rouge comme le feu

Je mentirais si je disais que je n’avais pas fait le déplacement exprès pour aller voir ses affiches géantes de la compositrice et interprète a子 dans centre de Shibuya. On pouvait voir ces grandes affiches à plusieurs endroits à Center-Gai et près du parc Miyashita. Ce mode d’affichage n’est pas rare à Shibuya et je me souviens d’une campagne d’affichage pour l’agence Wack, mais qui allait cependant plus loin dans le mode guérilla. J’aime en tout cas le côté ludique d’essayer de découvrir toutes les affiches et de les prendre en photo dans leur environnement urbain. Cet affichage correspond à la sortie de son premier single intitulé Planet (惑星) sur un label majeur, IRORI Records sur Pony Canyon. J’avais déjà parlé de ce single dans un précédent billet et je pense d’ailleurs avoir évoqué sur ce blog tous ses nouveaux singles et EPs depuis ses débuts au fur et à mesure de leurs sorties. Ça fait en tout cas plaisir de la voir grimper les échelons. Des affiches sont également placées au niveau de l’ancien cinéma Rise, actuellement salle de concert WWW et WWW X où j’avais été la voir avec son groupe pour son premier Oneman Live. Cette photographie prise par la photographe YONNLIN est très réussie car elle donne une impression nuancée du visage de a子 entre apaisement et feu intérieur comme le rouge extravagant de sa chevelure.

Si je ne me trompe pas, AAAMYYY n’avait pas sorti de nouvelle musique en solo depuis le EP Echo Chamber sorti en Juillet 2022. Ça fait beaucoup de bien d’entendre à nouveau la voix légèrement voilée immédiatement reconnaissable d’AAAMYYY sur un nouveau single. Ce single s’intitule Savior. Il est sorti le 10 Février 2023 et est co-produit par Wataru Sugimoto (杉本亘) aka MONJOE. L’esprit du morceau est assez fidèle à ses précédents morceaux. Il est extrêmement bien produit ce qui donne une grande fluidité à son chant même si elle alterne constamment entre le japonais et l’anglais. Cette fluidité et la dynamique du flot parfaitement millimétré me plait vraiment beaucoup, d’autant plus que la voix d’AAAMYY qu’on a tendance à imaginer comme un peu nonchalante s’y accorde parfaitement. D’après l’affiche du concert Option C du 7 Mars 2024, on retrouvera MONJOE comme DJ/MP (MP pour Music Producer, j’imagine). Les invités confirmés seront assez nombreux. Je ne suis pas surpris de voir TENDRE sur l’affiche car il participe souvent aux morceaux d’AAAMYYY. Parmi les noms mentionnés, on trouve Shin Sakiura qui a arrangé plusieurs de ses morceaux, les rappeurs Ryohu et (sic)boy qui ont chantés en duo sur certains de ses morceaux, notamment le superbe Hail pour (sic)boy, KEIJU qui est également rappeur mais je ne connais pas de morceaux sur lequel il était en duo avec AAAMYYY. Je lui connais seulement une participation au morceau Link Up de Awich. Je lis sur l’affiche d’autres noms comme Shō Okamoto (オカモトショウ) du groupe OKAMOTO’S, Zata, entre autres. Je suis assez curieux et impatient d’entendre ce que ça va donner. Le morceau intitulé Fukashi Tentai (不可視天体) a été composé par DAOKO en utilisant le synthétiseur VOCALOID V AI Juon Teto (重音テト). Elle a en fait soumis ce morceau de manière anonyme et en tant que rookie sur la chaîne Nico Nico Dōga (ニコニコ動画) à l’occasion d’un événement Vocaloid appelé The VOCALOID Collection ~2024 Winter~. Le nom qu’elle a utilisé pour son compte est ▷△○◁○ et on peut assez facilement noter la correspondance avec son nom d’artiste. Elle a de toute façon vendu assez rapidement la mèche sur Twitter, ce qui a suscité un heureux étonnement de la communauté VOCALOID sur Nico Nico Dōga. Dans son message Twitter, elle précise qu’il s’agit de la première œuvre musicale qu’elle réalise entièrement par elle-même. Et ce morceau Vocaloid, qui a été également publié sur YouTube quelques jours plus tard, est une belle réussite. J’adore la trame électronique d’apparence irrégulière et la voix rappée de Daoko un peu différente que d’habitude, un peu plus masculine dirais-je. Elle pourrait très clairement réaliser un album entier dans cet esprit. Le groupe SUSU (好芻) est un des projets parallèles d’Ikkyu Nakajima (中島イッキュウ) avec Kanji Yamamoto (山本幹宗). J’avais déjà parlé du mini-album intitulé Gakkari sorti en Septembre 2022, et le duo a sorti quelques nouveaux morceaux dont le single Cacao (カカオ) que j’aime beaucoup. L’ambiance générale assez cool et rêveuse de ce nouveau single reste fidèle aux morceaux que l’on connaît du mini-album, mais assez éloigné des rythmes souvent endiablés de Tricot. La musique de Tricot me manque d’ailleurs un peu car elles n’ont pas sorti de nouveau morceau ou album depuis un bon petit moment. J’essaie en tout cas d’aller les voir une nouvelle fois en concert au mois de Mai, mais les places sont soumises à une loterie donc c’est pas gagné et ma première tentative a échoué. Le fait que la première partie soit le groupe PEDRO, dont je parle de temps en temps sur ces pages, doit rendre l’obtention des places plus compliqué. Pour terminer cette petite sélection, je reviens encore une fois vers le rock du groupe Haze mené par Katy Kashii (香椎かてぃ) avec le mini-album intitulé Noize sorti le 31 Octobre 2022. Deux morceaux y sont particulièrement accrocheurs: Hikikomori Rock (引きこもりロック) et Gyalgal (ギャルガル). Sur le Hikikomori Rock, Katy démarre par une invective Boku no Hikikomori ga Rock ni Naru (僕の引きこもりがロックになる), qui interpelle. J’aime beaucoup l’agressivité accompagnée par les guitares qui rythment le morceau, avec toujours la voix de Katy à la limite du brut et roulant par moments les « r ». Le Hikikomori du titre et des paroles démarrant le morceau, fait référence au syndrome extrême d’isolement de toutes relations sociales qui touche certains adolescents. Dans ce morceau, Katy semble signifier que le Hikikomori s’est transformé pour elle en énergie rock. Ce single a pour sûr beaucoup d’énergie à revendre. Le morceau Gyalgal (ギャルガル) fait participer tous les membres du groupe au chant. On ne peut pas dire qu’elles chantent toutes très bien, mais ça contribue à cet esprit rock qui se base plus sur l’énergie que sur la justesse du chant. Et encore une fois, cette énergie est particulièrement présente, notamment au moment du refrain qu’on attend avec une certaine impatience à chaque écoute.

不出来ではないか

J’attendais ce concert de Tricot (トリコ) depuis un petit moment car j’avais acheté mon billet depuis déjà plusieurs mois, quelques jours après l’ouverture du guichet internet. C’était une bonne idée d’acheter son billet tôt car l’ordre d’entrée dans la salle où le concert avait lieu semblait dépendre du moment où on avait acheté sa place. Le concert se déroulait dans la salle LIQUIDROOM à Ebisu, au pied du carrefour de Shibuyabashi le long de l’avenue Meiji. Je suis bien passé des centaines de fois devant cette salle sans jamais y être entré. Cette date à Tokyo le dimanche 12 Février 2023 à partir 17:30 était le final d’une tournée nationale de 6 dates intitulée Zang-Neng tour 2023. Je comprends ce nom de tournée Zang-Neng comme étant dérivé du mot Zannen (ざんねん) qui veut dire « dommage! ». Ce nom de tournée fait en fait écho au nom du dernier album de Tricot intitulé Fudeki (不出来), qu’on peut traduire par « imparfait » ou « infructueux ». Ce nom d’album est volontairement l’opposé du nom de l’album précédent Jōdeki (上出来) qui signifie « Excellent ». Avec ce nom de tournée et d’album, on pouvait légitimement se demander quelle direction prendrait le concert. Mais connaissant très bien l’esprit joueur d’Ikkyu Nakajima, je n’étais pas vraiment inquiet quant au résultat final. Il est clair que, contre toute attente, l’ambiance du dernier album était moins pop que le précédent, allant même vers des ambiances expérimentales et bruitistes sur certains morceaux. Ikkyu a pris plusieurs fois la parole pendant le concert et a notamment fait part de sa joie et satisfaction de voir autant de monde dans la salle malgré cette approche plus ‘bizarre’, pour reprendre ses propres mots. Le public de Tricot est clairement prêt à les suivre dans toutes leurs explorations sonores, pour la simple et bonne raison qu’elles et il excellent dans l’exécution de leurs morceaux tout en conservant un esprit qui leur est bien particulier. La technique est clairement un atout du groupe, que ça soit la guitare imprévisible de Motifour Kida, la voix pleine d’ondulations et qui sait prendre de la puissance d’Ikkyu Nakajima, la basse enveloppante d’Hiromi Hirohiro et la batterie de Yusuke Yoshida qui vient cimenté l’ensemble. Et cette batterie m’a impressionné car chacun de ses coups semblait faire trembler le sol de la salle de concert. J’avais comme l’impression qu’un fort coup de vent venait me passer entre les pieds à chaque percussion. C’est une sensation étrange certainement dû à la configuration de la salle, mais il n’en reste pas moins que le jeu de Yusuke Yoshida ne manque pas de puissance et de dextérité.

J’étais plutôt bien placé près de la scène à la quatrième ou cinquième rangée bien que celles-ci ne soient pas clairement définies car on était tous debout dans la fosse. Je me suis volontairement placé légèrement sur la droite car je sais que c’est l’emplacement typique d’Ikkyu sur scène. Avant d’entrée dans la salle de concert se trouvant au rez-de-chaussée, il nous faut d’abord monter à l’étage pour attendre notre tour. On nous appelle de manière très organisée, des blocs A , B puis C dans l’ordre des numéros de nos billets. Mon numéro était A108 et l’attente était relativement courte et m’a permis de bien me placer avant que le concert démarre. Il faudra bien ensuite attendre une trentaine de minutes en musique avant que les lumières s’éteignent et que le groupe prenne place sur scène. Le concert dura presque deux heures pour 19 morceaux joués et quelques moments où le groupe, principalement Ikkyu en fait, s’adressait au public. Tous les morceaux du nouvel album Fudeki faisaient partie de la playlist sauf le morceau Endroll ni Maniau Youni (エンドロールに間に合うように) qui était le premier single de l’album déjà sorti et joué au moment de la tournée précédente Walking x Walking de 2022 auquel j’avais déjà assisté à Toyosu PIT. Le concert commence par Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん), le premier morceau de l’album Fudeki, mais il est très modifié et tout aussi expérimental que la version de l’album. Ikkyu entre d’abord sur scène avec sa guitare et manipule un répéteur de sons qui construit une ambiance sonore étrange. Les morceaux s’enchainent ensuite assez vite avec Android (アンドロイド) et Jōdan kentei (冗談検定). Tricot revient parfois vers des morceaux plus anciens comme Right Brain Left Brain (右脳左脳) et Himitsu (秘密) de l’album Makkuro et WARP de l’album 10. Le public réagit très énergiquement, ce qui change de l’ambiance plus calme de l’année dernière en raison des contraintes de la crise sanitaire. Il semble maintenant autorisé de pousser un peu de la voix pour encourager le groupe et exprimer sa joie d’être là. Ikkyu exprime clairement sa satisfaction de retrouver des conditions plus normales où les réactions du public peuvent se faire plus franche, n’étant pas limitée aux simples applaudissements. Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす) du premier album THE est un des morceaux emblématiques du groupe et c’est également celui que le groupe choisit pour s’amuser, en faisant des arrêts et redémarrages soudainement, prenant des pauses bizarres sur scène en marchant au ralenti. Ikkyu s’est décidé pendant ce morceau à effectuer un petit jeu avec les autres membres du groupe pendant ce morceau. Elle déroule sur sa guitare des accords atypiques et demande d’abord à Motifour Kida de l’imiter à la guitare. Viennent ensuite le tour d’Hiromi à la basse et Yusuke à la batterie. Ils arrivent tous très bien à prendre le rythme imprévisible d’Ikkyu comme si elles et il pouvaient prévoir son jeu. Dans le passage de MC qui suit ce petit jeu qui a fait sourire, Ikkyu exprime d’ailleurs sa joie d’être dans un groupe qui se comprend si bien. C’est vrai qu’ils ont l’air très soudé. Elle s’excuse également au nom du groupe d’avoir joué une version complètement décousue et différente de l’album de ce morceau Ochansensu-Su qui est pourtant reconnu comme étant le préféré des fans. Mais là est peut-être le sens du mot Fudeki qui est la ligne directrice de ce concert. Ikkyu parle la plupart du temps mais la sempai Kida lui retourne souvent des piques pleines d’humour. Hiromi est toujours très souriante. Elle ne parle pratiquement jamais devant le public mais exprime très bien avec son grand sourire son plaisir d’être sur scène. En la regardant jouer de la basse sur scène, comme emportée par le rythme des morceaux, me vient parfois l’envie d’être à sa place. Kida est toujours très dynamique sur scène, sautant souvent sur place et se déplaçant au tout devant de la scène pour voler la vedette à Ikkyu et attraper l’attention du public qui lui rend bien. Tout ceci est extrêmement bon enfant, et on ressent très bien la bonne entente qui reigne dans la groupe. C’est très communicatif. Yusuke Yoshida à la batterie est beaucoup plus stoïque, concentré sur son jeu. Il est arrivé plus tard dans la formation mais en fait désormais partie de manière intégrante. C’est une très bonne chose car le jeu de Yoshida est également un atout majeur de Tricot. Son jeu sait pleinement s’adapter à la complexité du match rock. En fait, Tricot ne se limite pas qu’au match rock et mélange les genres, notamment sur ce dernier album qui part même vers le rock alternatif grunge des années 90 (un son que j’aime particulièrement).

Le morceau Kujira (鯨) de l’album Fudeki m’a particulièrement impressionné. Il s’agit d’un des morceaux que je préfère sur le dernier album mais il prend une autre dimension pendant ce concert grâce à la voix d’Ikkyu qui atteint des sommets de puissance et me donnent des frissons. Ikkyu est capable vocalement de sensibilités variées et la mélancolie qu’elle transmet sur ce morceau est particulièrement poignante. Le public l’écoute avec attention. Il y a trois morceaux joués en rappels. Le dernier était le morceau éponyme de l’album Fudeki (celui aux ambiances de rock alternatif américain). Il se termine sur des nappes de bruit sur l’album et elles sont décuplées ici pendant le concert. Motifour Kida se roule même par terre avec sa guitare et fait durer le son tout en distorsion. Pendant ce temps là, Yusuke Yoshida se déchaîne sur sa batterie au point de faire tomber une des caisses. On sent qu’il se pousse à bout pour la dernière de cette tournée et me viennent même en tête tout d’un coup des images de Yoshiki jouant à l’extrême jusqu’à se blesser (ce qui arrivait régulièrement). Ils ont tous les deux un physique d’apparence frêle qui ne laisse pas présager la puissance de frappe et l’endurance dont ils sont capables. Lorsqu’il quitte la scène, à bout de force, on le voit marcher en se tenant à peine debout. Kida continue pendant ce temps ses expérimentations bruitistes alors que les autres membres sont déjà sortis depuis quelques temps. Elle est à terre, tentant d’extraire les derniers sons de sa guitare. Le public est impressionné. C’était un moment très fort qui conclut bien ce concert car l’ambiance qui s’en dégage correspond, encore une fois, bien à l’idée du mot Fudeki. Ikkyu disait au public qu’il fallait être bizarre pour apprécier cette musique et qu’elle était très heureuse d’avoir cette réception du public, se sentant elle-même atypique. C’est bien entendu cette approche atypique qu’on aime chez Tricot et on en redemande.

Ikkyu dit à chaque fois qu’il faut qu’elle parle moins pendant les passages de MC, mais elle ne peut s’empêcher de donner des anecdotes. Elle nous parle cette fois-ci si d’une vidéo qu’elle avait publié sur sa chaîne YouTube Ouchide Naka-chan! (お家でなかちゃん!) montrant son appartement et nous fait part d’un commentaire qui l’avait particulièrement amusé de quelqu’un lui faisant remarquer que son appartement était mal rangé et devait par conséquence sentir mauvais (汚ない、臭そう). Elle insiste d’ailleurs sur le fait qu’elle aime beaucoup ce type de commentaires, bien entendu écrits sur un ton humoristique. Là est encore le sens de Fudeki! Les finales de tournée sont également le moment privilégié pour faire des annonces. Cette fois-ci, Tricot annonce le nom du groupe qui partagera l’affiche du prochain concert à Osaka au Gorilla Hall (les noms de salles sont bizarres à Osaka – je me souviens que Miyuna jouait au Banana Hall l’année dernière). Il s’agit du groupe Genie High (ジェニーハイ), dans lequel, comme par hasard, Ikkyu est la chanteuse avec la bande d’Enon Kawatani. Ikkyu s’amuse à nous dire qu’il s’agira d’une soirée spéciale Naka-chan (son véritable surnom dans le groupe), ce qui tombe très bien car la date du concert est proche de son anniversaire. Le petit passage amusant est que l’anniversaire de la bassiste Hiromi est également très proche, mais Ikkyu prend le soin de nous préciser que ce concert sera seulement à son honneur et qu’il fallait oublier un peu Hiromi. Ce petit passage est évidemment teinté d’humour et à fait réagir le public. Dans mon petit message de remerciements au groupe sur Twitter pour ce concert, je n’ai pu m’empêcher d’ajouter un petit message en la faveur d’Hiromi. Le groupe a dû lire ce message car il a aimé mon tweet (Yeah!). Le concert a duré presque deux heures mais m’a donné l’impression d’être un peu trop court. On a un peu de mal à sortir de la salle. En regardant sur Instagram et Twitter les messages de personnes ayant assistées au concert, je suis surpris d’apprendre que DAOKO (ダヲコ) était également présente dans la salle. J’y avais pensé pendant une minute, car on voit régulièrement DAOKO et Ikkyu ensemble sur Instagram à l’occasion d’événements ce qui me fait dire qu’elles sont très amies. Je ne l’ai bien sûr pas vu dans la salle et je me demande même comment elle pouvait passer inaperçue. Je ne pense pas être le seul à apprécier à la fois Tricot et DAOKO. Je ne suis par contre pas surpris d’apprendre que le designer Masamichi Katayama (片山正通) de l’agence Wonderwall était également dans la salle, car il avait déjà assisté à la tournée précédente et il déborde de superlatifs sur le groupe. Ils nous dit sur son compte Instagram : « The band « tricot » has a tremendous groove that gets me every time! The flow of the live performance, which is so well calculated that it seems like they are innocently enjoying the music, and the ensemble of four crazy techs who are like a skilled jam band, are truly a national treasure. « tricot » is so great!!!« . 国宝ですよ! Ces connections apporteront peut-être un jour une collaboration avec Ichiro Yamaguchi (山口一郎) de Sakanaction (サカナクション), qui sait.

Les quelques photos en tête du billet « rapport de concert » sont les miennes. Celles en petit format sont tirées du compte Twitter de Tricot. Je note ci-dessous la playlist de ce concert de la tournée Zang-Neng tour 2023 au LIQUIDROOM le 12 Février 2023, pour référence ultérieure.

1. Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん), de l’album Fudeki (不出来)
2. Android (アンドロイド), de l’album Fudeki (不出来)
3. Jōdan kentei (冗談検定), de l’album Fudeki (不出来)
4. Omotenashi (おもてなし), de l’album THE
5. Right Brain Left Brain (右脳左脳), de l’album Makkuro (真っ黒)
6. Anamein (アナメイン), du EP Bakuretsu Tricot San (爆裂トリコさん)
7. Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす), de l’album THE
8. WARP, de l’album 10
9. #Achoi (#アチョイ), de l’album Fudeki (不出来)
10. OOOL, de l’album Fudeki (不出来)
11. crumb, de l’album Fudeki (不出来)
12. Himitsu (秘密), de l’album Makkuro (真っ黒)
13. Kujira (鯨), de l’album Fudeki (不出来)
14. Sthenno (ステンノー), de l’album Fudeki (不出来)
15. Afureru (あふれる), de l’album Makkuro (真っ黒)
16. Aquarium (アクアリウム), de l’album Fudeki (不出来)
17. (Rappels) POOL, de l’album THE
18. (Rappels) Fudeki (不出来), de l’album Fudeki (不出来)
19. (Rappels) Jōdeki ~Fudeki Remix~ (上出来 – 不出来Remix), de l’album Fudeki (不出来)

la fille de l’as de pique

#6: card fight. Shibuya.

#7: color dots. Yanaka & Hiroo.

#8: music life. Shibuya Tower Records.

#9: no way. Shibuya.

#10: window walls. Nihonbashi & Aoyama.

Quelques unes des photographies de ce billet sont clairement inspirées par les séries que j’ai pu voir récemment sur NetFlix et dont je parlais déjà dans un billet précédent, à savoir la deuxième saison d’Alice in Borderland (今際の国のアリス) et First Love (初恋). Le magasin de disques Tower Records de Shibuya fait directement la correspondance entre ce drama First Love et le premier album d’Utaka Hikaru en montrant une photo d’elle prise à cette époque là. Cet album sorti le 28 Avril 1999 est un des premiers albums que j’ai pu acheté au Japon après mon arrivée à Tokyo en Février 1999. Le morceau Automatic passait beaucoup dans les clubs et boîtes de nuit tokyoïtes où on allait pratiquement tous les week-ends jusqu’à très tôt le matin. Cette époque me parait bien lointaine (et bien heureusement dirais-je).

On trouve des stickers comme celui de la première photo du dyptique #9, avec une écolière faisant un signe du doigt en disant « Dame yo, Zettai » (ダメよ。ゼッタイ。) un peu partout dans les rues. L’auteur est le mystérieux Tokyo Fūki Committee (東京風紀委員会), le comité de morale publique de Tokyo (j’aime bien ce nom car il me rappelle celui que je donne pour mes histoires de Tokyo parallèle). Enfin, l’auteur ne doit pas être aussi mystérieux que cela car il donnait sa première exposition solo dans la galerie d’art Night Out Gallery à Jingumae du 16 au 25 Décembre 2022. J’aurais voulu voir cette exposition intitulée Activity Report, car je rencontre souvent ses autocollants dans les rues de Shibuya venant à chaque fois ponctuer mon parcours. Je m’y suis malheureusement pris trop tard. Depuis que j’ai vu celle de Wataboku, j’ai de plus en plus envie d’aller voir ce genre d’exposition d’illustrateurs ou illustratrices. Les galeries sont nombreuses à Tokyo et je m’y arrête assez régulièrement sans forcément prendre de photos et les montrer à chaque fois sur ce blog. La prochaine exposition était celle de Nakaki Pantz et j’y reviendrais prochainement. J’ai toujours aimé prendre en photo les stickers aperçus dans les rues, et je me dis que ce domaine de l’art graphique urbain pourrait être une direction que je privilégie sur ce blog.

La photo ci-dessus montre les cadeaux de Noël que je me suis fait à moi-même: le dernier album de Tricot intitulé Fudeki sorti en Décembre 2022 et l’album de Miyuna (みゆな), Guidance, dont j’ai déjà beaucoup parlé. J’avais en fait déjà acheté les morceaux de cet album en digital lorsque j’avais découvert l’album. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’acheter la musique en double mais j’ai fait une exception pour Guidance car il s’agit pour moi d’un album important et emblématique. Il y a le fait que j’ai été la voir en concert, mais j’ai également acheté le format physique de l’album car une version contient un Blu-ray d’un concert qu’elle a donné sans public, crise sanitaire oblige. Ce concert en studio intitulé Delete -> Saikai (Delete -> 再開, Effacer puis Reprendre) du 24 Novembre 2021 se compose de 10 morceaux et de quelques passages où Miyuna prend la parole. On y trouve quelques morceaux de l’album Guidance, comme Kijitsu (奇術) disponible en vidéo sur YouTube, et d’autres de ses précédents EPs. La formation qui l’accompagne est la même que celle du concert au Shibuya Club Quattro que j’ai été voir, avec donc une approche rock de live house. Ça reste tout de même beaucoup plus sage que le concert de Shibuya. Miyuna ne s’écroule pas au sol sur scène sur un morceau, et il n’y a pas de solo extensif de guitare, mais il n’y a rien de très étonnant à cela vu que ce live se déroulait en studio. La performance n’en est pas moins excellente et le live vaut le détour ne serait ce que pour pouvoir écouter ces morceaux dans des versions légèrement différentes. La petite surprise de ce live pour moi était de voir Miyuna jouer de la guitare électrique, car on a plutôt l’habitude de la voir jouer de la guitare acoustique. Elle jouait également de la guitare acoustique lors de ce concert, mais elle avait en mains une guitare électrique Gibson SG rouge sur deux morceaux. Sa guitare acoustique est également une Gibson. Ce choix de guitare électrique me parle beaucoup car j’avais autrefois exactement la même Gibson SG mais de couleur noire. J’aimais beaucoup cette guitare qui a malheureusement subi un choc fatal et que j’ai dû revendre avec l’ampli Marshall qui va avec. Mais je ne jouais aucun air connu comme j’aimais à le dire pour exprimer le fait que je ne savais pas en jouer. J’appréciais seulement expérimenter des sons, ce qui m’apportait déjà une certaine satisfaction.

Je suis content d’entendre Miyuna à la radio ces derniers temps, en particulier sur J-Wave. Je pense qu’il doit avoir un lien avec sa participation au festival Tokyo Guitar Jamboree 2023, qui aura lieu en Mars 2023 au Ryōgoku Kokugikan (両国国技館), car il est organisé par J-Wave. Dans la liste des musiciens invités au festival, il y en a plusieurs qui sont très reconnus, comme par exemple Tortoise Matsumoto (トータス松本). C’est une très bonne chose car ça peut lui permettre de gagner en reconnaissance. Comme Miyuna a 20 ans (depuis Juin l’année dernière), elle était invitée à une émission spéciale animée par Shishido Kavka (シシド・カフカ) et sponsorisée par Sapporo Beer sur le passage à l’âge adulte. Cette émission intitulée At age 20, the beginning se composait notamment d’une partie où trois compositeurs, interprètes et rappeur de 20 ans se retrouvaient ensemble à l’antenne pour parler de leur inspiration et de comment ils et elle voient leurs futurs. Au côté de Miyuna, il y avait le compositeur et interprète Sōshi Sakiyama (崎山蒼志) et le rappeur Sanari (さなり). Je ne les connaissais pas mais ils étaient plutôt réservés à l’antenne par rapport à Miyuna qui était plutôt à l’aise pour assurer la conversation, bien qu’elle n’était pas animatrice attitrée de cette section. Je me suis tout de suite dit en écoutant cette émission que J-Wave devrait lui donner un segment radio hebdomadaire même temporaire (comme une de ses ainées sur une autre radio il y a 25 ans). Ça me plairait bien de l’écouter régulièrement. Elle avait aussi été invitée sur J-Wave dans une autre émission de Décembre l’année dernière pour parler cinéma (et pas de musique bizarrement). L’émission abordait le film Avatar: the way of water, å l’occasion d’une journée spéciale sur J-Wave. J’avais bien l’intention de voir ce film, ce que j’ai fait pendant mes congés de la première semaine de Janvier. Bien que l’histoire ne soit pas particulièrement intelligente, le monde que l’on a devant les yeux pendant un peu plus de 3 heures est vraiment merveilleux. Je suis allé le voir tôt le matin dans une salle de cinéma de Shibuya et sortir de la salle à la fin du film pour retrouver l’ambiance urbaine de Shibuya m’a fait un drôle d’effet. C’est comme si j’avais également voyager dans les forêts et les mers de Pandora pendant plusieurs jours voire semaines. Miyuna comparait ce film à ses propres concerts où la rémanence (余韻) des images et des impressions reste forte même après plusieurs jours. Elle le disait de son concert à Shibuya et j’ai l’impression qu’elle accorde beaucoup d’importance à cette sensation de rémanence. J’aime beaucoup cette idée là, surtout à notre époque où tout doit passer vite sans trop réfléchir. Cette idée de rémanence m’est également venu en tête lors de notre séjour récent près du Mont Fuji. J’ai regardé pendant longtemps le Mont Fuji au levé du soleil en pensant au fait que ces images pourrait persister avec moi dans mon inconscient.

Le deuxième cadeau de Noël que je me suis fait était le dernier album de Tricot intitulé Fudeki (不出来) qui veut dire le contraire de Jōdeki (上出来) signifiant “excellent”. Jōdeki était leur album précédent sorti en 2021. J’avais en fait quelques interrogations sur ce nouvel album avant de l’écouter vu le nom choisi. J’avais aussi quelques craintes sur la direction que prendrait ce nouvel album car Tricot est maintenant sous la grande agence Horipro (après avoir reçu un gros chèque) alors que le groupe était indépendant jusqu’à maintenant. Mais mes craintes se sont vite estompées dès la première écoute car Tricot a conservé cet aspect rock indépendant qui est sa marque de fabrique et qui est même renforcé sur ce dernier album par rapport au précédent. Les singles sortis avant l’album, #Achoi (#アチョイ), End roll ni Maniau youni (エンドロールに間に合うように) et Aquarium (アクアリウム) ne sont pas spécialement les morceaux que je préfère de l’album. J’aime en fait beaucoup les morceaux qui se trouvent entre ces singles comme Android (アンドロイド), Kujira (鯨), OOOL, Jōdan kentei (冗談検定) et Crumb. Ces morceaux ne cherchent pas à être des singles et on pourrait même dire qu’ils ont le calibre de B-side, mais ils ressemblent à ces B-side qui sont meilleurs que les singles qu’ils accompagnent. C’est peut être là le sens de Fudeki, quelque chose d’imparfait mais qui a une grande force d’attraction. Et personnellement, je tombe dedans les deux pieds joints. Il y a toujours cette pointe d’originalité et d’humour dans le chant d’Ikkyu qui m’attire beaucoup, et la partiction musicale est toujours irréprochable. Du coup, j’ai très hâte de les voir pour la deuxième fois pour leur tournée 2023 appelée Zang-Neng (qui je pense est dérivée du mot zannen qui veut dire “dommage”). Pour Tokyo, ça se passera au LIQUIDROOM à Ebisu, une salle que je ne connais bien que je suis passé des centaines de fois devant. J’imagine que cette tournée privilégiera ces nouveaux morceaux, et par rapport au premier concert auquel j’ai assisté de Tricot, j’aurais cette fois-ci l’avantage de bien connaître toute leur discographie.

les chats discrets ne miaulent jamais

Les chats se sont faits discrets lors de mon passage à Gōtokuji (豪徳寺) tout simplement parce que je ne suis pas allé les voir. Ça peut paraître étrange d’aller jusqu’à Gōtokuji sans aller voir le fameux temple où s’amoncellent des centaines de petites statues de chats Maneki Neko. En fait, nous sommes déjà allés les voir il y a trois ans et j’avais pris un grand nombre de photographies de ces statuettes de chats blancs levant la patte droite. J’avais montré toutes ces photos dans un billet. Je me suis dis que si j’y retournais cette fois-ci, je ne pourrais pas m’empêcher de prendre ces statuettes une nouvelle fois en photo en me sentant ensuite obligé de les montrer dans un billet de ce blog. J’ai voulu éviter la tentation de me répéter. Je n’avais en fait que peu de temps devant moi, mais, en y réfléchissant maintenant, j’aurais quand même dû y aller pour le sceau goshuin que je n’ai pas encore dans ma petite collection. En regardant à quoi il ressemble sur internet, je me rends compte qu’il est particulièrement dense en écriture et que le carnet goshuinchō est particulièrement mignon. Ça me donne en tout cas une occasion d’y retourner bientôt. Et pour ce qui est des chats blancs, je me suis finalement contenté de prendre en photo un Maneki Neko posé derrière la vitre d’un café ou d’un restaurant à un coin de rue.

Je comptais d’abord marcher jusqu’à Gōtokuji mais j’ai dû me raviser en cours de route, vu le temps qui m’était disponible. Il m’a d’abord fallu traverser une partie de Shibuya, notamment le quartier des love hotels à Maruyamachō. J’y retrouve le petit bâtiment blanc Natural Ellipse de l’architecte Masaki Endoh qui a légèrement été modifié car maintenant recouvert d’un filet de cordes de couleur bleue. Cet accessoire décoratif est loin d’être indispensable et j’espère qu’il s’agit seulement d’une installation temporaire. Je comptais marcher en direction de Sangenjaya mais bifurque finalement vers la station Komaba-Tōdaimae, pour prendre le train jusqu’à Gōtokuji en faisant une halte dans le quartier de Shimo-Kitazawa. En marchant à Komaba-Tōdaimae, je trouve quelques maisons individuelles aux formes intéressantes mais je n’en connais pas les architectes. Ces maisons ont l’air relativement récentes, si on se réfère à la blancheur restée intacte des murs de leurs façades. Je regarde moins en ce moment les magazines d’architecture, car je passe tout simplement moins de temps dans les librairies. Le fait de beaucoup marcher me fait maintenant réaliser que je passe moins de temps à faire autre chose, ce qui est dommage mais le temps et mon énergie ne sont du tout façon pas extensibles.

Alors que j’évoquais le nouvel album d’4s4ki dans mon avant-dernier billet, je viens de me rendre compte qu’elle vient déjà de sortir un nouveau morceau intitulé Hyper 5th Dimension (超5次元), qui s’avère excellent. Le chant d’4s4ki est un peu différent des morceaux que je connaissais déjà et sa voix est plus présente. Je parlais aussi dans ce précédent billet du compositeur maeshima soshi qui travaille souvent avec 4s4ki et je vois qu’il co-écrit les musiques de ce morceau. Je trouve l’ambiance un peu plus pop et accessible que d’habitude, avec un rythme principal pour le refrain immédiatement accrocheur. Tricot vient de sortir un nouveau morceau intitulé Aquarium (アクアリウム) qui apparaîtra dans leur prochain album, Fudeki (不出来) prévu pour le 14 Décembre cette année. De ce nouvel album, on connaît déjà le morceau Endroll ni Maniau yō ni (エンドロールに間に合うように) qui a une approche très riche en guitares par rapport à ce nouveau morceau beaucoup plus pop rock. Bien qu’avec une ambiance de pop immédiate, ce morceau contient tout de même des changements de tons inattendus (à partir de la minute et demi par exemple) qui font tout le plaisir de la musique de Tricot. Ce nouvel album Fudeki (不出来) prend un nom à l’opposé de celui de l’album précédent sorti en Décembre 2021, Jōdeki (上出来) qui veut dire ‘excellent’. Ça attire bien entendu ma curiosité et m’a donné très envie d’aller les revoir en concert. Les voir en différé sur Instagram montrer des photos de leur tournée européenne a dû également contribuer à me donner envie d’aller les revoir. Tricot entamera une tournée nationale appelée Zang-Neng tour 2023 pour promouvoir cet album. La tournée se composera de six dates du 8 Janvier au 12 Février 2023 en démarrant par Fukuoka, puis Sendai, Nagoya, Kanazawa, Osaka pour terminer à Tokyo. J’irais donc les voir à la date de Tokyo, le Dimanche 12 Février 2023, dans la salle Liquidroom à Ebisu. Je découvre ensuite le morceau Blue (青) d’une compositrice et interprète dont je parle très souvent ici, a子. Il ne s’agit pourtant pas d’un nouveau morceau car il est sorti le 1er Novembre 2020, mais je l’avais bizarrement manqué. Ce morceau avait passé entre les mailles de mon filet. Je manque très certainement beaucoup de bonnes choses et j’apprécie toujours quand on me le fait savoir. J’ai en fait découvert ce morceau lors d’un InstaLive d’a子. Elle fait assez régulièrement des sessions live sur Instagram avec son groupe dans une pièce qui ressemble à une maison partagée. J’aime beaucoup ces petits concerts improvisés car ils se déroulent dans une ambiance bon enfant, sans trop de sérieux et en improvisant parfois. a子 prend en général en compte les demandes de morceaux faites dans les commentaires. Le problème de ce genre de sessions est qu’on ne sait jamais quand elles vont se dérouler et combien de temps elles vont durer. On tombe dessus par hasard et ce n’est pas toujours au meilleur moment, mais je les écoute par petits morceaux. Le morceau Blue que je ne découvre que maintenant après cette interprétation InstaLive est dans le style des morceaux précédents. a子 et son groupe arrivent à chaque fois à trouver une boucle électronique qui accroche et j’aime de toute façon beaucoup sa manière de chanter. Dans ma petite sélection musicale, je reviens vers Miyuna. J’écoute encore et toujours beaucoup son dernier album Guidance qui est un des meilleurs de l’année à mon avis, et ma curiosité me dirige maintenant vers son EP intitulé Reply sorti le 28 Octobre 2020 sur le label A.S.A.B, de la maison de disques Avex, sur lequel on trouve des artistes comme Mondo Grosso et Chiaki Satō (佐藤千亜妃). Le EP Reply n’est certes pas aussi abouti que son album Guidance, et plus inégal, mais on y trouve quelques très bons morceaux. Le dernier morceau ReinRei (レインレイ) est par exemple tout à fait dans l’esprit orienté rock d’un grand nombre de morceaux de l’album Guidance. Reply reste cependant très pop dans son ensemble. Le morceau Soleil (ソレイユ) est un des sommets de ce EP dans ce style pop très accrocheur. J’aime aussi beaucoup les deux premiers morceaux DeadRock et Ano Neko no Hanashi (あのねこの話) en duo avec un certain Kubotakai (クボタカイ) que je ne connaissais pas. Cet EP, certes un peu jeune et pas autant marqué que son album, laissait déjà présager ses qualités de chant et de composition. Et en poussant un peu les découvertes, j’écoute également ses premiers singles sortis en 2018: Tenjō Tenge (天上天下) et Gamushara (ガムシャラ), qui étaient déjà très prometteurs et même au dessus du lot du commun de la J-POP.

wolves crying at the giant moon

Samedi dernier, je voulais profiter de la grande lune installée par l’artiste anglais Luke Jerram près de la gare de Shimo-Kitazawa avant qu’elle ne disparaisse. Mais c’est après être arrivé à pieds à Shimo-Kitazawa en fin de matinée que je me suis rendu compte que la lune n’était montée qu’à partir de 15h. Je suis donc revenu en vélo dans l’après-midi en gardant un œil sur le ciel car le typhon numéro 15 approche très rapidement. La pluie finit par tomber progressivement puis plus intensément par moments ce qui rend difficile un retour à vélo. Je ferais donc le long retour à pieds en tenant le vélo d’une main et le parapluie de l’autre. La difficulté supplémentaire de mon vélo est qu’il a un pédalier de type vélo de piste, c’est-à-dire qu’il est en permanence solidaire de la tour arrière. Quand on tient le vélo d’une main pour le faire rouler à côté de soi, il faut donc s’en écarter suffisamment pour ne pas se prendre des coups de pédales car le pédalier tourne au rythme du mouvement. Mais je ne regrette pas, malgré la pluie, d’avoir fait le déplacement jusqu’à cette lune qui apportait un brin de fantastique dans les rues de Shimo-Kitazawa. L’installation a apparemment été enlevée le Dimanche 25 Septembre. J’en montrais quelques photos supplémentaires sur mon compte Instagram la semaine dernière. J’aime beaucoup marcher jusqu’à Shimo-Kitazawa et notamment traverser le quartier de Yoyogi-Uehara que je connais assez bien sans jamais y avoir habité. J’ai dû en parcourir la plupart des rues. On y trouve par endroits des petits moments d’architecture remarquable. Shimo-Kitazawa reste beaucoup plus désordonné dans sa composition urbaine mais est malheureusement en voie de gentrification. Les alentours de la gare sont notamment en construction depuis plusieurs années et il y a fort à parier que la standardisation urbaine touche petit à petit les rues du centre. Au passage, je suis assez surpris par la longévité d’une grande illustration murale montrant des têtes de loups criant vers le ciel, ou peut-être plutôt vers la lune imaginaire qui est proche. Je vois très régulièrement sur les murs les mots « Tokyo is yours » écris à la va-vite. On sait peu de choses sur le ou les taggers écrivant ces messages dans les rues de Tokyo. Le message sur la photographie ci-dessus est écrit à l’entrée d’un escalier menant vers un sous-sol sombre et il est accompagné d’une petite flèche qui semble nous inviter à y pénétrer. Je me demande quel univers mystérieux se cache à cet endroit.

Je ne suis jamais allé dans les petites salles de concert de Shimo-Kitazawa (autant que je m’en souvienne) et il y en a pourtant plusieurs que je vois souvent mentionnées lorsque je parcours les fils Twitter de certains artistes et groupes indépendants. Tricot s’y était notamment produit en petit comité un peu plus tôt cette année en Avril (j’en parlais dans un billet précédent), avec pour objectif principal de faire un enregistrement en direct visible par les spectateurs à l’étranger, en compensation du retard de leur tournée européenne. Les mois ont passé et Tricot est actuellement en Europe pour de nombreuses dates de concerts. J’aime beaucoup suivre leur périple sur Instagram car Ikkyu et Hiromi montrent beaucoup de photos et de petits films. Après l’Angleterre, Tricot est passé à Paris pour un seul concert au Point Éphèmère et les reportages que j’ai reçu d’un amateur sur place (qui se reconnaîtra) indiquent que le concert était très bon avec un très bon accueil parisien. Je n’ai pu m’empêcher de capturer quelques photos du compte d’Ikkyu et de Tricot pour garder une trace de ce passage français.

Et pendant que Tricot tourne en Europe, Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) sort sous le nom de projet SUSU (好芻) un mini-album intitulé Gakkari. il s’agit d’une collaboration avec le musicien Kanji Yamamoto (山本幹宗). Le mini-album a une ambiance musicale très éloignée de la dynamique millimétrée du math-rock de Tricot. L’univers de Gakkari. est innocent et insouciant, dans des ambiances rêveuses. L’approche est très rafraîchissante. Je trouve cette approche comme détachée de la réalité. On y trouve parfois des petits moments musicaux orientaux et cet aspect un peu oriental donne à ce mini-album un côté un peu kitsch sans vraiment l’être. C’est un équilibre bien dosé qui tient par la voix un peu voilée mais parfaitement maîtrisée d’Ikkyu. J’aime en particulier les deux singles, Blue Boat qui démarre le mini-album et Night Market qui le conclut. Cet univers ne s’est révélé pour moi qu’après plusieurs écoutes, mais j’y ai tout de suite trouvé de l’intérêt.

Et pour continuer sur Tricot et partager une discussion que j’ai eu par messages interposés avec Nicolas, on se demandait la signification du surnom Motifour de la guitariste de Tricot. Son vrai nom est Motoko Kida (木田素子) mais se fait appeler Motifour Kida (キダ モティフォ). Une petite recherche sur le Wikipedia japonais m’a donné des bonnes pistes. Elle a apparemment pris son surnom du guitariste d’un groupe japonais appelé mudy on the Sakuban (mudy on the 昨晩). Le guitariste en question se fait appeler Watifour Mori (森 ワティフォ) et ce mot Watifour veut dire « Espoir » en langue africaine Swahili. On peut traduire Espoir en Kibō en japonais (希望). Motifour Kida aurait donc gardé le « Mo » de son vrai prénom Motoko et repris le « tifour » du nom de ce guitariste. A noter qu’un autre guitariste, Satoshi Takeuchi, d’un groupe japonais nommé Onigawara, a également appliqué la même technique en prenant le nom de Satifour Takeuchi. J’imagine qu’un lien se crée ainsi entre une communauté de guitaristes. Je me suis ensuite demandé si les kanji que Motifour Kida écrit sur ses deux mains lors des concerts ne seraient pas tirés de ce mot espoir Kibō 希望. Mais en fait non, ce sont les kanji 甲, qui signifie « dos de la main » et qu’on peut aussi comprendre comme « armure » ou « casque de protection » et 攻 qui veut dire « attaque ». L’utilisation de ces deux kanji en particulier reste bien mystérieuse. Motifour Kida dit simplement qu’il s’agit d’un porte-bonheur. Je ne sais pas si c’est commun pour les musiciens d’écrire de cette manière des kanji ou mots porte-bonheur sur leurs mains avant des représentations, mais le fait d’inscrire un kanji sur la main me rappelle forcément Sheena Ringo à ses débuts en concert (extrait du concert Senkō Ecstasy de 1999 sur la photo de droite). Elle inscrivait par exemple le kanji 主 qu’on peut traduire, je pense, en « Principal » ou « Maitre ». Tout comme Ikkyu, on sait que Motifour Kida appréciait Sheena Ringo ou des groupes comme Number Girl à ses débuts, mais je me demande si ses inscriptions sur les mains sont une influence directe. Il reste encore quelques mystères à élucider.