un bleu azur insaisissable

Je marche cette fois-ci dans les rues de Shirogane en écoutant Variety de Tokyo Jihen. C’est à priori l’album le moins aimé du groupe. C’est vrai qu’il est désordonné mais je l’aime personnellement beaucoup, autant que les autres. Je suis en fait partie à la recherche de la maison individuelle Kamikozawa House conçue par l’architecte Kenji Hirose en 1959. Je suis déjà passé la voir pendant un de mes joggings du week-end il y a plusieurs années, mais je voulais la prendre en photo correctement avec mon appareil photo reflex. Je me souviens de ses formes simples et modernes, même radicales pour l’époque, et j’avais envie de les revoir. Je tourne en rond autour de l’adresse que j’avais noté mais je ne la trouve malheureusement pas. Elle a peut être été détruite, ce qui ne m’étonnerait que moyennement car les propriétaires initiaux qui lui ont donné ce nom n’y habitent plus. La maison étant de plain-pied sur une surface assez vaste, elle a du être considérée comme n’étant pas optimisée pour l’espace tokyoïte, surtout dans des quartiers denses en maisons et résidences comme Shirogane. Un petite visite sur GoogleMaps me confirme effectivement qu’un nouveau bâtiment est en construction à l’emplacement de Kamikozawa House. En chemin, je prends en photographie divers lieux et choses, des temples, des posters en kimono, des composants extérieurs d’air conditionné ou des architectures intéressantes qui se conjuguent bien avec le naturel. J’aime beaucoup le quartier de Shirogane car j’ai l’impression que je peux encore m’y perdre. La réalité est que je finis par connaître ces rues et que les surprises en chemin s’amoindrissent petit à petit. Les deux dernières photographies sont prises à Shibuya, sur la rue Meiji et près du Department Store PARCO. En les rajoutant à la fin du billet, j’ai le sentiment qu’elles ne sont pas nécessaires à l’ensemble du billet. Mais je les laisserais quand même à la fin de cette série de photographies, car le fait qu’elles ne soient pas nécessaires les rend complètement indispensables. C’est aussi la manière dont je vois ce blog, dans son ensemble, et ça me libère de toute idée préconçue sur ce que je dois mettre ou pas sur ces pages.

Musicalement parlant, vous l’aurez certainement déjà bien compris, je suis dans une phase d’écoute quasi-exclusive de la musique de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. J’écoute bien d’autres musiques mais beaucoup moins de nouveautés que d’habitude et plutôt des albums que j’ai acheté il y plusieurs mois ou années. J’ai eu des phases musicales similaires précédemment, correspondant par exemple à la musique de Jun Togawa et Yapoos, Autechre ou encore Radiohead, Sonic Youth, The Cure et Pixies, dont je dévorais les albums les uns après les autres sans interruptions majeures. C’est un peu épuisant, mais j’adore cet état d’addiction musicale qui me fait réaliser toute la réalité du slogan « No Music, No Life » (bon, j’exagère volontairement le trait mais c’était pour garder en lien quelques affiches de la campagne publicitaire de Tower Records: TJ, SR1, SR2 et SR3, NB). Il faut dire que Tokyo Jihen ne m’aide pas beaucoup à décrocher car, en plus de mon objectif de voir tous leurs concerts, ils sortent régulièrement de nouveaux morceaux qui sont de plus en plus intéressants. Tokyo Jihen sort donc le morceau Blue ID (青のID) le Vendredi 6 Novembre, et je le télécharge sur iTunes dès sa sortie à minuit. Le morceau écrit cette fois-ci par Sheena Ringo est atypique et excellent, avec une once de folie dans la partition de piano. C’est comme si le groupe retrouvait une deuxième jeunesse depuis leur réformation. Il ne plaira peut être pas à tout le monde, mais j’aime beaucoup cet aspect sans compromis. Je trouve que Blue ID, également sous-titré d’un titre en espagnol Período Azul (qui m’inspire mon titre de billet), se trouve dans une continuité de style avec le EP précédent contenant le morceau principal intitulé Aka no Doumei (赤の同盟) également sous-titré en espagnol en Alianza de Sangre. On n’est pas non plus très éloigné du son de Tokyo Jihen car certaines intonations musicales me sont familières, mais l’ambiance générale est différente depuis leur reformation Je rêve discrètement qu’ils se dirigent petit à petit vers un style plus expérimental, vu que le groupe en a toutes les capacités techniques. En attendant, Tokyo Jihen sortira un autre morceau la semaine prochaine, intitulé Inochi no Tobari (命の帳) dont je risque bien de parler ici.

Je continue de manière méthodique mais désordonnée la revue des albums live de Sheena Ringo avec Gekokujō Xstasy (下剋上エクスタシー) qui est le premier concert enregistré et disponible en DVD (et même en VHS à l’époque). Le DVD est sorti le 7 Décembre 2000 en même temps que Hatsuiku Status Gokiritsu Japon (発育ステータス 御起立ジャポン) dont je parlais auparavant. J’avais acheté ces deux DVDs en même temps à l’époque au HMV de Shibuya (mais je me répète très certainement). Gekokujō Xstasy était une tournée nationale en 15 dates à travers tout le Japon du 17 Avril au 7 Juin 2000. La captation du DVD reprend des parties des concerts au NHK Hall à Shibuya, Tokyo le 26 Avril et au Fukuoka Sunpalace le 31 Mai 2000, ainsi que trois courtes parties documentaires entrecoupant le concert. Comme j’ai pu le constater assez souvent jusqu’à maintenant, il ne s’agit malheureusement pas du concert entier car quelques morceaux de la playlist ont été enlevés comme les singles Koko de Kiss shite ou Gibs et d’autres morceaux sont plutôt présents sur le premier disque de Zetchōshū à savoir les morceaux Yattsuke Shigoto et Gamble. Je n’arrive toujours pas à comprendre les raisons d’enlever des morceaux et d’en mettre ailleurs. Sur ce concert, Sheena Ringo avec la formation Gyakutai Glycogen (虐待グリコゲン) interprète des morceaux des deux premiers albums Muzai Moratorium et Shōso Strip, ce dernier étant sorti un mois plus tôt le 31 Mars 2000.

Il ne s’agit pourtant pas de sa première tournée. La première tournée s’appelait Senkō Xstasy (先攻エクスタシー) et se déroulait en 7 dates du 1er ou 18 Avril 1999 dans des clubs de Fukuoka, Osaka, Nagoya, Kanazawa puis Shibuya et Sendai. En cherchant un peu, on peut trouver sur internet la bande sonore du tout premier concert de Sheena Ringo sur cette tournée à Fukuoka le 1er Avril 1999 au 福岡DRUM LOGOS. J’imagine que le lien Youtube peut disparaitre à tout moment, et la qualité audio est assez moyenne de toute façon, mais ça a valeur de documentaire. De Senkō Xstasy, le concert se déroulant le 9 Avril au Shibuya ClubQuattro a été en fait filmé, et on en trouve une partie sur un des disques de la Box-set Live sorti en Novembre 2013 à l’occasion des 15 ans de sa carrière musicale. Il ne s’agit que d’une partie du concert, 5 morceaux pour 22 minutes, à savoir Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。), Keikoku (警告), アイデンティティ (Identity), Crazy For You (une reprise de Madonna) et Onaji Yoru (同じ夜). Je ne pense pas trouver un jour cette Box-set Live à un prix raisonnable (le prix oscille entre 24,000 yens et 56,000 yens), mais quelques recherches internet permettent de voir ces 22 minutes de concert (j’imagine là encore que le lien va disparaitre). La qualité vidéo et audio de cet enregistrement est étonnamment bonne, et les interprétations excellentes (très agressives, roulant excessivement des ‘r’ sur le morceau Keikoku par exemple), avec de nombreuses interactions avec le public. La formation sur cette tournée était déjà Gyakutai Glycogen, donc avec Seiji Kameda à la basse, Junji Yayoshi à la guitare, Makoto Minagawa aux claviers et Masayuki Muraishi à la batterie. J’aime bien le fait que Kameda soit pratiquement toujours présent. Pendant le concert, Sheena est coiffée d’une petite couronne qui n’est pas sans me rappeler celle de Courtney Love sur l’album Live Through This de Hole, sorti 5 ans plus tôt (on sait que Sheena Ringo est fan de Nirvana, au point de rajouter le nom du groupe et de Kurt Cobain dans la version modifiée de Marunouchi Sadistic). Je ne parlerais pas de sa tenue de scène très sexy et du kanji 主 (maître) sur sa main gauche qui laisserait penser qu’il y a des esclaves dans la salle. La totalité des morceaux a été apparemment enregistrée, mais je crois comprendre que le reste restera dans les archives. Certains autres extraits ont quand même été diffusés sur la chaine musicale du câble Space Shower TV, comme Marunouchi Sadistic (encore un lien qui est destiné à disparaitre mais la qualité video est de toute façon très mauvaise). Après la tournée Senkō Xstasy, Sheena Ringo se lançait dans l’enregistrement de son deuxième album Shōso Strip.

La tournée suivante, la deuxième donc, s’appelait Manabiya Xstasy (学舎エクスタシー) et se déroulait en 4 dates du 2 au 13 Novembre 1999 lors de festivals d’universités (学園祭) à Kanagawa (Tokai University sur le campus de Hiratsuka), Tokyo (Showa Women’s University), Fukuoka (Seinan Gakuin University) et Kyoto (Ritsumeikan University). Les concerts de la tournée n’ont pas été officiellement enregistrés ou diffusés en DVD, mais il existe sur internet une vidéo de piètre qualité du concert du 7 Novembre 1999 à l’université Showa Women’s University à Setagaya, Tokyo. Certains morceaux ont été quand même enregistrés et sont présents sur le deuxième disque de Zetchōshū, à savoir Mellow (メロウ), Fukō Jiman (不幸自慢) et So Cold (喪@CINコ瑠ヲュWァ). La formation n’est plus Gyakutai Glycogen, mais Tensai Präparat (天才プレパラート). En fait, je n’avais pas eu la présence d’esprit de constater que les trois disques du EP Zetchōshū correspondent en fait, dans l’ordre, à ses trois premières tournées.

Mais revenons plutôt à Gekokujō Xstasy qui est censé être le sujet principal de ce billet. Le terme gekokujō signifie la prise de pouvoir d’une personne plus faible sur une plus forte (la révolte des faibles en quelque sorte), terme utilisé historiquement au Japon depuis la période de Kamakura dans les batailles de clans. On pourrait traduire par outsider, ce qui doit correspondre à son état d’esprit par rapport à la scène musicale de l’époque. Personnellement, même maintenant qu’elle se trouve pleinement dans le mainstream, je la considère toujours comme étant outsider. Le DVD la nomme Shéna Ringö, ce qui est assez inhabituel, mais se normalisera ensuite en Sheena Ringo, qui est son nom officiel en romanji (et non Shiina Ringo qui est la transcription directe du japonais). La couverture de l’album reprend des symboles hospitaliers tout comme la vidéo de Honnō, le premier morceau interprété sur le concert. Par rapport aux deux tournées mentionnées auparavant, Gekokujō Xstasy prend une identité beaucoup plus marquée avec une mise en scène spécifique. La scène prend la forme d’un bloc opératoire, comme dans l’univers de Honnō donc, avec électrocardiogramme en fond, un modèle anatomique sur le côté et des grandes lampes de salle d’opération. Le staff sur scène est également habillé en infirmier, d’une tenue verdâtre. Un séjour à l’hôpital avant l’enregistrement de ce morceau Honnō a apparemment été initiateur de ce décor hospitalier. Les membres du groupe sont tous habillés de blanc et Sheena porte une sorte de camisole aux manches trop longues tachées de rouge sang par endroits. Cette mise en scène est très emblématique, et même assez inquiétante, exacerbée par le regard, les yeux grands ouverts, de Sheena Ringo lui donnant comme une pointe de folie. Un cameraman et une photographe se trouvent également sur scène pour la filmer et la prendre en photo, comme s’il s’agissait d’une star de cinéma. Cette exagération est volontaire, certainement pour mettre en avant sa popularité récente et les excès que ça entraîne qui la rendrait inconfortable. Toujours est-il qu’elle joue également un rôle pendant tout le concert. Elle ne sourit pas et prend ce concert très au sérieux, ce qui est une ambiance assez différente des tournées précédentes, mais assez similaire aux tournées suivantes. Seiji Kameda porte toujours sa crête en iroquois, ce qui m’amuse toujours en pensant à sa coiffure actuelle qui lui donne plutôt une tête très amicale. C’était une autre époque, il y a 20 ans. Sheena Ringo n’avait d’ailleurs que 21 ans au moment de ce concert.

Après quelques morceaux, le concert est ensuite entrecoupé de quelques scènes montrant les répétitions et la préparation du décor. On y voit notamment les dessins de préparation de la scène et des costumes. D’autres scènes montrent le voyage du groupe en bus, ou l’entrée sur scène. Ces passages me rappellent les scènes qu’on pouvait trouver sur le DVD de Hatsuiku Status Gokiritsu Japon. Un peu plus tard, on passera dans la salle de maquillage où on remarque notamment que tous accessoires sont blancs et marqués du logo rouge en forme de croix. Sur scène, les micros sont également blancs avec des fils rouges. Le reste de la partie documentaire est un mélange de scènes sans liens évidents les unes avec les autres: Kameda recherchant des inscriptions incluant son nom en kanji dans les rues d’une ville (Fukuoka sans doute), une scène d’anniversaire à la guitare pour Kameda, et une autre scène qu’on imagine se passer après un concert dans une salle avec billard (peut être un bar ou une salle des coulisses). Les membres du groupe profitent des instruments présents pour reprendre le morceau Tsumiki Asobi. Dans la première partie du concert qui se déroule au NHK Hall de Shibuya, Sheena a les cheveux longs et les coupe plus court lors de cette tournée. Le morceau Keikoku est intéressant car il démarre sur la version du NHK Hall avec les cheveux longs et bascule soudainement sur la version du morceau prise plus tard au Fukuoka SunPalace où Sheena a les cheveux courts (la partie documentaire nous montre d’ailleurs cette coupe de cheveux). Dans les scènes documentaires, l’ambiance est légère et détendue, et contraste bien évidemment avec ce qui se passe sur scène.

Les interprétations sur scène sont dans l’ensemble très bonne. Une raison pour laquelle le concert n’est pas présenté en entier est peut être dû au fait que seulement les interprétations les plus réussies sont retenus. Le morceau Keikoku, dont je parlais juste avant, est particulièrement réussi, particulièrement agressif notamment dans le roulement des ‘r’. C’était une des distinctions de son chant, mais c’est dommage qu’elle ne le pratique plus maintenant. Je me souviens de la première fois où j’ai écouté Muzai Moratorium et ce roulement des ‘r’ m’avait particulièrement intrigué, notamment parce que c’est très inhabituel pour des japonais. Je regarde ce concert avec une certaine nostalgie, car il me ramène 20 ans en arrière et me rappelle des moments où j’écoutais intensément ces albums. Un souvenir de l’avoir écouté à Nagasaki sous le futon, probablement pendant la Golden Week de l’an 2000, me revient en tête. J’étais revenu dans la famille qui m’avait accueilli au mois de Juillet 1998 pour ma première venue au Japon. Comme souvent, les concerts incluent une reprise, c’est ici le morceau Love is Blind de Janis Ian. Sur la tournée Manabiya Xstasy, c’étaient les morceaux UFO de Pink Lady et Creep de Radiohead. Sur Senkō Xstasy, le morceau Crazy for You de Madonna (dont je parlais avant). Les morceaux que je retiendrais principalement sont Tsumiki Asobi où elle fait bien entendu la danse qui accompagne le morceau, et Tsumi to Batsu où elle donne toute son énergie. La version de ce concert de Izonshō, dernier morceau de l’album Shōso Strip, est par contre problématique. Alors que dans la version de l’album, elle laisse un blanc volontaire dans les paroles où elle évoque le nom de sa voiture, une vieille Mercedes Benz W114 jaunâtre. Elle donne le nom d’Hitler à cette voiture dans la version du concert. Ce morceau des paroles est recouvert d’un beep sonore et on ne l’entend donc pas dans la version du DVD. Cette appellation problématique n’a apparemment aucune signification particulière (bien heureusement je dirais) mais reste au minimum très maladroit. Elle avait apparemment une habitude à cette époque de donner des noms allemands à certains objets, comme sa guitare qu’elle appelait Dietrich. Elle aura plus tard une manie de sous-titrer ses morceaux en français et maintenant en espagnol pour Tokyo Jihen. On peut quand même se rassurer en se rappelant que cette voiture subit un sort radical en se faisant couper en deux dans la vidéo de Tsumi to Batsu. Juste après ce morceau, Sid to Hakuchūmu enchaine avec une mise en image très dynamique qui continue sur le morceau suivant Byōshō Public. La caméra vidéo sur scène est très rapide et montre beaucoup d’images resserrées qui accentuent l’action sur scène. Le concert finit sur le déjà classique Marunouchi Sadistic qui reste quand même meilleur en version originale rock par rapport aux versions plus jazz qui vont suivre (la version Expo par exemple).

Alors que l’on croit le concert terminé, il reprend après les crédits de fin pour quelques morceaux, cette fois-ci au format 4:3 et dans un noir et blanc très granuleux. Sheena Ringo est accompagnée d’une formation appellée Kachiikusa Kinen Gakudan (勝ち戦記念楽団) composée d’un piano et de quelques instruments à cordes. Elle chante un medley de trois morceaux pratiquement a cappella. Cette partie est très forte et aurait dû, à mon avis, être incluse à part entière dans l’ensemble de la video du concert. En fait le vrai dernier morceau, Onaji yoru, est joué en entier et passe soudainement du noir et blanc à la couleur au moment où le morceau monte en intensité. Comme pour l’épisode du changement de coupe de cheveux, cette transition est plutôt intéressante et bien réalisée. Je termine là cette revue du concert. Entre les débuts de Sheena Ringo et le dernier morceau de Tokyo Jihen qui vient juste de sortir, je fais sur ce billet un grand écart sur la ligne du temps, jusqu’au prochain épisode.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux présents sur le DVD du concert Gekokujō Xstasy:

1. Honnō (本能), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
2. Kyogenshō (虚言症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
3. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
4. Aozora (あおぞら), en B-side du single Honnō (本能)
5. Tsuki ni Makeinu (月に負け犬), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
6. Identity (アイデンティティ), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
7. Keikoku (警告), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
8. Koi wa Mōmoku (恋は盲目; Love is Blind), reprise du morceau de Janis Ian
9. Tadashii Machi (正しい街), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
10. Tsumiki Asobi (積木遊び), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
11. Benkai Debussy (弁解ドビュッシー), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
12. Kōfukuron (Etsuraku-hen) (幸福論(悦楽編)), du premier single du même nom
13. Tsumi to Batsu (罪と罰), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
14. Izonshō (依存症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
15. Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
16. Byōshō Public (病床パブリック), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
17. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
18. (Medley) Yami ni Furu Ame (闇に降る雨), Kōfukuron (幸福論), Remote Controller (リモートコントローラー), Tadashii Machi (正しい街), extraits des morceaux, dans l’ordre, de l’album Shōso Strip, du premier single Kōfukuron et des B-side du single Koko de Kiss Shite.
19. (Encore) Onaji Yoru (Special Version) (同じ夜(特別バージョン)), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)

le bleu des vagues qui nous attire

Nous sommes attirés par la nature de Chiba pour nos sorties récentes en dehors de Tokyo. Nous allons cette fois-ci dans la ville de Minamibōsō près de Tateyama, se trouvant dans la pointe de la préfecture de Chiba. Minamibōsō a le statut de ville mais la nature est beaucoup plus présente que ce à quoi on peut s’entendre pour une ville. C’est moi qui construisait le programme de cette sortie en totalité, jusqu’au choix du restaurant le midi ce qui est une chose plutôt rare. Le but de notre excursion était d’aller jusqu’au temple Daifuku-ji installé au flanc d’une basse montagne. Cette disposition est assez rare et intéressante. On y monte par un escalier depuis le bâtiment principal. On en profite bien sûr pour récupérer le goshuin du lieu. On ne l’aurait manqué pour rien au monde dans un endroit aussi particulier que celui-ci. Il y a plusieurs années, nous avions visité la montagne Nokogiri où on y extrayait autrefois de la pierre. La montagne de Nokogiri possédait également un temple placé dans un lieu très inhabituel. Le temple Daifuku-ji se trouve au delà de Nokogiriyama, en direction de Tateyama. Nous sommes près de l’Océan Pacifique et la vue est belle et dégagée depuis la dépendance perchée du temple consacrée à la déesse Kannon.

Notre étape suivante était d’aller manger une glace au miel non loin de là, puis d’aller manger du poisson près du port de pêche de Minamibōsō. On commence par le dessert avant le déjeuner, mais ce n’est pas un fait rare chez nous, bien que peu fréquent. J’avais identifié un restaurant de sashimi à une des deux extrémités de la zone portuaire. Nous arrivons sur le grand parking de graviers pour apercevoir rapidement avec une certaine stupeur que derrière les rangées de voitures étaient stationnés une trentaine de motos trafiquées de bosozoku. On ne rebrousse pas chemin car on a faim, et ils ne vont pas nous attaquer de toute manière. Ils sont assis à l’intérieur à côté d’une clientèle plus standard mais semblent avoir terminé leur repas. On les voit sortir les uns après les autres pendant que nous attendons dans l’entrée qu’une table se libère. Ils sont dans l’ensemble jeune, pour la plupart moins de 20 ans, mais il y a quelques personnes plus âgées dans le groupe. Les motos customisées avec des pots d’échappement modifiés, et des sièges arrières à rallonge sont tout à fait dans le style du genre. Ils sont pour la plupart habillés d’une combinaison ouverte sur le torse avec des messages écrits en kanji et éventuellement un médaillon du sigle impérial, et des bottes de cuir semi ouvertes. Quelques unes des motos sont densément décorées, certainement celles des plus anciens du gang, tandis que d’autres semblent n’être qu’au début de leur transformation. Pendant que nous attendons notre place dans le restaurant de poisson, je ne peux m’empêcher de les observer discrètement, l’air de rien (en sifflant presque). J’ai pensé un instant leur demander si je pouvais prendre leurs motos en photo, mais je me suis ravisé en apercevant que certains des membres du groupe avaient des tatouages jusqu’aux avant-bras, ce qui me laissait présager d’un tatouage intégral. Je me suis dis que ce n’était peut être pas une bonne idée de les déranger alors qu’ils étaient déjà bien occupés à faire rugir leurs moteurs. Comme les pots l’échappement sont illégalement modifiés, le bruit est infernal surtout quand ils démarrent tous en groupe. En fait, on était trois personnes à les regarder démarrer depuis la porte ouverte du restaurant. Se voyant observer, j’ai l’impression qu’ils exagéraient même le bruit des moteurs. Faire un boucan infernal fait de tout façon partie de leur rituel de départ. Ils partent de manière ordonnée, en laissant d’abord la place aux quelques motos les plus décorées, ce qui laisse entrevoir une hiérarchie dans le groupe. On les entend pendant longtemps après leur départ. J’ai déjà vu plusieurs fois ce genre de groupe de motards sur le bord de mer du Shonan. On les entendait régulièrement dans la nuit lorsque nous dormions à Ofuna dans la préfecture de Kanagawa, et il m’est déjà arrivé d’en croiser sur une voie rapide. Je ne les jamais vu gêner ou ralentir la circulation, mais je me souviens en avoir vu faire des zigzags sur la route. D’après un de mes anciens billets, ils avaient l’air d’être beaucoup plus présents à Enoshima par exemple il y a quinzaine d’années. Leur nombre dans l’ensemble du pays n’a cessé de diminuer au fur et à mesure des années, d’où ma surprise de les voir aussi nombreux à Chiba. Je me souviens par contre avoir pris ce genre de motos en photo il y a plusieurs années près du lac Kawaguchi, à proximité du Mont Fuji. Elles étaient par contre beaucoup moins nombreuses et leurs conducteurs n’étaient pas dans les environs immédiates. J’avais donc pris quelques photos discrètement, que je montre une nouvelle fois ci-dessous pour illustrer mon propos.

La dernière étape de notre mini périple d’une journée nous amène de l’autre côté du port, où se trouve deux énormes rochers jaillissant de l’océan. La route qui nous y amène est très étroite et on s’est demandé si la voiture pouvait passer entre les rangées de maisons du port. J’ai toujours une crainte de rester coincé dans une rue étroite. Les rues très étroites n’ont rien de bien spécifique à ce quartier et j’ai une certaine habitude de les emprunter à Tokyo. Je sais également à peu près bien dans quelles rues il est préférable de ne pas s’engouffrer. On arrive près du rocher par un petit morceau de route longeant l’océan et on peut se stationner dans l’herbe à proximité. Il n’est que 4h de d’après-midi mais la lumière est déjà basse. On voit quelques maisons couvertes de bâches bleues avec des pierres posées dessus pour empêcher qu’elles s’envolent. Une autre maison tout près des deux rochers à une partie du toit arrachée. Ce sont certainement les dégâts laissés par les deux grands typhons de l’année dernière ayant particulièrement touchés Chiba. Certaines personnalités comme Yoshiki ont fait des donations pour aider les habitants de Chiba. Un peu plus tôt dans le café où nous avons dégusté nos glaces au miel avant le déjeuner, des photos de Yoshiki étaient d’ailleurs disposées sur le comptoir accompagnées de petites poupées Kitty Chan en version rock X Japan. Pour revenir à nos deux rochers sur le rivage, ce sont ceux de Hokkezaki. Un passage est aménagé le long des falaises recouvertes de grillages. On voit que des pierres sont tombées à plusieurs endroits. Par un temps calme comme aujourd’hui, les vagues sont assez fortes et nous éclaboussent presque. J’imagine la rudesse de l’océan lorsqu’un grand typhon approche.

Il est maintenant temps de rentrer et c’est le moment que je maudis à chaque fois. Le retour vers Tokyo le dimanche soir est synonyme de bouchons interminables. Nous regagnons Tokyo par la ligne Aqualine qui passe sous la baie en plongeant dans un tunnel au niveau de Umihotaru. Je savais très bien qu’il ne fallait pas passer par là et plutôt faire le tour de la baie, mais le système de navigation était beaucoup plus optimiste que moi en annonçant un retour en 1h30. Nous avons finalement mis presque 4h en roulant très doucement à certains endroits. Pour nous consoler, alors que nous étions encore sur Chiba et que la nuit tombait, le Mont Fuji nous a fait le plaisir de se dévoiler au dernier moment. Il s’était caché derrière des nuages toute la journée mais s’est finalement montré au dernier moment sous un coucher de soleil. Il m’était malheureusement difficile de prendre des photos en roulant. Cette vue inattendue, que j’imagine inchangée depuis des siècles, nous a donné un peu de courage pour la suite.

白狐と黒猫

Le temple Toyokawa Inari est rempli de statuettes de renards car il est dédié au dieu renard. Il s’agit d’une branche du temple du même nom situé dans la ville de Toyokawa dans la préfecture de Aichi. C’est plutôt inhabituel de voir le dieu renard dans un temple bouddhiste car cette figure animale est plutôt présente et vénérée dans le culte shinto et donc plutôt présente dans les sanctuaires. Il se trouve qu’historiquement la divinité bouddhiste vénérée dans ce temple chevauchait un renard blanc et que l’imagerie bouddhiste de ce renard est venue se mélanger avec celle shintoïste du renard Inari. La lumière forte de fin de matinée vient jouer avec ces figures de renards alignées méthodiquement. Il y a une multitude de statuettes dans ce temple. J’aime beaucoup le désordre ambiant qui règne dans ce temple très chargé en autels de toutes sortes. On le trouve près d’Akasaka, en face de la pâtisserie japonaise Toraya et à côté d’une des vastes demeures impériales. On pourrait penser que le bâtiment de la pâtisserie reconstruit récemment est une nième création architecturale de Kengo Kuma, mais Hiroshi Naito en est l’architecte. On ne manque jamais une occasion d’aller dans cette pâtisserie lorsque nous passons dans les environs, mais nous n’avons malheureusement pas assez de temps pour nous asseoir dehors au balcon. J’aurais beaucoup aimé m’asseoir et regarder de loin le temple Toyokawa Inari, en pensant à cette histoire de renard blanc. Dans mes songes, les renards blancs des temples viendraient jouer avec les chats noirs des sanctuaires en dansant et en chantant à tue-tête comme dans un matsuri, comme dans une ukiyo-e pleine de fantaisie de Kawanabe Kyōsai. Et part association d’idées, ces chats noirs doués du sens du spectacle me font penser à l’agence Kuronekodō (黒猫堂) de Sheena Ringo et à la musique du concert qui va suivre.

Ce n’est parfois pas facile de trouver le DVD ou Blu-Ray d’un concert que l’on recherche. On trouve bien sûr la totalité des CD, DVD et Blu-ray au Tower Records de Shibuya, mais je recherche avant tout des versions d’occasion en bon état et je me dirige donc en général vers les Disk Union de différents quartiers, ceux de Shibuya, Shinjuku, Shimokitazawa ou Ochanomizu à la recherche de ce qui me manque. Pour les disques d’occasion, il y a des indicateurs d’état général inscrits sur les CD/DVDs. Un état A est quasiment neuf avec tous les petits feuillets à l’intérieur (stickers éventuellement ou autres) ainsi que le petit carton couvrant un des bords de la boîte (le obi, comme sur un kimono). Un état B aura éventuellement une ou plusieurs petites rayures ou le petit carton de bord manquant, mais je ne m’en soucis en général assez peu. On peut de toute façon demander au vendeur d’ouvrir la boîte pour vérifier l’état. Jusqu’à maintenant, et j’ai acheté pas mal de CDs/DVDs au Disk Union, je n’ai jamais eu aucun problème sur la qualité de la marchandise, même sur des CD/DVDs marqués B. Un de mes petits plaisirs en ce moment, vous l’aurez sans doute déjà compris et certainement un peu marre de me l’entendre dire, est de partir à la recherche des vidéos de Sheena Ringo et Tokyo Jihen, principalement celles des concerts, mais également les DVDs des clips vidéos. Autant tous les albums sont en général facilement trouvables dans n’importe quel Disk Union, autant il est beaucoup plus difficile de trouver les DVD/Blu-ray de certains concerts. J’ai beaucoup cherché Ultra C, le concert de Tokyo Jihen sorti dans la foulée de l’album Sports en 2010. Je pensais vraiment le trouver au Disk Union de Shinjuku, qui a en général le plus grand nombre de disques de Sheena Ringo et Tokyo Jihen (peut être parce qu’on associe cette musique à un soi-disant style ‘Shinjuku-kei’), mais ce n’était malheureusement pas le cas. La seule solution était de le commander sur le site Internet de Disk Union, pour le retirer quelques jours plus tard dans un des magasins de son choix. On peut aussi acheter d’occasion sur Amazon, mais les revendeurs sont multiples et je crains un peu que la qualité annoncée ne soit pas celle réelle. Je voulais absolument me procurer Ultra C, car je savais que ce concert couvrait principalement l’album Sports qui est un des albums que je préfère du groupe.

Ultra C est sorti en DVD le 25 Août 2010 et en Blu-ray le 8 Septembre 2010. C’est le premier concert du groupe disponible au format Blu-ray et c’est la version que j’ai entre les mains. Il s’agit d’une captation vidéo de la tournée nationale Tokyo Jihen Live tour 2010 Ultra C (東京事変 live tour 2010 ウルトラC) qui se composait de 22 dates couvrant tout le Japon du 26 Mars au 23 Mai 2010. Le concert montré sur le DVD/Blu-ray est celui qui se déroulait à Tokyo le 12 Mai, au Tokyo International Forum Hall A, comme pour les dates de Tokyo sur la tournée News Flash de 2020. La configuration de la salle explique certainement certaines similitudes entre ces deux concerts. Le concert est montré en intégralité sans coupures, ce qui est une bonne chose et qui n’est pas toujours le cas sur les concerts de Sheena Ringo. Le groupe y joue 22 morceaux (restons symétrique si possible) en incluant les rappels, ce qui correspond à environ 1h40, à peu près similaire à ce qu’on a pu voir sur News Flash mais nettement moins long que les 2h de Bon Voyage. Yuichi Kodama était en charge de la mise en scène et en vidéo de ce concert. On peut se demander quelle est la signification de ce titre Ultra C (ウルトラC) qui ne correspond pas à un nom de titre de morceau ou d’album. Il s’agit en fait d’un terme sportif japonais, ce qui correspond assez bien au thème graphique de l’album Sports sorti juste avant la tournée en Février 2010. En gymnastique, les niveaux de difficulté des figures étaient autrefois notées de A à C (A étant un niveau facile par rapport à C étant difficile). Pendant les Jeux Olympiques de Tokyo en 1968, l’équipe japonaise de gymnastique décrivait sa stratégie comme étant ‘Ultra C’, pour montrer que leur ambition était de dépasser tous les standards de l’époque. Cette stratégie a d’ailleurs fonctionné car l’équipe japonaise a remporté la médaille d’or, et le terme est rentré dans le langage par la même occasion. Avec un nom pareil, on pouvait donc s’attendre à un concert hors du commun.

Alors que la pochette du DVD/Blu-ray d’Ultra C montre les tenues sportives devenues désormais emblématiques du groupe (on peut les acheter en version 2020 sur la boutique en ligne), le groupe ne les revêt pas pendant le concert. Assez étonnamment d’ailleurs, il n’y a, pendant le concert, aucune allusion visuelle au monde du sport ou de l’olympisme, qui est quand même une constante dans les concerts qui vont suivre (par exemple, dans le thème couleur de certaines tenues sur News Flash, ou dans l’utilisation du drapeau comme sur un podium sur Bon Voyage). La mise en scène du concert est très sobre, un peu comme celle de News Flash plus tard, dans le sens où il y a aucune décoration sur scène, les effets spéciaux sont assez peu nombreux et le groupe ne change pas de tenues pendant tout le concert sauf une fois pour les rappels. Il n’y a absolument rien de gênant la dedans, tant que la qualité musicale est là, ce qui est bien entendu le cas ici. Le groupe en formation rock est habillé d’une manière ‘sauvage’ et j’adore la manière dont ils sont coiffés, surtout Ukigumo et Toshiki Hata ayant des mèches dépassant soudainement comme des fuites d’eau. Sheena Ringo est blonde coupée court, ce qui lui va très bien. Je vois un parallèle entre cette coupe courte et l’approche générale plus aggressive du concert, qui n’est pas pour me déplaire. Sur ce concert, le fait que le groupe ne change pas de tenue devient un même un concept, dans le sens où ils se concentrent uniquement sur les sensations délivrées par la musique et les voix.

J’essaie là d’expliquer tant bien que mal, en quoi ce concert est un des meilleurs que j’ai vu du groupe. Dès leur entrée sur scène sur le premier morceau Kachiikusa avec Sheena à la guitare, on se dit que c’est difficile de faire plus ‘cool’ (les mots かっこよすぎる me viennent tout de suite en tête en japonais). Elle prend assez souvent la posture de chant de côté sur ce concert mais reste assez mobile sur beaucoup de morceaux, tout en prenant certaines pauses assez emblématiques, notamment figée à la guitare sur la fin de certains morceaux. On ne pourra pas reprocher à Sheena Ringo de ne pas habiter ses interprétations sur scène. Je trouve même que c’est exacerbé sur ce concert où elle se tord littéralement sur scène comme pour faire sortir cette voix de son plus profond intérieur. La playlist est relativement classique avec beaucoup des morceaux que j’adore comme Denpa tsūshin. L’ambiance visuelle est assez sombre pendant ce morceau avec des flashs de lumière extrêmement nerveux. J’aime beaucoup l’interprétation de Season Sayonara, car la tension vocale est palpable, et on sent une grande concentration dans l’exécution. Cette concentration de l’ensemble est comme si le groupe avait pour but de faire un ‘ultra c’ comme en gymnastique olympique. Ce concert me rappelle un peu Zazen Ecstasy en ce sens, Sheena Ringo semblant pareillement concentrée, tout en étant assez avare en commentaires pendant le set à part quelques mots par-ci par là. Je vois cette concentration comme un respect profond envers le public (je dis ça car c’est ce que je ressentais lors d’interview où elle évoquait les concerts). C’est intéressant d’ailleurs de voir comment elle est à l’aise pendant les morceaux, comme si elle jouait un rôle d’actrice, mais semble un peu timide pendant les commentaires entre les morceaux. C’est très certainement assez typique d’artistes qui deviennent une toute autre personnalité sur scène. Je pense à ça car son nom Ringo est apparement emprunté au fait qu’elle rougissait facilement étant plus jeune. Mais pendant tout le concert, elle contrôle complètement ce qui s’y passe sans temps morts. L’association des morceaux OSCA et FOUL met toujours le feu aux foules, et Izawa ne tient pas en place debout sur son clavier (enfin à côté du clavier). Hata est extrêmement rapide à la batterie et on le voit souffrir. L’énergie est frénétique et on sent bien que ça ne peut pas durer très longtemps sur ce rythme.

Une des surprises de ce concert est l’interprétation du morceau Ariamaru Tomi, qui n’est pas de Tokyo Jihen, mais de Sheena Ringo en solo. Le morceau n’est pas encore sorti sur un album à cette époque et on le retrouvera quatre ans plus tard sur Hi Izuru Tokoro (日出処). Ce morceau calme le rythme d’ensemble du concert. Une autre excellente surprise de ce concert est l’interprétation des morceaux d’ouverture et de fermeture de l’album Sports, à savoir Ikiru (生きる) et Kiwamaru (極まる). C’est sur ces morceaux, que je la trouve la plus habitée par ce qu’elle chante, les morceaux étant très difficiles. Ce sont quelques uns des très beaux moments du concert, car très chargés émotionnellement au point où on se demande si elle s’en sortira complètement indemne (elle reste courbée un moment pendant le final instrumental de Ikiru). Zettai Zetsumei poursuit le set mais ne lâche pas vraiment la tension. La totalité des morceaux de l’album Sports sont interprétés (incluant également une b-side), mais il faut dire qu’il y a beaucoup de morceaux adaptés au Live sur cet album, Nōdōteki Sanpunkan avec son compteur de 3mins ne fonctionne vraiment bien qu’en concert d’ailleurs. Il y a toujours le faux suspense de savoir si ils vont bien terminer le morceau dans les 3 minutes imparties, mais vu le niveau technique du groupe, on a en fait assez peu de doutes. A chaque concert, je suis toujours marquer par le fait qu’il n’y ait aucun faux pas, que ça soit dans l’interprétation musicale ou vocale. Ou alors les erreurs sont si discrètes que je ne les détecte pas, à part peut être sur les sourires parfois. Je guette d’ailleurs toujours le sourire de Seiji Kameda, que je ne peux m’empêcher de voir comme la figure de proue du groupe, certainement car il suit Sheena Ringo depuis ses débuts.

Le concert reprend aussi quelques morceaux des albums précédents à Sports, comme les classiques Shuraba d’Adult ou Killer Tune de Variety, mais pas Gunjō Byori de Kyōiku. Sur Kyōiku, un seul morceau est interprété, Sounan, qui est je pense moins classique des concerts. Sheena reprend la guitare en deuxième partie du concert sur le morceau Gaman, en b-side de Nōdōteki Sanpunkan, qui aurait pu complètement intégré l’album ou alors est ce l’interprétation live à plusieurs voix qui rend le morceau remarquable. Là encore, j’aime beaucoup quand Sheena regarde Hata à batterie pour s’adapter à son rythme pour démarrer ou clôturer un morceau. Ceci explique peut être d’ailleurs cette position caractéristique de côté, le corps positionné en face de la batterie. Vient ensuite l’interprétation de Superstar, que je préfère quand même sur News Flash. Il y a d’ailleurs beaucoup de morceaux communs à ces deux concerts et ils se ressemblent assez dans leur forme assez sobre (par rapport à Bon Voyage par exemple). Dans les deux concerts, on retrouve également des morceaux comme Bōtomin et Noriki. Et pour le final dans les rappels, le groupe reprend les immanquables classiques que sont Marunouchi Sadistic, toujours dans une version proche d’Expo 8, et Senkō shōjo. Vers la fin du concert, on sent également l’ambiance se détendre, notamment quand les petits drapeaux avec le symbole de Sports commencent à apparaitre sur les morceaux.

Le DVD/Blu-ray contient également un bonus vidéo avec quelques autres morceaux interprétés à certaines dates de concert, en fonction de l’origine de chacun des membres. Pour le concert à Chiba, Ukigumo reprend un morceau américain country d’eddie Miller intitulé Release Me (morceau qui ne m’intéresse pas beaucoup). A Fukuoka, Sheena parle au public du fait qu’elle a passé son enfance dans cette ville et se demande s’il y a dans le public des personnes qui la suivent depuis les débuts, qui ont le même âge qu’elle et ont peut être des enfants. Elle interprète ensuite Tasogare Naki (黄昏泣き) accompagné par Izawa au piano. A Osaka, c’est au tour de Seji Kameda d’interpréter lui même au chant et à la guitare sèche le morceau Senkō shōjo (閃光少女) dont il a écrit la musique. A Okayama, Ichiyō Izawa interprète seul un morceau intitulé Haha no Hikari (母の光) que je ne connaissais pas et qui n’est pas au répertoire de Tokyo Jihen. L’interprétation la plus surprenante et intéressante est celle de Toshiki Hata à Shimane, effectuant une danse théâtrale du rite shintoïste Kagura (神楽) en kimono très coloré, accompagné aux sons du taiko et par un chant traditionnel. Hata est plein de surprise. J’aurais bien vu cet épisode en particulier inclus dans la totalité du concert. Toujours est il qu’Ultra C est comme je le pensais un des meilleurs concerts du groupe, parmi ceux que j’ai pu voir pour le moment (qui ne sont pas encore très nombreux, je le conçois). Son esthétique générale donne envie d’y revenir. Je pensais me limiter dans la longueur de mes billets décrivant les concerts mais je me trouve à chaque fois emporté dans mon enthousiasme.

Pour référence ultérieure, la liste des morceaux du concert Ultra C sont notés ci-dessous

1. Kachiikusa (勝ち戦) du 4ème album Sports (スポーツ)
2. FAIR du 4ème album Sports (スポーツ)
3. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
4. Season Sayonara (シーズンサヨナラ) du 4ème album Sports (スポーツ)
5. OSCA du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
6. FOUL du 4ème album Sports (スポーツ)
7. Ariamaru Tomi (ありあまる富), morceau qui sera plus tard inclus sur le 6ème album studio de Sheena Ringo Hi Izuru Tokoro (日出処)
8. Ikiru (生きる) du 4ème album Sports (スポーツ)
9. Zettai Zetsumei (絶体絶命) du 4ème album Sports (スポーツ)
10. Sounan (遭難) du 1er album Kyōiku (教育)
11. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
12. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
13. Gaman (我慢), b-side du single Nōdōteki Sanpunkan, également inclus sur la compilation Shinya Waku (深夜枠)
14. Superstar (スーパースター) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
15. Bōtomin (某都民) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
16. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
17. Noriki (乗り気) du 4ème album Sports (スポーツ)
18. Uten Kekkō (雨天決行) du 4ème album Sports (スポーツ)
19. Sweet Spot (スイートスポット) du 4ème album Sports (スポーツ)
20. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), version modifiée du morceau de Muzai Moratorium
21. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)
22. Kiwamaru (極まる) du 4ème album Sports (スポーツ)