Aoyama & Spa

Sur les deux premières photographies du billet, on aperçoit en partie l’immeuble Prada dessiné par Herzog & De Meuron. C’est un landmark distingué du quartier et il n’a pas pris une ride même s’il a maintenant presque 20 ans. Il a été construit en 2003, pour être précis. Je passe assez régulièrement devant, sans le prendre en photo car il représente tellement l’évidence photographique que j’ai l’impression que ça ne m’apportera rien de le photographier une nouvelle fois. En passant devant le building voisin désormais occupé par Audi, l’envie me vient tout de même de le saisir en composition avec cet autre building. L’immeuble Prada a, en lui-même, tellement d’attrait qu’on ne pense pas forcément à l’inscrire, en photo, dans son environnement urbain. Un peu plus loin dans la même rue, je passe ensuite devant la boutique Comme des Garçons de Kawakubo Rei. J’aime beaucoup sa devanture en verre, courbe et oblique. L’intérieur m’intrigue toujours, pas particulièrement pour les vêtements qu’on y vend mais plutôt pour les tenues vestimentaires des vendeuses et vendeurs qui y travaillent. Ils et elles suivent tous à la lettre le style et le design à base de noir et blanc de Rei Kawakubo. Je ne pense pas qu’on les oblige, mais qu’ils et elles admirent profondément ce style vestimentaire. Ce style qui refuse les couleurs n’est pas chose rare à Tokyo et m’intéresse visuellement car il y a quelque chose d’assez fort qui s’en dégage. Personnellement, j’aurais par contre du mal à le suivre religieusement tous les jours. J’admire cette dedication à un genre sans en dévier. Je vois aussi un style un peu similaire chez Yohji Yamamoto, bien que plus masculin. J’aime personnellement beaucoup Y3, le croisement de la marque avec Adidas, mais les prix me font attendre les soldes, tout en hésitant encore. Un peu plus loin dans le quartier d’Aoyama, dans les rues à l’arrière où personne ne va, je découvre un autre endroit qui m‘intrigue. Je me laisse facilement intriguer dans les rues de Tokyo, ce qui fait que je ne me lasse pas encore de photographier cette ville. Il s’agit d’un étroit building de quelques étages, en béton sans ouvertures à part une porte d’acier accessible grâce à un petit escalier. Ce building à Minami Aoyama se nomme CAP, du nom du collectif artistique qui l’occupe. Une galerie appelée Rocket se trouve au sous-sol. Elle est surnommée « Gallery of the Night » en raison de son manque d’ouverture vers l’extérieur. Je ne sais pas si elle était ouverte à mon passage mais si la porte reste en permanence fermée, il doit être très difficile d’y pénétrer sans avoir l’impression désagréable de gêner. Toujours est-il que ce genre d’architecture de béton sans compromis attire mon œil photographique. Ce petit immeuble était par contre difficile à saisir dans son intégralité depuis la petite rue qui le dessert.

J’essaie de passer le moins de temps possible sur Twitter car je trouve ce réseau social en grande partie nocif, mais j’y trouve parfois des petites choses interessantes qui me font sourire et qui me donnent tout de même envie d’y revenir de temps en temps. A vrai dire, je ne tombe pas directement sur le tweet ci-dessous d’Utada Hikaru datant d’il y a plus de dix ans, mais à travers d’autres liens internet qui m’y amènent. L’anecdote et réflexion d’Utada sur son nom est assez amusante.

Le passe-temps de ma mère était apparemment de me trouver des prénoms qui auraient pu être « Ichigo » (fraise) ou « Melon » ou « Suika » (pastèque). Je suis bien contente qu’elle m’ait choisi le prénom « Hikaru ». Pourquoi est ce que Sheena Ringo sonne cool alors que Utada Suika sonnerait vraiment très ringard?

Tout est question d’habitude et on aurait très bien pu s’habituer à Utada Suika, sans que ça impacte vraiment sa carrière. Ce côté décalé aurait d’ailleurs plutôt bien collé à sa personnalité plutôt atypique. Il suffit de voir à ce propos son compte Instagram qui montre principalement une collection d’objets trouvés dans les rues de Londres (où elle habite toujours à ma connaissance) ou ailleurs. C’est plutôt inhabituel pour une star de sa renommée mais ça me rassure aussi de voir qu’elle suive ainsi ses passions les plus inattendues et anecdotiques sans vraiment se soucier de ce qu’on peut en penser. Elle avait d’ailleurs participé à l’émission Matsuko no Shiranai Sekai (マツコの知らない世界) pour présenter cette passion sous les yeux particulièrement étonnés de Matsuko Deluxe, qui a pourtant vu passer beaucoup de personnes particulières dans son émission. Nous regardons d’ailleurs cette émission très régulièrement et j’aurais très certainement l’occasion d’en reparler plus tard.

Pour revenir à ce commentaire d’Utada Hikaru évoquant Sheena Ringo, la vidéo de leur dernier morceau en duo, Roman to Soroban (浪漫と算盤) me revient en tête. C’est intéressant comme les crédits à la fin de cette vidéo viennent justement brouiller les pistes sur l’appellation de Sheena Ringo. On sait que son nom réel est Shiina Yumiko, Shiina étant son nom de famille et Yumiko étant son prénom changé dès le début de sa carrière en Ringo. La transformation de son nom de Shiina en Sheena (il y a eu une étape intermédiaire en Shéna) vient faire ressembler son nom de famille à un prénom (le prénom Sheena serait d’origine écossaise apparemment). La disposition des noms à la fin de la vidéo de Roman to Soroban, avec le prénom en premier pour Utada Hikaru laisse penser que le prénom de Sheena Ringo est Sheena plutôt que Ringo. C’est d’autant plus mis en évidence que le nom entier de Utada Hikaru se dit en général avec le nom de famille en premier, ce qui n’est très bizarrement pas le cas ici. Tout ceci reste tout à fait anecdotique, mais m’intrigue depuis très longtemps. Je suis donc assez content de trouver ce genre de pistes, même si je ne sais pas dans quelle mesure c’est volontaire. Enfin, j’ai bien appris que rien n’était jamais vraiment laissé au hasard chez Sheena Ringo.

Sur un thème similaire, un autre tweet m’interpelle. Il est plus récent et écrit par la compositrice interprète Ako (a子), que je suis sur Twitter depuis la sortie de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY), que j’avais d’ailleurs beaucoup aimé. Elle répondait par le commentaire ci-dessous sur la présence d’un de ses morceaux sur une playlist Spotify sur laquelle se trouvait également des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen.

Quand la vie devient difficile, ça va mieux en regardant un live de Ringo san ou de Jihen.

J’ai eu exactement la même réflexion il y a quelques temps en me posant la question du pourquoi je ressentais le besoin de regarder en DVD ou Blu-ray tous ces concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Je pense qu’il y a un lien avec cette crise sanitaire qui nous épuise le cerveau à petit feu. J’éprouve en quelque sorte ce besoin de laisser s’échapper mon esprit dans quelque chose qui me réchauffe le cœur et le cerveau. Il n’y a bien sûr pas que des choses négatives dans cette crise, et même de nombreuses choses positives, mais l’accumulation de news anxiogènes finit par peser sur notre moral. Je pense que cette crise nous a tous obligé à trouver des échappatoires, qu’on peut poursuivre en général sans sortir de chez soi. Mais voir ces concerts en vidéo me donne énormément l’envie de refaire l’experience du live. Il faudra juste prendre son mal en patience pour une période indéterminée pour l’instant.

Je n’avais d’ailleurs pas parlé ici des concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen depuis ma revue de Ringo Expo 18, peut être parce que cette dernière revue détaillée m’avait demandé beaucoup de temps et d’efforts, et que c’est forcément difficile de continuer sur ce rythme. Une petite pause était nécessaire mais l’envie de revenir vers ces concerts se faisait trop forte. La sortie du Blu-ray de la dernière tournée News Flash, que je viens d’acheter après réservation au Tower Records de Shibuya, me donne envie de revoir un nouveau concert. Je ne vais pas revoir tout de suite News Flash, mais me tourne plutôt vers un concert plus ancien de Tokyo Jihen, Spa & Treatment (スパ・アンド・トリートメント). Ce DVD couvre la tournée Tokyo Jihen live tour 2007 Spa & Treatment qui se déroulait en 14 dates dans tout le Japon du 18 Octobre au 21 Novembre 2007, juste après la sortie le 26 Septembre 2007 de Variety, le troisième album du groupe. La tournée commença à Yokohama, pour ensuite aller à Nagoya, Osaka, Fukuoka, puis Tokyo, Sendai, Sapporo et reviendra une dernière fois pour deux dates à Tokyo. La particularité de cette tournée est qu’elle se déroule dans des Live House, des salles de concerts plus petites plutôt orientées rock dans leur ambiance intérieure sombre et épurée. Il s’agissait, dans chacune des villes, des salles de concert Zepp opérées par Sony Music Entertainment Japan, sauf à Yokohama où il s’agissait du Blitz. Le Blitz de Yokohama a fermé ses portes en Octobre 2013. Il y avait également une salle Blitz à Akasaka tenue par les studios de télévision TBS juste à côté, mais elle a également fermé, en Septembre 2020. J’avais vu Sonic Youth dans cette salle de concert le 20 Février 2001, à l’époque de la sortie de A thousand Leaves que je ne connaissais pourtant qu’assez peu à ce moment là. Ou peut-être était-ce le concert du 17 Février 2003, ma mémoire me fait défaut.

Le DVD Spa & Treatment est une captation vidéo du dernier concert de la tournée, le 21 Novembre 2007, au Zepp Tokyo, mais il est sorti beaucoup plus tard le 26 Mars 2010, date qui correspond au début de la tournée suivante Ultra C couvrant le quatrième album Sports. Le DVD Spa & Treatment n’était en fait pas vendu dans le commerce mais seulement pendant la tournée Ultra C du 26 Mars au 25 Août 2010 et sur le site du fan club Ringohan. Ceci explique que ce DVD est un peu plus difficile à trouver que les autres concerts vendus dans le commerce en version neuve. Spa & Treatment est seulement disponible d’occasion à des prix parfois élevés. Je le vois régulièrement sur Mercari à 14,000 Yens. J’ai eu la chance de le trouver à un prix raisonnable de 4,500 Yens au Disk Union de Shinjuku dans une version quasi-neuve. Le prix raisonnable typique de ce DVD est plutôt aux alentours de 6,500 Yens, ce qui est plus élevé que le prix de vente de l’époque (3,800 Yens). Shinjuku est décidément le meilleur endroit pour trouver des CD/DVD ou Blu-ray de SR/TJ.

Tous les titres de l’album Variety (娯楽) sont interprétés sur Spa & Treatment, ainsi que quelques B-sides des singles de cet album et quelques morceaux seulement des deux premiers albums de Tokyo Jihen à savoir Kyōiku (教育) et Adult (大人). Il n’y a pas de reprise de morceaux sur cette tournée à part Marunouchi Sadistic de la carrière solo de Sheena Ringo. La tournée est vraiment concentrée sur l’album Variety, qui reste l’album le moins populaire du groupe. Sur le dernier sondage du fan club Ringohan, l’album Variety se trouvait en dernière position des albums préférés du groupe (sans compter les mini-albums comme Color Bars ou News, et les compilations). En ce qui me concerne, j’aime cet album même s’il n’est pas très consistant, notamment parce qu’il contient des morceaux qui sont clés dans la discographie du groupe comme OSCA ou Killer Tune, que j’avais beaucoup apprécié à sa sortie notamment pour sa vidéo. Il y a bien entendu sur ce DVD de nombreux morceaux qui ne sont présents sur aucun autre DVD ou Blu-ray de concerts, ce qui le rend forcément indispensable.

Le concert commence par le morceau Fukushū à l’ambiance très rock. Sheena y chante en anglais en poussant et exagérant sa voix, jusqu’à l’excellente partie solo à la guitare de Ukigumo qui termine le morceau en larsen. Le morceau s’enchaîne directement avec Sake to Geko dans une ambiance rouge sur scène, mais les couleurs sont changeantes. Sur ce morceau, c’est plutôt le piano d’Ichiyō Izawa qui est mis en avant. La voix de Sheena se fait aussi changeante en prenant parfois cet air ressemblant au kabuki. L’ambiance générale est très sombre comme dans un concert de rock underground, mais les tenues de scène en satin beige contrastent assez franchement avec cette ambiance. Le morceau finit aussi en larsen et dans un brouhaha de batterie qui nous amène très rapidement sur l’excellent Kabuki où chaque membre du groupe fait une petite démonstration de son instrument. Sheena prend le mégaphone sur ce morceau et le gardera pour OSCA qui s’enchaîne également directement et sans aucun arrêt. Le set n’a pour le moment fait aucune pause. C’est chronologiquement le premier concert, à ma connaissance, où OSCA est interprété. Sheena défile sur scène avec son mégaphone devant un public qui semble très proche. Elle prend un air volontairement hautain comme pour narguer les spectateurs, mais tout en leur faisant un signe de la main. On retrouve dès ce concert la scène habituelle de OSCA où elle retourne le mégaphone vers le public pour obtenir que leur voix soit amplifiée vers la scène. Le solo de basse de Seiji Kameda est également un classique, qui marque un petit répit avant la reprise rapide finale du morceau où chaque membre du groupe se donne à fond. Ce n’est pas la version la plus agressive que je connaisse de OSCA, mais elle n’en est pas moins très bonne.

Le rythme non-stop des premiers morceaux fait une pause avec un premier message de Sheena vers le public. Comme on pouvait s’en douter, le message se contente de remerciements et est très court. Elle semble chercher ses mots et conclut rapidement en demandant au public de faire attention à ne pas se blesser car la salle est bien remplie. On sait que la spontanéité lorsqu’elle s’adresse verbalement au public n’est pas son fort, et cette configuration de salle ne fait pas exception. Je le dis certainement à chaque fois mais je suis toujours énormément intrigué par ce contraste entre ces messages qui s’embrouillent et l’extrême aisance avec laquelle elle interprète les morceaux sur scène. Je pense que quand elle interprète ses morceaux, elle devient un personnage et est très préparée pour être sûre de ne pas décevoir. Tandis que les messages au public demandent à ce qu’on se dévoile beaucoup plus, au delà du personnage sur scène. Il s’agit là seulement de mon interprétation en tant qu’observateur très lointain, mais le contraste est également très frappant lors des scènes de préparation ou d’enregistrement de morceaux qui sont parfois incluses sur les DVDs de concerts. Ces scènes en comité restreint (les membres du groupe et les ingénieurs du son) montrent Sheena d’une manière assez différente, plaisantant et rigolant sans arrêt, attitude très éloignée de celle sur scène lors des messages. Encore une fois, devant un public aussi important, elle est peut être seulement prise par l’émotion et a, à chaque fois, du mal à trouver ses mots pour traduire cette émotion. Le morceau Ramp poursuit le set. Hata est hilare et Sheena sourie également en réponse, car le public apprécie le morceau en réagissant lorsque Sheena fait des pauses dans son chant. Tous ces sourires sont assez charmants, tout comme la coupe de cheveux très courte de Sheena. Ça contraste d’ailleurs beaucoup avec la coupe hirsute de Ukigumo. Ramp s’enchaîne directement avec Mirrorball. La mise en scène du concert est relativement simple avec une caméra qui bouge beaucoup et s’approche souvent au plus près du groupe. On s’immerge aussi souvent dans la foule, ce qui nous fait parfois voir le groupe derrière les mains tendues du public. Mirrorball a un son que je trouve très typique de Variety. Comme je le disais plus haut et comme son nom l’indique, l’album Variety part dans plusieurs directions et c’est aussi ce que j’aime.

Sheena prend ensuite sa guitare fétiche sur Kingyo no Hako, mais seulement pour quelques riffs. Ukigumo a également en mains sa guitare fétiche Vox Phantom. J’aime beaucoup observer Ukigumo sur scène, car il a parfois des mouvements brusques de la main comme s’il loupait une corde. Il n’en est rien, bien entendu, car son jeu est parfait voire même meilleur que sur l’album, mais ses mouvements semblent parfois peu naturels. Pendant Kingyo no Hako par exemple, il avance soudainement vers le devant de la scène d’une manière directe, un peu maladroite, que je trouve assez caractéristique. Il joue ensuite à côté de Sheena en la regardant jouer par dessus l’épaule, presque comme un professeur qui vérifie les progrès de son élève. Sheena n’a clairement pas le même niveau en guitare que Ukigumo et elle dit elle-même qu’elle s’est progressivement perfectionnée à la guitare grâce aux leads guitaristes de ses groupes (et de son ex-mari également, j’imagine). Le morceau Kingyo no Hako se termine sur un regard perçant de Sheena sur les dernières paroles, puis ce regard semble ensuite se perdre au loin. Elle garde la guitare pour Gunjō Biyori, qui est tout de suite acclamé par la foule, ce qui fait plaisir à Kameda. Ukigumo change de guitare pour une autre Vox Phantom verte pomme. Le morceau est superbe, mais les morceaux rock vont de toute façon si bien au chant de Sheena. Ukigumo reste stoïque en toute circonstance, Izawa est polyvalent et le rejoint à la guitare, Kameda est tout sourire, Sheena est sérieuse et théâtrale avec sa guitare et Hata se déchaîne encore une fois à la batterie. Il semble infatigable et c’est lui qui donne tout le rythme au morceau. Pinocchio, une B-side du single OSCA, ralentit ensuite un peu la cadence. La foule est un peu dissipée pendant ce morceau car on entend des personnes parlées dans la salle, ce qui reste rare sur les DVD/Blu-ray du groupe. J’aime beaucoup ce morceau dont le chant fait des vagues. Il aurait très bien pu être sur l’album. On sent l’émotion monter lorsque Sheena pousse sa voix parfois très haut. Ceux qui aiment la voix de Sheena Ringo pourront trouver une certaine addiction dans ce morceau. J’aime énormément quand elle pousse sa voix à la limite.

Toshiki Hata prend maintenant la parole et demande à chaque membre du groupe de donner un petit message improvisé aux fans de tout le pays, sous un petit air de batterie. Mais Ukigumo se défile avec une excuse (« Gomen nasai ») et Izawa s’en tire avec un mot qui ne veut rien dire. Seul Kameda (bien sûr) fait un remerciement en bonne et due forme. Sheena échappe à ce petit exercice assez peu concluant en arrivant sur scène un peu après. Je ne doute pas que c’était volontaire. Nous sommes maintenant à la moitié du concert et Bōtomin démarre avec Izawa et Ukigumo assurant d’abord les voix. Sheena complète ensuite la formation sur ce morceau qui me semble un peu plus lent et tranquille qu’à l’habitude. Sheena a revêtu une nouvelle tenue jaune comme une chemise trop grande pour elle. Elle laissera tomber cette chemise sur le morceau suivant, Tsukigime Hime, pour ne garder sur scène qu’une tenue plus légère de couleur violette. Le violet a l’air d’être la couleur de la tournée car tout le groupe porte au moins un vêtement de cette couleur. Souvenons-nous que le vert était la couleur de la tournée Dynamite. J’ai toujours beaucoup aimé ce morceau sur l’album, notamment quand Ukigumo chante en français les mots « la princesse ». Sur ce morceau, Sheena reprend par intermittence cette voix de kabuki qu’elle complète même avec un petit mouvement de tête. L’ambiance est plus cool sur le morceau qui suit, Metro, chanté à plusieurs voix. On est là dans un moment plus calme du concert, peut être un peu trop calme d’ailleurs et le morceau Kaban no Nakami qui démarre ensuite reste également assez détendu. Ce ne sont pas forcément les morceaux qui fonctionnent le mieux en concert. Ce sont plutôt les sourires du groupe que je remarque dans ces morceaux, notamment Sheena lorsqu’elle joue du tambourin en regardant Hata à la batterie pendant que Ukigumo fait son solo sur sa guitare Vox. Kameda lui gardera toujours sa même vieille basse qui a certainement beaucoup vécu.

Marunouchi Sadistic est la partie obligée de chaque concert et la version ici est proche de celle qu’on connaît sur Sanmon Gossip, qui sortira deux années plus tard en 2009. On commence à bien connaître cette version et il n’a plus vraiment maintenant l’effet de surprise qu’il pouvait y avoir à l’époque. Mais le morceau est souvent l’occasion pour les membres du groupe de se connecter avec le public, ce qu’ils font bien ici. Sheena fait des mouvements de bras pendant pratiquement tout le morceau en défilant. Comme je le disais un peu plus haut, je trouve qu’elle est de manière générale beaucoup plus souriante sur ce concert. Le concert s’interrompt ensuite très brièvement comme si un morceau avait été coupé. Sheena reprend sa chemise jaune trop grande, ce qui est assez bizarre et qui ressemble à une coupure au montage. Mais on regardant la liste des titres joués pendant le concert, il n’y pourtant aucune omission sur le DVD. Le morceau suivant Senkō Shōjo est excellent, notamment pour le solo de guitare final. C’est un grand classique des concerts de Tokyo Jihen et il s’agit en fait d’un morceau inédit en concert à l’époque car il sortira plus tard sur l’album Sports. Sur Shiseikatsu, Sheena chante dans des rayons de lumière comme si elle était seule sur scène. C’est un morceau qu’on ne retrouvera pas sur d’autres concerts mais qui fonctionne pourtant très bien en live pour l’émotion qui se dégage de sa voix et l’imprégnation qu’elle y met. Le public applaudit. Suit un autre grand classique, Shuraba de l’album Adult, en version très rythmée car je trouve la batterie de Hata très présente sans pour autant être aggressive. J’aime beaucoup le petit passage au piano de Izawa sur ce morceau comme une deuxième voix quand il vient se conjuguer avec celle de Sheena. Kuronekodō démarre par un long passage de batterie sous les applaudissements. Le morceau est court mais au chant très rapide comme un chat qui s’échappe lorsqu’on l’a aperçu. Le fond d’écran derrière le groupe montre d’ailleurs un petit chat qui court. Sheena crie même « Nya » à un moment des paroles comme pour imiter le cri d’un chat. Ce morceau a une construction bizarre et atypique comme peut l’être Variety.

Toshiki Hata reprend une dernière fois la parole pour le dernier morceau du set, Killer Tune. L’interprétation de ce morceau apprécié du public est bonne mais pas forcément la meilleure que j’ai pu entendre. Les mouvements de mains sont nombreux et Sheena conclut le morceau par un message vers le public avant de sortir de scène en premier. Mais il y a quand même les rappels. Hata revient sur scène en premier en courant et vient se prendre en photo en selfie avec le public. Il n’est décidément jamais à court d’énergie. Tout le monde s’est changé pour une tenue plus relax. Le morceau B-side du single Killer Tune, Karada, chanté en anglais démarre les rappels dans une ambiance posée et tamisée et me donnerait envie de l’écouter en buvant un verre de whisky (en consommant bien sûr avec modération). L’accent est mis sur le clavier de Izawa, qui accompagne aussi à la voix avec Ukigumo par moments. Le maquillage de Sheena est joli avec des petites pastilles argentées au coin des yeux ce qui lui changent beaucoup le visage. Pendant une pause entre deux morceaux, des personnes dans le public lui crie des félicitations mais je ne comprends malheureusement pas à quoi ils font référence. Sheena répond « thanks » en anglais d’une manière presque inaudible, mais qui n’échappe pas à la capture du DVD. SSAW est ensuite chanté à deux voix avec Izawa. Ce morceau ressemble à une ancienne chanson japonaise Kayōkyoku et il est très beau morceau. Sheena sort ensuite de scène pour la vraie fin du concert. En fait non. Ils reviennent tous une dernière fois, Hata courant toujours sur scène devant les autres. C’est Tōmei Ningen, également un classique, qui conclura le set. Sheena chante en position de côté avec le petit drapeau rouge qui n’avait pas fait encore fait son apparition jusqu’à maintenant. Elle accentue le chant un peu enfantin sous le regard satisfait de Kameda. Il est souriant car c’est un morceau qu’il a composé. On le voit même s’empresser à venir sur le devant de la scène avec Ukigumo dans la deuxième partie du morceau. A la fin de ce dernier morceau du concert, Sheena sort en sautillant mais le reste du groupe prend son temps. Izawa reste volontairement le dernier sur scène pour imiter l’air de rien le comique Dandy Sakano (ダンディ坂野) avec son mouvement un peu ringard « Gets » (ゲッツ), mais les autres membres du groupe ne sont déjà plus là pour le voir. Le concert se termine sur ce petit geste comique presque dissimulé, comme si Izawa avait insisté pour le faire contre l’avis général.

Deux morceaux supplémentaires sont inclus en bonus sur le DVD. Ils proviennent du concert Countdown Japan 09/10 à Makuhari Messe. Il s’agit de Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) de l’album Sports, qui est en fait un montage vidéo de ce live. Sheena a les cheveux très courts, ce qui lui va très bien, et porte une robe rayée horizontalement noire et blanche avec les épaules découvertes. Toshiki Hata a les cheveux rouges à cette époque et les membres du groupe ont des tenues de scène originales. Le deuxième morceau est encore une fois Tōmei Ningen. La salle de Makuhari Messe est gigantesque, ce qui donne une impression très différente du concert à Zepp Tokyo sur Spa & Treatment. Je me demande si ce concert est visible en entier car il me semble avoir également vu Killer Tune sur YouTube, ou peut être est-il disponible sur le DVD de compilation live de 2012, Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー que je n’ai pas encore regardé.

Une autre partie bonus intitulée Nude: X-2 (ヌード:X-2) est présente sur le DVD. Il s’agit d’un enregistrement vidéo et d’un montage de photos créés par Toshiki Hata. Les photos sont tirées principalement des photographies de promotion de Sports avec Ikiru (le premier morceau de Sports) en fond sonore. Rappelons que le DVD était vendu pendant la tournée de Sports. On y voit aussi des photos prises pendant des sessions d’enregistrement. La vidéo amateur prise par Hata montre des scènes au Studio TERRA à Shinagawa, opéré par une filiale de Toshiba EMI. Ce studio a fermé ses portes le 30 Juin 2010, pendant la tournée Sports. Peut être que cette petite vidéo a été prise en souvenir avant la fermeture des lieux. Je me souviens avoir entendu ce studio mentionné dans d’autres vidéos de concerts de SR/TJ. La vidéo montre principalement Ichiyō Izawa préparant les paroles de FOUL. Sheena est à côté, cigarette à la main et rigole beaucoup avec lui, sur apparemment une histoire d’ovni, entre autres. La vidéo étant centrée sur Izawa, on le voit du coup sous un autre jour car il est en général plutôt réservé sur scène. L’ambiance est détendue et ça fait plaisir à voir. J’aime beaucoup ce genre de scènes, qui me paraissent même indispensable pour saisir l’atmosphère dans laquelle se trouve le groupe.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous les morceaux interprétés sur Spa & Treatment:

1. Fukushū (復讐), du 3ème album Variety (娯楽)
2. Sake to Geko (酒と下戸), du 3ème album Variety (娯楽)
3. Kabuki (歌舞伎), du 2ème album Adult (大人)
4. OSCA, du 3ème album Variety (娯楽)
5. Ramp (ランプ), du 3ème album Variety (娯楽)
6. Mirrorball (ミラーボール), du 3ème album Variety (娯楽)
7. Kingyo no Hako (金魚の箱), du 3ème album Variety (娯楽)
8. Gunjō Biyori (群青日和), du 1er album Kyōiku (教育)
9. Pinocchio (ピノキオ), présent en B-side du single OSCA
10. Bōtomin (某都民), du 3ème album Variety (娯楽)
11. Tsukigime Hime (月極姫), du 3ème album Variety (娯楽)
12. Metro (メトロ), du 3ème album Variety (娯楽)
13. Kaban no Nakami (鞄の中身), présent en B-side du single OSCA
14. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), du 1er album de Sheena Ringo Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
15. Senkō Shōjo (閃光少女), du 4ème album Sports (スポーツ)
16. Shiseikatsu (私生活), du 3ème album Variety (娯楽)
17. Shuraba (修羅場), du 2ème album Adult (大人)
18. Kuronekodō (黒猫道), du 3ème album Variety (娯楽)
19. Killer Tune (キラーチューン), du 3ème album Variety (娯楽)
20. (rappel) Karada (体), présent en B-side du single Killer Tune (キラーチューン)
21. (rappel) SSAW, du 3ème album Variety (娯楽)
22. (rappel 2)Tōmei Ningen (透明人間), du 2ème album Adult (大人)

7 commentaires

  1. Bonjour Frédéric,
    Je suis étonné de lire que l’album Variety soit le moins populaire de tous alors qu’il reste pour moi celui par lequel tout a commencé : il était diffusé dans le magasin de book off et après quelques chansons je n’ai pas pu résister !! Les vendeurs qui ne trouvaient pas le disque en rayon m’ont offert de me vendre celui qui était sur la platine :)

  2. Salut Nicolas, j’aime aussi beaucoup cet album. C’est en fait le seul où il n’y a aucun morceau dont la musique est composée par Sheena, car la composition des musiques est partagée entre Ukigumo et Izawa. Sachant que l’album précédent Adult et celui d’avant Kyōiku étaient presque entièrement composés par Sheena (à part trois morceaux chacun), ça fait un changement assez radical qui se ressent dans l’album, qui part à mon avis dans différentes directions. C’est en fait ce qui fait le charme de cet album, mais c’est aussi ce qui a dû décontenancer certains fans, j’imagine. Cet album est à mon avis charnière dans l’évolution du groupe, et c’est peut-être même la première concrétisation de ce que Sheena souhaitait faire dans le groupe, c’est à dire avoir y une place comme les autres et partager l’écriture. Après, la valeur ‘sentimentale’ que tu mentionnes que l’on peut avoir dans un album reste le principal !

  3. Je suis bien d’accord, et comme son écoute est en plus associée à un petit voyage, il a une plus value que la plupart des autres fans n’ont sans doute pas. En tout cas ta réponse m’encourage à me plonger dans les livrets pour faire une analyse fine des rôles de chacun dans la composition des chansons. J’ai souvenir qu’ils aiment utiliser des symboles pour identifier chacun des auteurs, ça devrait être amusant à décoder !

  4. Re-salut Nicolas, oui, c’est toujours une bonne idée de se plonger dans les livrets des CDs. Du coup, tu m’as intrigué avec cette histoire de symboles car j’en avais également un vague souvenir. J’ai réouvert tous les livrets des albums de Tokyo Jihen et j’ai l’impression que seul Variety mentionne des petits symboles en face de chacun des noms des membres du groupe. Il y a bien des petites raquettes colorées sur Sport, mais les symboles ne sont pas aussi intéressants que sur Variety.

    Il y a donc comme symboles:
    – Pour Sheena Ringo: une pomme 🍎 bien sûr, ça va de soit.
    – Pour Izawa Ichiyō: une feuille d’érable 🍁, ce qu’on peut comprendre du fait que son prénom veut dire « une feuille », mais je ne sais pas pourquoi l’érable a été choisi. Il faut savoir que Ichiyō n’est pas son vrai prénom car il s’agit de Keitaro, mais je ne sais pas sous quelle impulsion il a décidé de le changer.
    – Pour Ukigumo: un petit nuage ☁️, ce qui va de soit car ce surnom de Ryosuke Nagaoka inventé par Sheena veut dire « nuage flottant ».
    – Pour Kameda Seiji: une tortue 🐢 bien sûr, car Kame veut dire « tortue ». On entend d’ailleurs souvent Sheena l’appeler « Kame chin » dans les scènes backstage des concerts que j’ai pu voir en DVD.
    – Pour Hata Toshiki: c’est une épée ⚔️ car le kanji de son nom de famille (刄: やいば) veut dire « lame ». Bien que le nom de Hata soit son vrai nom, il a par contre changé le kanji pour celui-ci.
    – Et pour Tokyo Jihen, le paon 🦚, bien sûr.

    En regardant le livret, je vois que le design du packaging et du livret est fait par une agence appelée Central67, je pense qu’il s’agit à chaque fois de cette même agence pour toutes les sorties de SR/TJ.

  5. Petite correction: les mêmes symboles sont en fait utilisés dans le livret du DVD/Blu-ray du dernier concert News Flash, et je m’en souviens maintenant mais on les voyait également sur les écrans géants sur scène sur le morceau Botōmin (某都民) qui vient justement de l’album Variety. Je pense que c’est volontaire car News Flash se présentait comme une sorte de rétrospective de la carrière de Tokyo Jihen. Ce qui était sympa sur scène pour ce morceau, c’est que les écrans avec les symboles s’illuminaient pour chaque intervention vocale ou musicale des membres du groupe.

  6. Merci pour toutes ces précisions Frédéric !
    Cette discussion me met en appétit, j’ai vraiment hâte de découvrir le livret du prochain album…

  7. Merci à toi de me faire partir dans des recherches! Oui, j’ai aussi hâte de découvrir le prochain album et le livret surtout qu’il sera de 40 pages pour la version limitée, avec apparemment des photos du groupe.

Laisser un commentaire