rock indé japonais, à défaut d’apporter des sons originaux à la scène rock japonaise. Un morceau comme Friends en est un très bon exemple, très bien construit et fluide. Je me souviens avoir eu un peu de mal à apprécier la voix d’Eureka sur les premiers albums, mais je n’ai pas du tout cette impression sur ces quelques morceaux, au point où elle devient la véritable marque stylistique du groupe au delà même des compositions shoegaze toujours impeccables d’Azusa Suga. Friends prend des accents plutôt pop tandis que Milkshake est beaucoup plus proche du shoegaze. Chaque album de For Tracy Hyde me rappelle que le rock est toujours très présent au Japon, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais alors que j’écris ces quelques lignes, on apprend par le compte Twitter du groupe que cet album sera le dernier et que For Tracy Hyde se séparera après tout juste 10 ans d’existence, à l’issue d’un dernier concert en Mars 2023 dans une salle de Shibuya. C’est bien dommage d’apprendre cet arrêt d’activité du groupe et la raison exacte n’est pas donnée. J’imagine qu’Azusa Suga continuera ses autres projets menés en parallèle de For Tracy Hyde, à savoir son autre groupe AprilBlue et ses contributions de morceaux au groupe d’idoles alternatives RAY. Ce sont deux formations que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur Made in Tokyo. Mais continuons un peu plus la découverte de ce nouvel album avec le premier morceau Undulate et le troisième Kodiak qui sont particulièrement intéressants. A suivre mais ces cinq morceaux sont en tout cas excellents, certainement les meilleurs du groupe.

渋谷ウォーク❷

En s’éloignant du centre de Shibuya au delà de l’imposante autoroute surélevée survolant une partie de la route 246, on trouve quelques zones vertes autour des sanctuaires. Le sanctuaire Konnō Hachiman-gū, où se trouvait autrefois le château de Shibuya, et celui de Hikawa se situent tous les deux à proximité de petites rues parallèles à l’avenue Meiji. Depuis l’extérieur, en dehors de l’enceinte de ces sanctuaires, on a l’impression d’être devant des petites forêts denses. Seule une porte torii nous laisse comprendre qu’il s’agit d’un sanctuaire. J’aime beaucoup traverser ces deux sanctuaires qui permettent de s’extraire de l’environnement urbain pendant quelques minutes revigorantes. Je montre souvent le sanctuaire Hikawa en photo car j’aime beaucoup sa configuration spatiale en haut d’une petite colline. On y accède par une route pavée et un escalier de pierre. C’est dommage que l’endroit soit aussi sombre le soir. Même s’il n’y a pas grand chose à y craindre, j’aurais aimé qu’on y ajoute des lampes à la lumière chaude. Le sanctuaire de Konnō Hachiman-gū est au contraire toujours très éclairé et ses lumières mettent le bâtiment principal en valeur. À chaque fois que je passe devant sa porte, je me sens invité à y pénétrer. J’aime entrer dans ces sanctuaires en plein été car on a l’impression qu’on y trouvera un peu de fraîcheur sous les arbres. Ce n’est malheureusement pas le cas même si on y pense très fort. On peut simplement supplier les dieux pour qu’ils nous accordent une période estivale supportable. L’été japonais qui approche très bientôt a quelque chose d’à la fois très attirant et insoutenable. Quand je repense à mes toutes premières années au Japon, j’ai le sentiment qu’il ne me reste en tête que des images d’été, peut-être parce que le premier contact s’est passé pendant un mois de Juillet. C’est peut-être tout simplement parce que je suis le fils d’un été chaud, d’une canicule même qui me poursuit encore maintenant jusqu’à Tokyo. J’ai l’impression d’avoir été préparé depuis toujours à affronter ces chaleurs estivales.

Le nouvel album Ethernity du groupe rock indé japonais For Tracy Hyde est sorti un peu plus tôt cette année en Février mais je ne me décide à le découvrir que maintenant. Comme sur les albums précédents, tous les morceaux du groupe ne me plaisent pas forcément mais il y en a toujours quelques uns qui me touchent plus particulièrement. C’est le cas du troisième morceau de l’album Interdependence Day, Pt. I qui me plait beaucoup. Les morceaux de For Tracy Hyde fonctionnent particulièrement bien lorsque la voix assez haut perchée d’Eureka vient se confronter à des marées de guitares bruyantes façon shoegazing. Le morceau garde un côté pop intervenant dans le refrain procurant toute l’accroche. Musicalement, c’est très beau et travaillé comme toujours d’ailleurs chez For Tracy Hyde, qu’on peut considérer comme un des groupes importants de la scène rock indé japonaise. Dans un style complètement différent car plus apaisé mais très rythmé, je découvre avec plaisir la musique de Samayuzame, dont je n’avais pour l’instant jamais entendu parlé. Sur un un rythme electro, elle chante sur le morceau intitulé Nenashigusa (根無草) d’un parlé quasi rappé et murmuré qui me rappelle un peu par moment la voix de Daoko (sans le côté kawaii qu’on peut entendre chez Daoko). J’aime particulièrement les passages où elle répète d’une voix faible en murmure le titre du morceau au dessus d’ondes électroniques mouvantes. Cette composition est vraiment très belle. Sa manière de chanter prenant un rythme découpant les syllabes est également très intéressante et accrocheuse à l’écoute. Je n’ai pas l’impression que l’ensemble de son album Yadorigi sorti l’année dernière soit dans le même esprit, mais l’ambiance de ce morceau me donne envie de découvrir un peu plus ses autres morceaux.

how to repeat Tokyo endlessly (θ)

Un espace caché de la vue de tous se distingue par des graffitis sans originalité. Les trains n’arrivent jamais en gare quand il n’y a personne à attendre sur les quais. Le tournesol géant tente de capter le soleil mais est incapable de s’orienter pour en profiter pleinement. Un autocollant en forme de soleil essaie de ressembler à ceux de Murakami au 23 du quartier de Sarugakucho mais subsiste dans l’ignorance de tous. Le photographe qui veut pourtant passer inaperçu dans le décor urbain des immeubles de verre se laisse surprendre par un passant immobile couvert de miroirs. Une série de photographies prises à Daikanyama un jour de fin d’été.

Extrait de la vidéo sur YouTube du morceau Can Little Birds Remember? de For Tracy Hyde sur leur nouvel album New Young City.

Le nouvel album de For Tracy Hyde intitulé New Young City vient de sortir il y a quelques semaines, un peu après la sortie du premier morceau sakura no sono (櫻の園 ou The Cherry Orchard comme titre en anglais) dont je parlais auparavant. Ce nouvel album a un peu la même approche cinématographique que l’album précédent de 2017 he(r)art, avec un morceau instrumental d’introduction et quelques interludes pour faire transition entre les différentes ambiances de l’album. Le style est principalement de la Dream Pop mais varie vers le pop rock sur plusieurs morceaux et vers le shoegazing vers la fin de l’album. La qualité générale est incontestable, mais les morceaux sont pour moi inégaux en intérêt malgré la grande unité générale. Il y a beaucoup de très bons morceaux comme Be My Blue (繋ぐ日の青), You as a Season, Girl’s Searchlight ainsi que l’autre morceau sorti en vidéo juste avant la sortie de l’album Can Little Birds Remember? En fait, je pense que l’album reste très sage et appliqué, et j’aurais voulu y entendre un peu plus d’écarts sonores. Ceci étant dit, l’ensemble est très agréable à l’écoute et je pense m’être habitué à la voix d’Eureka. Par rapport à he(r)art, cette voix devient un point fort sur New Young City. Il y a une forte sensation de nostalgie en écoutant les morceaux de l’album, celle d’une adolescence révolue. C’est un peu comme si on était confronté à une mémoire qui n’est pas la sienne mais qui parait tout de même très familière. C’est une sensation étrange que je ressens parfois en écoutant de la musique japonaise des années 80 que je ne pouvais pas avoir entendu à l’époque mais qui parait tout de même très familière.