青い空をかえせ!④

Le réveil se fera tôt à Kyoto pour la troisième et déjà dernière journée de notre petit séjour. On a un programme bien chargé pour cette journée, car outre les visites prévues à Kyoto, il nous faudra ensuite reprendre les six heures de route pour notre retour à Tokyo. Notre programme est bien rempli car on voulait en quelque sorte se rattraper en cette belle journée ensoleillée des deux premiers jours pluvieux. Nous voulions d’abord revoir les grands classiques. Enfin, Zoa voulait revoir le Pavillon d’Or (金閣寺) et nous irons le revoir que tous les deux en prenant le métro puis le bus depuis Shijō Kawaramachi où se trouve notre hôtel. Je n’avais moi-même pas revu le Pavillon d’Or depuis 25 ans. Nous arrivons vers 9h15 du matin soit une quinzaine de minutes après l’ouverture. Je m’attendais à une foule ingérable mais ça restait tout à fait acceptable. On avait bien choisi notre journée car les feuilles d’or sont éclatantes devant le ciel bleu et les quelques nuages. Dès qu’on a vu le Pavillon d’Or, on a du mal en détacher notre regard et j’ai envie de le prendre en photo sous tous les angles. On nous clame souvent d’aller découvrir le Japon en dehors des sentiers battus, mais ces sentiers sont en général battus pour de très bonnes raisons. En observant avec insistance ce pavillon, je me remémore la lecture du roman de Yukio Mishima basé sur l’incendie du Pavillon d’Or par un jeune moine bouddhiste le 2 Juillet 1950. Le pavillon actuel reconstruit à l’identique que nous avons devant les yeux date de 1955, ce qui ne l’empêche pas d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994 parmi les monuments historiques de l’ancienne Kyoto. Le parc entourant l’étang sur lequel se trouve le pavillon est également superbe, bien qu’on en ait assez vite fait le tour. On ne peut bien sûr pas entrer à l’intérieur du pavillon. Comme je viens de terminer récemment mon deuxième carnet de sceaux Goshuin, j’achète mon troisième carnet ici. Celui avec une représentation d’oiseau phœnix (鳳凰) me convient très bien. On trouve ce phœnix fièrement placé sur la toiture du pavillon d’or et il sera un des thèmes involontaires de notre visite de Kyoto. Notre visite prendra un peu moins d’une heure et il nous reste donc encore un peu de temps pour aller visiter le temple Ryōan-ji (竜安寺) situé à une vingtaine de minutes à pieds.

laisser le béton

« Dis moi, tu connais Blockbusters? »
« Non, c’est quoi au juste? »
« C’est une émission de radio sur France Inter. Regardes, je te montre sur mon iPhone, il y a une appli qui permet d’y accéder facilement. Ça parle de culture pop des années 80 et 90. »
« Ah ouais, génial mais c’est en français, j’y comprends rien, laisses béton ».

J’écoute en ce moment assidûment le podcast Blockbusters de France Inter animé par Frédéric Sigrist, consacré à la culture pop de divers horizons. Cette émission me parle beaucoup car l’animateur a le même âge que moi et les thèmes qu’il sélectionne sont par conséquent très proches de ma propre culture pop. J’ai commencé à enchaîner les épisodes quand je me suis rendu compte en fouillant dans les archives qu’on y parlait du film Les Goonies (1985) réalisé par Richard Donner d’après une histoire écrite par Steven Spielberg. En écoutant cette émission, je me suis remémoré la première fois où j’ai vu le film, et ce souvenir reste encore très clair dans a mémoire. C’était une diffusion un vendredi soir sur Canal+ alors qu’un ami de la famille nous avait prêté son décodeur pendant ses vacances. Ma sœur et moi avions tellement aimé le film qu’on l’avait regardé dès le jour suivant pour une rediffusion. Une autre émission du podcast couvre la série Twin Peaks (1990-91). Je l’ai découvert bien après sa sortie alors que je vivais déjà à Tokyo. J’étais déjà amateur du cinéma de David Lynch après avoir été choqué par Lost Highway (1997) au cinéma, mais je n’ai acheté les DVDs des deux saisons de Twin Peaks que bien plus tard. Je me souviens avoir dévoré cette série avec Mari. On était tous les deux accrochés à l’ambiance si particulière de cette petite ville fictive de l’Etat de Washington. La troisième saison sortie beaucoup plus tard en 2017 était un autre choc. Cette émission Blockbusters m’a ensuite donné envie de revoir Lost Highway que j’ai en DVD à la maison. Une autre émission parle de la série culte Seinfeld (1989-1998), que l’on a découvert en France sur la chaîne Canal Jimmy disponible à l’époque par abonnement satellite. Canal Jimmy nous avait fait découvrir un grand nombre de séries américaines, car Friends (1994-2004) y passait également. Je me souviens également de la série Spin City (1997-2003) avec l’acteur Michael J.Fox en chef de cabinet du maire de New York. Mais Seinfeld avait vraiment un humour particulier où un épisode pouvait se construire sur un rien, comme par exemple un homme portant une cape en pleine rue. Blockbusters parle bien évidemment de manga et de films d’animation avec l’incontournable Neon Genesis Evangelion dont j’avais vu les épisodes lors de leur première diffusion en France sur Canal+ en 1998. Les manga et anime n’avaient pas encore la popularité actuelle. Dans Blockbusters, on nous parle également du manga sombre Gunnm de Yukito Kishiro que j’avais suivi dès le premier tome sorti chez Glenat en 1995. Je garde cette série de manga précieusement. C’est amusant de voir abordé dans ce podcast une bonne partie des films et séries qui ont marqué pour moi la deuxième partie des années 1980 et les années 1990. On y parle par exemple d’Arnold Schwarzenegger. J’ai eu ma période de films d’action basiques pendant mon adolescence que j’avais démarré avec Commando (1985), puis Predator (1987) bien avant Terminator 2 (1991), Total Recall (1990) et True Lies (1994). L’Arme Fatale (1987), bien entendu couvert dans ce podcast, avait également été marquant. J’avais commencé la série par le deuxième épisode (1989) vu sur Canal+, en adorant tout de suite l’ambiance mélangeant une noirceur certaine avec l’humour du buddy movie, le tout accompagné par un saxophone particulièrement marquant. On y parle beaucoup d’anime avec le monde de Rumiko Takahashi (Ranma 1/2, Ramu, entre autres) et bien sûr celui d’Hayao Miyazaki pour lequel une émission de 5h est consacrée ainsi qu’une autre sur les deux chefs d’oeuvres que sont Princesse Mononoke et Le voyage de Chihiro. Bon, il y a bien des sujets d’émissions plus récents qui ne me parlent pas du tout comme Taylor Swift, Aya Nakamura ou Orelsan, mais dans l’ensemble j’y trouve une correspondance assez bluffante avec ma propre culture pop. Le podcast évoque aussi souvent les jeux vidéos, mais c’est un domaine que je connais moins à part quand il s’agit de franchises historiques comme celles des jeux de combat Street Fighter ou Tekken, ou le fabuleux Prince of Persia qui avait été pour moi une révélation sur sa version Super Famicom (j’y jouais en version import japonais). Les musiques de ce jeu me restent encore maintenant gravées en tête tant j’y pu y jouer en répétant des dizaines et des dizaines de fois les mêmes mouvements. Le jeu était difficile mais extrêmement immersif. Je ne joue plus beaucoup aux jeux vidéos à part ceux emblématiques sur la Nintendo Switch (les derniers Zelda, Super Mario et Mario Kart), mais j’ai toujours regretté d’avoir loupé le coche de Nier Automata. Ce podcast me permet également de remplir quelques lacunes culturelles. Mais ce que j’apprécie particulièrement sur ce podcast est le ton de Frédéric Sigrist et de ses invités qui ne se veulent pas savants et démontrent une véritable passion pour leurs sujets. On n’essaie pas non plus de nous faire croire que la culture pop était mieux avant. La qualité de séries actuelles comme The Gentlemen de Guy Ritchie que je regarde en ce moment sur Netflix me fait dire que des nouvelles oeuvres cultes sont en train d’être diffusées en ce moment.

Outre le podcast ci-dessus, Nicolas me conseille également l’écoute du dernier single Bite you du jeune groupe muque, dont j’avais déjà parlé du single 456 sorti en Octobre 2023. Je n’avais pas vraiment poursuivi la découverte de la musique du groupe mais ce dernier morceau sorti le 26 Mars 2024 sur le label A.S.A.B. m’y ramène gentiment. Dès les premières cordes, on se laisse accrocher par le rythme du morceau, oscillant toujours entre l’approche rock et un beat pop très prononcé. Le groupe a cette capacité à créer des morceaux à la qualité pop immédiate, qui devraient les amener sur les ondes du mainstream un jour ou l’autre. D’autant plus que la voix d’Asakura est très affirmée et versatile, notamment dans un petit passage parlé au milieu du morceau qui fonctionne très bien.

Je ne sais plus par quel détour j’ai découvert l’excellent morceau Luv Myself de Kvi Baba avec AKLO & KEIJU, oscillant brillamment entre le hip-hop et la pop. En fait, depuis que j’ai écouté le morceau run away qu’AAAMYYY a chanté avec KEIJU lors de son concert Option C du 7 Mars 2024, j’ai l’envie de découvrir d’autres musiques sur lesquelles KEIJU intervient car j’aime beaucoup sa voix. Je ne connaissais pas le jeune rappeur et compositeur Kvi Baba originaire d’Osaka, qui mène ce morceau avec les deux autres rappeurs AKLO et KEIJU. Je ne connaissais AKLO qu’à travers le morceau RGTO, sur son album The Arrival de 2014, sur lequel il fait intervenir d’autres rappeurs: SALU, H.TEFLON et K DUB SHINE. La vidéo de ce morceau mentionne dans les remerciements T-Pablow et BAD HOP, et là s’ouvre une nouvelle porte vers un hip-hop japonais beaucoup plus badass (si vous me permettez l’expression).

BAD HOP est un collectif originaire du quartier d’Ikegami à Kawasaki et se compose de huit rappeurs: T-Pablow, YZERR, Tiji Jojo, Benjazzy, Yellow Pato, Bark, G-K.I.D et Vingo. J’écoute leur dernier album éponyme sorti en Février 2024 que je trouve excellent, notamment les deux morceaux Ikegami Boyz et Final Round. Je suis très loin d’être spécialiste du monde du hip-hop, mais je trouve que l’ambiance est proche du gangsta américain dans son approche musicale et dans les thèmes abordés. Le flot vocal et l’alternance des voix des rappeurs sont remarquables, par exemple, la manière mécanique par laquelle YZERR prononce les paroles « Knock out, Knock out, Knock out, Knock out床にKnock out » qui sonnent comme une série de coups de poing qui mettent à terre. Tous les morceaux ne sont pourtant pas tous sombres, comme Last Party Never EndSupercar2 mettant en avant la voix plus haut perchée de Toji Jojo qui apporte une alternative intéressante aux voix de tonalité plus grave de la plupart des autres membres du collectif. Du quartier industriel d’Ikegami à Kawasaki, la crew BAD HOP a gravi les échelons jusqu’au Tokyo Dome pour un concert le 19 Février 2024, qui est représenté par le premier morceau de l’album Tokyo Dome Cypher. BAD HOP a déjà sorti au moins cinq albums depuis 2014 et ce ne sont donc pas des nouveaux arrivants. Leur ascension jusqu’au Tokyo Dome démontre une popularité certaine auprès des amateurs de Hip-hop. A parmi les nombreuses collaborations de BAD HOP, j’y retrouve le nom de KEIJU sur certains morceaux. Une porte ouvre, je vais y entrer tranquillement sans faire de bruit.

青い空をかえせ!③

La pluie finit par cesser à notre arrivée à Kyoto dans l’après-midi du deuxième jour de vacances, mais les nuages sont toujours très épais et menaçants. On devine par contre des éclaircies qui annoncent peut-être une belle journée demain. Nous arrivons à Kyoto par l’Ouest en passant d’abord par Arashiyama (嵐山) pour revoir le fameux pont Togetsukyo (渡月橋) qui traverse la rivière Katsura. Ce pont de 155 mètres de long a été initialement construit en l’an 836, mais la version actuelle date de 1934. Il se compose de piliers et de poutres en béton armé mais les murets de protection sont en bois de cyprès, ce qui donne l’impression générale que ce pont est entièrement fabriqué en bois. Le nom du pont évoque la traversée de la lune. On dit que l’Empereur Kameyama de la période Kamakura (de 1185 à 1333) vu l’image d’une lune traversant le pont lors d’un repas festif dans un bateau sur la rivière. L’histoire ne précise pas si le dit empereur avait bu plusieurs verres de saké avant de faire cette observation.

Il existe une célébration traditionnelle locale pour les enfants, filles et garçons, qui vont avoir 13 ans, ce qui correspond à l’achèvement du premier cycle zodiacal chinois qui se compose de 12 années et donc de douze signes zodiacaux différents. Lors de cette célébration appelée Jūsan Mairi (十三詣り), les enfants rendent d’abord visite au temple Hōrin-ji (法輪寺), proche du pont Togestukyo, pour prier et faire une offrande. La coutume veut que chaque enfant inscrive un kanji qui lui est cher et l’offre aux dieux du temple qui apporteront en échange une connaissance et sagesse. Les enfants traversent ensuite le pont Togestukyo et l’on dit que s’ils ont le malheur de se retourner en chemin, ils perdront cette sagesse nouvellement acquise. La traversée du pont sans se retourner représente le fait que chaque enfant laisse son enfance derrière lui sans regarder vers le passé et allant de l’avant.

Par rapport aux paysages quasiment déserts de touristes à Wakasa et Maizuru, l’ambiance est très différente à Arashiyama mais j’imaginais bien pire. Il y a certes foule mais rien ne nous empêche de profiter des lieux, et accessoirement de trouver une place de parking dans les environs. Du souvenir que j’avais des environs du pont Togetsukyo, il y a beaucoup plus de bâtiments récents sur le bord des rives, mais cette architecture se mélange bien avec son environnement. Les eaux de la rivière Katsura étaient très mouvementées. J’imagine que les pluies abondantes qui ont perturbé le début de notre séjour se retrouvent maintenant dans cette rivière. On laisse en tout cas toute cette eau passer sous les ponts et on regarde maintenant vers la soirée qui nous attend. Nous longeons dans un hôtel dans le centre de Kyoto, pas très loin de la rivière Kamogawa. Nous laisserons la voiture dans un grand parking du centre et en gagnant ensuite l’hôtel à pieds, j’ai la surprise de tomber par hasard sur le bâtiment Time’s de Tadao Ando (安藤忠雄). Il semble vide, peut-être à la recherche de nouveaux locataires. Un jour, il faudrait que je visite Kyoto d’un point de vue architecture contemporaine, et notamment partir à la recherche des buildings de Shin Takamatsu avant qu’ils ne disparaissent.

Le soir, nous marchons ensuite dans les rues de Gion à la recherche d’un restaurant que nous ne trouverons pas là bas, faute d’avoir réservé. Je voulais passer devant le petit sanctuaire Tatsumi (辰巳大明神) que l’on voit souvent dans la série The Makanai: Cooking for the Maiko House (舞妓さんちのまかないさん) avec Nana Mori (森七菜), Natsuki Deguchi (出口夏希), Aju Makita (蒔田彩珠), entre autres. J’avais regardé cette série sur NetFlix, non pas pour son histoire qui n’a rien d’inoubliable mais pour l’ambiance du quartier de Gion qui est retranscrite. La lenteur générale des épisodes de la série nous laissait presque seuls en chemin dans les rues de Kyoto. Il faudrait que les films nous permettent de nous asseoir directement dans les lieux de tournage pour apprécier pleinement l’ambiance des lieux en compagnie des acteurs et actrices. Je suis sûr que les techniques futures de cinéma nous permettront ce genre d’immersion complète. Et si l’histoire du film ne nous intéresse pas beaucoup, on pourrait même s’éclipser pendant quelques heures dans les rues de Gion pour revenir ensuite, en prétextant s’être perdu dans les décors, et reprendre le fil de l’histoire en cours. En parlant d’Aju Makita, elle est également une des actrices principales de la série House of Ninjas (忍びの家) toujours sur NetFlix, avec Kento Kaku (賀来賢人)、Yōsuke Eguchi (江口洋介)、Tae Kimura (木村多江) et Riho Yoshioka (吉岡里帆) entre autres. La série est assez bien ficelée avec une petite dose d’humour, mais n’est malheureusement pas aussi grandiose qu’on pourrait l’espérer. C’est souvent le cas sur Netflix où les séries originales sont divertissantes mais pas transcendantes, sauf la série récente 3 Body Problem qui est, il faut bien l’avouer, assez fabuleuse.

君ならきっと大丈夫さ

L’étroit building de neuf étages sur les deux premières photographies se nomme Jimbochō SFI (神保町SFI) et se trouve comme son nom l’indique dans le quartier de Jimbochō. Il a été conçu par Nikken Sekkei en collaboration avec la société SEO Inc. établie en 1935 à Takaoka dans la préfecture de Toyama et spécialisée dans la fabrication de chaînes métalliques qui conduisent l’eau de pluie des toits vers un bassin au sol. On peut voir régulièrement ce genre de « rain chains » dans les temples ou dans certaines architectures plus modernes comme sur le Co-Op Kyosai Plaza, également conçu par Nikken Sekkei, à Kitasando. C’est un building que j’aime régulièrement prendre en photo. Sur le building Jimbochō SFI, SEO Inc. a conçu la façade très particulière composée d’une multitude de cylindres dans le but d’améliorer la performance environnementale du bâtiment. Cette façade dessinée pour conserver l’énergie se nomme Envi-lope01. Cette membrane ou enveloppe, posée au dessus de la surface du bâtiment se compose de cylindres de 180mm de diamètre de trois formats différents reliés entre eux sur une même ligne verticale par deux câbles métalliques permettant d’ajuster l’orientation des cylindres notamment dans les parties courbes du building. La profondeur des cylindres vient contrôler l’intensité lumineuse à laquelle est soumise le bâtiment en bloquant les champs lumineux obliques et en réduisant ainsi la température totale du building, tout en préservant sa ventilation frontale. J’ai pris ces quelques photographies à Jimbochō alors que j’espérais y voir courir les marathoniens de Tokyo pour le marathon du 3 Mars 2024. Je suis malheureusement arrivé un peu trop tard et la course était déjà terminée à cet endroit. J’ai donc marché à toute vitesse, sans rattraper les coureurs, jusqu’à la station de Tokyo pour y voir quelques athlètes terminer leur course. Je me dis tous les ans en regardant le marathon que je devrais me donner un an pour m’entrainer et participer à celui de l’année prochaine, mais une réflexion rapide me dit que je n’aurais jamais la volonté nécessaire pour ce genre de choses.

J’écoute en ce moment quelques morceaux de rock indé du groupe Yonige (よにげ) dont j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. Yonige est originaire d’Osaka et a été formé par Arisa Ushimaru (牛丸ありさ), qui chante et est guitariste, et par Gokkin (ごっきん) qui joue de la basse et assure les chœurs. Le groupe se compose actuellement de quatre membres. De leur nouvel album Empire sorti en Janvier 2024, j’écoute trois morceaux dont deux possèdent déjà une vidéo officielle: Kamisama to Boku (神様と僕) et walk walk. Le troisième morceau que j’écoute est le premier de l’album: Super Express. Le rock de Yonige est sans artifice avec un brin de mélancolie, mais n’exclut pas un certain humour retranscri à travers les vidéos. Les vidéos accompagnant Kamisama to Boku et walk walk sont en fait liées. La première pour Kamisama to Boku démarre par la mise en scène d’une réunion avec le manager du groupe qui leur demande de faire plus énergique et entrainant pour pouvoir espérer attirer les foules et avoir un gros succès. On ressent que le monologue interminable du manager est insupportable pour le groupe, mais tous acquiescent sans rien dire en attendant que ça passe. On leur confie un sous-fifre incompétent qui sera en charge de la vidéo du nouveau morceau. Le budget étant limité, le groupe se retrouve à tout faire par eux même, porter les instruments jusqu’au lieu de tournage improvisé, puis se filmer ensuite soi-même. A ce moment là démarre la vidéo de walk walk, avec pleins de petits désagréments qui compliquent la vie du groupe. Malgré tout cela, tout le monde reste serein. On retrouve en quelque sorte cette sérénité dans la musique de Yonige, mais les morceaux sont pourtant très accrocheurs. Arisa Ushimaru n’hésite pas a poussé sa voix et les guitares sont très présentes. J’adore ce son rock indé qu’elles maitrisent extrêmement bien sans pourtant révolutionner le genre, mais le rock indé n’entend pas apporter des révolutions, simplement faire des bons morceaux et c’est bien suffisant.

Yonige et leur dernier album Empire étaient d’ailleurs mis en avant au Tsutaya de Daikanyama, aux rayons musiques à l’étage d’un des trois bâtiments du grand magasin multimédia. On y vend d’ailleurs de moins en moins de CDs, toujours au profit des vinyles. Je devrais passer plus régulièrement devant ces panneaux d’affichage, pour voir quelles sont les recommandations du moment. Je me souviens y avoir vu afficher une présentation de l’album Windswept Adan (アダンの風) d’Aoba Ichiko (青葉市子), bien avant que je l’écoute pour la première fois (rien que le fait d’évoquer cet album me donne envie d’écouter le morceau Porcelain). Les affichages du Tsutaya montre la vidéo de Kamisama to Boku (神様と僕), dont est extrait la vidéo ci-dessus, et les dates de la tournée du groupe. Je ne connais pas encore assez bien la musique de Yonige pour être tenté de les voir live, mais un morceau comme walk walk doit certainement très bien donner en concert.

Toujours dans le même Tsutaya de Daikanyama, j’ai l’impression que l’espace consacré aux expositions artistiques a augmenté progressivement au fur et à mesure des années, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. L’exposition ILLUSTRATION 2024, qui avait lieu du 23 Février au 17 Mars 2024 commémorait le dixième anniversaire de la série de livres ILLUSTRATION, qui est un catalogue annuel représentant l’état actuel de l’illustration au Japon. A cette occasion, étaient exposées quelques illustrations de sept artistes sélectionnés présents dans la dernière édition du livre ILLUSTRATION. Il s’agissait d’une toute petite exposition mais j’ai eu le plaisir d’y voir deux illustrations de NAKAKI PANTZ (ナカキパンツ), les deux visages féminins ci-dessus. Son style graphique est immédiatement reconnaissable. Je vois qu’elle continue à dessiner les pochettes pour les musiciens de MAISONDes et, dernièrement, on peut également voir ses illustrations sur une publicité Nissin Cup Noodles. Nissin s’est associé depuis longtemps avec des artistes graphiques de renom ou en devenir. Une des campagnes les plus connues était celle intitulé Freedom par Katsuhiro Ōtomo. Ces publicités sont assez souvent décalées et j’avais déjà évoqué tout cela dans un billet précédent. Parmi les sept artistes présentés, on trouve également l’illustratrice AKI AKANE (秋赤音) que j’avais déjà évoqué ici pour avoir vu une de ses expositions chez le libraire Komiyama Tokyo à Jimbochō. En repassant d’ailleurs par Jimbochō, je suis monté aux étages de cette librairie et j’ai constaté qu’on y montrait toujours des illustrations d’AKI AKANE. J’ai hésité à acheter son livre d’illustrations, car je ne pense pas apprécier la totalité de ses dessins, mais l’approche très pop de l’illustration montrée sur la photo de droite ci-dessus est vraiment magnifique. J’aime aussi beaucoup son approche graphique sur l’illustration de gauche, utilisant des ossements comme ornements vestimentaires.

青い空をかえせ!②

Nous entamons la deuxième journée de ces petites vacances de printemps avec l’espoir que la pluie se calmera enfin et que la météo sera plus clémente. Nous reprenons la route en direction de la ville côtière de Maizuru dans la préfecture limitrophe de Kyoto. En chemin, nous nous arrêtons quelques minutes à une station routière (道の駅) vendant des produits locaux au bord du lac Mitaka. Pour rejoindre Maizuru, on doit d’abord traverser la ville d’Obama, dont on a forcément beaucoup parlé au moment de l’élection du président américain. Notre destination initiale est l’étroite bande de terre formant un pont naturel Amanohashidate (天橋立) puis le port de pêcheurs d’Ine (伊根). Mais une fois encore, nous avons dû adapter nos plans. On s’est malheureusement assez vite rendu compte qu’on ne profiterait pas pleinement de ces paysages sous une pluie qui s’intensifie. Nous stopperons donc en route à Maizuru au parc de briques rouges, le Maizuru Red Brick Park (舞鶴赤れんがパーク), que nous comptions visiter de toute façon. Ces grands hagards, construits entre 1900 et 1921, étaient utilisées comme entrepôts de munitions par l’armée de mer japonaise avant la guerre. Sur les 12 bâtiments composant ces entrepôts, huit ont été désignés comme biens culturels importants au niveau national en 2008. On peut visiter la plupart des bâtiments mais, pour être honnête, il y a peu de choses à voir à l’intérieur. On peut apprécier l’agencement des bâtiments qui nous ont rappelé ceux de Yokohama. Le Maizuru Red Brick Park est ouvert au public depuis 2012. J’imagine que certains événements doivent s’y dérouler en fonction des saisons. On peut également voir quelques bateaux militaires des forces d’auto-défense japonaises accostées au port de Maizuru. Ces bateaux ne sont pas gigantesques mais restent tout de même impressionnants. Les heures passent et il est maintenant temps pour nous de descendre vers le centre de Kyoto, qui se trouve à environ 1h30 d’autoroute de Maizuru.