ヒカリに

Je dépose Mari dans une rue près de Nishi-Shinjuku et profite d’une petite heure et demi pour explorer les alentours de la Mairie de Tokyo. Je connais bien sûr déjà ces endroits mais assez peu le parc central de Shinjuku (新宿中央公園). Je n’avais pas l’image d’un parc agréable pour la promenade, le sachant coincé à l’ombre des hautes tours de Nishi-Shinjuku, mais je m’étais trompé. En fait, je ne suis pas venu dans ce quartier depuis la construction de la grande tour d’habitation de verre au nom à rallonge Central Park Tower La Tour Shinjuku (セントラルパークタワー・ラ・トゥール新宿). On peut bien sûr crier d’effroi devant la multiplication des tours à Tokyo, mais celle-ci est presque transparente malgré sa taille imposante. Le verre des façades reflète les nuages et le bleu du ciel. Avec un peu d’inattention, on pourrait croire qu’elle a la faculté de se fondre dans le ciel. Les couples et les familles sont assez nombreux dans le parc qui est plus ensoleillé que je ne l’imaginais. Sur une place près de l’entrée, un marché aux puces est installé ce jour là. Je passe devant les stands posés à même le sol, au cas où il y aurait un trésor inattendu, mais je ne regarde que très distraitement étant persuadé de ne rien y trouver qui m’intéresserait. Les deux premières photographies du billet montrent la grande Marie de Tokyo conçue par Kenzo Tange. Lorsque je viens à Nishi-Shinjuku devant ces tours, je pense pratiquement à chaque fois au roman de Ryu Murakami (村上龍), Les Bébés de la consigne automatique (コインロッカー・ベイビーズ) publié en 1980, car c’est un des lieux clés de l’histoire sombre des deux demi-frêres Hashi et Riku. J’en avais parlé dans un billet de 2006 avec une photographie bleutée (à la Blade Runner diront certains) qui reste encore maintenant marquée dans mon esprit. Le temple ombragé de la sixième photographie s’appellant Jōfuji (淨風寺) est situé juste à côté de la grande tour de verre. Je ne lui trouve pas de qualités remarquables à part cette entrée recouverte d’arcs successifs. Les deux dernières photographies sont prises à Shibuya pendant une autre journée moins ensoleillée. Shibuya est en pleine reconstruction et les tours que je montre se trouvent au niveau de la nouvelle entrée Sud de la gare, derrière la tour Shibuya Stream placée au niveau de la rivière bétonnée de Shibuya. Et la dernière photo est particulière. Je recherchais depuis longtemps cet immeuble de métal gris d’apparence argentée avec une inscription SR. Je l’avais vu sur Instagram mais le lieu qui y était indiqué n’étais pas correct. Je ne le recherchais pas activement mais trouver ce petit building tout à fait par hasard au détour d’une rue m’a procuré une satisfaction certaine. Je ne me donnerais pas la peine d’expliquer pourquoi trouver un immeuble nommé SR m’intéressait tant.

Je suis enfin aller voir Kyrie no Uta (キリエのうた) de Shunji Iwai (岩井俊二) ce samedi matin à la première séance de 9h15 au cinéma Toho de Shibuya. C’est un film qu’il faut aller voir à Shibuya ou à Shinjuku, car certaines scènes du film à Tokyo se déroulent dans ces quartiers. J’étais d’ailleurs très surpris de voir que certains moments importants du film ont été tournés dans le parc de Nishi Shinjuku que je mentionne ci-dessus et que j’avais été visiter la semaine auparavant sans savoir qu’il était utilisé comme décor dans le film. Il m’arrive très souvent d’aller à un endroit puis inconsciemment me trouver à y retourner peu de temps après. Mari me fait souvent cette remarque et j’étais amusé de me rendre comprendre que ce phénomène s’appliquait également aux films, comme si la force de certains lieux me poussait à y revenir. J’allais voir Kyrie no Uta avec l’idée pré-établie que j’allais aimer le film, et je n’ai pas été déçu. J’ai en fait adorer l’atmosphère du film et les trois heures ont passé à toute vitesse. Il y a certainement quelques longueurs mais j’ai aimé partager ces moments avec les personnages du film. Le réalisateur Shinji Iwai sait être proche des émotions de ces personnages et arrive parfaitement à les montrer à l’écran. Il a une façon de filmer assez caractéristique à la fois proche des actrices et acteurs qu’il filme mais en même temps soucieux de les montrer dans leur environnement. Le film commence dans les terrains enneigés d’Hokkaido du côté de Shikaoi, et je repense tout de suite aux premières scènes dans les herbes folles d’Ashikaga dans All About Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて). Il y a quelque chose de contemplatif dans le cinéma de Shunji Iwai qui me plait beaucoup. Je ne vais pas raconter l’histoire du film car il faut mieux en savoir peu, ce qui était mon cas, avant de voir le film. On suit l’histoire de Ruka interprétée par AiNA The End (アイナ・ジ・エンド), dont c’est le premier rôle, à différentes périodes de sa vie. Elle a perdu en grande partie sa voix suite à un choc dans son enfance, mais arrive tout de même à chanter, ce qui devient son principal moyen de communication et sa raison d’être. La vie de Ruka, qui se renomme elle-même Kyrie (une référence à Kyrie eleison), est pleine de souffrances qu’elle intériorise depuis son enfance. Le film nous explique beaucoup de choses avec de très nombreux flashbacks et flashforwards passant de la petite enfance de Ruka à Ishinomaki (石巻市) à Miyagi en 2010 puis à Osaka en 2011, puis son adolescence à Hokkaido en 2018 jusqu’à la période actuelle en 2023 à Tokyo. Le lieu et le moment de la petite enfance de Ruka nous laisse deviner la nature du choc qui lui fera perdre la voix. Elle croisera la route de plusieurs personnes, interprétés par Hokuto Matsumura (松村北斗), Suzu Hirose (広瀬すず) et Haru Kuroki (黒木華), qui l’aideront dont son parcours. Le film durant trois heures, il prend le temps de couvrir l’histoire de celui et celles qui accompagneront Kyrie mais laisse aussi volontairement beaucoup de flou. Il y a de nombreuses scènes mémorables, notamment celles réunissant AiNA et Suzu avec cette dernière changeant de couleur de cheveux à chaque scène. Je repense notamment à une scène sur les plages de Sanmu (山武) à Chiba, où AiNA se lance dans une chorégraphie improvisée et imprévisible. Je comprends que c’est ce genre de choses qui a poussé Shunji Iwai à construire son film avec elle. La caméra nous donne l’impression d’y être, tout proche des mouvements, les pieds dans le sable. Comme sur All About Lily Chou-Chou, la musique, composée par Takeshi Kobayashi (小林武史), joue un rôle primordial. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je voulais absolument voir ce film, sachant que Shunji Iwai accorde une grande importance à la musique comme personnage à part entière de ses films. La perspective d’entendre chanter AiNA m’enchantait, et elle trouve tout à fait ses marques dans le film, par son jeu et son chant. On peut entendre plusieurs fois Kyrie et son groupe de rue, interpréter Awaremi no Sanka (憐れみの讃歌) que j’appréciais déjà beaucoup avant d’avoir vu le film, mais qui prend une nouvelle dimension après visionnage. L’histoire de Ruka/Kyrie m’a saisit dès les premières scènes, et je me suis laissé surprendre à nombreuses reprises pendant le film par l’émotion qu’il m’a procuré. Je me souviens qu’AiNA avait perdu il y a quelques années sa voix et le groupe BiSH était par conséquent mis en hiatus. Je ne peux m’empêcher de penser que Shunji Iwai s’est appuyé sur cette expérience pour construire son film. La voix actuelle d’AINA qui est toujours proche de la fracture, à la fois fragile et forte, correspond à la perfection au rôle du film, ce qui me fait également penser que Shunji Iwai a construit son film pour elle. J’aime les films de Shunji Iwai car il me parle d’émotions proches de celles que j’éprouve dans les musiques que j’écoute. Il met la musique au centre de ses films plutôt que de la concevoir comme un accessoire à la narration. J’écoute maintenant quelques morceaux de la bande originale du film, sur l’album intitulé DEBUT de Kyrie, le morceau clé mentionné ci-dessus bien sûr mais également quelques autres comme Hikari ni (ヒカリに) et Genei (幻影) qui me plaisent énormément. Alors que j’écris ces lignes, des images du film me reviennent en tête avec une rémanence similaire à la période de quelques jours suivant un concert lorsque j’en écris le rapport. Les émotions sont très similaires et j’ai déjà envie de les revivre en retournant voir le film. Il me fait maintenant penser à mon histoire de Kei, du songe à la lumière. Kei pourrait très bien être AiNA The End et Hikari, Suzu Hirose. On peut toujours rêver en attendant que je termine mon histoire.

悲しみもう何も無い、永遠にESCAPE

L’instant bucolique de la dernière photographie vient l’emporter malgré lui sur toute l’intensité urbaine des autres photos du billet. En plaçant cette dernière photo apparemment inadaptée au reste du flot d’images, je repense à un ancien billet intitulé Capsules Urbaines qui reste une sorte de modèle. J’ajoute souvent des images végétales et florales pour adoucir la densité du béton, de l’acier et du bitume, mais celles-ci viennent parfois accaparer toute l’attention. Ce n’est pas la première fois que je prends en photo des fleurs cosmos en contre-plongée avec vue sur le ciel. Le béton, l’acier et le bitume nous ramènent au sol, tandis que les cosmos regardant le ciel à la recherche du soleil couchant nous poussent à rêver au loin pour une échappée vers l’infini. Cette dernière photo a été prise quelque part à Nishihara entre Yoyogi et Sasazuka. Il y a quelques années (presque 10 ans en fait), j’avais beaucoup parcouru et photographié les rues de Yoyogi-Uehara et de Nishihara, notamment pour rechercher une maison sur une rue incurvée de Kazuo Shinohara, au point de très bien connaître toutes les rues du quartier et les endroits où l’architecture est remarquable. La première photographie du billet est prise à Higashi dans l’arrondissement de Shibuya. Cette grande baleine surgissant de l’océan est dessinée par Emi Tanaji (エミタナジ) sur une des façades du bain chaud sentō Kairyōyu (改良湯). J’y suis déjà allé une fois il y a deux ou trois ans.

En repensant justement aux bains chauds du morceau Energy Furo (エナジー風呂) que j’évoquais dans mon billet précédent, je me suis mis dans l’idée de rechercher d’autres morceaux faisant intervenir le son de tabla de U-zhaan (ユザーン). J’ai rapidement constaté qu’il y avait en fait plusieurs morceaux regroupant U-zhaan, Tamaki ROY (環ROY) et Chinza DOPENESS (鎮座DOPENESS). Un album du trio est même sorti en 2021. Il s’intitule Tanoshimi (たのしみ) et j’en découvre pour l’instant deux morceaux que j’apprécie beaucoup: Bunka et Summer Jam’95 (サマージャム’95). Ce dernier est une reprise d’un autre groupe de hip-hop japonais nommé Scha Dara Parr (スチャダラパー). Il y a une certaine nonchalance et un humour qui me plaisent bien dans les morceaux de ce trio. Le tabla apporte un côté apaisé qui contraste avec le phrasé rapide des deux rappeurs, sans que celui-ci ne devienne pour autant agressif. J’aime beaucoup la vidéo de Summer Jam’95, contenant de nombreuses scènes du quotidien des musiciens: U-zhaan jouant du tabla devant sa baie vitrée ouverte sur le jardin, Chinza descendant tranquillement une rue sur son skateboard en portant ses courses à la main, les trois partant pour une journée au bord de l’océan à Hayama en dansant à l’occasion des mouvements saccadés bizarres. Ces quelques morceaux du trio sont comme une échappée dans la musique que j’écoute d’habitude et ça me plait beaucoup.

Une fois n’est pas coutume, la musique qui suit est une installation sonore d’aéroport. On peut se demander quel peut bien être l’interêt d’écouter de la musique d’aéroport (à part peut-être celle de Brian Eno), mais le fait qu’il s’agisse d’Etsuko Yakushimaru (やくしまるえつこ) au commande a tout de suite éveillé ma curiosité. Elle a conçu la bande sonore, incluant musique et voix, que les voyageurs venant de l’étranger pourront écouter à leur arrivée dans la zone internationale du Terminal 2 de l’Aéroport de Tokyo Haneda. En plus de la musique d’ambiance que je trouve d’ailleurs un brin aquatique, la voix d’Etsuko Yakushimaru donne des messages d’accueil, donne l’heure et la météo du jour à Tokyo, entre autres. Les messages évoluent bien sûr en fonction de l’heure et des conditions météo. Ils sont énoncés en japonais, suivi de l’anglais avec un petit accent charmant. Je ne sais pas à quelle fréquence ces messages sont diffusés mais j’imagine qu’elle a dû enregistrer de nombreuses versions des voix de cette bande sonore, et qu’elle ne passe pas ses journées au micro de l’aéroport. Ce qui est agréable, c’est que sa voix n’a rien de l’automatisme formel qu’on peut entendre en général dans ce genre d’endroits. Ça me donnerait presque envie de prendre exprès l’avion vers l’étranger pour revenir à Tokyo et pouvoir écouter cette bande sonore nous accueillir. Cela donne tout de suite un air beaucoup plus cool et moderne à la moquette bleue un peu passée et aux murs gris clair des couloirs de l’aéroport. Je ne suis en fait pas vraiment étonné qu’elle expérimente ce genre d’installations sonores. Je me souviens d’une installation artistique au Mori Art Museum qui se construisait autour d’un morceau intitulé I’m Humanity (わたしは人類), et qu’elle a également présenté à l’étranger.

Je n’ai pas encore vu Kyrie no Uta (キリエのうた), le nouveau film du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二), avec AiNA The End dans le rôle principal, mais j’écoute beaucoup le single thème qui accompagne le film. J’ai déjà évoqué Awaremi no Sanka (憐れみの讃歌) dans un billet précédent, mas je ne résiste pas à l’envie d’en parler de nouveau car une version alternative vient de sortir sur YouTube dans le format The First Take. C’est une belle surprise de voir Yukio Nagoshi (qui accompagne souvent Sheena Ringo) à la guitare sur cette version. Le compositeur du morceau, Takeshi Kobayashi (小林武史), est lui au clavier et un orchestre de cordes vient supporter l’ensemble. AiNA laisse transparaître toute sa passion dans son chant et sa gestuelle, que ça soit sur YouTube ou dans l’émission Music Station ce Vendredi 20 Octobre 2023. Je ne voulais absolument pas manquer cette émission car Hitsuji Bungaku (羊文学) y interprétait également leur dernier single, More Than Words. C’était leur premier passage à Music Station et donc une étape de plus vers une reconnaissance mainstream. J’attendais une photo de Hitsuji Bungaku avec AiNA, et on a eu le plaisir de la voir publiée sur le compte Twitter de l’émission (je la montre également ci-dessus). Le Dimanche 22 Octobre 2023, AiNA était l’invitée de Riho Yoshioka (吉岡里帆) sur son émission du soir à 18h UR Lifestyle College. Dans cette conversation radio, j’aime beaucoup la manière naturelle d’AiNA de parler sans forcément essayer à tout pris de plaire. J’y ressens une authenticité certaine et je pense que c’est ce que les gens apprécient en elle. Nous étions en voiture de retour de Tachikawa et cette émission de radio qui m’accompagnait dans les rues du grand Tokyo la nuit était un très bon moment.

Dans ma playlist du moment, j’inclus également un morceau intitulé I.W.S.P par le groupe pop-rock Illiomote (イリオモテ). Il s’agit d’un duo composé de YOCO (ヨーコ) au chant et à la guitare ainsi que MAIYA (マイヤ) à la guitare et aux chœurs. Ce nom de groupe me fait penser à celui de l’île Iriomote à Okinawa, mais elles sont en fait originaires de Tokyo. Elles se connaissent apparemment depuis la maternelle et sont basées dans le quartier d’Ikebukuro qui sert également de décor à la vidéo de I.W.S.P. Je connaissais ce groupe pour avoir entendu un single à la radio. Il s’agissait certainement de it’s gonna be you car il aurait atteint le Top 10 du classement hebdomadaire TOKIO HOT 100 de la radio J-WAVE. Je vois plusieurs EPs à leur actif et une participation passée au festival Fujirock. Tout en restant plutôt indé, je comprends tout à fait l’engouement qu’on peut avoir pour le groupe car un morceau comme I.W.S.P est particulièrement dynamique et accrocheur tout alliant un son de guitares très proche du rock alternatif américain des années 90. En écoutant ce morceau, je me dis qu’il faudrait que j’approfondisse cette découverte en écoutant les EPs, mais j’ai déjà beaucoup d’autres choses à écouter et le temps finit par me manquer.

Dans un style différent, j’aime aussi beaucoup le morceau mélangeant sons classiques de piano et électroniques intitulé a no piano de Mukishitsu Norm. Cette formation se compose de deux musiciens se faisant appeler O02 et unhate. Ces noms de code sont bien mystérieux et on en sait très peu de choses sur cette formation, d’autant plus qu’elle n’a sorti pour le moment que deux morceaux incluant celui-ci, du moins si on en croit la discographie disponible sur iTunes. Le morceau commence d’abord par une voix parlée qu’on pourrait croire extraite d’une scène de film pour évoluer ensuite d’une très belle manière avec l’introduction de nappes électroniques et de toute sorte de glitches. La vidéo renforce également cette ambiance cinématographique mais plutôt que d’avoir l’impression de voir des scènes de films, on a plutôt le sentiment de voir des scènes filmées comme des répétitions.

Et pour faire un grand écart, j’écoute également un morceau du groupe I’s intitulé Eien Shōdō (永遠衝動). Ce groupe est en fait la formation rock entourant Ano (あの). Je suis loin d’être un inconditionnel de la voix d’Ano que ça soit en musique ou lors de ses interventions télévisées assez nombreuses depuis le succès du morceau accompagnant l’anime Chainsaw Man (NDLR: ちゅ、多様性。). J’avais écouté et apprécié quelques uns de ses premiers singles solo, puis je m’étais éloigné de sa musique ces derniers temps. À vrai dire, seulement certains types de morceaux d’Ano m’intéressent, ceux qui ne misent pas totalement sur sa voix. Celui-ci me plaît bien car il atteint une intensité jusqu’au cris qui m’intéresse beaucoup. En fait, comme pour AiNA, je ne doute pas de l’authenticité d’Ano. J’étais notamment amusé de voir Hitsuji Bungaku se faire prendre en photo avec Ano lors de l’émission CDTV du lundi 23 Octobre 2023. Le rock de Eien Shōdō est assez classique et c’est vraiment la tension vocale déraillante d’Ano qui le fait décoller.

Bon, et comment ne pas évoquer le décès soudain d’Atsushi Sakurai (櫻井敦司) à l’age de 57 ans d’une hémorragie cérébrale survenue suite à un concert au Zepp de Yokohama. Je me suis pris de passion pour la musique de Buck-Tick depuis plusieurs mois et j’avais même envisagé aller les voir en concert au mois de Décembre. Je n’en suis qu’à la moitié de l’écoute de leurs albums qui m’avaient petit à petit persuadé de l’importance de la musique du groupe dans le paysage rock japonais. J’avais enregistré 5 ou 6 concerts sur la chaîne WOWOW dans l’idée de les regarder progressivement. En rentrant ce soir, j’ai écouté leur avant dernier album Abracadabra avec une certaine tristesse et je regarde maintenant en écrivant ces dernières lignes un des derniers concerts de Buck-Tick au Nippon Budokan. La photographie ci-dessus d’Atsushi Sakurai avec Sheena Ringo est extraite du passage à l’émission Music Station le 29 Mai 2019.

駆けるインスピレーションが止められない

Les quelques photographies ci-dessus ont été prises à la fin de l’été peu de temps après notre retour de France. Elles étaient depuis longtemps en attente dans un billet en brouillon qui a changé de direction en cours de route. Ces photographies devaient initialement être regroupées avec celles du billet the day in question, avant que celui-ci prenne une tout autre direction, car je m’étais poser la question à ce moment là de savoir si je devais continuer à montrer des photos directement sorties de l’appareil photo sans ajouts personnels. Au final, je reviens finalement vers ce type de photographies mélangeant extraits de rues et éléments d’architecture. J’ai déjà montré plusieurs fois l’architecture des deux premières photos. Le premier bâtiment est la Bank Gallery (anciennement HH Style Armani Casa) conçue par Tadao Ando et le deuxième au bout de la rue est une résidence privée nommée Wood / Peel par Kengo Kuma. Je ne pense pas, par contre, avoir montré les bâtiments des deux dernières photographies car ce sont des constructions très récentes. L’avant dernière photo montre une partie du vitrage du building IDÉAL par Hiroshi Nakamura & NAP (中村拓志&NAP). La résidence de la dernière photographie a des formes superposées désaxées très intéressantes. Il s’agit Hillpeak Tokiwamatsu par Toyo Ito & Associates.

Suite à la découverte de quelques très bons morceaux de Kirinji sur son dernier album mentionnés dans mon précédent billet, je suis parti à la découverte des précédents albums pour voir s’il y avait quelques bons morceaux que j’aurais peut-être manqué. Sur l’album Cherish sorti en 2019, je découvre le sublime morceau Almond Eyes avec un featuring du rapper Chinza DOPENESS (鎮座DOPENESS). J’adore quand Kirinji mélange son univers musical avec le hip-hop. L’atmosphère du morceau est assez fantastique, notamment dans le mélange et le contraste des voix et dans la qualité de la composition musicale. J’aime beaucoup cet électro que j’imagine plein de néons. Il me semblait connaître, au moins de nom, Chinza DOPENESS et ma curiosité m’a poussé à rechercher d’autres morceaux où il intervenait. Il participe à un morceau intitulé Energy Furo (エナジー風呂) qui m’intrigue tout de suite par son titre car il s’agit d’un jeu de mot le faisant ressembler au titre emblématique Energy Flow composé et joué par Ryuichi Sakamoto (坂本龍一). Le « Flow » du morceau original est remplacé par le « Furo », signifiant le bain. Ryuichi Sakamoto participe en fait à ce morceau reprenant le thème principal d’Energy Flow. U-zhaan (de son vrai nom Hironori Yuzawa) interprète ce thème en utilisant un tabla, un instrument de percussions originaire de l’Inde du Nord, dont il est spécialiste. Ryuchi Sakamoto y apporte le piano et toutes sortes d’experimentations sonores bizarres. Au dessus de cette ambiance musicale atypique, les rappers Tamaki ROY (環ROY) et Chinza DOPENESS viennent ajouter leur flot verbal avec des paroles en lien avec le flot du bain chaud. J’aime beaucoup l’humour de leur dialogue, comme les moments où ils se répondent tous les deux avec les mots Tabun (たぶん) et Zabun (ザブン) qui se ressemblent phonétiquement et qu’ils répètent rapidement à la suite. « Zabun » correspond au son que fait une éclaboussure dans l’eau, et le répéter donne l’image qu’ils sont tous les deux dans un bain public Sentō à faire des vagues comme des enfants indisciplinés. Ce n’est pas la seule fois où Tamaki ROY et Chinza DOPENESS se retrouvent ensemble à rapper car ils se sont également réunis sous le nom de groupe KAKATO. Chinza DOPENESS a apparement participé à de nombreuses autres collaborations, notamment sur plusieurs morceaux du groupe HIFANA. Je retrouve ce nom de groupe avec une certaine nostalgie car j’avais beaucoup apprécié, il y presque 20 ans maintenant, leur morceau WAMONO aux sonorités rappelant Okinawa. Quand au musicien U-zhaan (ユザーン), sa fiche Wikipedia me fait réaliser qu’il faisait partie de ASA-CHANG&JUNRAY (ASA-CHANG&巡礼) dont j’ai déjà parlé pour le sublime morceau Hana (花). J’y vois d’autres noms connus, comme une collaboration avec Miki Furukawa (フルカワミキ) de feu SUPERCAR et avec le musicien électronique Rei Harakami que j’ai d’ailleurs découvert à peu près en même temps que HIFANA avec quelques superbes morceaux comme Owari no Kisetsu (終わりの季節). Je me rends aussi compte qu’U-zhaan jouait du tabla sur le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) de Sheena Ringo. Il apparait d’ailleurs dans la vidéo au côté d’Ukigumo. Il y est même crédité comme membre du groupe MANGARAMA créé pour l’occasion, mais il n’apparaitra pourtant pas lors des concerts faisant participé ce même groupe.

Une autre très bonne surprise dans la discographie de Kirinji est le morceau AI no Tohiko (AIの逃避行) sur lequel participe la rappeuse Itsuka (いつか) du duo hip-hop Charisma.com. Je n’ai pas entendu ce nom de groupe depuis longtemps, mais elles sont toujours actives avec un nouvel EP intitulé Mobstrong sorti en Juillet 2023 qu’il faudra que j’écoute. Du groupe, je ne connais en fait que deux morceaux Hate sur l’album I I Syndrome (アイ アイ シンドロム) sorti en 2013 et Iinadukeblue (イイナヅケブルー) sur DIStopping sorti en 2014. J’avais beaucoup écouté ces deux morceaux à leurs sorties mais je n’en avais pourtant pas parlé sur le blog, ce qui me surprend un peu. Je me souciais beaucoup moins de partager mes découvertes musicales à cette époque là. AI no Tohiko est le deuxième morceau de l’album Aiwo Arudake, Subete (愛をあるだけ、すべて) sorti en 2018. Je suis également épaté par la trame musicale de ce morceau faisant intervenir plusieurs voix, celle bien sûr de Takaki Horigome (堀込高樹), celles de Kotoringo (コトリンゴ) et d’Erino Yumiki (弓木英梨乃) qui faisaient partie du groupe Kirinji à cette époque, en plus des parties rappées d’Itsuka. L’ambiance musicale a un côté rétro avec certaines réminiscences du YMO qui me plait vraiment beaucoup, car c’est très dense, évolué et terriblement accrocheur. Bref, c’est un autre excellent morceau de presque six minutes de Kirinji. En remontant un peu dans le temps, je découvre également un autre morceau basé sur du hip-hop, mais il s’agit cette fois-ci de Rhymester. Il s’intitule The Great Journey sur l’album Neo de 2016. Ça me plait tout de suite beaucoup car la voix tout à fait remarquable de Rhymester m’est tout de suite familière. Ce morceau a également un flot à la fois fluide et inarrêtable. Certaines sonorités musicales me ramènent un peu vers l’univers musical de Towa Tei. J’adore particulièrement la longue outro du morceau se déroulant sur plus d’une minute. La voix d’Horigome y est très belle et les notes frénétiques du piano synthétique donnent une belle tension finale. Et je n’oublie pas le très beau morceau Saikai (再会) de l’album Crepuscular de 2021. Sur cet album, je connaissais déjà Hazeru Shinzō (爆ぜる心臓) avec la rappeuse d’Okinawa Awich et Hakumei (薄明) avec la musicienne et chanteuse France-japonaise Maika Loubté, deux morceaux absolument remarquables de Kirinji dont j’ai déjà parlé sur ces pages. Et en parlant de Maika Loubté, elle vient justement de sortir un tout nouveau morceau intitulé Melody of Your Heart qui est tout simplement beau.

Toranomon Hills Station Tower par OMA

La nouvelle grande tour Toranomon Hills Station Tower vient d’ouvrir ses portes à Toranomon le 6 Octobre 2023. Elle a été conçue par OMA (Office for Metropolitan Architecture), l’agence internationale d’architecture fondée entre autres par Rem Koolhaas en 1975. Station Tower vient s’inscrire dans le re-développement du quartier de Toranomon par Mori Building qui avait commencé par la Toranomon Hills Mori Tower (ouverte en Mai 2014), suivie par la Business Tower (Janvier 2020) et la Residential Tower (Janvier 2022). Ce nouvel ensemble Toranomon Hills reste fidèle au modèle de mini-villes intégrées initié avec Ark Hills à Tameike-Sanno et Roppongi Hills. L’ensemble est un projet d’urbanisme extensif incluant des interconnections entre les buildings et une nouvelle avenue, la Shin-Tora, qui avait été créée au moment de la construction de la tour Initiale Mori Tower et qui vient compléter la route circulaire numéro 2 (Ring Road No.2, 環状二号線). Une station de bus a également été créée, ainsi qu’une nouvelle station de métro sur la ligne Hibiya. Toranomon Hills a même une mascotte appelée tout simplement Toranomon (トラのもん) ressemblant à un Doraemon peint en blanc, représentant un robot businessman en forme de chat (猫型ビジネスロボット). La tour Mori Tower et la nouvelle Station Tower sont reliées pour un pont piéton large de 20m nommé T-deck passant au dessus de l’avenue Sakurada-dori et traversant le Glass Rock, un petit building de verre et d’acier aux formes asymétriques. Le Glass Rock donne un accès à la station de métro de la ligne Hibiya mais n’est pas encore ouvert dans sa totalité. Un long tunnel souterrain que je montre sur la dernière photographie du billet connecté la station Toranomon Hills de la ligne Hibiya à la station Toranomon de la ligne Ginza. La Station Tower n’est pas non plus entièrement ouverte. Il y a encore des travaux en cours à l’extérieur et à l’intérieur. Certains étages sont toujours fermés. J’étais pourtant assez impatient de voir cette nouvelle tour de près et je me suis créé une occasion de la visiter en allant chez le coiffeur situé au septième étage de la tour. Je n’avais jamais été me faire couper les cheveux en ayant une telle vue sur la ville, celle que je montre sur la deuxième photo du billet.

Les premiers étages de la tour Station Tower sont des espaces ouverts reliés par des escalators, formant un atrium de 2,000m². On est tout de suite impressionné par la richesse des lieux, pas spécialement une richesse des matériaux mais une richesse visuelle certaine. Cet espace est dense et visuellement intéressant. Les murs et les plafonds sont par exemple pour la plupart recouverts de matériaux de formes géométriques angulaires donnant un aspect futuriste à l’ensemble. Les escalators orientés dans différentes directions ont des parois de protection composées de verres colorés remarquables. La tour fait 266 mètres de haut pour 49 étages et 4 sous-sols. En plus des classiques espaces de bureaux, espaces commerciaux et l’hôtellerie, elle intègre également un espace dit de communication interactive appelé TOKYO NODE, situé en haut de la tour mais accessible à partir du huitième étage. TOKYO NODE contient des halls d’exposition, des galeries, une piscine, des restaurants, entre autres. Cet espace est particulièrement intéressant car il laisse penser que de nouveaux types de spectacle pourront y être montrés. Depuis l’ouverture, on peut voir jusqu’au 12 Novembre 2023 un spectacle intitulé Syn: Unfolded Horizon of Bodily Senses (身体感覚の新たな地平) faisant collaborer Rhizomatiks avec ELEVENPLAY sous la direction artistique de la chorégraphe MIKIKO. ELEVENPLAY est un groupe de danseuses dirigées par MIKIKO dont j’ai déjà souvent parlé ici car elles ont souvent participé aux tournées de Sheena Ringo. Saya Shinohara (篠原さや), membre du groupe, a également joué dans plusieurs vidéos de Sheena Ringo, comme celle de la nouvelle version remixée de JL005 bin de (JL005便で ~Flight JL005~), ou celles de Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭) et Kamisama, Hotokesama (神様、仏様). Le collectif créatif Rhizomatiks, créé par l’artiste et DJ Daito Manabe (真鍋大度), est spécialisé dans les effets spéciaux numériques. Rhizomatiks s’est fait connaître pour les effets visuels des performances du groupe Perfume (notamment Reframe en 2019, Time Warp en 2020 ou encore Polygon wave à la PIA Arena de Yokohama…) qui sont chorégraphiées par MIKIKO. En feuilletant un peu le site web de Rhizomatiks montrant leurs créations passées, je vois qu’il y a eu beaucoup de performances en collaboration avec ELEVENPLAY, mais j’y vois aussi quelques noms de musiciens étrangers comme Squarepusher pour les visuels de sa tournée japonaise de 2022 et UNDERWORLD avec SAKANACTION pour un live en Octobre 2022. Le prix d’entrée au spectacle du moment est certes un peu cher à 8,000 Yens par personne. On ne peut en voir qu’une courte vidéo, ce qui rend le tout très intriguant.

Je suis venu plusieurs fois voir cette tour grandir car sa construction a laissé rapidement apparaître des formes externes atypiques et une structure intérieure complexe, qui m’ont beaucoup intrigué. Je n’ai pas pris de photos à chacun de mes passages, mais j’ai au moins trouvé dans mes archives les deux ci-dessus prises de nuit le 25 Février 2022. Il y a quelque chose d’assez fantastique dans les constructions vues de nuit. Tout y est calme et seulement quelques lumières éclairent les enchevêtrements de poutres métalliques qui peuvent facilement devenir mystérieuses voire inquiétantes. Il faudrait que j’explore un peu plus ce type de photographies. Pour revenir au building dans sa forme actuelle, j’en montre quelques autres photos sur mon compte Instagram.

something in the air right above the palm tree

Idéalement placée en plein centre de Daikanyama près du palmier synthétique jaune et vert couvert de panneaux solaires, la nouvelle résidence conçue par Kengo Kuma semble être proche d’être terminée. Son design, utilisant le bois comme très souvent chez l’architecte, est élégant, du moins beaucoup plus que l’ancien centre commercial que cette résidence vient remplacer. Le palmier reste lui immuable et est devenu emblématique du quartier. En regardant de loin, on pourrait vaguement penser à un palmier au bord de mer dans une illustration de Hiroshi Nagai comme celle intitulée Shade of Palm Grove. Hiroshi Nagai est notamment connu pour la couverture de l’album City Pop A Long Vacation d’Eiichi Ohtaki, sorti en 1981. Je n’ai jamais été attiré par le style City Pop des années 1980 à part quelques morceaux découverts un peu par hasard sur Internet. Dans les rues de Daikanyama, je retrouve des autocollants de la fille au regard déterminé dessinée par Fuki Committee. Il est très actif à Shibuya et dans ses quartiers limitrophes. J’aurais voulu aller voir son exposition récente dans la petite galerie Night Out, mais le temps m’a malheureusement manqué. Je ne me souviens plus quel était l’objectif de cette marche. Il n’y avait sans doute pas d’objectif précis, à part celui de marcher en écoutant la musique que j’aime. J’ai à priori fait une boucle qui m’a ramené vers le centre de Shibuya, en passant devant Bunkamura. J’y prends en photo les affiches alignées car je reconnais l’ancien et photogénique Hôtel Belvédère construit en 1882 en Suisse qui doit apparemment apparaître dans un film de Wes Anderson. En fait non, il s’agit d’une exposition de photographies intitulée Accidentally Wes Anderson qui aura lieu du 25 Novembre au 28 Décembre 2023 dans le hall d’exposition du building Hikarie à Shibuya. Cette exposition semble très intéressante. À côté de cette affiche, il s’agit d’Élisabeth d’Autriche, surnommée Sissi, dans une pause singulière pour l’époque. Le film intitulé Corsage retrace la vie de Sissi pendant l’année 1878. Il est très peu probable que j’aille le voir, ceci étant dit, car l’affiche ne nous y invite pas vraiment.

Je parlais un peu plus haut de la galerie Night Out, que je voulais visiter depuis un bon petit moment sans pourtant trouver une bonne occasion. Les images des peintures de l’artiste Shigeki Matsuyama (松山しげき) pour son exposition Portrait of dazzle vues sur le compte Instagram de la galerie m’attirent tout de suite, et je me décide à aller les voir ce lundi, jour férié mais pluvieux. Je n’aime pas beaucoup marcher longtemps sous la pluie mais je ne voulais pas manquer de voir de près ces portraits tout à fait fascinants. La galerie se trouve dans une petite rue à quelques dizaines de mètres du musée Watarium. Elle est située au troisième étage d’un immeuble étroit et il faut sonner à l’interphone pour y entrer. La galerie se compose d’une seule grande salle rectangulaire composée de murs blancs et donnant sur une longue baie vitrée. L’espace est très lumineux et met d’autant plus en valeur les œuvres de Matsuyama posées sur chacun des murs. Sur ces portraits, le contraste entre les yeux très détaillés et expressifs et les formes des visages et des corps très simples et stylisées me fascinent. Il y a un mélange d’universalité et d’unicité dans ces représentations abstraites. C’est vraiment brillant car ces formes simples nous semblent familières sans forcément avoir une idée précise en tête de qui il pourrait bien s’agir. La plupart de ses figures sont féminines à part une seule posée à côté du comptoir de la galerie. Cette figure là semble masculine mais est en même temps androgyne. Je pense très vaguement à Grace Jones. En me voyant prendre de nombreuses photographies et m’attarder longtemps sur chaque œuvre, la personne tenant la galerie (je ne sais si elle est gérante ou seulement employée de la galerie) me demande si je connais personnellement l’artiste, ce qui n’est pas le cas. Étant seul dans la galerie, la conversation s’engage car cette personne est très sympathique. On parle des œuvres que l’on admire dans la galerie et j’en viens à expliquer les raisons pour lesquelles je connais cette galerie. Je l’avais découverte en faisant des recherches sur Internet après avoir pris en photo les autocollants de Fuki Committee comme celui montré ci-dessus. Elle me dit qu’elle en fera part à l’artiste Fuki-san qui sera certainement content d’apprendre le cheminement de cette découverte. Au passage, elle me donne des autocollants que je vais garder précieusement. J’ai très souvent pensé créer mes propres autocollants à partir de mes formes urbano-végétales pour ensuite aller les coller dans les rues de Tokyo, mais ça ne doit pas être autorisé. Je me retiens donc fortement.

Il y a un plusieurs semaines, j’ai entendu à la radio un nouveau morceau de Kirinji (キリンジ) intitulé Honomekashi (ほのめかし) qui m’a tout de suite attiré. Kirinji est depuis l’année 2020 le projet solo de Takaki Horigome (堀込高樹) et il était invité dans cette émission de radio (J-Wave, je pense) pour présenter son nouvel album Steppin’ Out, sorti le 6 Septembre 2023. Ce morceau Honomekashi est une collaboration avec un duo rock coréen appelé SE SO NEON (새소년). Ce n’est pas la première fois que j’entends Kirinji en duo avec un ou une artiste coréen. Le premier morceau que j’ai écouté de Kirinji était d’ailleurs le sublime Killer Tune Kills Me avec la coréenne YonYon. J’aime beaucoup Honomekashi car on s’y sent bien en l’écoutant, flottant loin au dessus de tout ce qui va mal dans ce monde. Avec Kirinji, j’aime quelques morceaux pris indépendamment mais je ne me suis jamais lancé dans l’écoute d’un album entier. Pourquoi ne pas essayer avec son dernier Steppin’ Out? Ça commence très bien avec le premier long morceau Runner’s High, que j’aime vraiment beaucoup, et ce dès les toutes premières notes électroniques cosmiques. J’aime aussi beaucoup la manière dont Takaki Horigome chante dans la deuxième partie du morceau tout en tension maîtrisée. Il y a clairement une ambiance City Pop, à laquelle je ne suis pas vraiment habitué. On qualifie de City Pop, toute la musique pop japonaise qu’on a envie d’écouter la nuit en ville en voiture en faisant durer le trajet pour pouvoir écouter l’album en entier (et optionellement le chanter en même temps). Enfin, c’est la définition que je donne et ça correspond parfaitement à ce morceau là de Kirinji. Le deuxième de l’album, nestling, est moins fort mais continue assez bien dans cette lignée City Pop. Kirinji a un sens très affuté de la mélodie. Malheureusement, les trois et quatrième morceaux me plaisent beaucoup moins et je décroche jusqu’au cinquième Honomekashi, qui m’interpelle à chaque fois. Le sixième morceau intitulé seven/four me plaît aussi énormément car il s’agit d’un instrumental jazz très atmosphérique. La suite m’intéresse de nouveau beaucoup moins. Au total, sur les neuf morceaux de l’album, j’en apprécie réellement que quatre. Je suis un peu déçu de ne pas pouvoir apprécier l’album en entier, d’autant plus que la couverture dessinée par l’illustrateur Naofumi Osawa “Miche” (みっちぇ) du studio Bōrei Kōbō (亡霊工房) est superbe. Ça sera peut être pour son prochain album. En entendant, ces quatre morceaux sélectionnés tournent très régulièrement dans ma playlist et je ne m’en lasse pas.