FRUiTS, Stripes & Burn

Je suis enfin aller voir de plus près le nouvel immeuble Tokyu Plaza HARAKADO (ハラカド) conçu par Akihisa Hirata (平田晃久) au croisement d’Harajuku. Je suis passé plusieurs fois devant en le prenant en photo en pleine construction. Il fait face à l’existant Tokyu Plaza OMOKADO (オモカド) par l’architecte Hiroshi Nakamura & NAP (中村拓志), qui est situé à l’exact opposé dans la diagonale du croisement. Les buildings se font en quelque sorte écho car on retrouve des éléments similaires entre ces deux bâtiments commerciaux pourtant conçus par des architectes différents, notamment les plaques de vitrages à angles variés et les jardins posés sur les hauteurs. Celui du nouveau HARAKADO est particulièrement développé, occupant plusieurs étages. S’y promener est très agréable car on a une vue très dégagée sur le carrefour et sur le Building OMOKADO de l’autre côté. Depuis un des balcons d’HARAKADO, certaines personnes faisaient même des grands gestes pour attirer l’attention des gens en face. Les gens se répondaient entre eux par des grands signes de mains. J’ai fait un tour rapide de l’intérieur du nouveau building mais il faudra que j’y reviennes plus tard. Je préférais en fait monter jusqu’au jardin du toit du building OMOKADO pour avoir une vue d’ensemble d’HARAKADO. On a vraiment l’impression que le jardin est creusé dans le building qui ressemble par ses formes irrégulières à une sorte de gros nuage.

Je voulais également voir l’exposition dédiée au magazine FRUiTS qui était consacré à la mode d’Harajuku de la toute fin des années 1990 et du tout début des années 2000. Ce magazine a été fondé par Shoichi Aoki, photographe de la mode urbaine de ce quartier (entre autres certainement) depuis 1985. Le magazine existe toujours maintenant mais a clairement connu son heure de gloire au début des années 2000. Il fait encore maintenant figure de précurseur influençant les jeunes générations. Depuis, d’autres publications digitales se sont consacrées à la mode d’avant-garde d’Harajuku comme l’excellent compte Instagram Tokyo Fashion, qui prend des photographies de jeunes tokyoïtes, souvent étudiants dans le domaine de la mode, le long de la grande avenue d’Omotesando. Je n’ai jamais acheté ni consulté la version papier du magazine FRUiTS, mais je suis depuis longtemps le compte Instagram du magazine montrant de très nombreuses photos d’archives de la jeunesse de l’époque. Ces photographies me parlent beaucoup car j’avais tout juste 20 ans à cette époque et j’ai de très bon souvenir de la population et des modes vestimentaires parfois très étonnantes qu’on pouvait voir à l’époque. Je revois donc ces photographies avec une bonne dose de nostalgie, mélangée à l’étonnement qui ne m’a jamais quitté. Cette mode Y2K n’a pas complètement disparue car on en retrouve certains éléments chez la jeunesse actuelle. Le Departement Store LaForet situé près du carrefour d’Harajuku présentait donc l’exposition FRUiTS ARCHIVE EXHIBITION 1997-2003+2024 du 27 Avril au 12 Mai 2024. Des photographies étaient montrées à différents endroits du Departement Store, mais je ne me sentais pas particulièrement à l’aise pour parcourir le bâtiment de fond en comble. A vrai dire, ça fait bien 20 ans que je ne suis pas entré à l’intérieur du LaForet Harajuku et la moyenne d’âge de la clientèle doit tourner au dessous des 20 ans. Un petit espace vendait des magazines d’archives et en montrait un très grand nombre sur un long stand. J’ai cherché celui avec Kyary Pamyu Pamyu en couverture, alors qu’elle était figure d’Harajuku mais pas encore chanteuse, mais je ne l’ai malheureusement pas trouvé. J’aurais certainement acheté ce numéro s’il avait été en vente.

Je voulais également revoir les portraits à rayures de Shigeki Matsuyama (松山しげき) qui étaient montrés dans la petite galerie LOVUS au sous-sol du magasin The SHEL’TTER du Tokyu Plaza OMOKADO. Cette exposition intitulée Portaits IV se déroulant du 30 Avril au 6 Mai 2024 montrait moins d’une dizaine de portraits mais l’espace de la galerie avait également la particularité d’être recouvert des mêmes motifs hachurés que les portraits. Le visiteur entrait donc en immersion quasi complète dans l’oeuvre de Shigeki Matsuyama. J’avais déjà vu deux fois l’année dernière des œuvres de cet artiste, à la galerie d’art Foam Contemporary liée au magasin Tsutaya de Ginza6 et à la galerie Night Out. Les yeux ultra réalistes de ces portraits conceptuels m’impressionnent toujours autant et l’envie de les revoir m’est à chaque fois irrésistible.

DAOKO vient de sortir son cinquième album le 22 Mai 2024, et je suis allé l’acheter dès le soir du jour d’avant au Tower Records de Shibuya, en mode Flying Get (フラゲ). J’étais très pressé d’écouter ce nouvel album intitulé Slash-&-Burn car j’adore le single déjà sorti Tenshi ga ita yo (天使がいたよ), dont j’ai déjà parlé sur ce blog et qui est un de ses meilleurs morceaux. Je voulais également écouter au plus vite cet album en préparation de son concert du 14 Juin 2024 dans la salle WWW X de Shibuya. Du nouvel album, je connaissais également le single Abōn (あぼーん), sorti l’année dernière, en Avril 2023, et dont j’avais également déjà parlé. DAOKO compose la grande majorité des morceaux et écrit ses paroles, mais fait appel à plusieurs arrangeurs différents, comme Hideya Kojima (pour Tenshi ga ita yo), DJ6月 (pour Abōn), entre autres. Nariaki Obukuro intervient sur le deuxième morceau intitulé FTS qui compte également dans les meilleurs morceaux de l’album mais demande plusieurs écoutes avant de vraiment se révéler. Je trouve que l’album est assez irrégulier car on y trouve des moments de pure pop comme NovemberWeddingDay qui est immédiatement très efficace et d’autres avec une approche beaucoup indie comme ONNA ou l’excellent Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2) qui compte parmi les morceaux que je préfère. Certains morceaux m’intéressent moins comme Sute chatte ne (捨てちゃってね), car je trouve l’ambiance un peu « gentillette ». Sur tous les albums de DAOKO que j’ai pu écouter jusqu’à maintenant, il y a toujours un morceau qui me convient moins. Mais ce que j’aime par-dessus tout chez DAOKO, ce sont les moments de transcendance comme sur le dernier morceau Akame no Biru (赤目のビル) qui est sublime, ou encore le troisième morceau SLUMP arrangé par GuruConnect. J’aime beaucoup la manière dont elle peut modifier sa voix sur certains morceaux, et par la même occasion de registre. Je trouve que c’est un point commun avec Sheena Ringo, sauf que c’est quasiment théâtral chez Ringo et c’est beaucoup plus feutré voire chuchoté chez DAOKO. Son phrasé est souvent très rapide. J’ai un peu de mal à classer sa musique dans le hip-hop mais elle rappe quand même souvent (et le Disk Union de Shimokitazawa la classe dans les rayons hip-hop). J’ai également un peu de mal à imaginer quel type de concert elle va jouer le mois prochain car ça sera à priori une formation plutôt rock avec batterie et guitare qui l’accompagnera. Il y aura forcément des claviers ou autres instruments électroniques, car c’est quand même une partie importante de son style musical. En fait, les morceaux de cet album sont un mélange, une sorte de melting-pot de styles, mais au final, on reconnaît immédiatement le style DAOKO. Elle a appelé cet album Slash & Burn pour exprimer le fait qu’elle faisait table-rase pour redémarrer de zéro. Je trouve cependant que l’approche musicale et stylistique n’est pas très éloignée de son album précédent Anima. Je découvre en même temps l’album Anima sorti en 2020, qui était en quelques sortes un retour vers la musique indé après les quelques énormes succès de sa carrière, notamment avec Kenshi Yonezu. Je ne pense pas que Slash & Burn contienne ce genre de méga-hit mainstream, mais peu importe, plus je l’écoute, plus j’ai envie de le réécouter. Mon autre petite crainte pour le concert de DAOKO est de voir quel genre de public viendra la voir. Par rapport à Tricot ou à AAAMYYY, j’ai un peu de mal à imaginer quel peut être son public type. Bon, et côté sélection musicale pour le concert, si elle est en mesure d’entendre ce que j’écris, je voudrais bien qu’elle interprète Tenshi ga ita yo (天使がいたよ), Akame no Biru (赤目のビル), Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2), SLUMP de son dernier album (à priori ça devrait le faire), MAD du MAD EP avec Yohji Igarashi, Anima, Achilles tendon (アキレス腱), Otogi no Machi (御伽の街) et Kaeritai! (帰りたい!) sur l’album Anima, Nice Trip sur l’album Shiteki Ryokō (私的旅行), Onaji Yoru (同じ夜) et ShibuyaK de l’album Thank You Blue, et Suisei (水星) de son album DAOKO. On verra dans quelques semaines si tout va bien.

sakura overload (un fleuve urbain)

Les sakura étaient cette année comme une belle princesse qui se fait attendre à une réception (ou comme une rockeuse en kimono qui tarde à monter sur scène). Les cerisiers en fleurs se sont fait attendre en arrivant beaucoup plus tard que d’habitude, et en bouleversant par la même occasion l’organisation des diverses festivités ponctuelles accompagnant leur arrivée. La floraison est aussi imprévisible qu’éphémère et on nous avait assez répété à la télévision que ce week-end était le moment ou jamais pour apprécier les cerisiers en fleurs cette année. On sait que pluie et vent nous attendent la semaine prochaine, et il faudra être stratégique pour pouvoir profiter pleinement des paysages fleuris avant le point de non-retour. Cette présentation de la situation semble bien dramatique mais il n’en est rien. Cela fait 25 ans que je vois des cerisiers en fleurs tous les ans et l’effet de surprise s’est quelque peu estompé. Malgré cela, nous restons tout de même comme hébétés devant la beauté de ces cerisiers quand ils sont à leur pic de floraison. Je me demande bien quel effet addictif ces arbres parviennent à nous transmettre. On ne se lasse pas de les regarder et on éprouve à chaque fois le besoin renouvelé de partir à leur recherche, que ça soit dans l’environnement urbain proche de nous ou dans les campagnes aux alentours de la ville. Nous essayons en général de profiter des deux. Et les Sakura ne sont jamais aussi beaux que quand ils se réunissent pour former des toits ou des tunnels. L’avenue Meiji entre les carrefours de Tengenjibashi et de Shibuyabashi est trop large pour que les cerisiers de chaque coté se rejoignent pour former un tunnel mais l’endroit n’est en pas moins magnifique en cette période. Les cerisiers sont ensuite plus petits et moins fleuris entre Shibuyabashi, au niveau de la salle de concert Liquidroom que je montre en photo, et la station de Shibuya. L’avenue Meiji est souvent le premier endroit où je vais admirer les cerisiers en fleurs et naviguer cette rivière urbaine en voiture est à chaque fois une belle expérience.

Et pour accompagner la beauté parfois oppressante des cerisiers, je sélectionne quatre morceaux à tendance hip-hop plus ou moins marquée. Je n’avais jusqu’à maintenant jamais vraiment eu l’idée d’écouter la musique du groupe Kroi. Je pensais, pour je ne sais quelle raison, que leur style musical n’était pas pour moi. Je me rends compte que c’était une erreur en écoutant le single Hyper sur un EP du même nom sorti en Octobre 2023. Kroi est un groupe de Tokyo créant sa musique en fusionnant les genres, entre rock et hip-hop mais aussi Funk, Soul et R&B. L’idée du groupe est de créer une nouvelle musicalité en mélangeant tous ces styles musicaux et c’est en fait la signification de leur nom de groupe. Kroi vient du mot Kuroi (黒い), « noir » en japonais, qui est la couleur résultante lorsque toutes les couleurs sont mélangées. Kroi a été fondé en 2018 par Reo Uchida (内田怜央), au chant et guitare, et Yūki Hasebe (長谷部悠生), à la guitare, accompagnés de Masanori Seki (関将典) à la basse, Hidetomo Masuda (益田英知) à la batterie et Daiki Chiba (千葉大樹) aux claviers. Le morceau Hyper que j’écoute en ce moment correspond tout à fait à cet esprit de fusion musicale. Le tout début du morceau commence par une guitare très lourde et la voix sombre de Reo Uchida me rappellerait presque le grunge hardcore d’Alice in Chains, mais l’ambiance du morceau change très vite avec une voix rappée et un rythme extrêmement dynamique mélangeant même les cuivres. Ce melting-pot musical a une construction certes atypique mais montre une très grande maîtrise. Ce style aux apparences chaotiques n’est pas sans me rappeler l’approche stylistique du Millenium Parade de Daiki Tsuneta. Je ne soupçonnais pas que Kroi créait une musique aussi dense et maîtrisée. On reste ensuite dans les ambiances hip-hop avec le morceau Jibun no Kigen ha Jibun de Toru (自分の機嫌は自分で取る) d’ASOBOISM, sur son album YOLO sorti en Août 2023. ASOBOISM est compositrice, interprète et rappeuse originaire de Totsuka dans préfecture de Kanagawa. Je connaissais son nom depuis quelque temps car elle évolue dans les cercles du hip-hop féminin proche d’Akko Gorilla (あっこゴリラ) et de Valknee dont j’ai déjà parlé sur ce blog. Akko Gorilla participe d’ailleurs au morceau d’ASOBOISM que j’écoute en ce moment avec une autre rappeuse nommée CLR. J’aime beaucoup les nappes musicales enveloppantes et vaporeuses de ce morceau et la manière dont la voix rappée d’ASOBOISM et des deux invités viennent s’y intégrer d’une manière parfaitement fluide. C’est un superbe morceau qui a même un petit quelque chose de relaxant. Le morceau de Valknee, Not For Me, de son premier album Ordinary sorti le 10 Avril 2024, a en comparaison une trame musicale de synthétiseur beaucoup plus agressive. J’ai toujours aimé cette approche sans concession mélangée à la voix rap tout à fait atypique de Valknee, mais j’avais un peu perdu le fil ces dernières années. J’aime beaucoup ce morceau, même si je ne suis pas certain d’écouter tout l’album. De l’album, le morceau Loose est très particulier dans sa manière de forcer les fins de phrases, mais démontre qu’elle maîtrise extrêmement bien son flot. Elle n’intègre pas de coréen dans ses morceaux, ce qui est un peu dommage car j’adore quand elle le mélange avec le japonais, mais elle garde un certain accent de Kanagawa. DAOKO vient de sortir un nouveau single Tenshi ga Itayo (天使がいたよ) qui est assez génial, très rythmé et dense musicalement dans une ambiance de néons que j’adore. Ce morceau sera à priori sur son cinquième album Slash-&-Burn qu’elle vient d’annoncer et qui sortira le 22 Mai 2024, accompagné d’une petite tournée de deux dates à Osaka et Tokyo en Juin à laquelle j’aimerais bien assister, si le fan club (dont je ne fais pas partie) ne raffle pas toutes les places. Vue qu’elle n’a pas sorti de nouvel album depuis quatre ans, avec Anima, j’imagine qu’il n’y aura pas beaucoup de places disponibles. Ça fait en tout cas plaisir d’écouter ce genre de morceaux où DAOKO semble trouver parfaitement sa place, à mi-chemin entre la J-POP mainstream et une approche musicale beaucoup plus indépendante.

rouge comme le feu

Je mentirais si je disais que je n’avais pas fait le déplacement exprès pour aller voir ses affiches géantes de la compositrice et interprète a子 dans centre de Shibuya. On pouvait voir ces grandes affiches à plusieurs endroits à Center-Gai et près du parc Miyashita. Ce mode d’affichage n’est pas rare à Shibuya et je me souviens d’une campagne d’affichage pour l’agence Wack, mais qui allait cependant plus loin dans le mode guérilla. J’aime en tout cas le côté ludique d’essayer de découvrir toutes les affiches et de les prendre en photo dans leur environnement urbain. Cet affichage correspond à la sortie de son premier single intitulé Planet (惑星) sur un label majeur, IRORI Records sur Pony Canyon. J’avais déjà parlé de ce single dans un précédent billet et je pense d’ailleurs avoir évoqué sur ce blog tous ses nouveaux singles et EPs depuis ses débuts au fur et à mesure de leurs sorties. Ça fait en tout cas plaisir de la voir grimper les échelons. Des affiches sont également placées au niveau de l’ancien cinéma Rise, actuellement salle de concert WWW et WWW X où j’avais été la voir avec son groupe pour son premier Oneman Live. Cette photographie prise par la photographe YONNLIN est très réussie car elle donne une impression nuancée du visage de a子 entre apaisement et feu intérieur comme le rouge extravagant de sa chevelure.

Si je ne me trompe pas, AAAMYYY n’avait pas sorti de nouvelle musique en solo depuis le EP Echo Chamber sorti en Juillet 2022. Ça fait beaucoup de bien d’entendre à nouveau la voix légèrement voilée immédiatement reconnaissable d’AAAMYYY sur un nouveau single. Ce single s’intitule Savior. Il est sorti le 10 Février 2023 et est co-produit par Wataru Sugimoto (杉本亘) aka MONJOE. L’esprit du morceau est assez fidèle à ses précédents morceaux. Il est extrêmement bien produit ce qui donne une grande fluidité à son chant même si elle alterne constamment entre le japonais et l’anglais. Cette fluidité et la dynamique du flot parfaitement millimétré me plait vraiment beaucoup, d’autant plus que la voix d’AAAMYY qu’on a tendance à imaginer comme un peu nonchalante s’y accorde parfaitement. D’après l’affiche du concert Option C du 7 Mars 2024, on retrouvera MONJOE comme DJ/MP (MP pour Music Producer, j’imagine). Les invités confirmés seront assez nombreux. Je ne suis pas surpris de voir TENDRE sur l’affiche car il participe souvent aux morceaux d’AAAMYYY. Parmi les noms mentionnés, on trouve Shin Sakiura qui a arrangé plusieurs de ses morceaux, les rappeurs Ryohu et (sic)boy qui ont chantés en duo sur certains de ses morceaux, notamment le superbe Hail pour (sic)boy, KEIJU qui est également rappeur mais je ne connais pas de morceaux sur lequel il était en duo avec AAAMYYY. Je lui connais seulement une participation au morceau Link Up de Awich. Je lis sur l’affiche d’autres noms comme Shō Okamoto (オカモトショウ) du groupe OKAMOTO’S, Zata, entre autres. Je suis assez curieux et impatient d’entendre ce que ça va donner. Le morceau intitulé Fukashi Tentai (不可視天体) a été composé par DAOKO en utilisant le synthétiseur VOCALOID V AI Juon Teto (重音テト). Elle a en fait soumis ce morceau de manière anonyme et en tant que rookie sur la chaîne Nico Nico Dōga (ニコニコ動画) à l’occasion d’un événement Vocaloid appelé The VOCALOID Collection ~2024 Winter~. Le nom qu’elle a utilisé pour son compte est ▷△○◁○ et on peut assez facilement noter la correspondance avec son nom d’artiste. Elle a de toute façon vendu assez rapidement la mèche sur Twitter, ce qui a suscité un heureux étonnement de la communauté VOCALOID sur Nico Nico Dōga. Dans son message Twitter, elle précise qu’il s’agit de la première œuvre musicale qu’elle réalise entièrement par elle-même. Et ce morceau Vocaloid, qui a été également publié sur YouTube quelques jours plus tard, est une belle réussite. J’adore la trame électronique d’apparence irrégulière et la voix rappée de Daoko un peu différente que d’habitude, un peu plus masculine dirais-je. Elle pourrait très clairement réaliser un album entier dans cet esprit. Le groupe SUSU (好芻) est un des projets parallèles d’Ikkyu Nakajima (中島イッキュウ) avec Kanji Yamamoto (山本幹宗). J’avais déjà parlé du mini-album intitulé Gakkari sorti en Septembre 2022, et le duo a sorti quelques nouveaux morceaux dont le single Cacao (カカオ) que j’aime beaucoup. L’ambiance générale assez cool et rêveuse de ce nouveau single reste fidèle aux morceaux que l’on connaît du mini-album, mais assez éloigné des rythmes souvent endiablés de Tricot. La musique de Tricot me manque d’ailleurs un peu car elles n’ont pas sorti de nouveau morceau ou album depuis un bon petit moment. J’essaie en tout cas d’aller les voir une nouvelle fois en concert au mois de Mai, mais les places sont soumises à une loterie donc c’est pas gagné et ma première tentative a échoué. Le fait que la première partie soit le groupe PEDRO, dont je parle de temps en temps sur ces pages, doit rendre l’obtention des places plus compliqué. Pour terminer cette petite sélection, je reviens encore une fois vers le rock du groupe Haze mené par Katy Kashii (香椎かてぃ) avec le mini-album intitulé Noize sorti le 31 Octobre 2022. Deux morceaux y sont particulièrement accrocheurs: Hikikomori Rock (引きこもりロック) et Gyalgal (ギャルガル). Sur le Hikikomori Rock, Katy démarre par une invective Boku no Hikikomori ga Rock ni Naru (僕の引きこもりがロックになる), qui interpelle. J’aime beaucoup l’agressivité accompagnée par les guitares qui rythment le morceau, avec toujours la voix de Katy à la limite du brut et roulant par moments les « r ». Le Hikikomori du titre et des paroles démarrant le morceau, fait référence au syndrome extrême d’isolement de toutes relations sociales qui touche certains adolescents. Dans ce morceau, Katy semble signifier que le Hikikomori s’est transformé pour elle en énergie rock. Ce single a pour sûr beaucoup d’énergie à revendre. Le morceau Gyalgal (ギャルガル) fait participer tous les membres du groupe au chant. On ne peut pas dire qu’elles chantent toutes très bien, mais ça contribue à cet esprit rock qui se base plus sur l’énergie que sur la justesse du chant. Et encore une fois, cette énergie est particulièrement présente, notamment au moment du refrain qu’on attend avec une certaine impatience à chaque écoute.

fiche de navigation tokyoïte numéro 2344

Je n’avais pas marché depuis Shibuya jusqu’à Shinjuku depuis plusieurs semaines ou même mois, et je pense que ça m’avait manqué. Je prends un peu moins de photographies que d’habitude ces dernières semaines, et je pense que la période froide hivernale y est pour beaucoup. En écrivant ce titre de billet, je me remémore les Karoshi Reports de Xavier Guilbert qu’il écrivait depuis son arrivée au Japon en Octobre 1998. À ma connaissance, Karoshi Report doit en quelque sorte être le premier blog francophone sur le Japon avant même que le système du blog n’existe. Je me souviens à cette époque avoir été impressionné par ces petits billets très bien mis en page, qui évoquaient sous la forme d’un journal personnel des épisodes de sa vie quotidienne au Japon. Je n’y trouvais bien sûr pas beaucoup d’éléments de surprise, tout simplement parce qu’il parlait d’un Tokyo que je côtoyais également et qui ne m’étonnait donc déjà plus. Ceci étant dit, j’avais un respect certain pour ce travail et je pense que je devais même être un peu envieux. Je pense en tout cas avoir été influencé par ce carnet web et cette approche dans l’écriture de mes propres billets quelques années plus tard et dans le souci de mise en page. Après toutes ces années, c’est agréablement surprenant de voir que ce premier blog tokyoïte est toujours là et n’a pas disparu de la toile. A cette époque là, j’avais déjà un site web personnel appelé Okaeri sur lequel je prenais beaucoup de plaisir à expérimenter des designs. J’avais également un journal de bord, que j’ai d’ailleurs transféré sur ce blog (il s’agit des pages avant Mai 2003 dans les archives), mais je n’y écrivais pas grand chose et pas très souvent. Karashi Report doit contenir une soixantaine de billets couvrant quelques années seulement. Pour Made in Tokyo, j’en suis maintenant au 2344 billet après plus de vingt années. Certaines photographies de ce 2344ème billet ont été prises le jour du passage à l’âge adulte Seijin no Hi (成人の日) pour les filles et les garçons de 18 ans (c’était 20 ans il y a peu). Me dire que mon garçon va bientôt arriver à cet âge me donne un sentiment bien étrange. On pouvait voir quelques personnes habillées en kimono pour l’occasion. Je n’ai pas cherché à tout prix à prendre des kimonos en photo mais ces deux filles sont tout d’un coup sorties de nulle part devant moi pour ensuite s’envoler quelques secondes plus tard. J’ai juste eu le temps d’appuyer sur le déclencheur.

Suite à l’écoute de son album éponyme de 2015, je continue l’écoute progressive des albums de DAOKO avec Thank You Blue sorti en Décembre 2017. Cet album contient un certain nombre de morceaux que je connaissais déjà dont ShibuyaK par lequel j’ai d’ailleurs découvert sa musique et le très beau Onaji Yoru (同じ夜) dont j’avais déjà parlé dans un billet précédent. Onaji Yoru doit être un des plus beaux morceaux de sa discographie et je ne découvre que maintenant qu’il a été co-écrit avec Daigo Sakuragi (櫻木大悟) de D.A.N. et co-composé avec D.A.N. Je comprends maintenant beaucoup mieux la force d’attraction que ce morceau exerce sur moi. L’ensemble de l’album a clairement une approche beaucoup plus pop et mainstream que son album précèdent. On le note dès le premier morceau en duo avec Yonezu Kenshi (米津玄師), Uchiage Hanabi (打上花火), qui a eu un énorme succès commercial. Je pense avoir également parlé du deuxième morceau Step Up Love (ステップアップLOVE) en duo avec Yasuyuki Okamura (岡村靖幸), car j’adore la vidéo réalisée par Yuichi Kodama (児玉裕一), qui réalise également celle de ShibuyaK. Je pense même avoir aimé la vidéo avant ce morceau à l’approche très pop. C’est intéressant de constater le grand nombre de collaborations sur cet album. Je suis assez surpris de voir la bassiste de Sakanaction (サカナクション), Ami Kusakari (草刈愛美), jouer sur le morceau GRY et Keiichi Ejima (江島啓一), le batteur de Sakanaction, composé l’avant-dernier morceau Cinderella step. Le dernier morceau One Room Sideside Step (ワンルーム・シーサイド・ステップ) est un de mes préférés de l’album, notamment pour le rythme de ses percussions. J’étais également surpris de voir qu’il a été co-composé avec Tempalay. Le DVD accompagnant le CD et contenant sept vidéos démarre d’ailleurs par un court morceau intitulé Charm Point (チャームポイント) co-composé et arrangé par AAAMYYY (de Tempalay). Parmi les collaborations, on retrouve Oresama à la composition sur les morceaux ShibuyaK et BANG!, et le musicien Taku Inoue dont j’ai déjà évoqué le projet Midnight Grand Orchestra avec Hoshimachi Suisei (星街すいせい). Le morceau Daisuki (ダイスキ) avec l’artiste électronique TeddyLoid, qui composera plus tard le morceau polymorphe Odo (踊) avec Giga pour Ado, compte également parmi mes préférés. J’aime la manière par laquelle DAOKO intègre régulièrement ses parties rappées rapides, avec un ton très différent à la limite de la schizophrénie. La vidéo représente d’ailleurs bien cette double facette. DAOKO a une capacité certaine à bien s’entourer et à bien entourer les autres. Rappelons qu’elle a chanté en duo avec Beck sur le morceau Up All Night, sorti à cette même période en 2017, et qu’elle apparaîtra plus tard en chat noir lors du concert de Sheena Ringo de 2023, Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常), sur le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) dans sa version remixée par MONDO GROSSO. Cette représentation était pour moi le meilleur moment du concert et me laisse encore maintenant une très forte impression. Ce concert n’est en fait pas le seul lien entre DAOKO et Sheena Ringo. A part le fait que j’ai l’impression que le morceau Onaji Yoru est une référence directe au morceau du même titre de Sheena Ringo, elle a également repris Kabukichō no Jōo (歌舞伎町の女王) sur le DVD accompagnant l’album, dans une version électronique très intéressante avec paroles supplémentaires, et on la voit également collaborer avec le rapper Mummy-D, la chorégraphe MIKIKO et les danseuses d’Elevenplay, sans compter les vidéos de Yuichi Kodama, tous proches de Sheena Ringo. En repensant au fait que DAOKO est également très amie avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, car on les voit régulièrement ensemble sur les réseaux sociaux (je pressens un duo un jour ou l’autre), je me demande si elle ne serait pas le point de pivot entre toutes les musiques que j’aime.

Au Disk Union de Shibuya, je trouve également le CD du troisième album de DAOKO (sur une major), Shiteki Ryokō (私的旅行) sorti en Décembre 2018 et je fais donc un achat groupé avec le CD+DVD de Thank You Blue. J’aurais aimé trouvé l’album Anima (2020) qui a reçu de bonnes critiques à mon souvenir, mais on ne sait jamais à l’avance ce que l’on va trouver au Disk Union. Ça fait d’ailleurs partie du plaisir. De l’album Shiteki Ryokō, je connaissais déjà deux morceaux, à savoir le single Owaranai Sekai De (終わらない世界で) et Nice Trip. Je réécoute Owaranai Sekai De avec un plaisir certain, d’autant plus que je me rends compte maintenant qu’il a été composé et produit par Takeshi Kobayashi (小林武史), dont je parle beaucoup ces derniers temps (notamment sur mes billets sur Kurkku Fields et Kyrie no Uta), avec Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique. Nice Trip est également un des meilleurs morceaux de cet album, sinon le meilleur. Il est composé par le groupe Boom Boom Satellites, formé par le guitariste et chanteur Michiyuki Kawashima (川島道行) et le bassiste et programmeur Masayuki Nakano (中野雅之). Le groupe a cessé ses activités en 2018 suite au décès de Kawashima en Octobre 2016. De Boom Boom Satellites, je ne connais que l’album Photon sorti en 2002 que j’avais acheté à l’époque, attiré par sa superbe pochette spatiale sombre dessinée par Mitsuki Nakamura (中村光毅), qui a notamment été directeur artistique de Mobile Suit Gundam (機動戦士ガンダム) et de Nausicaä de la Vallée du Vent (風の谷のナウシカ). J’avais également été attiré par quelques très bons morceaux comme Pipper, Let it lift, entre autres. Je pensais avoir oublié cet album dans les profondeurs de ma discothèque personnelle, mais il est bien présent sur mon IPod parmi les 10,338 morceaux qu’il contient. Je retrouve son atmosphère sombre et sophistiquée mélangeant sons électroniques et électriques de guitares avec de nombreux passages de saxophone du musicien jazz Nao Takeuchi (竹内直). Kawashima chante, ou parle plutôt, uniquement en anglais et se fait parfois accompagner par une voix féminine, celle d’une chanteuse nommée Dice, sur deux morceaux Light my fire et 40 -FORTY-, qui comptent également parmi les plus remarquables de l’album. Pour revenir sur l’album Shiteki Ryokō, DAOKO y reprend Uchiage Hanabi (打上花火) mais en version solo, et on se demande un peu pourquoi car la version en duo avec Yonezu Kenshi sur Thank You Blue reste tout de même meilleure. Elle a en fait interprété ce morceau seule à l’émission NHK Kōhaku le 31 Décembre 2018. Je me suis interrogé si cette version solo n’avait pas été seulement conçue pour passer à Kōhaku, sachant que Yonezu Kenshi évite ce genre de manifestations télévisées, mais après vérification, la voix de Kenshi Yonezu était bien présente malgré son absence sur scène. Le deuxième morceau et single de l’album, Bokura no Network (ぼくらのネットワーク) composé par Yasutaka Nakata (中田ヤスタカ) est étonnant dans le mauvais sens du terme, car la voix de DAOKO ressemble tellement à celle de Kyary Pamyu Pamyu (きゃりーぱみゅぱみゅ) que ça devient du mimétisme. Certaines manières de chanter sont également ressemblantes, et la composition de Nakata aurait très bien pu convenir à Kyary. Ce morceau contraste avec le reste de l’album et je préfère souvent le passer au profit du suivant Oide Oide (オイデオイデ) qui mélange très bien son chant pop et rap. Dans les très bons morceaux de l’album, il y a celui intitulé 24h en duo avec Yoh Kamiyama (神山羊) que je ne connaissais pas. L’esprit de ce duo me rappelle un peu ceux de KAF, et j’adore cette ambiance un peu nocturne au final au saxophone. Un de mes morceaux préférés est le cinquième intitulé Tane mo Shikake mo aru Mahō (種も仕掛けもある魔法), et ce dès les premières notes au piano. Je ne sais pour quelle raison ces toutes premières notes me font penser à Tokyo Jihen car je ne pense pas à une ressemblance particulière à un morceau du groupe et le reste du morceau est très différent. Il doit y avoir quelque chose dans l’agencement de ces premières notes de piano. Dans son ensemble, cet album, avec Thank You Blue, est particulièrement réconfortant après des journées difficiles et ça fait beaucoup de bien de s’y laisser entraîner.

J’écris une partie de ce billet assis sur un banc du parc central de Nishi-Shinjuku, qui est devenu un de mes parcs préférés. Il fait froid mais le soleil nous réchauffe. Je ne suis pas le seul à apprécier les bancs de ce parc. Devant moi, se dressent les hauts buildings de Nishi-Shinjuku.

体験は無限

Je n’avais pas fait l’expérience de la marche entre Shibuya et Shinjuku depuis de nombreuses semaines. J’y trouve étonnamment à chaque fois des nouvelles choses à photographier comme si mon focus visuel changeait à chaque fois. Je n’avais par exemple par remarqué jusqu’à maintenant le faciès robotisé du building de la première photographie. Peut-être est-ce la lumière du soir qui change ma perception et me fait découvrir de nouvelles choses. Cette lumière du soir se reflétant sur les vitrages d’un nouveau building posé sur la nouvelle rue reliant l’avenue Meiji et le parc Shinjuku Gyōen m’attire également. Sur la dernière photographie, nous sommes dans le centre de Shinjuku devant le building MetLife Shinjuku Square décorée d’une grande illustration de l’artiste japonais originaire de Kanagawa, Hogalee. Cette œuvre a été créée en conjonction avec l’exposition de l’artiste intitulée Entanglement qui a lieu dans la galerie Kana Kawanishi dans le quartier de Koto. Le titre de l’exposition fait référence au ’quantum entanglement’, où intrication quantique en français, qui est un phénomène dans lequel deux particules forment un système lié et présentent des états quantiques dépendant l’un de l’autre quelle que soit la distance qui les sépare. Ce concept s’applique pour cette exposition dans le fait que des illustrations liées sont présentent dans deux espaces distants l’un de l’autre. Mais je ne pense pas que les illustrations en elles-mêmes se modifient les unes par rapport aux autres, car ce dessin sur le building de Shinjuku reste tout à fait statique.

Dans les rues de Shibuya, je suis toujours attiré par le personnage appelé Uyu (si je ne me trompe pas) dessiné par l’artiste Fuki Committee. Il faut dire que ces stickers sont vraiment nombreux dans les rues de Shibuya et il faut vraiment le vouloir pour ne pas les remarquer. Le message « ダメよ。ゼッタイ。 », faisant référence à une interdiction stricte, m’a toujours intrigué car on ne connaît pas la nature de cet interdit et on peut imaginer plein de choses. Ce message d’interdiction n’est en fait pas lié à un sujet précis mais fait plutôt référence à toutes les règles imposées dans le système social japonais. En ce sens, c’est un message assez similaire à celui de Wataboku dans ses illustrations de personnages féminins portant toutes sortes de panneaux d’interdiction sur leur visage. On peut soi-même imaginer de quel interdit Fuki fait référence sur ces autocollants de rue. En tout cas, un des interdits est celui de poser des autocollants sur les murs des espaces privés ou publics. J’imagine que l’artiste a dû avoir, de temps en temps, quelques problèmes avec les autorités locales. Je suis toujours surpris de voir ce genre d’artistes présenter leurs œuvres dans des galeries car c’est comme s’ils montraient à visage découvert, au grand jour. Une petite exposition intitulée Slap’n Run dans la galerie America Bashi près de Yebisu Garden Place présentait en fait des illustrations de Fuki Committee en collaboration avec deux autres artistes de rue: makersspace et VLOT. J’ai souvent vu leurs autocollants collés dans les rues de Tokyo. J’y suis passé très rapidement un soir de week-end pour apprécier leurs œuvres murales se mélanger les unes avec les autres. Le personnage aux oreilles de lapin de VLOT prenait par exemple le visage de la fille dessinée par Fuki. Les blocs pixelisés de makersspace venaient se mélanger avec les personnages des deux autres artistes.

Pour terminer en musique, je reviens vers la musique de macaroom avec deux morceaux, mugen (無限) et hong kong, sur un album sorti l’année dernière intitulé inter ice age 4. L’idée m’est venue d’écouter le morceau hong kong car je m’y suis justement déplacé quelques jours cette semaine. Le morceau mugen a cette beauté subtile typique de macaroom, qui n’exagère rien mais arrive à toucher à des sentiments profonds. Ces deux morceaux me font ensuite revenir vers d’autres plus anciens du groupe, comme celui intitulé Mother, dont j’avais déjà parlé sur ce blog. L’envie de réécouter la voix d’Emaru et les compositions d’Asahi me reviennent régulièrement, notamment le sublime morceau Tombi (sur l’album Swimming Classroom), qui reste inscrit dans ma liste, longue peut-être, des meilleurs morceaux de musique electro-pop japonaise. Je pense que la vidéo joue aussi sur l’appréciation que j’ai du morceau.

On pourrait écrire des pages et des pages sur l’importance des visuels et des vidéos. Je suis par exemple particulièrement déçu de voir Daoko utiliser une vidéo animée créée par Intelligence Artificielle pour le dernier morceau Mr. Sonic de son nouveau groupe QUBIT. On a déjà vu des centaines de fois ce type d’imageries génériques se transformant à l’infini. Il n’y a rien de spécifique à l’univers de Daoko ou de ce groupe, à part peut-être une vague ressemblance des visages. Le morceau en lui-même est loin d’être mauvais mais ne révolutionne rien. Ça ne m’empêchera pas d’aller découvrir l’album du groupe, mais je trouve que cette vidéo est un faux pas et j’ai l’impression qu’on lui a fait remarquer sur les réseaux sociaux. On est loin de la qualité de vidéos comme celle d’Onaji Yoru (同じ夜) et celle grandiose de Step Up Love (ステップアップLOVE) par Yuichi Kodama avec le génial Yasuyuki Okamura (岡村靖幸). Et en parlant de l’importance des visuels dans notre appréciation musicale, Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku (羊文学) en parlait justement dans une interview récente par Seiji Kameda (亀田誠治) sur la radio J-Wave. Elle disait qu’elle choisissait souvent la musique qu’elle allait écouter en fonction des couleurs des pochettes des albums. Je ne pouvait pas manquer cette interview, d’autant plus qu’elle a confirmé que Hitsuji Bungaku jouait bien des reprises de Tokyo Jihen, en particulier Gunjō Biyori (群青日和) à ses débuts. J’ai été particulièrement intéressé et satisfait par sa sélection musicale pour l’émission avec d’abord XTAL d’Aphex Twin (sur Selected Ambient Works 85-92), puis Date with IKEA de Pavement (sur Brighten the Corners), Amai Kaori (甘い香り) de Cocco (sur l’album きらきら), Pretender de Winter (sur Supreme Blue Dream) et finalement le morceau GO!!! du groupe qui sera présent sur le nouvel album. Ce sont des groupes et artistes que j’aime et écoute, à part Winter que je ne connaissais pas mais que je vais chercher à découvrir. La présence d’Aphex Twin me surprend mais Kameda y ressent une inspiration dans la musique de Hitsuji Bungaku, dans les chœurs peut-être ou dans cette inspiration de monde flottant. XTAL est en tout cas un superbe morceau que je me mets à réécouter maintenant. L’émission étant sponsorisée par une grande marque automobile, Moeka parle des morceaux qu’elle aime passer en voiture. Elle ne conduit pas mais c’est elle qui construit les playlists lors de virées avec ses amis. Il faudrait qu’elle les publie quelque part.