quelques journées d’été (2)

La visite du château d’Inuyama était une idée du fiston, tout comme Hikone l’année dernière. Dans la série des châteaux classés trésors nationaux, nous aurions également voulu visiter le château d’Himeji mais ça faisait un peu loin en voiture. Je ne suis pas contre les longs trajets en voiture, surtout sur la Shin-Tomei où on peut rouler à 120km/h, mais pour Himeji, le trajet aurait été fatiguant pour tout le monde à faire en une seule journée. Pour ces longs trajets, je construis à chaque fois une playlist musicale qui me permet de rester concentrer (tout en fredonnant). Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes morceaux qui se répètent de voyage en voyage. Ma playlist faisait en tout 4h14mins et nous avons stationné sur le parking du château d’Inuyama exactement à la fin du dernier morceau de ma playlist. J’en viens à me demander si je n’ai pas réglé ma vitesse sur la durée de ma playlist.

Après la visite du château d’Inuyama, nous passons à travers les deux sanctuaires situés à son entrée, celui d’Haritsuna et celui de Sarutahiko, dont le nom nous est familier car il y en a plusieurs au Japon, même à Tokyo. Le petit pont de Torii rouges du sanctuaire Sarutahiko attirent tout de suite mon regard, d’autant plus que deux jeunes filles en yukata ont la bonne idée d’être là au bon moment. En prenant cette photo, je me souviens avoir déjà vu ce passage et ces petites plaquettes de bois Ema (絵馬) en forme de cœur sur le blog de mahl. Avant de reprendre la route pour une plus courte durée cette fois-ci, nous faisons une courte pause dans un petit café nommé Cocotomo, qui semble récent malgré ce que laisse présager la grande porte à l’entrée. Nous bifurquons ensuite volontairement en voiture pour traverser l’ancienne rue Honmachi dirigée vers le château. Nous passerons la nuit dans la ville proche de Gifu au bord du fleuve Nagara, qui se déverse dans la baie d’Ise comme le fleuve Kiso.

le camphrier veille sur Ueno

Outre un passage rapide dans les rues d’Ameyoko, l’autre objectif de ma visite à Ueno était d’aller voir d’un peu plus près le sanctuaire Tōshōgū et notamment un espace de méditation conçu récemment par l’architecte Hiroshi Nakamura & NAP, que j’ai déjà montré sur mon compte Instagram. Cet espace simple appelé Ueno Tōshōgū Seishinso (上野東照宮清心所) a été construit principalement en bois de ginkgo et est placé à l’entrée du sanctuaire. Il est placé devant un arbre gigantesque, un grand camphrier âgé de 600 ans, que l’on dit être à l’origine du parc d’Ueno. Cet arbre sacré était déjà là avant la construction du sanctuaire Tōshōgū, d’abord établi en 1627 puis rénové en 1651 pour devenir un sanctuaire consacré à Tokugawa Iieyasu. Le pavillon Seishinso nous permet de nous asseoir quelques instants (ou des heures si on veut) pour admirer cet arbre qui veille sur Ueno depuis tant d’années. Ce qui est particulièrement intéressant est qu’on ne le voit pas dans sa totalité depuis l’espace assis du pavillon, car seule une partie du tronc est visible. Un chemin pavé fait le tour de l’arbre et de ses racines pour nous amener ensuite vers le bâtiment principal du sanctuaire Tōshōgū (le Honden). En voyant soudainement la richesse des feuilles d’or se réfléchissant au soleil, je me demande pourquoi je ne suis pas venu ici avant. Il y a très peu de visiteurs lors de mon passage. L’emplacement du sanctuaire dans un coin du parc d’Ueno joue peut-être sur le fait qu’il soit assez peu visité. L’endroit est en tout cas particulièrement paisible en cette fin de matinée de dimanche.

quelques journées d’été (1)

Nos petites vacances d’été viennent de se terminer. Comme à notre habitude, elles étaient courtes mais denses, enfin peut-être un peu moins occupées que celles de l’année dernière dans la préfecture de Shiga. Nous sommes partis trois jours pour deux nuits à la recherche des châteaux japonais. Notre objectif était de retourner à Aichi pour aller d’abord visiter le château d’Inuyama que nous n’avions pas pu voir l’année dernière, faute de temps. Tout comme le château d’Hikone que nous avons visité l’année dernière et celui de Matsumoto que nous sommes allés voir en début d’année, le château d’Inuyama est un château historique classé comme trésor national. Il a heureusement été préservé des destructions de signes de guerre pendant la restauration Meiji, ce qui n’a pas été le cas de nombreux château japonais. Les premières constructions du château datent de 1440 mais le bâtiment actuel date de 1537, construit sous la supervision du seigneur Oda Nobuyasu, l’oncle du seigneur de guerre Oda Nobunaga, un des unificateurs du Japon pendant la période Sengoku (1477 – 1573). À partir de 1617, le château devient la propriété du clan Naruse, vassaux du clan Matsudaira dont fait partie Tokugawa Iieyasu. Il restera sous le giron des Naruse pendant presque 400 ans, jusqu’à 2004. Ça me surprend d’ailleurs qu’un château pareil reste une propriété privée pendant aussi longtemps. Le domaine d’Inuyama se trouve dans l’ancienne province d’Owari, au bord du fleuve Kiso qui sert de frontière entre les actuels préfectures d’Aichi et de Gifu.

Après quatre heures et demi d’un long trajet en voiture sur l’autoroute Shin-Tomei, nous ne sommes pas mécontents d’arriver enfin à notre destination. Alors qu’on approche de la ville d’Inuyama, nous recherchons du regard un château perché dans les montagnes, mais il nous faut vraiment approcher de notre destination pour finalement l’apercevoir, majestueux en haut d’une colline surplombant le fleuve. De premier abord, sa taille me fait penser à celle du château d’Hikone. Il n’est pas aussi grandiose et élégant que le château de Matsumoto mais son emplacement lui donne une beauté toute particulière. Il faisait environ 38 degrés dehors lors de notre visite et nous n’avons pas trouvé la fraîcheur à l’intérieur de la forteresse, malgré les gros ventilateurs placés à certains endroits. On grimpe les escaliers très inclinés du donjon (Tenshu) jusqu’au dernier étage. Le parquet grince sous nos pas, ce qui inquiète Zoa, ou le surprend plutôt. Ce qui m’inquiète personnellement est de faire le tour du dernier étage du donjon sur le balcon de bois dont la balustrade est particulièrement basse. Je succombe toujours au vertige et je n’ai donc pas pu en faire le tour. Les photographies de la vue magnifique sur le fleuve et sur la ville sont donc prises à une certaine distance du bord du balcon. Le bâtiment étant historique, il n’y a bien entendu aucune barrière de protection additionnelle. Ce petit contretemps ne m’empêche pas de profiter du reste du château, qui se visite assez rapidement tout de même, et de tenter différentes prises photographiques depuis l’approche du château à travers les branchages. Cet espace devant le château est particulièrement agréable et nous ferait presqu’oublier la chaleur ambiante.

ゴールのないウサギとカメみたい

La période estivale, surtout celle du mois d’Août, voit en général une baisse des visites de ce blog et mon envie d’écrire diminue également malgré un nombre important de photographies que je souhaite montrer. Il ne s’agit pourtant pas de lassitude. Ce n’est pas le cas pour ce billet, mais mes articles sur ce blog peuvent apparaître ces derniers temps comme des extensions des photos que je montre sur Instagram. Je marche le week-end avec en général pour objectif d’aller voir un bâtiment en particulier et j’en profite toujours pour prendre également l’environnement en photo. J’ai tendance à montrer d’abord, quasiment dans l’immédiat, la photo du dit bâtiment sur ma page Instagram, tandis que le billet sur le blog sera écrit beaucoup plus tard, parfois de longues semaines après. Depuis quelques semaines, je publie une Story de trois photos pour chaque nouveau billet publié sur ce blog. Instagram étant un environnement relativement fermé, il n’autorise pas les liens pointant vers l’extérieur à part dans les Story. Je faisais auparavant ce genre de liens sur Twitter, mais j’ai quand même plus de visiteurs et followers sur Instagram que sur Twitter. Ceci étant dit, la plupart des visiteurs qui me suivent sur Instagram ne sont pas francophones et ils auront vite compris que ça ne sert pas à grand chose de cliquer sur le lien menant à un article entièrement écrit en français. Instagram a beaucoup de défauts, comme cette désagréable sensation d’avoir à rechercher les photos de personnes que l’on suit parmi un flot de publicités et de suggestions. Mais, Instagram a tout de même quelques avantages comme celui de créer des communautés d’intérêts communs, l’architecture en ce qui me concerne. Communauté est, ceci étant dit, un bien grand mot, car il s’agit plutôt d’un groupe aux contours flous de personnes ayant ce même attrait pour l’architecture et s’inspirant mutuellement en montrant des lieux intéressants à aller explorer. Le problème inhérent à cela est qu’on se retrouve à aller dans des endroits déjà vus récemment par d’autres. C’est en fait mon cas car je suis souvent inspiré par les autres, mais je n’aurais pas autant d’idées de visites si je ne suivais pas ces autres instagramers architecturaux tokyoïtes. J’espère également en inspirer d’autres. Outre l’architecture, je trouve parfois des choses très intéressantes sur Instagram, comme par exemple le compte Void Tokyo montrant de la Street Photography. Je découvre récemment par ce compte et par une interview du site Tokion la photographe Kisara Okada qui prend des scènes de rue particulièrement intéressantes. Les scènes peuvent être parfois si saugrenues qu’on se demanderait s’il s’agit de mises en scènes. Ce n’est apparemment pas le cas bien sûr, sinon l’intérêt serait bien moindre. Je n’ai personnellement pas du tout cet œil photographique tourné vers les gens et c’est donc un style qui est très éloigné de ce que je serais en mesure de faire. Ces photos saisissent des scènes en mouvement et on essaie forcément d’imaginer ce qu’il va se passer ensuite. Cette histoire qu’on essaie d’imaginer donne tout l’interêt à ces photographies, plutôt qu’une quelconque qualité technique. Il manque ce genre d’histoires dans mes photos car je les prends principalement pour une qualité visuelle, qui est souvent liée à la densité urbaine ou végétale des coins de rue que je découvre. Elles prendraient certainement une autre dimension si une histoire venait s’ajouter à cette qualité visuelle. Jérémie Souteyrat le faisait très bien sûr sa série Tokyo no ie publiée en livre aux éditions du Lézard Noir. A force de prendre toutes ces photos, j’ai parfois l’impression de faire une course contre moi-même sans objectif très précis et ainsi répéter à l’infini ma démarche sans y voir de finalité. Les quelques photographies ci-dessus sont prises dans le quartier résidentiel de Shirogane pour les trois premières, puis entre les stations d’Ebisu et de Shibuya sur un pont pour piétons que j’aime beaucoup et dont j’ai déjà parlé (celui sous lequel se cache Ikkyu), et finalement de Ginza jusqu’à la tour de Tokyo où le soleil se couche.

アメ横の横の猫

Je continue à marcher tranquillement dans les rues d’Ueno, en particulier à Ameyoko à la recherche d’un magasin de disques comme je le mentionnais dans le billet précédent. Je trouve bien un petit magasin nommé Rythm situé sous les voies de trains. Il a l’air d’être là depuis très longtemps et d’être spécialisé dans le style Enka (演歌), mais sa taille ne semble pas correspondre à un endroit où Sheena Ringo aurait pu y faire un petit boulot. Alors que je m’enfonce dans une allée couverte passant sous les voies, je trouve un magasin vendant des fausses armes à feu. Il est extrêmement désordonné au point où on se demande s’il opère bien. Je crois que le propriétaire ou un vendeur du magasin se trouve assis au fond. J’imagine qu’il doit avoir une idée très précise d’où se trouve chaque objet et que cet apparent bazar n’est en fait qu’une méthode de rangement comme une autre. En passant devant, je me demande si c’est ici que la fameuse photo où Sheena pose hilare avec un pistolet posé sur la tempe a été prise. Si c’est bien le cas, le magasin devait être beaucoup mieux ordonné il y a 22 ans. Le chat (猫) mentionné dans le titre du billet est celui de la dernière photographie. Il s’agit d’une statuette posée dans une vitrine. Cette vitrine ne montre apparemment que des chats car la dernière fois que je suis passé devant, la statuette de chat était différente. Nous sommes à quelques pas de la pâtisserie japonaise Usagiya dont on adore les dorayaki, très certainement les meilleurs de Tokyo (je ne les ai bien sûr pas tous testé).


J’ai beaucoup moins regardé le festival Fuji Rock en cette journée de Dimanche. Comme prévu, je n’ai pas vraiment accroché à la prestation de Japanese Breakfast et j’ai vite zappé, mais la bonne surprise venait d’un groupe math-rock taïwanais appelé Elephant Gym. Ils sont trois sur scène et le son du groupe met en avant la basse dont joue KT Chang d’une manière assez inhabituelle. On se laisse assez vite emporter par le rythme des morceaux, le morceau Finger en étant un bon exemple. Il faudrait que j’écoute un peu plus ce groupe. Un peu plus tard, je découvre le musicien anglais Tom Misch que je ne connaissais pas du tout et dont j’aime beaucoup le jeu de guitare. Je manque la plus grande partie de Mogwai le soir car j’ai été beaucoup plus intéressé par la prestation de Zutto Mayo (ずっと真夜中でいいのに) qui était vraiment captivante. Je ne connais pas beaucoup le groupe que Nicolas m’avait recommandé dans les commentaires d’un ancien billet. Par rapport à la plupart des autres groupes, il y avait un réel sens de la mise en scène, qui prenait un côté cyberpunk avec des instruments fabriqués à partir d’objets du quotidien. ACA-Ne et un autre membre du groupe utilisaient par exemple une guitare faite d’un ventilateur. On voyait aussi des percussions faites d’écrans cathodiques de télévision. Je ne me souviens plus de son nom, mais j’avais déjà vu cet inventeur d’instruments dans une émission de télévision. Les morceaux de Zutto Mayo sont très dynamiques, fidèles à ce que je peux connaître du groupe. Comme prévu également, ACA-Ne ne se montre pas. Elle est bien sur scène mais avec une visière sur le visage et les images qu’on peut voir sur YouTube sont flouées volontairement quand elle est à l’écran. Du coup, je vais écouté un peu plus ce groupe. Le festival m’a donné quelques bonnes pistes musicales.