いけないリボンロック

Lors de ma visite récente de l’exposition du What Museum à Toyosu, j’avais repéré le flyer d’une autre exposition, celle du photographe Itaru Hirama (平間至). Son exposition intitulée Photo Songs (写真のうた) se déroule du 8 Juillet au 23 Août 2023 dans le Hall B au neuvième étage de la tour Hikarie à Shibuya (渋谷ヒカリエ9F ヒカリエホール ホールB), dans un espace apparemment affilié à Bunkamura. La photographie du flyer montre le musicien rock Kiyoshiro Imawano (忌野清志郎) penché excessivement en avant sur son micro. La dynamique de cette photographie et l’accoutrement fantaisiste d’Imawano m’ont attiré. Il était leader du groupe RC Succession (RC voulant dire Remainders of the Clover, car Clover était le nom du premier groupe d’Imawano), mort d’un cancer en 2009. Je ne connais pas très bien ce groupe et ce musicien qui sont pourtant légendaires au Japon. Même sans connaître la musique du groupe RC Succession, à part peut-être quelques morceaux très renommés, je reconnais tout de même très facilement la voix tellement particulièrement de Kiyoshiro Imawano. En fait, je connais tout de même le morceau Ikenai Rouge Magic (い・け・な・いルージュマジック) qui est une collaboration de Kiyoshiro Imawano avec Ryuchi Sakamoto, et qui est repassée quelques fois à la radio à la mort de Ryuchi Sakamoto.

Itaru Hirama est principalement connu pour ses photographies de musiciens et de groupes japonais, particulièrement lorsqu’ils ont une tendance et un esprit rock. Il a hérité de son père le studio photo familial installé à Shiogama, dans la prefecture de Miyagi, mais les poses fixes de gens que l’on prend en général en photo dans ce genre de studio photo ne l’intéressait pas beaucoup et il s’est attaché à explorer la capture du mouvement dans ses photographies. Il entend opérer dans son approche photographique un rapprochement avec l’excitation et l’esprit de libération que l’on peut retrouver dans la musique punk rock. On ressent particulièrement bien ce rapprochement lorsqu’Itaru Hirama photographie des groupes comme The blue hearts, Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ) et son leader Kazunobu Mineta (峯田和伸), Kenichi Asai (浅井健一) et Blankey Jet City, ou encore l’acteur Tadanobu Asano (浅野忠信) dont les cheveux longs hirsutes de l’époque lui donnait un look sauvage. Cette exposition était pour moi d’autant plus intéressante qu’elle aborde un sujet qui me tient à cœur, celui de la manière dont la musique vient s’infiltrer dans le style photographique. La relation musicale dans mes photographies est une idée que j’ai en tête depuis de très nombreuses années, à mon simple niveau amateur. Dans cette exposition, j’ai aussi énormément apprécié le fait qu’Itaru Hirama photographie de nombreux groupes et artistes que j’apprécie, avec parfois des associations étonnantes. Le groupe Clammbon (クラムボン) est par exemple pris en photo avec Ling toshite sigure (凛として時雨). Le groupe Ling toshite sigure apparaît également seul sur d’autres photographies, tout comme la chanteuse Ikuko Harada (原田郁子) de Clammbon. Un grand nombre des photographies montrées lors de l’exposition ont été réutilisées pour les campagnes publicitaires de Tower Records, No Music No Life, dont je parle assez régulièrement sur ce blog, mais également pour des magazines musicaux japonais et quelques fois pour le gratuit Kaze to Rock (風とロック) au sujet duquel j’avais été voir une exposition dernièrement dans la galerie du Department Store PARCO. Entre cette exposition récente à PARCO et celle du photographe Itaru Hirama, c’est intéressant de voir cet engouement récent à montrer ces années rock du début 2000. On ne pouvait pas prendre de photos à l’intérieur de la plupart des salles d’exposition, ce qui assez dommage. Je me contente donc de montrer certaines affiches pour Tower Records regroupées au début de l’exposition. Itaru Hirama a pris en photo à plusieurs reprises le groupes Yellow Magic Orchestra et ses trois illustres membres à savoir Haruomi Hosono (細野晴臣), Ryuichi Sakamoto (坂本龍一) et Yukihiro Takahashi (高橋幸宏). Après la disparition récente cette année de Ryuichi Sakamoto et de Yukihiro Takahashi, ces quelques photos, dont certaines assez humoristiques, prennent une valeur toute particulière. Je vois aussi que la photo, pour la campagne No Music No Life, montrant Jane Birkin avec le chanteur et compositeur Yōsui Inoue (井上陽水), dont je parlais très récemment, a été prise par Itaru Hirama. L’exposition nous montre une autre photo des deux artistes. J’aime aussi ces photos montrant Quruli et son leader Shigeru Kishida (岸田繁), Aimyon, les idoles de Speed et UA, entre autres. Itaru Hirama a également pris beaucoup de photographies de couvertures d’albums et de singles. Deux murs de l’exposition montraient des CDs. J’étais particulièrement attiré par celui montrant les singles en CD 8cm au format en long. Je vois notamment que le photographe a pris Rie Tomosaka (ともさかりえ) en photo pour le single Cappuccino (celui écrit et composé par Sheena RIngo). La dernière partie de l’exposition montre des photographies d’inconnus prises dans son studio. La mise en scène y est souvent intéressante mais je pense que les visiteurs étaient plutôt là pour voir des photographies d’artistes. Celle de Kiyoshiro Imawano reprise sur le poster de l’exposition reste une des plus réussies.

Comme je l’indiquais dans mon billet précédent, j’écoute maintenant le dernier album Akaboshi Aoboshi (赤星青星) de Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子), sorti en 2021. J’évoquais déjà la photographie de couverture de l’album réalisée par le directeur artistique Hitoki Naruo (鳴尾仁希). Les morceaux de cet album s’accordent bien à la délicatesse de cette image qui n’est pourtant pas absente d’une certaine force. Le chant de Kayoko Yoshizawa est très maîtrisé et sa voix très complète. On a très souvent envie de revenir vers des morceaux de l’album pour certains effets de voix et certaines manières de chanter qu’elle utilise, comme par exemple sur le morceau Jelly no Koibito (ゼリーの恋人). L’ensemble de l’album est plutôt apaisé, même si les guitares pointent régulièrement leur cordes dans les détours. Elles sont particulièrement présentes sur le troisième morceau morceau intitulé Gumi (グミ), qui est également un de mes préférés. C’est un morceau très accrocheur tout comme celui intitulé Service Area (サービスエリア) qui le précède. Il y a un morceau aux ambiances rétro que j’ai tout de suite beaucoup aimé, le septième intitulé Redial (リダイヤル), d’autres plus pop comme celui intitulé Oni (鬼). Mes préférés restent ceux qui possèdent une délicatesse musicale certaine comme Ryūsei (流星). Cet album s’éloigne de la musique rock que j’écoutais ces derniers temps et ça fait du bien de divaguer vers d’autres horizons un peu plus inhabituelles.

inside the doughnuts hole

J’aime beaucoup la densité urbaine qui se dégage de la première photo prise à une des extrémités d’Harajuku. La topographie et l’urbanisme non-homogène de Tokyo permettent ce type de vues. Je suis ici debout sur la passerelle piétonne traversant l’avenue Meiji avant qu’elle ne remonte en direction de Shinjuku. J’emprunte souvent cette avenue à pieds ou à vélo. Avant d’arriver à ce point là, je passe très souvent par une route longeant les anciens appartements de Kita Aoyama en attente de destruction. Les bornes jaunes usées bloquant la route aux voitures proviennent de cet endroit avant que cette route ne vienne s’enfoncer dans la suractivité piétonne d’Omotesando, et d’Harajuku ensuite. Un des stickers collé sur une des bornes me rappelle le personnage Homer Simpson, grand amateur de donuts, mais en version défigurée.

Je viens de terminer le visionnage des dix épisodes de 54 mins du drama télévisé de la chaîne TBS Quartet (カルテット). Il ne s’agit pas d’une série récente car elle a été diffusée en 2017, mais elle est apparue soudainement dans ma liste de recommandations sur Netflix et je me suis laissé tenter. J’avais tout de même un intérêt préalable car Sheena Ringo en a écrit et composé le thème musical final intitulé Otona no Okite (おとなの掟), interprété au chant dans le drama par un quartet appelé Doughnuts Hole. Pour l’interpretation musicale, on retrouve sur ce morceau des habitués comme Masayuki Hiizumi (ヒイズミマサユ機 aka HZM) au piano, et Neko Saito (斎藤ネコ) au violon et aux commandes du véritable quartet. Sheena Ringo reprendra plus tard ce morceau sur la compilation Reimport 2 avec le titre The Adult Code. J’ai compris après avoir fini la série la raison de cette mise en avant sur Netflix. Le scénario a été écrit par Yūji Sakamoto (坂元裕二) qui a été récompensé récemment au festival de Cannes pour le meilleur scénario pour le film Monster (怪物) d’Hirokazu Kore-eda (是枝 裕和). On a donc beaucoup entendu parler du film et de ce scénariste au mois de Mai 2023. Je n’ai pas encore vu le film Monster, mais j’aime beaucoup Kore-eda pour avoir voir plusieurs de ses films (Nobody Knows avait été un choc pour moi) et j’ai donc très envie de le voir. Un des grands intérêts du drama Quartet vient des actrices et acteurs qui le composent. Takako Matsu (松たか子) joue le rôle central avec Hikari Mitsushima (満島ひかり), Ryuhei Matsuda (松田龍平) et Issei Takahashi (高橋一生). A eux quatre, ils forment le quartet de musiciens, annoncé dans le titre, réunis d’une manière plus ou moins fortuite dans une maison secondaire à Karuizawa. S’éloignant d’une vie normale, ils se réunissent et vivent dans cette villa pour se consacrer ensemble à la musique, mais leurs vies passées finissent par les rattraper. Il y a beaucoup de rebondissements et d’humour discret dans cette série, mais ce que j’apprécie particulièrement, c’est la subtile lenteur que confère ces lieux dans les montagnes, parfois enneigées, de Karuizawa. Ça donnerait envie d’y vivre, surtout dans une villa comme celle où le quatuor s’est installé. Chaque personnage a ses petites manies et particularités un peu décalées. Le personnage de Suzume joué par Hikari Mitsushima a par exemple une fâcheuse tendance à s’endormir dans des endroits improbables. Iemori joué par Issei Takahashi a pour défaut, ou qualité, de reprendre les gens lorsqu’ils ne font pas les choses correctement ou qu’ils ne suivent pas les bonnes manières, ce qui lance souvent des conversations particulièrement amusantes, poussant même parfois à une réflexion personnelle. Le scénario est bien monté quand on voit ce genre de scènes et anecdotes se reboucher plus tard dans la suite de l’histoire.

J’aime aussi beaucoup le personnage secondaire Alice joué par Riho Yoshioka (吉岡里帆), car elle très manipulatrice malgré son visage d’ange et finit toujours par arriver à ses fins. Une surprise est de voir le chanteur de Hip-hop Mummy-D du groupe Rhymester (ライムスター) joué un petit rôle dans la série. Mummy-D a participé à certains morceaux de Sheena Ringo notamment à la période de Sanmon Gossip. On sait également que Riho Yoshioka est fan de Sheena Ringo, ce qui m’a également interpellé. Mais ce n’est pas tout car le détail suivant est un peu plus ’maniaque’. Dans le dernier épisode du drama, le personnage de Maki joué par Takako Matsu se voit séparée du quatuor de Karuizawa suite à un des nombreux rebondissements de l’histoire. On la voit habiter seule dans une zone d’appartements de type HLM. Je reconnais tout de suite cet endroit car j’y suis allé récemment, le jour du concert de Sheena Ringo. Les scènes du drama ont été tournées dans le complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu (la page Wikipedia du drama n’a même pas cette information). Ces mêmes lieux étaient utilisés dans la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite (ここでキスして。) qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Je ne sais pas s’il s’agit d’une pure coïncidence ou si c’est volontaire, mais je serais vraiment curieux de le savoir. Il faudrait que je note toutes ces questions au cas où je croiserais par hasard Sheena Ringo au détour d’une rue de Tokyo (ce qui est certes très improbable). Ce genre de lien m’intéresse en tout cas beaucoup.

Dans la série, l’acteur jouant le mari de Maki (le personnage de Takako Matsu) m’était familier sans que j’arrive à lui donner un nom. Il s’agit de Kankurō Kudō (宮藤官九郎) qui, en plus d’être acteur, est scénariste et réalisateur. On lui doit notamment le film Shōnen Merikensakku (少年メリケンサック) avec Aoi Miyazaki, sur la réformation d’un groupe punk rock. J’avais vu ce film il y a quelques années en Janvier 2018. Je me rends compte maintenant que Mukai Shūtoku (向井秀徳) de Number Girl était en charge de la musique de ce film, Kankurō Kudō étant un de ses grands fans. Kankurō Kudō a écrit le scénario du film Ping Pong (ピンポン) qui est pour moi plus anecdotique mais qui avait le mérite de contenir quelques morceaux de Supercar dans sa bande originale, notamment l’excellent Strobolights. Il est également le scénariste de la série du matin (Asadora) de la NHK, Amachan (あまちゃん) qui a eu un très grand succès lors de sa diffusion en 2013. Une autre surprise de cette série Quartet est de voir la compositrice et interprète Seiko Ōmori (大森靖子) jouer un petit rôle secondaire dans le sixième épisode, devant notamment le petit cinéma Image Forum (シアター・イメージフォーラム) à Shibuya. Je me dis que c’est une bonne chose d’écrire sur ce blog à propos des films et séries que j’ai vu, car j’aurais du mal à me souvenir de tous ces détails parfois anecdotiques, mais qui sont pourtant pour moi très importants. Je me rends compte que je n’ai jamais parlé du film Drive My Car (ドライブ・マイ・カー) du réalisateur Ryūsuke Hamaguchi (濱口竜介), que j’ai vu il y a plusieurs mois déjà et que j’ai trouvé superbe. C’est peut-être parce que le film a déjà été encensé par la critique que j’éprouve moins d’intérêt d’en parler. Le film prend son temps et touche à des sentiments profonds. On ne peut que remercier un réalisateur de créer des films tels que celui-ci.

Les deux photographies ci-dessus ont été prises dans les environs de la station de Shinagawa. Le passage à niveaux sur la première photo attire les photographes car les trains le traversent lentement après une grande courbe. Un peu plus loin, des bateaux de yakatabune sont stationnés dans un canal en attendant le soir. Ils partiront avec des convives une fois la nuit tombée vers la baie de Tokyo pour remonter la rivière Sumida. Ce jour là, j’étais parti voir une exposition dans les galeries d’art présentes dans les anciens entrepôts Terrada. Le texte partiellement fictif « conteneurs » que j’ai écrit dans le billet précédent m’avait rappelé qu’une exposition intéressante était en cours en ce moment. J’en parlerais certainement avec des photos dans un prochain billet.

Miyuna (みゆな) donnait un mini-concert acoustique gratuit le Vendredi 7 Juillet 2023 à partir de 19h dans le parc Kitaya de Shibuya récemment réaménagé. Cet espace du parc est apparemment spécialement adapté pour ce genre de spectacles car le terrain est en pente et comprend des petits murets et des marches permettant aux spectateurs de s’asseoir. Le public s’assoyait en fait un peu où il voulait et j’étais personnellement resté debout appuyé à la rampe des marches. Je suis arrivé sur place alors qu’elle avait déjà commencé à chanter, mais je n’ai dû manquer que quelques minutes. C’était un moment très agréable à écouter Miyuna en plein air dans un espace entouré de verdure. Elle n’a joué que quelques morceaux demandés par le public, et seulement ceux se prêtant à l’acoustique. Elle a beaucoup parlé au public entre deux morceaux, pour notamment rappeler son prochain concert le 21 Juillet dans la salle WWWX de Shibuya. Je ne pourrais malheureusement pas la voir cette fois-ci dans cette salle, mais je le rattraperait très certainement lors de la tournée de son prochain album quand il sortira. On sent qu’elle aime et a envie de s’adresser au public et j’aime beaucoup l’écouter car elle reste très naturelle et pleine d’humour. On pouvait prendre des photos et des vidéos. J’en montre une sur mon compte Threads, mais je ne souhaitais pas passer mon temps à regarder mon smartphone. J’ai préféré apprécier le moment.

𝓯𝓮𝓮𝓭 𝓶𝔂 𝓫𝓸𝓭𝔂

a子 fait partie des artistes que je voulais absolument voir en live. J’écoute sa musique depuis la découverte de son premier EP MISTY Existence (潜在的MISTY) sorti en Septembre 2020. Elle a en fait démarré à part entière ses activités de compositrice et interprète sous le nom a子 cette même année. Sa carrière est donc toute jeune, mais elle est particulièrement active avec la sortie de deux EPs et 14 singles. Son deuxième EP ANTI BLUE est sorti en Janvier 2021 sous le label créatif indépendant londog qu’elle a créé. Je pense avoir déjà parlé sur ce blog de la grande majorité des singles de l’artiste tant j’aime son approche musicale, résolument rock indé mais oscillant de plus en plus vers un côté pop qui lui va très bien. L’approche du live donne bien entendu une tonalité plus rock à l’ensemble de ses morceaux. Le concert se déroulait le Mercredi 28 Juin 2023 dans la salle WWW à Shibuya, juste à côté du Department Store PARCO. Cette salle se trouve au sous-sol de l’ancien cinéma RISE. Je connaissais en fait déjà la salle WWWX du même bâtiment car s’y déroulait récemment le concert final de For Tracy Hyde. J’aime beaucoup l’ambiance underground de ces deux salles. La salle WWW où se produisait a子 et son groupe doit être un peu plus petite que la salle WWWX à l’étage, mais elle a l’avantage d’être en escalier. J’avais acheté mon billet dès l’ouverture des ventes au début du mois d’Avril, ce qui était bien vu car toutes les places ont été vendues en trois jours. a子 n’est pas encore connue du grand public, mais je comprends tout à fait le besoin de ceux qui apprécient sa musique et son chant de ressentir en live l’atmosphère émotionnelle de ses morceaux. C’était tout à fait mon cas. On voit également pointer ces derniers temps une reconnaissance certaine d’autres artistes. Chiaki Satō (佐藤千亜妃) a, par exemple, invité a子 à chanter en duo sur le morceau melt into YOU de son EP Time Leap. Il faut dire que Chiaki Satō apprécie la musique de a子 car elle avait cité le morceau The Sun (太陽) parmi ses des dix morceaux préférés de l’année 2022 lors de l’émission télévisée KanJam (関ジャム) de fin Janvier 2023. Cette collaboration et reconnaissance a dû étendre son auditoire. Ceci me rappelle d’ailleurs que ce morceau The Sun, que j’aime aussi énormément, fait intervenir Neko Saito (斎藤ネコ) au violon.

Le concert de a子 du 28 Juin 2023 s’intitule FEED MY BODY et il s’agit en fait de son premier concert seule (初ワンマンライブ), c’est à dire en dehors des festivals invitant plusieurs groupes. Ayant acheté ma place en Avril, j’avais presque trois mois pour me préparer. L’ambiance et la taille du concert sont bien différentes du dernier que j’avais vu en Mai, celui de Sheena Ringo, mais sachant que a子 est également fan de Sheena Ringo, j’ai trouvé une certaine logique dans ces dates successives. Le concert démarre à 20h pour une ouverture des portes à 19h. J’arrive juste à l’heure pour l’ouverture, mais on a déjà commencé à appeler les numéros de billets dans l’ordre. Mon numéro est le 300, donc j’ai un peu de temps avant qu’on m’appelle. J’observe en attendant la foule qui constituera le public, car je suis à chaque concert très curieux de voir à quoi ressemble le public des artistes que j’apprécie. La moyenne d’âge semble plus basse que les concerts que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, peut-être principalement dans la vingtaine et petite trentaine. Mais je suis de toute façon très mauvais pour donner des âges aux gens. Je ne serais par exemple pas dire quel âge a a子, peut-être autour de 25 ans. Je pense qu’elle doit être un peu plus âgée que ses musiciens, d’après les interviews que j’avais pu écouter à ses débuts. Mais j’ai à peine le temps d’attendre que mon numéro est déjà appelé. On descend ensuite tous méthodiquement en file indienne vers le sous-sol. Tout est très cordial et bien organisé. Une bière prise au passage au bar et me voilà à l’intérieur de la salle. On pouvait en fait assez facilement se placer sur le plateau devant la scène et je me trouve donc en cinquième rangée sur le côté gauche. La salle au sol en escalier est haute de plafond au niveau de la scène. Cela donne un bel espace, bien qu’un peu étroit en largeur. Il ne reste plus qu’à attendre patiemment le début du concert. J’aime particulièrement ce moment d’attente avant le début d’un concert, en écoutant les morceaux sélectionnés en bande sonore de fond. Il y a, à chaque fois, un ou deux morceaux qui m’interpellent et que je cherche aussitôt sur Shazam pour m’en souvenir. Cette fois-ci, les morceaux Tailwhip de Men I trust (rock indé) et Outside d’Oleg Byonic (électro ambient) ont attirés mon attention. Je me demande toujours si les playlists d’avant concert sont sélectionnées par l’artiste qui se produira ensuite. J’y ai en tout cas à chaque fois écouté des choses intéressantes, bien que je pense que la plupart des personnes dans le public ne prête pas grande attention à cette bande sonore. Mais les lumières s’éteignent déjà juste à l’heure, vers 20h. L’artiste et son groupe ne se font pas étendre.

Les quelques photos ci-dessous sont extraites du compte Instagram Akolondog et ont été prises par le photographe Goku Noguchi (野口悟空). Je me permets de les reproduire ici pour donner une image plus précise de l’atmosphère visuelle du concert dans la salle WWW de Shibuya.

Les membres du groupe entrent d’abord sur scène et se placent derrière leurs instruments, suivis par a子 qui entre la dernière, comme il se doit. a子 sur scène ou dans les vidéos a toujours des tenues originales conçues par la styliste Yuki Yoshida et ses cheveux sont plus rouges que jamais. Je reconnais tout de suite les musiciens que j’ai pu voir jusqu’à maintenant dans les vidéos YouTube ou lors des mini-live sur Instagram. a子 assure bien entendu le chant sur tous les morceaux mais joue également de la guitare électrique par intermittence. Elle est accompagnée par deux autres guitaristes. Masumi Saito est le lead guitariste du groupe et intervient aussi sur quelques morceaux en interlude avec un phrasé rappé particulièrement percutant. Jun Shirakawa (白川詢) accompagne également en deuxième guitare. Gaku Usui (臼井岳) est à la basse, Eiji Nakamura (中村エイジ) aux claviers et Manyo (満陽) à la batterie. Derrière le groupe, un grand écran affichait par moment des illustrations et des motifs accompagnant les morceaux. Aux membres du groupe, viennent s’ajouter deux ingénieurs du son placés sur la droite de la scène (on a plutôt l’habitude de les voir en fond de salle) et un photographe mobile nommé Goku Noguchi (野口悟空) filmant et photographiant le concert. Les photographies prises en tête de billets sont les miennes, tandis que les suivantes sont empruntées au photographe Goku Noguchi. Cela fait beaucoup de monde sur scène ou aux alentours. Le concert dans sa totalité était extrêmement professionnel et millimétré, ce qui est une belle réussite sachant qu’il s’agissait de son tout premier live seule. Ils ont joué en tout 17 morceaux, ce qui correspond à peu près à toute sa discographie, si l’on compte les deux EPs 潜在的MISTY et ANTI BLUE et les nombreux singles. On a un peu de mal à croire qu’elle n’ait pas encore sorti d’album, mais ça ne semble pas être sa priorité car elle aurait suffisamment de singles pour en compiler un. a子 enchaîne les morceaux assez rapidement avec parfois aucun temps mort, ce qui nous laisse à peine le temps d’applaudir. On la sent très concentrée tandis que la guitariste Masumi Saito, en coupe rasta à sa gauche, est beaucoup plus décontracté et souriant. La voix de a子 est particulière, proche du chuchotement, mais j’ai été très surpris par sa puissance en live, jusqu’à saturé la sono sur un ou deux morceaux. Elle a une gamme vocale plus étendue que ce qu’on pourrait croire. Écouter la playlist défiler dans nos oreilles me fait dire que sa discographie est jusqu’à maintenant sans erreur. Il y a certes une assez grande consistance de style, et les morceaux s’enchainent dans une continuité des plus agréables. J’aurais même un peu de mal à dire quels sont les morceaux que je préfère car ils ont tous, à leur manière, une accroche qui me plait beaucoup. Une chose est sûre, les morceaux de son premier EP étaient beaucoup plus sombres que les derniers singles, mais elle mélange le tout dans la set list. Je n’ai pas pris soin de noter cette set list du concert, mais j’en ai récupéré une sur Twitter et je la note ci-dessous pour référence. Un des morceaux de son premier EP était particulièrement prenant. On sentait qu’elle était complètement investie dans son chant au point où ses mains en tremblaient. Un grand nombre de morceaux de sa discographie contiennent des petits passages instrumentaux à la limite de l’experimental, qui rendaient particulièrement bien en live car ils laissaient carte blanche aux musiciens. Les solos et arrangements de guitare de Masumi Saito fonctionnaient très bien, d’autant plus quand il y ajoutait quelques phrases semi parlées et rappées. La manière dont il emporte la foule sur l’avant dernier morceau le rend assez mémorable. Il s’agissait en fait d’un nouveau morceau dont le titre n’a pas été annoncé. Il n’y a eu qu’un seul passage de MC vers la fin du concert. a子 revient en quelques messages adressés au public sur sa carrière musicale et ensuite sur le fait qu’on doit penser d’elle qu’elle a bien grandi et évolué. La surprise qu’elle nous révèle ensuite est que ce concert à Shibuya WWW sera suivi pour une tournée de deux dates intitulée l’m crazy now, over you, à Osaka et à Tokyo, certes plus tard dans l’année car les dates sont fixées au 16 Décembre pour Osaka Umeda et au 26 Décembre 2023 pour Tokyo Shibuya. Elle semble extrêmement fière de nous montrer l’affiche de cette future tournée. Le concert à Tokyo se déroulera au Shibuya Club Quattro. La salle est plus grande que WWW donc il s’agit d’une belle avancée progressive. Viendra un jour où elle remplira des salles encore plus grandes comme celle du Liquid Room à Ebisu ou une salle Zepp de Tokyo. À propos justement de Zepp, le prochain concert auquel j’assisterais sera celui de Hitsuji Bungaku (羊文学) en Octobre 2023 au Zepp Haneda (羊文学 Tour 2023 “if i were an angel,”). J’ai manqué le précédent car j’avais été trop lent sur les réservations. J’ai cette fois-ci acheté mon billet dans l’heure suivant l’ouverture de la billetterie. Il est clair que voir et écouter des concerts comme celui de a子 me motivent pour en voir d’autres.

Le passage de MC pendant lequel a子 remercie le public est suivi de deux derniers morceaux, puis le groupe quitte la scène et les lumières s’allument avec une musique de fond. Le public se met tout de même à applaudir pour réclamer des rappels. Je trouve personnellement que c’est étonnant que les lumières se soient rallumées, car ce n’est en général pas le cas pendant cette petite période d’attente avant qu’un groupe revienne sur scène. Je me dis aussi qu’elle a joué tous ses morceaux et me demande ce qu’elle pourrait sortir de son chapeau pour des rappels. a子 refait rapidement surface sur la scène devant le micro, pour s’excuser car il n’y aura pas de rappels. Elle promet même qu’elle en préparera pour la tournée d’Osaka et Tokyo. Elle ressort ensuite de la scène en sautillant. Au final, elle a tout de même joué 17 morceaux pour environ une heure et demi de concert. Je le dirais certainement à chaque fois mais ressentir avec la force du live des morceaux qu’on a tant de fois écouté provoque un sentiment très spécial de satisfaction. Et je suis d’autant plus content d’assister à ce concert, qu’il s’agissait de son premier. J’espère qu’elle proposera des extraits vidéo du concert sur YouTube, ou même un DVD. On pouvait en fait prendre des photos ou des vidéos pendant le concert, mais peu de personnes heureusement le faisait. Les meilleurs souvenirs sont dans notre mémoire.

Pour référence ultérieure, je note ici la set list du concert Feed My Body de a子 dans la salle WWW à Shibuya le 28 Juin 2023:

1. Drip (どろり), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
2. Jealousy (ジェラシー)
3. Sinister (シニスター)
4. somewhere, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
5. u want (情緒), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
6. Angel (天使), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
7. As I landed on Mars, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
8. CHAOS, tiré du 1er EP 潜在的MISTY
9. Hai (肺), tiré du 1er EP 潜在的MISTY
10. Resist (暴く春)
11. Love is Always (愛はいつも)
12. Suihō (水泡), tiré du 1er EP 潜在的MISTY
13. bye, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
Passage MC 🎤
14. The Sun (太陽)
15. All to Myself (あたしの全部を愛せない)
16. New Song
17. hot in the night (熱帯夜), tiré du 1er EP 潜在的MISTY

果てまでゆく荒野をかける

Les cactus sont arrivés à la maison il y a quelques semaines et ils y vivent paisiblement sans faire de bruit et en ne dérangeant personne à part ceux qui ont la mauvaise idée de s’en approcher de trop près. On a de plus en plus de plantes à la maison et notre appartement va bientôt devenir une jungle. C’est moi qui m’en occupe principalement et qui prend toutes les responsabilités quand une d’entre elles décide de nous quitter parce qu’on pas su bien la comprendre. Je passe parfois beaucoup de temps le week-end sur le balcon à changer les pots quand ceux-ci deviennent trop petits pour certaines plantes qui se sont décidés à devenir envahissantes, ou à redresser d’autres avec des tiges métalliques pour leur redonner une fière allure ou les remettre sur le droit chemin. Mais peu importe les garde-fous qu’on peut leur imposer, elles finissent toujours par grandir à leur manière sans nous demander notre avis. Une chose est sûre cependant, on se sent bien à vivre parmi elles.

Les autres photographies du billet sont prises dans les environs du musée Watari-Um. Une grande fresque se présente d’abord sur la façade arrondie de l’ambassade du Brésil. En face du musée, les formes géométriques colorées de Harajuku Kindergarden m’attirent toujours car elles restent très vives. On doit cette architecture à l’atelier Ciel Rouge Creation fondé par Henri Gueydan. Dans cette même rue, je capture discrètement d’autres couleurs vues sur les kimonos de deux demoiselles. Je vois également d’autres couleurs vestimentaires à travers la vitrine d’une petite boutique. L’inspiration des ces vêtements provient ici du manga Jojo Bizarre Adventure (ジョジョの奇妙な冒険) de Hirohiko Araki (荒木飛呂彦). La dernière photographie du billet me fait repasser dans une vieille baraque joliment décorée de personnages dessinés et de plantes envahissantes. Il n’y a par contre pas de cactus.

Une émission radio dont je n’ai pas retenu le nom passe un morceau récent de la rappeuse japonaise Awich. Il s’intitule Raisen in Okinawa et est interprété à quatre voix. Celle d’Awich d’abord, puis celles de Tsubaki (唾奇), OZworld et Chico Carlito. En écoutant ce morceau pour la première fois, je suis tout de suite épaté par l’ambiance qui s’en dégage. La puissance du hip-hop d’Awich, dans ses mots et son phrasé, me fait dire que je devrais me pencher un peu plus souvent sur sa musique. Je ne connais pas vraiment les autres intervenants sur ce morceau, mais l’émission de radio que j’écoutais semblait dire qu’ils étaient tous d’Okinawa, comme Awich. Je n’écoute pas beaucoup de hip-hop mais ce genre de petites piqûres de rappel font beaucoup de bien. J’aime beaucoup le hip-hop à petite dose, en choisissant ce genre de morceaux particulièrement inspirés. La trame de fond composée de sanshin apporte également beaucoup à ce morceau.

Yua Uchiyama (内田結愛) est une des membres du groupe d’idoles alternatives à tendance shoegaze RAY, dont je parle assez régulièrement sur ces pages. Je la suis sur Twitter depuis quelques temps, car elle présente régulièrement les albums qu’elle écoute, assez souvent des albums clés de l’histoire du rock. Je suis souvent en phase avec ses goûts et je me demande si ce sont des albums qu’on lui conseille ou qu’elle découvre par elle-même. Son expérience d’écoute est tout à fait authentique car elle écrit en général un rapport d’écoute donnant en détail ses impressions. L’annonce sur son compte Twitter d’un premier CD solo de deux titres intitulé simplement I m’a tout de suite intrigué car je me suis demandé si le style allait être similaire à celui de RAY. Le premier morceau intitulé Y est plutôt pop mais j’y ressens un certain déséquilibre musical qui me plaît bien. Il y a quelque chose d’atypique dans l’approche et l’ambiance de ce morceau, dans la composition au clavier accompagnant la voix d’Uchiyama. Le deuxième morceau Kurū (狂う) a par contre une ambiance rock, mais déconcerte tout de suite avec une introduction librement inspirée d’un chant religieux chrétien. Mais cette introduction idyllique dérape très vite et se laisse envahir pour les larsens des guitares qui viennent prendre rapidement le dessus. Le phrasé d’Uchiyama est rapide et maîtrisé. Je me dis tout de suite que sa manière de chanter et de prononcer certains mots me rappellent Haru Nemuri (春ねむり). Je vérifie rapidement les informations accompagnant la vidéo sur YouTube et je confirme qu’Haru Nemuri a en effet écrit les paroles, composé la musique, programmé et arrangé ce morceau. L’influence se ressent très fortement et je trouve que Yua Uchiyama assure très bien. Elle pourrait très bien être la soeur d’Haru. Je n’étais pas vraiment convaincu par les morceaux récents d’Haru Nemuri mais celui-ci est vraiment très bon. Je pense que la musique d’Haru Nemuri demande ce genre d’orchestration rock, comme sur son premier album Haru to Shura (春と修羅). J’aimerais vraiment qu’elle reparte vers cette direction.

Shibuya za rock

Les deuxième et troisième photographies de ce billet sont prises depuis un des derniers étages du Department Store PARCO de Shibuya. La troisième photographie montre une vue en contre-plongée de l’ancien Cinéma Rise reconverti en salles de concert WWW et WWWX. J’ai toujours aimé ce petit bâtiment atypique conçu par l’architecte Atsushi Kitagawara et je suis particulièrement satisfait de voir qu’il a pu trouver une seconde vie après la fermeture du cinéma. Tokyo est en général sans pitié pour les vieux buildings qui faiblissent même s’ils ont été créés par des architectes reconnus. Je suis en fait venu au PARCO pour voir une petite exposition consacrée au magazine mensuel gratuit Kaze to Rock (風とロック). L’exposition intitulée Kaze to Rock to PARCO: Minna Waratteru (風とロックとPARCO:みんな笑ってる) se déroulait du 28 Avril au 8 Mai 2023 au PARCO Museum Tokyo situé au quatrième étage de PARCO. Je pensais d’abord que cette galerie se trouvait au dernier étage d’où le petit détour qui m’a permis de prendre les photographies ci-dessus. La galerie est en fait perdue au milieu des boutiques du grand magasin. J’avais déjà très brièvement évoqué le magazine Kaze to Rock après avoir acheté le livres de photographies de Mika Ninagawa car on y montrait une photographie de Sheena Ringo accompagnée des acteurs Shun Oguri, Lily Franky et Kenichi Matsuyama. Cette photographie était en fait tirée d’une édition spéciale du magazine Kaze to Rock sortie en Novembre 2006 et intitulée Kaze to Rock to United Arrows (風とロックとユナイテッドアローズ).

Le magazine Kaze to Rock a été créé en 2005 par le directeur créatif Michihiko Yanai (箭内道彦). Michihiko Yanai est originaire de Koriyama dans la prefecture de Fukushima. Après des études de design à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il travaille d’abord pour la grande agence publicitaire Hakuhodo et devient ensuite indépendant en 2003, créant sa propre agence Kaze to Rock Co. Limited qui est toujours active. Ce nom n’est pas choisi par hasard car en plus d’être professeur à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il est également guitariste dans un groupe de rock, animateur d’émissions radio, organisateur d’évènements musicaux, entre autres. On lui doit notamment la fameuse campagne publicitaire au long court « No Music No Life » pour Tower Records. Il n’y a pas de doutes que Michihiko Yanai vit et respire pour cette musique rock, et c’est dans ce contexte là qu’il a créé le magazine mensuel Kaze to Rock en 2005, sans but lucratif et même à perte car il s’agit d’un magazine gratuit. A vrai dire, je ne sais pas où il est distribué car je ne l’ai jamais vu disponible, au Tower Records par exemple, mais il y a en tout 100 numéros publiés. Vu le nombre de numéros, la publication n’est certainement pas régulière. En tant que rédacteur en chef du magazine, Michihiko Yanai semble choisir sans contrainte les artistes et groupes dont il veut parler sur ses pages. On reconnaît tout de suite cette liberté créative dans le format du magazine donnant une grande place aux photographies. L’exposition permet de feuilleter un grand nombre de numéros du magazine et je remarque que les pages de photos consacrés au groupe ou à l’artiste en couverture sont très importantes, de quarante a cinquante pages environ suivant le numéro. Cela fait ressembler ce magazine à un véritable livre d’art plutôt qu’à un magazine classique que l’on trouverait en librairie. Outre la possibilité de feuilleter ces magazines, l’exposition montre de nombreuses photographies sur écrans géants dans plusieurs pièces avec des éléments d’explication et de chronologie.

Une des raisons pour laquelle j’ai fait le déplacement était de voir deux numéros du magazine consacrés à Sheena Ringo et à Tokyo Jihen, car je savais qu’ils étaient visibles parmi les magazines présentés à l’exposition. J’ai pris mon temps pour les feuilleter pendant l’exposition. On ne pouvait malheureusement (ou heureusement) pas les prendre en photo. J’ai tout de suite été interpellé par la qualité des photographies qu’on y montrait. Beaucoup de photos se ressemblent, comme des versions différentes d’une même situation, mais sont prises sous des angles différents et avec des expressions du visage semblant être prises sur le vif. Certaines photographies font des plans resserrés sur des objets ou des parties du corps. Ce ne sont clairement pas des photos qu’on trouverait dans un magazine musical traditionnel. J’ai eu forcément très envie de me procurer ces numéros que j’ai trouvé assez facilement sur Mercari pour pas très chers. La plupart des photographies des deux magazines m’étaient inconnues et je les feuillette tranquillement et avec beaucoup d’attention comme des petits trésors. Le numéro avec Tokyo Jihen est celui du 1er Septembre 2007, ce qui correspond à la sortie de l’album Variety (娯楽). Les photographies sont prises par Kazunari Tajima (田島一成) qui a déjà capturer le groupe pour le numéro de Mars 2010 du magazine Switch. Kazunari Tajima a également photographié Sheena Ringo pour le numéro de Février 2003 de Rockin On Japan à l’occasion de la sortie de son troisième album KSK. C’est également un magazine que j’ai dans ma petite collection. Le numéro de Kaze to Rock consacré à Sheena Ringo est celui du 1er Juin 2009. Ce numéro correspond à la période où elle revenait vers sa carrière solo en sortant l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ). Les photographies sont également superbes, notamment celles en plan serré dont une est utilisée en couverture du magazine. Elles sont du photographe Jin Ohashi (大橋仁), qui a également pris en photo Sheena Ringo pour le magazine Switch du mois d’Avril 2000 sur une série intitulée In the Room. Sur ces deux magazines, j’aime aussi beaucoup le titrage avec une police de caractère très stylisée. L’organisation même du magazine me fait penser à un fanzine et je pense que c’est le souhait de son créateur car il a fait le choix de ne parler que des artistes qu’il aime. Feuilleter ces magazines me relance dans l’idée de faire ce genre de fanzine, si j’en avais le temps, le courage et surtout l’inspiration.

Continuons encore un petit peu en musique avec un autre album de Blankey Jet City que j’écoute beaucoup en ce moment, Love Flash Fever sorti en 1997. J’ai acheté cet album au Disk Union de Shimo-Kitazawa en même que l’album solo de Kenichi Asai, Red Snake Shock Service, dont je parlais récemment. Vous l’aurez peu être compris, je suis actuellement dans une période rock très pointue allant de Kenichi Asai et ses groupes jusqu’à Buck-Tick que je continue à beaucoup écouter depuis quelques mois. Cette profusion de guitares explique mon besoin de me dégourdir de temps en temps les oreilles avec une musique plus pop, comme celle mentionnée dans le billet précédent. De cet album Love Flash Fever, je connaissais déjà plusieurs morceaux déjà présents sur la compilation Blankey Jet City 1997-2000, à savoir Gazoline no Yurekata (ガソリンの揺れかた), Planetarium (プラネタリウム), Spaghetti Hair et Dennis Hopper (デニスホッパー). Ces morceaux comptent dans les meilleurs de l’album mais celui que je préfère est le deuxième intitulé Pudding. Il n’est étonnement pas présent sur la composition mentionnée ci-dessus. Il s’agit d’un morceau plein de la furie typique du groupe. Il y a une urgence et une frénésie assez géniale, accompagnée par des riffs de guitares particulièrement incisifs et Kenichi Asai accélérant démesurément son phrasé. J’aime aussi beaucoup le quatrième morceau Minagoroshi no Trumpet (皆殺しのトランペット) car il a une composition singulière démarrant par un monologue de Kenichi Asai accompagné par un son de trompette et une basse, pour se transformer dans une deuxième partie vers une composition plus classique. J’aime beaucoup l’atmosphère sombre de ce morceau ponctuée par des cris d’Asai. L’ambiance est très différente du morceau que je mentionnais précédemment, et ils forment à eux deux les pics de cet album. Enfin, il y a beaucoup d’autres très bons morceaux sur cet album, comme le cinquième intitulé Kanjō (感情) toujours avec cette rage naturelle et ses émotions fortes, qui se sont ensuite un peu apaisées plus tard sur ses albums solo. Et il y a ce morceau intitulé Dennis Hopper où le chant de Kenichi Asai n’est pas des plus faciles à apprécier aux premiers abords. Mais la deuxième partie du morceau est assez fantastique et me donne à chaque fois des frissons.